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jeudi 28 juillet 2016

Electric Wizard Verdun TAF Saint Jean de Védas 14 mars 2011

En dépit d'une pluie battante, une très bonne chambrée est venue peu à peu à la Secret Place pour la date locale de cette tournée qui sillonne densément la France. Il y avait majoritairement des métalleux, mais comme on pouvait l'espérer une bonne délégation de la paroisse Noise s'est montrée, naturellement attirée par une aussi belle tête d'affiche Doom et malgré la défection de Stuntman. Et encore, entre les sangliers pris dans le pare-choc sur le trajet ou les entorses récoltées au boulot, il y a eu des défections. Le merchandising d'Electric Wizard était très pauvre car les précédents publics s'étaient bien servis.

Le groupe V 13 est un quartet qui a proposé une espèce de Noise Rock au son propret. Les compos étaient bâties pour créer de belles montées. Le chant crié était pas mal mais le chant normal quelconque. Après un premier titre en anglais, le reste du répertoire s'est tenu au français par des vers assez pauvres, il faut dire. Les effets de batterie étaient limités, la musique sans gros vices ni franches vertus qui auraient retenu l'attention une fois le concept compris en deux titres. Je me suis détourné au bout d'un moment.

VERDUN a mieux mobilisé l'attention, au début en tant que groupe local. Il s'agissait avec eux de Doom Psyché, mais sonnant plus extrême que Candlemass ou plus agressif que la tête d'affiche. En effet, les vocaux donnaient régulièrement dans le cri à la Neurosis ou vieux Cult of Luna, même si le chant bien réverbéré dominait. Encore a-t-il fallu que je signale discrètement au mixage (tenu par un ex-Spinningheads, sans ça je n'aurais pas osé) que les vocaux devaient être un peu poussés. La réverb' était plus prenante une fois ceci fait, mais comme le chant était bon je pense avoir bien fait. Les titres sont longs mais bien interprétés, ça compte aussi quand c'est lent. Les riffs étaient simples, à la Crowbar, mais assez bons pour achever une vraie efficacité à un groupe en place et en confiance. L'avant-dernier plan offrait une petite accélération qui rompait avec le reste, avant de revenir au riff du dernier morceau. Montpellier n'a pas fini de vous surprendre.

Enfin après une pause longuette ELECTRIC WIZARD arrive instruments en main. Avec la masse on ne voyait pas grand-chose même en étant près. J'ai pu deviner la seconde guitariste et le bassiste au visage tatoué. Leur son de scène est exactement semblable à celui des albums, très puissant et rond avec des vocaux un peu noyés là aussi (mais comme c'est leur marque, rien à dire). Toujours comme pour leurs disques, les titres ont été enchaînés sans pause. Bref, même sans rien voir il suffisait de se laisser porter et d'en profiter… sans pour autant obligatoirement fumer comme certains derrière ! La set list était répartie entre divers albums, avec des titres de longueur variable comme ils le font. Qu'on les reconnaisse ou pas, l'orgie de riffs était suffisamment délayée – c'est la loi du genre – pour qu'on puisse se plonger dans chacun.
Au bout de presque une heure à quasiment minuit, le – petit – chanteur est parti dehors en laissant les autres prolonger leurs notes indéfiniment… c'en est devenu lourdingue en rappelant l'attente artificielle du début de set. Y'a des gens qui travaillent le lendemain. Et il est revenu pour un vrai-faux rappel de deux titres qui terminaient le rite de Drugula.

Bref, un concert qui valait le détour.

Megadeth Slayer Zuul FX Paris Zénith 26 mars 2011

Bon, avant tout je dois faire un aveu (ceux qui s'en fichent peuvent sauter le présent paragraphe) : je n'avais encore jamais vu Slayer alors que ça fait quinze ans que je les écoute. Cela a été une longue malédiction que je désespérais de vaincre un jour… le concert de Marseille 1999 qui tombe mal, les passages à Paris en pleine semaine, la date à Clermont Ferrand en 2005 pour laquelle j'achète un billet et un pépin de dernière minute me contraint à annuler… J'en arrivais à une sorte de fatalité, à regarder leurs DVDs avec une espèce de malaise, bien plus désagréable que la simple mélancolie de voir des vidéos d'un groupe qui n'existe plus. Alors c'était avec un peu d'émotion que j'embarquais dans le TGV.

Peu de temps après mon arrivée j'ai été hélé par ce cher Fabrice_a à côté duquel j'ai pu m'asseoir pour regarder ZUUL FX. Les Parisiens ont déroulé leur Power Thrash plus moderne que celui de No Return, sans génie mais avec une inentamable générosité. Les gros riffs bateaux et les refrains élémentaires comme "I8U" passent évidemment mieux sur scène que sur album, et Steeve Petit compense en bonne part avec son charisme personnel et son physique imposant même de loin. Le son n'était pas génial, insuffisamment propre.
En plus je me sentais assez gêné par le lieu. Nous avons aussi un Zénith à Montpellier et je n'aime pas ces énormes salles sans âmes, laissant une scène un peu perdue dans un espace trop aéré et sans le charme du vrai plein air.

SLAYER passait donc d'abord sur cette date, et pour être mieux dedans je descendais tout en restant vers le fond. Le premier extrait de "World Painted Blood" a souffert de basses trop poussées, assez désagréables mais heureusement corrigées pour la suite. Au long d'un très bon show, la set list a donc comme d'habitude privilégié les grands classiques, laissé de la place au dernier album en date et offert quelques titres moins attendus comme "Silent Scream" ou "Temptation". Au fond ça bougeait pas mal aussi mais dans un très bon esprit. On voyait passer les bouteilles de Jack Daniel's et scintiller quelques cigarettes (Slayer libère de la peur de la Loi !).
Grâce aux remous de cette joyeuse cohue j'ai pu profiter sans trop de mal de la mine hilare de Tom Araya et du jeu des deux gratteux. Kerry King est – quoi qu'on daube – impressionnant de maîtrise et il s'est pas mal bougé, plus que sur certaines vidéos en tout cas (mais pas de bracelet clouté ce soir). Gary Holt a très bien rendu les solos du pauvre Hannemann, mais pour ma part je trouve quand même qu'il y mettait de l'application et pas tellement de feeling, s'abstenant notamment de faire subtilement vibrer les accordages du bout des doigts… ceci étant vu son statut de remplaçant de luxe je ne lui en fais pas du tout reproche. Il y a bien eu une paire de pains, mais moins troublants que lorsque c'est MetallicA. L'enchaînement après "Seasons in the Abyss" a loupé son petit effet à mon avis.
Araya a recasé quelques formules annonciatrices vieilles de vingt ans ("Dead Skin Mask", "War Ensemble") et a tenté de séduire par une allusion historique capillotractée pour introduire "Americon" ou en glissant le "merci beaucoup" qui peut aussi servir quand Slayer joue au Québec. Même s'il ne headbangue plus, lui aussi était en forme et a sauté beaucoup moins de vers que ce qu'on pouvait craindre. Et puis c'est moins grave quand on est dans le concert, d'autant qu'il y a toujours un ou deux fans pas loin qui vagissent les paroles. Lombardo est parfait mais l'intérêt est surtout qu'en live il sonne plus dur et fort que sur album, ce qui rend plus honneur à son jeu par rapport à d'anciens albums studios où je l'ai souvent trouvé sous-mixé. Ce qui me permet de souligner l'excellente qualité du son malgré l'incident du départ.

Slayer ne communique pas beaucoup, ne fait pas de rappels, n'improvise pas. Mais en comparant avec les vidéos, j'ai trouvé moi aussi que c'était un très bon concert pour une – probable – unique fois. Sur ce coup, l'âge semblait ne pas avoir trop de prise.

Concernant MEGADETH je n'ai jamais été fan, mais je ne crache pas sur leurs grands titres et globalement je respecte le travail de Mustaine. Je n'aurai pas fait le voyage pour eux mais comme je ne les avais jamais vus non plus, je prenais leur présence comme un beau bonus.
Plus influencé par le Heavy traditionnel, la Mégamort prend toujours la pose cheveux au vent, changeant de guitare tous les deux morceaux et donnant des solos héroïques. Le mixage était moins agressif que pour Slayer comme sur album, collant bien à un style plus daté mais bien joué et souvent inspiré.
Déjà que son chant fait spécialement canard Thrasher, Dave Mustaine n'était pas du tout en voix et ça a été affreux sur les premiers titres, jusqu'à "Hangar 18". C'est peut-être l'effet d'une vie plus sage, mais ils ont plus bougé encore que Slayer sans doute. J'ai apprécié quelques bons passages mais j'étais surtout dedans avec les vieux classiques de fin de set… même si je n'ai pas entonné les chœurs d'"À tout le Monde" quand Megadave a tourné le micro vers son public le plus idéal pour ce faire. L'arrivée de Vic Rattlehead sur "Peace Sells…" façon Maiden m'a amusé, ça fonctionnait bien.

J'avais peu de chemin à faire pour rentrer chez les amis qui m'hébergeait, mais la pluie m'a vite décidé à ne pas trop attendre une fois la vidange faite, et d'ailleurs la fatigue m'a très vite plié dès mon arrivée, preuve que c'était un concert pas près d'être oublié.
J'avais aperçu Zoliv sur l'allée en venant mais j'étais en pleine conversation avec un autre copain, désolé. Avec lui, je salue ceux que je n'ai pas vus.

Slayer : 1/ World Painted Blood 2/ Hate Worldwide 3/ War Ensemble 4/ Postmortem 5/ Temptation  6/ Dead Skin Mask 7/ Silent Scream 8/ The Antichrist 9/ Americon 10/ Payback 11/ Seasons In The Abyss 12/ Snuff 13/ South of Heaven 14/ Raining Blood 15/ Black Magic 16/ Angel of Death

MEGADETH : 01. Intro 02. Trust 03. In My Darkest Hour 04. Hangar 18 05. Wake Up Dead 06. Poison Was the Cure 07. Angry Again 08. How the Story Ends 09. She-Wolf 10. Head Crusher 11. 1,320' 12. A Tout Le Monde 13. Sweating Bullets ENCORES :  14. Symphony of Destruction (extended) 15. Peace Sells ENCORES 2 : 16. Holy Wars... The Punishment Due (w/ band introduction)

Benighted Kronos Gorod Mojomatic Montpellier 10 avril 2011

Le printemps est chaud, et le public l'était aussi pour l'étape montpelliéraine de cette tournée qui devrait faire date dans l'Histoire du Death Metal français. L'affluence était bonne pour un concert au Mojo, habitué à des affiches plus modestes lors de ses rares soirées de Metal extrême. C'était mieux que lors des précédents passages de Gorod et Kronos. On retrouvait #G#, entre autres connaissances.

Comme souvent ce sont nos locaux de HELLHOUNDS qui ont ouvert le feu. La guitare du chanteur a lâché dès le premier morceau, ce qui l'a contraint à prendre le micro à deux mains. Et cela lui a donné un surcroît de puissance qui collait bien avec l'évolution vers un style plus agressif et homogène, car le set incluait de nouveaux titres. C'est toujours du Death mid-tempo avec quelques accélérations, mais les riffs Sabbathiens ont disparu. La double (triggée !) faisait son effet. Pas étonnant que l'assistance soit partie en pogo d'entrée. Il y a encore du chemin, surtout au niveau des compos, mais il y a des progrès notables au fil des années.

GOROD n'a pas été aidé par un mixage mal fichu, le premier titre étant à la limite de la bouillie : les basses étaient trop fortes, les caisses de la batterie sonnaient aigrelettes, et les sweeps – si importants chez les Bordelais – étaient inaudibles. Heureusement, ça s'est amélioré par la suite. En se déplaçant vers l'axe de la salle et en jouant finement sur l'enfoncement des bouchons (!!!), on pouvait aussi y aider.
Le nouveau chanteur emprunté à Zubrowska est communicatif, son timbre est moins personnel et profond. Il tenait l'avant-scène avec le bassiste, costaud ayant besoin de place pour bouger. Car l'un des atouts du groupe est de toujours proposer des lives plus énergiques que les versions studios, ce qui passe par des interprétations un peu plus rapides. Ainsi leur répertoire passe mieux, alors qu'ils appartiennent à un courant que j'apprécie moyennement. Le public a bien répondu et l'enceinte de gauche a commencé à s'effondrer plusieurs fois. Dommage que les pépins techniques aient gâché une partie du set.

KRONOS s'est présenté ensuite avec une intro classique et vaguement religieuse. Là encore, quelques soucis sont apparus pour l'une des guitares sur le premier morceau. Mais une fois cela réglé, les Lorrains étaient le premier groupe avec un son vraiment parfait et un envoi de watts propres et énormes... peut-être que les chœurs du bassiste Tom n'étaient pas assez poussés, quand même. Le set privilégiait les deux derniers albums mais intégrait le vieux et rigolo "Demence of the Gnomish Warriors" (à moins que ce soit "Outrance") dont le nouveau chanteur avait oublié le nom. Celui-ci fut présenté par le bassiste Tom, il vient d'Écosse et ne peut encore guère que baragouiner en français quelques mots basiques pour la scène. C'est malheureux à dire, mais son timbre anglophone, son coffre agressif améliorent encore le son, et élimine un des derniers points qui auraient pu gêner la croissance internationale de Kronos. D'ailleurs Tom exagérait quand il disait que cela faisait longtemps qu'ils n'étaient pas venus nous voir (deux ans).
Plein de fureur contrôlée, le set était encore mieux carré que lors de ce précédent passage. C'est une vraie machine vivante, entre les écoles floridienne et polonaise. Je regrette de n'avoir pas pu mieux profiter du batteur. En connaissant connaître les compos on pouvait anticiper les fréquents breaks mortels et mieux en jouir encore, c'est le moment où je me suis le plus lâché. Je leur ai pris un t-shirt pour la peine.

En final, têtes rases ou cheveux courts, BENIGHTED nous a menés au carnage. Comme on sait, leur style est plus déjanté : c'est maîtrisé comme une trépanation, mais les Stéphanois privilégient l'agressivité à la propreté. Ce qui passe par un son très abrasif et surtout par des blasts particulièrement méchants. C'est particulièrement adapté pour la scène, même si j'accroche moins sur album. Relancée régulièrement par le chanteur, la fosse n'a pas molli d'autant que ça enchaînait vite. Nous avons eu enfin quelques circles pits, c'est la première fois que j'ai vu un braveheart au Mojomatic. Les retours étaient fusillés dès le premier titre, ce qui n'a pas gêné le gang en fin de compte.
La set list classique ne se focalisait pas que sur le dernier album. Le set a dû être un peu écourté. Le bassiste est venu se promener au fond de la salle pour les derniers titres.


Le retour dans le calme d'une nuit de dimanche printanier formait un contraste apaisant pour les oreilles. Ce concert a été une vraie boucherie, une tannée qui confirme le niveau des trois meilleurs groupes du Death français. Ils sont prêts pour l'exportation en masse et à s'abattre sans merci sur toute hostilité (ha ha ha !).

Obituary Grave Pathology TAF Saint Jean de Védas 20 avril 2011

Et c'est reparti pour du Death Metal en ce charmant printemps… Obituary est l'un des groupes qui m'a fait aimer le Metal extrême, mais j'avais peur quand même vu les extraits live des dernières années (alors que le concert de Toulouse en 2006 était encore très bien) et la qualité dangereusement déclinante des albums depuis la reformation. Au point que je me demandais s'il y aurait un peu de monde. Avec ça, Obituary n'était pas revenu depuis 1997 à Montpellier (à Victoire 2 toute proche, avec Uncut – les futurs Eyeless – en ouverture). Mais le public et la scène a tellement changé depuis… Quelle angoisse !

La Secret Place a l'avantage d'être située sur la route de mon cabinet, j'ai dîné sur place, me suis changé et en avant. Première bonne surprise, la foule est là !  Dans le patio doucement rafraîchi, il y a même des rencontres parfaitement improbables en plus des habitués, plus un bon quota de fans venus de loin. Sur une table, Ralph Santolla consultait paisiblement Facebook dans les dernières lueurs du jour. La salle est presque pleine d'une assemblée motivée au taquet, beaucoup comme moi portaient des t-shirts à la gloire des Floridiens. Pour la première fois, on voyait des plaques métalliques basses étaient installées pour séparer discrètement mais clairement la scène du reste… on sait qu'Obie n'aime pas le stage diving.

PATHOLOGY déblaya le terrain avec comme handicap un son épouvantable. La guitare sonnait moisie, la batterie était bien trop poussée et les gruiks faiblards. Mais le quintet ne s'est pas démonté avec un style distinct des deux autres groupes. Ils font encore assez jeunes malgré leurs états de service dans des groupes déjà connus. Leur Death Brutal m'a fait penser à un Dying Fetus plus brutal, à Deeds of Flesh, à Disgorge (US) et Cattle Decapitation logiquement (un des membres y est passé). Tous les riffs étaient déjà vingt fois entendus mais le groupe a l'avantage de ne pas être statique du tout. L'assistance a donc très bien réagi à un set bien court mais efficace, porté par des harangues mal compréhensibles tant le son était mauvais. Si d'un côté on se disait que les groupes français de la semaine dernière sont clairement meilleurs que ce qu'on avait sous les yeux, de l'autre c'était potable et digne d'une seconde chance à l'écoute.

Un coup à Toulouse, un coup à Aix il y a cinq mois à peine, GRAVE passe tous les ans par nos contrées maintenant et ça devait bien finir par s'arrêter un jour au Clapas. Leur Death Mid-Tempo au son purement suédois est bien installé dans le paysage après vingt ans d'acharnement à tourner, et cela allait parfaitement avec la tête d'affiche. Après une brève intro, le public a pu se lâcher déjà copieusement. Car pour la majorité des gens qui ne passent pas leur vie à sillonner le Midi à faire tous les concerts, Grave restait un classique inédit. Cet enthousiasme communicatif m'a aidé à ne pas faire mon blasé et je me suis déjà pas mal dégourdi sur un répertoire pas génial mais efficace et bien typé. Les autres fois, Grave n'avait pas eu un public aussi chaud.
Le grain suédois des guitares faisait oublier que le son était presque aussi mauvais que pour Pathology, sachant que sur album, Grave est déjà peu exigeant. Le chant était même inaudible au tout début du set. Malgré une paire de petits pains sur un répertoire pourtant peu difficile, le groupe s'imposa sans difficulté en terrain favorable. Les titres ont alterné selon les albums mais il n'y avait aucune différence sensible, même si la set list avait évolué depuis l'automne dernier : certains titres avaient permuté et le temps de jeu était rallongé à trois quarts d'heure (c'est l'avantage de tourner à trois plutôt qu'à quatre ou cinq). Le public fit les chœurs sur le premier riff de "You'll never See" et la fosse est restée bouillante jusqu'à l'incontournable "Into the Grave" en final. Globalement c'était le meilleur set de Grave que j'ai vu à ce jour, avec l'aide du public.


Suivit un intermède longuet qui nous mena tard et provoqua quelques réclamations. Les balances enfin faites, OBITUARY pulvérisa tous les doutes avec un son enfin impeccable, propret et puissant, LEUR son floridien si reconnaissable. Le premier titre instrumental permet de mettre les gens dans le bain puis de tout détruire avec un enchaînement mortel pour la première moitié du set : "Redneck Stomp – On the Floor – Chopped in Half – Turned Inside Out – Dying – The End Complete – Threatening Skies – By the Light". Avec ça, le public était à fond et la fosse devenait un cratère bouillonnant où les slammers (et une slammeuse !) surnagent et coulent brutalement (on a eu mal pour quelques-uns et on en a aidé d'autres). Je n'ai jamais changé de position en bordure de fosse, et pourtant mes voisins changeaient tout le temps d'un instant sur l'autre ! Soit dit en passant, Obituary s'est donc décidé à enfin rejouer des titres de son mythique troisième album.

À la place des solos d'Allen West que tout fan connaît par cœur après des années d'écoute de ces classiques, Ralph Santolla pose des envolées originales et certainement à moitié improvisées. Pour ma part je trouve qu'ils peuvent coller même si on apprécierait de retrouver les fondamentaux dans leur perfection d'origine. D'ailleurs le père Ralph est moins stone que lorsqu'il était avec Deicide il y a quatre ans (peut-être parce que quand on est catholique convaincu c'est plus facile d'être avec les Tardy que chez Benton). John Tardy a peu perdu avec le temps, qu'il s'agisse des cheveux ou de son chant. C'est un fort argument car à travers lui c'est l'Obituary éternel qui est toujours bien là. On a pu mieux encore profiter de lui car il montait sur les petites grilles pour dominer des épaules le public. Il est charismatique à sa manière, le bougre, avec ses harangues et son timbre inégalable ; il a même scandé des chœurs. Trevor Peres a doublé de volume depuis les photos d'époque ça fait peine à revoir, Don Tardy a été sans faute même si maintenant il ne s'offre plus de solos intermédiaires. Enfin Terry Butler n'a pas eu à se mettre spécialement en valeur pour remplacer Frank Watkins parti récemment vers Gorgoroth ; mais lui aussi est une figure historique de la scène. Nous étions de plain-pied dans la légende du Death Floridien ce soir…

Le set était conçu à l'inverse du schéma habituel puisque en seconde moitié ce sont des titres récents qui ont été joués. L'ambiance retombait lentement malgré quelques accélérations et quelques gueules cassées s'extrayaient du magma humain devant… Enfin vint le traditionnel "Slowly we Rot" pour clôturer le set. Ça paraissait un peu court sur le moment car le premier album était réduit à cela et que le quatrième passait totalement à la trappe. Mais si le groupe tient à défendre ses dernières productions à leur détriment, on n'y pouvait rien. Au moins, la première partie du set était une anthologie inoubliable et terrassante ; en cette Semaine Sainte, la messe était déjà dite.

Nous reviendrons d'ailleurs très vite puisqu'il y a encore du Death Metal et Sybreed la semaine prochaine.

Malevolent Creation Disgorge TAF Saint Jean de Védas 27 avril 2011

Une semaine seulement après Obituary et Grave, nous retournions à la Secret Place. C'était nettement moins garni cette fois, environ un quart de salle seulement. Peut-être que les souvenirs du passage de deux des groupes ensemble il y a deux ans et demi avaient démotivés certains… Plus probablement, ce sont les fans vivant plus loin qui ont été moins nombreux à revenir.

FLESHDOLL sont de bons habitués des lieux, qui se représentaient avec le batteur de Gorod comme remplaçant – quelques jours après son passage en ville avec son groupe principal. On connaît bien leur Death brutal aéré de quelques plans plus lents qui tâchent d'apporter du groove et du headbang. Une fois de plus le son était médiocre, trop compressé et sale. Mais l'interprétation était bonne, Bastich exhibait son joli tatouage dorsal et Sam de Gorod apportait une rigueur rythmique appréciable. Le problème est surtout que les compos manquent d'originalité et n'accrochent pas durablement. Vue l'affiche, le set a été plus court que d'autres fois (pas de reprises, donc). Le nouvel album vient de sortir, mais pour l'avenir il faudra impérativement prendre des risques.

GRIMNESS 69 était déjà venu en novembre 2008 et quelques changements étaient visibles : le batteur et le chanteur au moins ont changé. Cette seconde prestation était plus assurée, plus carrée que la précédente. Mais le son était encore trop compressé, comme pour les Toulousains avant et surtout comme ça semble être la mode de l'autre côté des Alpes (écoutez voir Hour of Penance et Fleshgod Apocalypse, par exemple). Leur Death Grind était bien joué – ce qui garantissait un minimum d'efficacité – mais trop classique et limité, donc vite oublié. Le chanteur était très heureux que quelques personnes pogotent brièvement plusieurs fois. Les Vénitiens témoignent de la percée de l'Italie sur la scène Death Metal depuis quelques années, mais ce n'est pas leur groupe le plus intéressant.

Avec DISGORGE, on retrouvait ce côté inhumain qu'on aime bien dans le Death Metal. Les Mexicains n'ont pas changé depuis 2008 : le chanteur est toujours en collants et le micro très bas pour faciliter le chant de gorge les jambes bien écartées. Les collants ont fait rire le public à son insu.
Après une intro cinéma (la même que sur l'"Emetic Cult" de Haemorrhage), le quartet a tout démonté avec son Death Grind surpuissant et sans points faibles. Les compos sont assez variées, pas très longues, toujours avec un break ou un plan ralenti qui fera mouche. Ça sonne comme du Slam Death à la Texane mais au sud du Rio Grande, on compose autrement, avec plus de méchanceté. Le chant alternait intelligemment les passages aigus, les guitares étaient sans merci. Le public s'est enfin vraiment lâché, c'était même violent ! Après avoir parcouru plusieurs albums, ils nous ont laissés sur les moignons.

Inhume n'était finalement pas là et il a fallu s'enfiler une pause très longue. Le dernier groupe n'était vraiment pas pressé, ils ont mis trois plombes à régler un pépin de têtes de guitare tout en continuant à picoler gentiment dehors. Je vous épargne la complainte bien connue de-ceux-qui travaillent-demain mais je supporte de moins en moins ces situations.

Bien en retard sur l'horaire, MALEVOLENT CREATION s'est présenté enfin. Ils ont envoyé leur Death Metal violent et pas très lourd. L'accordage assez haut et les vocaux naturels sont caractéristiques, c'est brutal mais pas comme on l'entend aujourd'hui. Les compos sont efficaces bien que pas franchement capables de marquer les mémoires. Cependant le quintet joue très bien et sans forcer ce qui est plaisant pour les oreilles averties. Les titres s'enchaînent sans lambiner, cette fois.
Le chanteur Hoffmann est un grand débonnaire qui se fait la gueule de Lemmy, il aime les blagues et nous a demandé comme tout "parisieng" comment il fallait prononcer "Montpellier" et comme tout le monde il a retenu la mauvaise manière pour la suite. L'un des guitaristes ressemble plus à Jack Owen ou à un semi-troll échappé de la Terre du Milieu. Le public s'est à nouveau relâché et quelques-uns ont à nouveau morflé. Fait rare pour un groupe américain, ils nous ont offert un titre en rappel.
Si MC appartient à la même génération bénite du Morrissound, Scott Burns et Roadrunner, ils n'ont pas eu le même succès que d'autres. Malgré cela les changements réguliers de personnel le découragement ne les a pas emportés. La passion désintéressée a été plus forte et cette Histoire éclaire leur attitude très décontractée, avec ses bons et ses mauvais côtés. C'est étonnant mais ce sont surtout apparemment des types sympas qui font la musique qu'ils aiment et se fichent un peu du reste.

Jucifer The Orange Man TheoryTAF Saint Jean de Védas 23 mai 2011

Catastrophe ! La voiture qui était à la révision ne sera pas prête avant demain ! Heureusement que mon père voulut bien me prêter la sienne… Mais cela faisait quand même bizarre d'aller à un concert de ce genre en Safrane. Le public était très maigre en arrivant, mais nous avons dû atteindre une petite quarantaine de gens au pic de la soirée, disséminés dans le patio de la Secret Place (bien agréable en ces premières chaleurs).

LAHIUS était le groupe local qui ouvrait le bal. C'est un trio avec deux guitares et sans basse, qui fait un Stoner Noisy comme les trois quarts des groupes Montpelliérains. N'étant pas encore des musiciens monstrueux, leurs titres sont simples et enfilent de nombreux ponts ingénieux mais encore bien convenus. Les passages lents sont difficiles et le public préfère la douceur du crépuscule dehors… D'autant qu'une corde cassée provoqua un long temps mort. Le dernier titre commença par un petit effet avant de dérouler comme les autres.

L'an dernier nous avons déjà vu THE ORANGE MAN THEORY en ouverture du colossal concert de 16, mais dans une autre salle et devant un public assez différent. En si peu de temps, il n'y a pas eu d'évolution. Ces quatre garçons Italiens envoient un Stoner rapide, Rock, sale, emballé et carré avec une seule guitare et un son un peu compressé. Nous étions plus chez Motorhead que chez Black Sabbath. Retapé par la bière offerte par le public, le petit chanteur a un chant éraillé qui domine des rythmes endiablés (mais qu'il est difficile de comprendre les Italiens qui parlent anglais !!!). À part une intro plus recueillie vers la fin, ce n'est pas très varié. Mais ça roule très bien, il suffit d'un break ou d'un léger changement. Quelques passages sont quasiment du blast. Même si ça remue allègrement, il y a un côté sombre qui se dégage de l'ensemble.
L'enchaînement sans temps mort de nombreux titres assez courts finit par convaincre une seconde fois.

JUCIFER s'est affirmé tout d'abord par un son énorme et très propre. C'est un duo originaire de Géorgie, du Deep South, rattachés au label Relapse. Ils sont mari et femme dans la vie, elle à la guitare, lui à la batterie (modeste), et se partagent le chant. Leur dégaine est typique des gens qui sont en permanence sur la route : barbu et collant de saleté pour lui, plumes dans les cheveux pour elle.
Dès le premier riff le groupe est comme en transe. C'est hyper lourd, il paraît que depuis l'extérieur on entendait comme sur album. Le batteur n'a pas besoin de développer un jeu compliqué mais il est tellement dedans qu'il est captivant, cassant ses baguettes ou tapant les peaux avec les poings par moments. Il y a eu un petit incident avec son siège, qu'il a fallu changer deux fois (je pense que le problème venait du tapis en fait). Mais quand il est parti remonté comme une pendule dans les arrières pour se chercher un tabouret, on au eu peur que ça finisse en queue de poisson. Cette péripétie a plus bouleversé l'ambiance que les quelques accélérations, laissant pour leurs frais les rares fanatiques de pogo égarés parmi nous ce soir. Les deux chants rauques n'étaient pas assez poussés.
Le public entra en scission, les uns s'en allant discrètement et les autres s'approchant de plus en plus. En clair, on adhérait ou pas à ce couple faisant l'amour par instruments interposés. Malgré l'absence de mots pour le public Français (étonnant pour un groupe qui a consacré un disque entier à un épisode de l'Histoire de France), le charisme de Jucifer est réel. Cette froideur était compensée par d'aimables remerciements en gestes et un petit rappel.

mercredi 27 juillet 2016

Unsane Izzy Crash Rockstore Montpellier 23 juin 2011

Quel plaisir de retrouver ce cher Rockstore, malgré la réfection temporaire de sa légendaire façade. Il y avait déjà du monde dehors et pas seulement les éternels habitués de notre scène Noise-Stoner-HC. Car on peut affirmer qu'Unsane est l'un des groupes qui a fortement influencé la fameuse scène Noise Languedocienne, et cela donnait donc une saveur un peu particulière à ce concert organisé en partenariat avec le Festival International du Roman Noir de Frontignan.

Malgré la douceur de la fin de journée, il fallait faire trève de papotages devant parce qu'IZZY CRASH jouait déjà. Ce quartet Français de dessinateurs de BD qui prennent du bon temps en faisant du Rock est clairement sous l'influence du MC 5, des Stooges, des Ramones ou de Motorhead. C'est moyennement carré mais dans ce style ce n'est pas trop grave, c'est particulièrement rapide (presque du vrai D-Beat) et peu varié. Les titres sont carrément courts, tellement bien que quand un titre a été vautré au bout d'une minute on aurait pu ne pas s'en rendre compte. Ça bouge mais ce n'est pas transcendant, honnêtement, même si c'est certainement sympa à envoyer à un public encore clairsemé.

À la pause la salle se remplit et on atteint la moitié de sa capacité, ce qui justifiait que pour cette fois on ait évité nos caves de bar habituelles.

UNSANE fit ses dernières balances et resta pour l'intro de violons en ouverture d'une leçon magistrale. Le trio New-Yorkais ne paye pas de mine et ne tient plus la scène comme des jeunes qui sauteraient partout. Mais cette orgie de riffs géants, simples et directs, puant les années 90, c'était surpuissant ! Le Noise est énergie, puissance, générosité et sincérité, une musique simple au possible et mortellement efficace.
Les intros mélodiques sont fréquentes chez Unsane, l'une d'entre elles étant faite à l'harmonica. La basse prend toute sa place (c'est normal vue la configuration du trio) même si elle ne fait jamais d'effets ni d'arpèges. Chris Spencer fait vibrer sa guitare à l'ancienne, en tordant le manche. Il était en nage, quand il se prenait la casquette entre l'étau de ses mains pour en faire goutter la sueur ça tombait en averse ! Il a aussi la manie de cracher partout et a fini par le faire sur le micro (slurp !). Il communique sobrement mais respectueusement entre les titres ; le bassiste Dave Curran semblait particulièrement maîtriser le français. J'ai trouvé le son assez correct pour le Rockstore même si d'autres n'étaient pas du même avis (toujours les mêmes 'faut dire).
L'assistance a largement répondu, j'ai bien bougé alors que ça devait bien faire dix ans que je n'avais pas réécouté vraiment Unsane. Beaucoup connaissaient très bien le répertoire. Il était amusant de voir quelques figures de nos groupes les mieux exportés lancer le pogo, gueuler les paroles comme quand ils n'étaient que des fans de dix-neuf ans essayant de monter un groupe (promis par la suite à un certain avenir : Tantrum, Spinningheads, Stuntman…), voilà la meilleure preuve de l'inspiration que toute notre scène a puisé chez Unsane.
Après 55 minutes de show éreintant, ils nous ont donné un rappel de dix bonnes minutes avec "Scrape" et un "Against the Grain" pertinemment rallongé sur une outro improvisée où le batteur, au jeu simple et méchamment hargneux sans avoir besoin d'accélérer, nous a rossé une dernière fois.
Allez voir Unsane et vous comprendrez pourquoi je juge le courant Noise comme la partie la plus intéressante du HC. Beaucoup de groupes de Metal pourraient s'inspirer d'une telle approche, ça vient des tripes et ça ne triche jamais.

Je n'irai pas au festival de Nîmes cette année (Mogwaï aurait pu me tenter mais enchaîné avec Portishead ça va tourner à la sieste de maison de retraite), toutefois il y a quelques concerts qui s'annoncent et qui feront que pour une fois, ce ne sera pas une période un peu blanche à ce niveau.

Neurosis Apolo Barcelone 21 juillet 2011

Je m'excuse pour le retard dû à une coupure volontaire d'internet pendant une semaine de vacances (ça fait du bien…), mais voici mon report du concert du 21 juillet à Barcelone.
Que les choses soient claires : je n'avais pas du tout prévu d'aller à ce concert, mais peu après avoir organisé un petit séjour dans la capitale catalane je me suis rendu compte que Neurosis y jouait pile le soir de mon arrivée. Le temps de se poser à l'hôtel et retour au métro, parce qu'on était déjà en retard !!!

La sala Apolo est en bas de la grande avinguda del Para-lel, en gros entre le vieux port et Montjuic, juste en bordure du louche et légendaire "barri xino". C'est l'une des meilleures salles que j'ai vu, rectangulaire et vaste, décorée dans les rouges avec des miroirs et de grands bars en contre-allée sans que rien ne gêne la vue, juste à la bonne taille pour accueillir de gros groupes dans un format où tout le monde peut quand même bien y voir. On y retrouvait avec moult affabilités deux ou trois voiturées de Coreux Noiseux montpelliérains qui faisaient l'aller-retour pour l'occasion, groupés au milieu d'une salle presque à bloc.

Cependant le concert était programmé tôt (surtout par rapport aux horaires locaux) et KARMA TO BURN avait déjà bien entamé son set. Ayant oublié mes bouchons et bien fatigué, je suis resté au fond. Le trio déroulait son Stoner instrumental aux riffs prenants. Comme je les avais raté quand ils avaient joué à Montpellier, je n'avais que de vagues souvenirs du fameux premier album où Roadrunner leur avait imposé un chanteur. Grâce à un son idéalement équilibré entre acoustique et granulation accrocheuse plus un groove sous contrôle irrésistible, vingt minutes ont donc suffi pour me convaincre.


J'avais déjà vu Scott Kelly en solo acoustique il y a quelques mois mais ce qui s'annonçait n'était pas comparable. Le son était toujours impeccable même si personnellement j'aurais préféré un accordage plus sec des guitares dans les graves, ou peut-être est-ce que je préférerais tout simplement que NEUROSIS renonce au vibrato. Mais le mixage était bien, les percus et basse valorisées. Le batteur se tenait recroquevillé à la Pete Sandoval, Steve von Till était plus sur le côté de la scène près du percussionniste en laissant le centre à Kelly.
Je ne pense pas que ce soit la peine de vous décrire la musique de Neurosis. Les deux heures de set étaient appréciables à cause de la longueur des titres. Les enchaînements étaient meublés par des ronronnements qui ne servaient qu'à maintenir un peu trop artificiellement les auditeurs dans l'illusion intenable d'une séance sans pauses… Ce qui n'empêchait pas quelques respectueux applaudissements.
Je regrette de ne pas avoir pu réviser avant tant l'exceptionnelle qualité des compositions a de l'importance chez eux. J'aurais pu mieux en profiter pour me plonger dans leur vaste monde post-apocalyptique, reprenant le HC à zéro pour le réinventer totalement en empruntant largement à d'autres milieux comme quelques discrets emprunts industriels pouvaient le rappeler. Après avoir vu tant de combos inspirés par leur travail, voir Neurosis tient de la récapitulation vertigineuse. En dépit d'une fatigue de plus en plus pesante, il n'y avait pas moyen d'être blasé d'expérimenter une nouvelle fois ce type de son, tant les créateurs auront toujours une dimension de plus que leurs meilleurs disciples. Cela tient notamment à une sincérité remarquable après tant d'années, alors que le piège de l'autocaricature les attend grand ouvert depuis bien longtemps.
Reconnaissons cependant que je n'ai été vraiment à fond que lorsqu'ils ont interprété deux titres que je connaissais, le reste du temps il fallait se contenter de défricher à la hâte les titres dans des conditions exceptionnelles. D'ailleurs selon mes copains qui connaissent le répertoire par cœur, il était plus ardu de rentrer dans les trois titres nouveaux ou récents qui ont été joués. On distinguait néanmoins dans l'ensemble un très vieux morceau clairement plus lourd et direct que le reste, même si on restait encore bien au-delà du Doom Noisy pur et simple.
Il y avait bien sûr un mur d'images derrière la scène, sobre et tenant plus de la sombre rêverie que vraiment terrifiant, privilégiant naturellement le noir et blanc. Cela jusqu'au dernier titre, qui basculait nettement dans l'obscurité et la violence en guise d'apothéose. Tandis qu'un grand squelette faucheur nous récoltait à grands coups sur l'écran de fond dans un déluge de guitares, de percussions et de vociférations d'agonisants, totalement contrôlé emporté par sa performance, Scott Kelly donna un gros coup de tête dans son micro qui lui laissa une grande marque sanglante couler sur le front dans les dernières minutes de jeu. Culte ! On a même eu un rappel programmé, comme quoi ils resteront des Américains à part.

Le concert s'est terminé tôt et on pouvait repartir vers le métro sans hâte – on n'est pas à Paris ! Je suis reparti très content (malgré la grande faim !) car j'avais envie de les voir depuis longtemps, après avoir déjà vu Cult of Luna et supporté Isis : maintenant je pourrais dire que j'ai vu les trois grands.
Il y avait aussi Bon Jovi au stade olympique de Montjuic, mais c'était sans moi… et à en croire les nombreux t-shirts croisés au hasard dans la cité comtale, le Heavy se porte toujours aussi bien en Espagne même si l'éclectisme est quand même heureusement de mise.

Vreid Kampfar Secrets of the Moon TAF Saint Jean de Védas 7 juin 2011

En principe le Black je n'aime pas, mais des groupes comme ce soir je peux apprécier (peut-être à cause de l'absence de warpaints). C'était donc la première fois depuis neuf ans que j'allais voir un concert 100 % Black, et si on cherche des groupes internationaux il faut remonter à 1998 ou 99. Surtout que Kampfar était déjà passé il y a deux ans et demi, mais que je m'étais trompé de jour !!!
Trêve de nostalgie et direction la Secret Place, qui était correctement garnie. On retrouvait des gens connus et d'autres qu'on voit plus rarement, car les publics ne se croisent pas encore complètement entre Death et Black.

Mais KRAKOW jouait déjà. Ce quartet norvégien fait du Black très fortement mélangé avec des passages complètement Pink Floydiens, qui peuvent aussi beaucoup faire penser aux schémas de composition d'Isis ou Tool. Ce qui donne des titres rallongés, qui font un peu songer à leurs compatriotes d'In Vain dans un autre registre. Cependant les compos sont moins géniales que celles de leur principal inspirateur, évidemment. Les deux longs morceaux se sont écoutés plaisamment.

Les Allemands de SECRETS OF THE MOON se présentent aussi comme un quartet, avec une fille à la basse. Leur Black Metal est ambitieux, original sans être en rupture, oppressant et ralenti sans être Doom, fort intéressant. Les titres sont construits en différentes phases, enrobées par des intros assourdies aux synthés inquiétants sur fond de chants d'oiseaux… Venaient ensuite des riffs à la vieux Mayhem sur un rythme plus lent. Le chanteur a un bon coffre qu'il ne force jamais totalement à fond.
Sous un éclairage rouge invariant et dissimulés derrière leurs tignasses, le groupe donne toute sa puissance sans l'impression de forcer, même dans les quelques moments de blast. Le jeu de batterie est varié et impeccable, sans jamais s'égarer dans le démonstratif (les roulements de toms illustraient bien tout ça). Plutôt qu'un déchaînement de brutalité, SotM crée une ambiance de vrai malaise, occulte et païen, contrôlée mais pernicieusement sincère. Les trois quarts d'heure sont passés absolument sans ennui.

Encadré par deux bannières, les poses du chanteur de KAMPFAR ramenaient à un style plus classique. Malgré ses bracelets cloutés, ses harangues bateau de frontman brisent un peu l'identité Black du groupe. J'ai lu que ce n'était pas leur chanteur historique mais je ne peux dire ce qui changeait. N'empêche que les titres assez longs sont efficaces, la fosse s'anima enfin. Les morceaux étaient très accessibles avec des riffs simples, accrocheurs sans être putassiers à l'instar du retour à un éclairage varié. Tout cela tombait à pic par rapport au précédent groupe. Leur style est plus spécialement païen. Les titres annoncés comme les plus vieux étaient vraiment bons. Ça envoie généreusement sans être effrayant, c'est un défoulant parfait après une grosse journée… L'impression de compacité était confirmée par un arrêt sans fioritures du set.

Enfin VREID, le groupe des ex-Windir, terminait la soirée avec du Black n' Roll bien éloigné du style de leur formation d'origine. Le son était très propre après avoir arrangé le son de la batterie. C'est hélas moins inspiré qu'un Entombed dans son genre, quoique se voulant plus varié avec des effets divers, samples, guitare mélodique. Le set assez long laissera un souvenir bizarre, avec des titres qui pouvaient emballer sur le moment mais dont on ne retenait rien une fois qu'ils étaient finis. Logiquement, le public redevint moins agité. Aussi l'orga' donna de sa personne pour relancer sans cesse le pogo, avec un demi-succès. Après un titre seulement je pensais partir avant la fin tant les compos étaient mal fichues, mais le côté emballant m'a fait finalement rester jusqu'à une fin sans rappel.

La morale de cette histoire, c'est que je pourrais aller voir du bon Black un peu plus souvent.

Aborted Skeletonwitch TAF Saint Jean de Védas 9 août 2011

Ces jours-ci c'est l'anniversaire de la découverte de la vie très privée de Marc Dutroux (quinze ans déjà…). Et pour fêter ça dignement, la Belgique nous a dépêché son premier ambassadeur en la matière. L'affluence était étonnamment bonne pour un concert de début août, et chacun le faisait remarquer à son voisin, sous un fond de Napalm Death live pour patienter. Quelques-uns avaient amené des déguisements vikings cheap assez drôles, chose qu'on voit plutôt aux festivals qu'à la Secret Place d'habitude.

Avec une intro Atmo, les Périgourdins de MINUSHUMAN ouvrirent le bal en promotion de leur prochain album. Leur Metal extrême est très bien produit, joué sur un mid-tempo entraînant et propre – et c'est la moindre des choses tant les compos ont l'air faciles, coupées souvent par des passages atmosphériques. La ressemblance avec Disbelief est vraie, même si Minushuman sonne nettement plus clair et moins bourrin. Par contre je n'ai pas entendu un seul vrai riff pendant une demi-heure. L'assistance a bien réagi et c'était un succès qui ferait rêver la plupart des groupes relégués en ouverture. Mais sitôt terminé, c'est sitôt oublié, malgré l'engagement appliqué mis par tout le monde et notamment le chanteur, propre et pas très puissant à l'instar de tout le reste. Ça passe bien sur le moment mais ça glisse…

Les Thrashers Américains de SKELETONWITCH sont restés figés en 1985, veste à patches et tignasses au vent. Leur style furieux et énergique se rapprocherait, à mon avis, de Sodom ou Exodus, voire Hellhammer ou Venom à cause d'une touche de Black bien sensible au fond du palais. Le chanteur varie avec aisance les vocaux Thrashy avec de nombreux passages en growl Death Metal sur un répertoire interprété au triple galop sans trébucher. Son anglais est très compréhensible d'autant qu'il n'est guère question que de bière, Satan, chatte et mort. Le public décidément très chaud a fait monter le pogo en puissance (gentils mais un peu lourds, les obsédés du slam…). Eux aussi viennent promouvoir un nouvel album mais à ce qu'on en voit il n'y a aucune évolution tant le répertoire est compact ! On s'en serait douté ! Très efficace, Skeletonwitch mérite amplement sa place dans le peloton de tête du revival Thrash traditionnel, et même parmi les plus durs au mal.

J'étais content de voir enfin ABORTED que j'estime fort mais dont la facette Cannibal Corpse, juxtaposée à celle orientée vers Carcass, m'est toujours restée en travers pour ce qui est de devenir vraiment totalement fan. Avec les changements de line-up, je n'ai pas retrouvé les trombines qui dans ma mémoire visuelle formaient le groupe… pas très grave. Avec quelques intros enregistrées, les Flamands ont envoyé leur Death Metal avec une férocité digne de leur rang. Il me semble que la période Deathcore (pourtant correcte pour ce que j'en avais entendu) a été totalement occultée pour un retour confirmé à la formule traditionnelle. La setlist a fait la part belle à "Goremaggedon" et à de nouveaux titres, avec un son impeccable mais occultant trop les solos de guitare tout de même.
Cela a été une indiscutable boucherie, sans beaucoup de temps mort et avec Svencho prouvant à nouveau ses qualités de frontman. Pour preuve du bon esprit régnant, ils nous ont fait une blague avec "Raining Blood". Méchant, perverti, lourd, violent et dérangé sur les bords, le répertoire nous a vraiment promené dans les synapses surchauffés d'un tueur en série en pleine récréation. La prestation de Dirk Verbeuren à la batterie est pour beaucoup dans la puissance de cette évocation. Alors que la musique de fond était déjà revenue, la demande fut si forte que l'on a eu un rappel d'un morceau. Vraiment, une excellente soirée, Leve de België !



A noter aussi que sur les dates de cet été ce n'etait pas Dirk à la batterie mais Ken Bedene (ex Abigail Williams) qui est maintenant leur batteur officiel.

dimanche 24 juillet 2016

Hate Vesania Antropofago TAF Saint Jean de Védas 28 septembre 2011

Pour commencer une info sur laquelle on aura très rapidement des éléments : ce soir 28 septembre, Livarkahil avait quitté la tournée qu'ils avaient eux-mêmes organisés. Selon ce qu'on m'a dit, il y a eu une brouille financière avec les groupes Polonais et ceux-ci s'apprêtaient donc à repartir au pays dès le lendemain. En conséquence, jusqu'à preuve du contraire, le reste de la tournée serait annulé. Vous nous direz bien vite si ça se confirme.

Mais en arrivant la chambrée très moyenne qui investit la Secret Place n'en avait cure, d'autant que bon nombre venaient soutenir un groupe de chez nous qui a eu les faveurs de cette auguste maison, j'ai nommé bien sûr ANTROPOFAGO. Le quintet est sur le point de sortir un nouvel album et pas mal de gens ont déjà les t-shirts.
Le quintet n'a pas changé, avec son Brutal Death qui met la batterie et le chant en avant. Ils n'ont pas d'influence particulièrement dominante. Avec un son passable qui collait au propos leur set tabassait bien. Malgré quelques plans encore un peu naïfs il y a un certain talent, la plupart sont prenants, efficaces et correctement enchaînés. Melmoth a un jeu de scène sobre et une charmante pointe d'accent quand il parle, mais il envoie. La batterie surplombe un peu le reste mais elle ne fait donc pas que blaster. Et un certain équilibre avec les riffs est attentivement maintenu.
Une reprise de "Hammer-Smashed Face" vers la fin a quelque peu tranché dans tout, plus lente que le répertoire propre d'Antropofago et laissant plus entendre la basse. Brutal, violent et déjà bien maîtrisé, Antropofago convainc et a vocation à dépasser le périmètre local, malgré des apparitions scéniques assez rares.

Les Polonais de VESANIA se présentent aussi comme un quintet avec des warpaints tirant vers l'originalité et une certaine recherche vestimentaire. Après une intro', le premier titre a déboulé sur un ton étonnamment lent et mou avant de s'affermir. Il s'agissait de Black mid-tempo avec un synthé. Nous n'étions pas très loin concrètement de Dimmu Borgir, leur grand moment de bravoure est de toujours caser en fin de morceau un long passage au riff ralenti avec le synthé venant napper discrètement derrière. Ce passage systématique s'est toujours révélé, il faut le reconnaître, bien efficace et repris par le public.
Il y a une certaine personnalité au prix de quelques passages déroutants pour le Beumeu puriste : un long solo de guitare en arpège façon Prog' 70's, un finish samplé de piano cabaret dérangé et malsain (Ebonylake vous connaissez ?). Je pense que le synthé doit mieux s'entendre sur album et que cela doit changer des choses. Le guitariste chanteur a eu quelques petits problèmes récurrents de guitare, mais qui n'étaient pas gênants en définitive. Ça passe en concert, sans pouvoir dire plus.

HATE et moi, c'était mal parti à cause de la réutilisation intégrale d'un titre de Dead Can Dance en intro ("Dawn of the Iconoclast"), enchaîné direct avec leur Death à la Morbid Angel coupé de Black. Malgré l'illusion donnée au début par les warpaints, les riffs sont même souvent assez Thrashy à la Slayer. Pas de doute sur leur provenance, ce n'est pas très loin de Vader en plus mélodique et grave, ou de Behemoth en plus sobre et plus lourd. Mais le son au départ était franchement mauvais, surtout la batterie, avant d'être amélioré progressivement par un mixeur conscient des problèmes.
Le spectacle était très traditionnel : un chanteur guitariste au milieu, un batteur au fond et deux autres types qui headbanguent sur les côtés. On peut dire que c'était joué sans forcer, limite mollement mais efficacement, à l'image de la com' du chanteur. C'est bourrin, efficace aussi mais un peu trop hermétique ; il a suffi d'une intro samplée à la guitare sèche pour que tout le monde se demande ce qui se passait. Assez vite, c'est plus le corps que l'oreille qui suit et quelques personnes partiront un peu avant la fin.

Finalement on retiendra une soirée Black Death sympa, on attend de voir s'il y aura une suite… En tout cas nous on va reprendre le rythme dans les semaines qui viennent après une rentrée trop tranquille niveau concerts.

Yob Dark Castle Mojomatic Montpellier 3 octobre 2011

L'été n'en finit pas et la chaleur était encore bien sensible dans la cave et le rez-de-chaussée du Mojomatic, suffisamment remplie par les habitués sans déborder. Le temps passait et Kongh qui devait ouvrir ne jouait pas. Renseignements pris, un de leurs membres s'était montré très malade à son arrivée et était aux mains des médecins à cette heure… En espérant que ce ne soit qu'un mauvais moment, le reste du groupe était au merchandising et c'est bien regrettable parce qu'il y a deux ans ils nous avaient bien giflés.

DARK CASTLE est le duo du batteur de Yob avec celle qui est certainement sa compagne. C'est du gros Sludge Doom sans basse, instrument inutile tant la guitare tenue par la chanteuse fuzze… Grande et mince derrière ses dreadlocks sales, elle était bien possédée avec un chant vociféré quasiment Black, malheureusement mixé un peu bas à mon avis. Quelques intros électroïdes-ambient et des arpèges de guitare complétaient le tableau pour créer une ambiance glaciale, funéraire, aux riffs étranges, souvent bien barrés. Un projet intéressant et efficace mais un peu hermétique pour certaines oreilles, si bien qu'une partie notable du public n'a pas tenu tout le set. En plus c'était un peu compliqué d'y voir, avec deux grands bien cuités venus se mettre au premier rang de la petite cave.

Avec YOB on passait au trio pour du Doom old-school pur et dur aux vocaux ultra-réverbérés. C'est très Sabbathien, c'est entendu cent fois mais c'est imparable. C'est groove mais ce n'est pas trop Rock, c'est gras et lourd, les tempos accélèrent mais ne s'emballent jamais totalement comme pour bien racler au fond. Les titres sont longs, il y a plusieurs solos lents mais enlevés, un ou deux arpèges et surtout quelques répétitions basiques fièrement abusées et fort entraînantes. De plus, le son était parfait comme presque toujours en ce lieu - même si la réverbération gênait la communication. Ce style plus chaleureux et complémentaire de la première partie emballa l'assistance de connaisseurs et après plus de trois quarts d'heure, un rappel fut rapidement accordé.


Ne restait plus qu'à rentrer se doucher après cette belle soirée poilue, suante et bien Doomy à l'ancienne.

Rorcal Solarflare 400 the Cat Mojomatic Montpellier 20 octobre 2011

Je crains que ce fusse lié au froid qui s'était brutalement abattu sur la région ce jour, mais il n'y avait vraiment pas grand monde ce soir au Mojomatic, nous devions être une quinzaine au pic d'affluence. Cette défection est inhabituelle.

400 THE CAT est un groupe encore nouveau mais qui est fondé en partie sur les cendres de Morgue et Superstatic Revolution, groupes ô combien révérés sur VS en leurs temps… Le quartet cévenol explore encore un territoire un peu différent mais largement balisé dans la région. Hé oui mes agneaux, c'est encore du HC Noise, et c'est encore du tout bon ! Il se situe entre Unsane et Fugazi et les titres sont agréablement brefs et plutôt variés. Ils respectent la règle du bon riff direct, simple et ingénieux. L'un des titres démarrait lentement dans les aigus, comme exemple de variation. Pour autant les caisses de la batterie sonnaient bien mal, il est étonnant que l'ancien batteur de Morgue ait laissé passé cela – il a toujours les mêmes tics de jeu que jadis. Le chanteur assure tout à fait mais reste encore très timide (comme son prédécesseur de Superstatic Revolution) entre les titres où il déchaîne son énergie.
Malgré l'attitude réservée d'un maigre public transi de froid, ils se sont en effet bien donnés au point de rallonger le set de trois titres courts. C'est à revoir dans de meilleures conditions, et déjà à recommander aux amateurs du genre.

Après s'être longuement installé avec l'aide de ses compatriotes de tête d'affiche, le projet individuel (ou one-man-band…) du bassiste d'Impure Wilhemina SOLARFLARE entamait son petit set, seul planté au milieu dans la pénombre, à peine éclairé par quelques chandelles. L'idée est simple : faire du Drone en arpèges de basse. Cependant les titres varient les accords et les sonorités, tantôt ça fuzze, tantôt c'est sec, tantôt c'est looouuurd… Les interludes enregistrés étaient bien négociés d'un pied discret sur la console par terre. Évidemment, on en profite mieux en étant assis et en se laissant aller à la rêverie ou même la prière tant la cave se mettait à ressembler à un oratoire dans cette configuration. En une grosse vingtaine de minutes assez relaxantes on avait bien fait le tour du concept, à coup de notes lentes.

RORCAL enchaîna très vite. Le quintet Genevois entamait, comme cela arrive souvent, sa tournée ibérique par une date à Montpellier. Le dos tourné au public et débordant de la scène trop petite, le groupe headbanguait de conserve sur les lents tempos d'un Drone Doom typique. Le chant crié de rigueur était trop faiblement mixé à mon avis, il a même sauté un petit moment. Mais sinon le son était bon. Après de premiers titres "chantés", les suivants étaient plus instrumentaux avec quelques brefs passages mêlant batterie et samples qui s'aventuraient carrément dans l'Industriel. Deux énormes lampes flashes crépitant nous ont crevés les yeux, alors qu'ils avaient laissé les chandelles brûler dans le noir et la fumée au départ. Le Drone Doom pur a ainsi évolué sur le dernier tiers du set vers un True Black bien raw à la norvégienne. J'ai bien aimé cette autre face plus énergique et aussi bien maîtrisée que les groupes qui font ça à longueur de temps. La transition se faisait très naturellement et elle apportait de la profondeur à l'ensemble.
Ils se sont donnés eux aussi malgré le relatif bide populaire et se montraient épuisés en fin de set.

Pour la blague dans la froideur nocturne du retour je me suis payé le petit plaisir de surprendre mes neveux et leurs potes méchamment entamés en pleine semaine. Que va devenir la France avec une génération pareille ? 'te foutrait tout ça au lit et au travail, moi !

samedi 23 juillet 2016

Clan of Xymox Paris Divan du Monde 30 octobre 2011

Clan of Xymox reste à ce jour l'un de mes groupes préférés hors Metal, que j'ai toujours continué à écouter alors que tant de coups de cœur se sont étiolés en quelques mois. Le souvenir d'un remarquable concert il y a trois ans à Marseille donné devant une salle petite et peu remplie m'a motivé à profiter du pont de la Toussaint cette année pour y goûter à nouveau. Même si à choisir j'aurais préféré voir New Order quelques jours plus tôt mais à une date plus difficile.

Nous retournons au Divan du Monde huit mois plus tard, avec une grosse frayeur quand je me suis aperçu en sortant du métro que j'avais oublié ma place chez mon hébergeur !! J'ai donc dû retraverser Paris à la course tout en me donnant des baffes pour ma contrition.

Revenu de cette idiote étourderie, WAITING FOR WORDS jouait déjà devant une salle bien garnie (nouvelle preuve que le Gothique, c'est plus en vogue dans les pays de grisaille). C'est un trio qui jouait sa Synth Pop calibrée pour le label Boredom devant un fonds d'images. Le plaisir de jouer était bien visible, malgré des poses trahissant encore un certain malaise dans le style "qui en font un peu trop pour chauffer l'assistance". Le répertoire est ultra classique, efficace, mais avec des mélodies très lambda, courtes, à peine ébauchées et interprétées avec enthousiasme mais sans ce trouble sensible qui donnerait une profondeur qui ferait la différence. De plus, le chant est franchement mauvais, y compris pour la claviériste qui intervient régulièrement, ça ne pourra pas rester comme ça s'ils veulent avancer. La guitare vient souvent muscler les titres sans tomber dans des accords trop puissants.
Le dernier titre fut interprété à quatre avec Peter de People Theater, puis un rappel acheva l'affaire sur une reprise joyeuse du "Military Fashion Show" d'And One (bon titre dans son genre mais il faut saluer la petite prise de risque de ne pas nous infliger une énième reprise d'un gros tube des années 80).


CLAN OF XYMOX est un groupe au format très variable selon les disponibilités des membres, cette fois c'était en formule trio purement masculine en l'absence regrettée de Mojca à la basse, remplacée par Mario (habituellement plutôt guitariste). Cette fois le groupe était venu avec un peu de merchandising, presque tous leurs albums étaient disponibles ainsi que quelques t-shirts assez moches.

Comme souvent c'est le vieux classique "Stranger" balancé un peu à la mords-moi le nœud qui servit de mise en bain. Après quoi le set est resté largement focalisé sur l'avant-dernier album "In Love we Trust" dans un premier temps, de telle sorte qu'il fut plus représenté que "Darkest Hour" sorti il y a quelques mois seulement et qui avait été apprécié des plus vieux briscards traditionalistes de la scène comme un retour aux premières sources attendu depuis vingt-cinq ans. Situation bizarre… Mais pour ma part j'ai adoré "In Love…" et j'étais ravi d'entendre "Emily", le titre éponyme, "Hail Mary" ou même "Love got Lost" qui passent délicieusement en live.
Le son était assez fort et les vocaux même un peu trop poussés vers le début, dans une configuration très électronique vu le line-up de ce soir – le claviériste encore inconnu au bataillon et cantonné au fond avait finalement le principal à gérer en balançant toutes les programmations. Toutefois il faut souligner que Ronny ne perd rien de sa voix malgré l'âge, son répertoire varié et étendu sur plusieurs époques révèle ses côtés intemporels et paradoxalement unifié. À la différence de Marseille, il rassembla ses vieux souvenirs de Français pour une communication apprêtée mais rudimentaire, bien dans son style d'homme réservé.
Les premiers albums de la période de reformation furent évoqués par "Jasmine and Rose" (salué comme quelques autres par un fan qui hurlait depuis le fond sur ses titres favoris), ou "This World" qui clôtura le dernier rappel. "Farewell" et "No Tomorrow" rappelaient les deux albums Electro, et malgré leur facilité ils n'ont pas été les moins appréciés. Le public bien tassé bougeait sobrement sur à peu près tous les titres, du reste. Mais la reprise de "Heroes" de Bowie (sur rythme lent) n'a pas été reconnue par tout le monde.
Une première pause intervint assez vite mais elle ne faisait qu'introduire deux longs rappels. Au moment d'attaquer l'incontournable "Louise" un pépin de basse se révéla chez Mario et resta malheureusement non réglé jusqu'à la fin du set. La sonorité des titres restants comme "A Day" en souffrit notablement, à mon avis.

En dépit des quelques motifs de frustration (Mojca et une basse qui marche, svp !!!) ce concert restera un très bon souvenir. On pourrait juste réclamer que ce ne soient pas toujours les mêmes titres des deux premiers albums qui soient joués mais d'un autre côté c'est comme avec Slayer : s'ils ne jouent pas ceux-là, le public les lynchera ! Et puis j'aime bien aussi les morceaux récents donc tout compte fait…

Une soirée commençait en suivant mais je n'avais pas de raison d'y rester pour écouter une énième fois juste des gros incontournables consensuels.




KMFDM Rockstore Montpellier 2 novembre 2011

Il y a des jours comme ça où à la fin on a bien besoin d'un concert bas du front pour rattraper un moment de m. au boulot. Surtout avec une vieille institution du Metal Indus dans une salle à laquelle on reste irrémédiablement attaché malgré les ans qui passent. J'aurais dû mettre mon vieux t-shirt de Depeche Mode pour la blague, mais j'étais trop en retard à cause des trains pour le chercher en bas de la pile.
Comme à l'époque le Rockstore paraissait un peu grand, le public clairsemé ne remplira qu'un tiers de la salle seulement au meilleur moment. C'était comme un rappel pourquoi les concerts de Metal vont plutôt se faire dans des salles plus modestes depuis presque dix ans…

Les Aixois de Tamtrum n'étaient donc pas là ce soir. Je crois que la première partie de remplacement s'appelait INSANE, duo français qui fait du Metal Electro Rock. C'était efficace et ingénieux, proche des moments vitaminés de NIN et Filter, ou d'un Static-X plus agressif et syncopé. La pose légèrement dandy derrière des lunettes noires et le ton de voix nonchalant du chanteur-guitariste donnait un pendant assez intéressant au futurisme visible chez le claviériste. Son matériel était installé sur des vérins et des gros ressorts de matelas. Leur set était long mais très digeste, derrière les intitulés bateau les titres étaient bien fichus avec une guitare sonnant presque plus Rock que Metal, tout en usant et abusant du vibrato en contrepoint des beats et des effets. Déjà entendu mais pas encore trop, simple mais bluffant, efficace disait-on.

À la maison je ne suis pas très amateur de KMFDM mais un ami y allait et puis c'était injustifiable de snober un groupe de cette stature à deux pas de chez soi. Car ils sont là depuis longtemps et on ne peut les réduire à la tragédie de Columbine. En avant donc pour une bonne cure de gros Metal Indus.
Enfin, il faut reconnaître que KMFDM est beaucoup plus Metal qu'Indus, encore plus qu'un Ministry. Le côté Indus est vraiment réduit aux effets d'intro et à quelques couches sur des rythmiques très majoritairement martiales. Je savais bien qu'il y avait du chant "féminin" chez eux mais je ne me souvenais pas qu'il soit si important, la chanteuse a assuré la moitié des titres de son timbre puissant et vicelard. Un roadie vint également chanter un titre en entier et participer à l'un des rappels. Les gros riffs vrombissants bien produits, très basiques voire un peu vides en réalité, c'était ce qu'il me fallait pour faire passer l'exaspération de la journée et avec deux pintes à jeun c'était le traitement idéal. Quelques ponts en lead complètent le boulot côté guitare. Vers la fin quelques titres plus accélérés passaient très bien, l'un d'entre eux était carrément d-beat.
On n'a pas vu passer l'heure et demie de set, nous étions leur meilleur public vu en France pour le moment (prends ça Paris !!!) selon la chanteuse, et je suis reparti heureux et apaisé vers mes pénates au pied desquelles les condés organisaient un contrôle d'alcoolémie apparemment musclé (faire ça en pleine ville !).


Retox Pneu ! Montpellier Mojomatic 9 novembre 2011

Il y a beaucoup de concerts intéressants ces temps-ci, il faut faire des choix et celui-ci n'était pas forcément une priorité mais il était près de la maison, au Mojomatic.

THE WASHINGTONIANS jouait déjà devant une petite chambrée quand j'arrivais – le nombre de groupes faisait qu'on commençait plus tôt que d'habitude. Les Poitevins envoyaient leur Punk-Crust bien Metal et look décontracté, malgré un son très moyen, se situant quelque part entre Discharge et Nasum comme tant d'autres. Le quartet est efficace, crédible sans trop en faire. C'était sale mais cohérent avec le style, j'ai bien aimé, c'est à suivre.
J'ai eu la petite surprise de retrouver leur roadie Pearly à la pause, puisqu'ils sont sur son label. La salle se remplissait enfin, comme on pouvait l'attendre vu que Pneu ! a un gros public par chez nous.

Les quatre Parisiens d'ULTRACOÏT enchaînaient en se présentant nus, vêtus de slips noirs assortis et de cagoules en latex laissant couler rapidement de bonnes transpirations. J'ai trouvé leur Noise aux titres humoristico-pornos un peu molle malgré les riffs déjantés et je n'ai pas tenu jusqu'à la fin.

Avec PNEU ! la soirée montait quand même d'un bon cran. Les deux Tourangeaux s'étaient installés au centre de la salle et non pas sur la scène, tout serrés près des enceintes, on se serait cru au Samynaire. Leur jeu est très physique, pour donner vie à leur célèbre Stoner-Noise groovy totalement instrumental aux riffs énergiques, très déjantés et variant sans cesse. Leurs copains de Marvin (objets d'une petite blague) en avaient plein les yeux. L'assistance massée en cercle autour du duo incendiaire se remuait joyeusement, quelques bières volèrent… Et on n'a pas vu passer ce set intense. Un vrai phénomène qu'on ne se lasse pas de voir et revoir.

Enfin la tête d'affiche était constituée des seuls étrangers, les jeunes Californiens de RETOX regroupant des ex-The Locust. Le spectacle revenait sur la scène mais la musique restait proche de Pneu ! avec ce HC Noisy agressif et traditionnel, insistant, lourd et carré à la Fugazi et Unsane, assez surprenant pour la part de gens de la Côte Ouest. Il ne fallait pas se fier à leurs dégaines d'étudiants métrosexuels. Le point faible vient à mon avis de la monotonie des vocaux, qui sonnent certes bien mais ne varient jamais (ce qui renforce le côté obsédant, assombri et méchant) sur des riffs pesants mais syncopés et jamais délayés. Le set, entraînant mais bref, s'acheva sans rappel bien avant l'heure prévue.

Je n'attendais pas grand-chose de ce concert et ce fut finalement une bonne soirée inattendue, en attendant d'autres prochaines échéances dans des styles inverses.

Opeth Rockstore Montpellier 23 novembre 2011

Maman ! On savait que c'était complet, les SMS affolés des premiers arrivés… Mais peuchère, je n'avais pas vu le Rockstore aussi plein depuis Sepultura en 1999, franchement. Pas étonnant qu'il y ait eu quelques malaises. Cette date unique dans le Midi aura mobilisé des fans venant de loin, encore nettement plus que pour leur première venue il y a cinq ans.

PAIN OF SALVATION jouait déjà quand j'arrivais, tôt pourtant. Je n'ai jamais accroché, même si leur Metal Prog est assez direct pour le style. Le chant haut perché est vite irritant, les riffs m'indiffèrent… Un titre partait dans un délire complètement Doors quand le chanteur partit au micro dans un discours bavard tandis que ses compères tapaient le bœuf. Peut-être que du fond, le son n'enveloppait pas assez pour captiver.
Si je n'en fais pas partie, le groupe a pourtant ses fans devant, qui réagissaient aux sollicitations. Après un salut commun final, le groupe s'éclipsa sans rappel.

Une vaste tapisserie annonçait OPETH, toujours précédé par la même intro. Entrés sous les acclamations, Julien Doré (euh, Mikael Akerfeldt, pardon, ils se ressemblent tellement maintenant !!!) et ses sbires attaquèrent "The Devil's Orchard" avec un chant trop faible mais vite corrigé. Dès lors, il était clair que les nouveaux titres passeraient mieux sur scène, le son live se rapprochant du son plus extrême auquel on reste quand même habitué. N'empêche, le changement de style reste sensible même dans ces conditions. Le son était tout à fait correct à mon avis, et l'éclairage excellent (c'est un point fort fréquent des gros concerts du Rockstore, mais là c'était vraiment agréable).

Dès "Face of Melinda", Opeth renouait avec son appréciable habitude de toujours laisser grande place à de vieux titres pour le plaisir des fans fidèles, et de varier le choix d'une tournée à l'autre. Cela a l'avantage de faire profiter de morceaux peu entendus jusque-là. Mais très significativement la set-list resta purgée de tout titre growlé. Quand il se tourne vers son passé, tout un pan énorme de l'identité historique du groupe est effacée, niée… tout comme sous Mao et Staline, à mesure que les dignitaires étaient éliminés on les effaçait des anciennes photos officielles.
Alors j'ai surjoué les headbangs sur ce titre et plus tard sur "A Fair Judgement" pour en profiter un peu. En comparant sur le vif les titres d'"Heritage" et le reste, je dois redire que l'inspiration est tout de même plus présente sur les vieux titres, plus contrastés, plus efficaces, plus originaux et moins démonstratifs…
Si le set a offert plus de titres que d'habitude, il y a eu quelques longueurs comme ce solo de batterie sur "Porcelain Heart", sympa mais pas impressionnant quand on écoute du Death pur et dur, et trop rallongé. De même le passage acoustique assis était un peu long, même s'il permettait de découvrir le titre "The Throat of Winter", assez rare ; même "Closure" paraissait un peu ramolli par rapport à l'original.
Comme l'a fait remarquer un ami qui les voyait pour la première fois, le quintet est musicalement très fort, notamment Martin Mendez dont on profite toujours mieux en live que sur album. Et bien sûr Mikael n'a rien perdu de son humour, il se souvenait être déjà venu et proposa de revenir même si là il fallait être à Milan le lendemain. Il rendit également un hommage émouvant à Ronnie Dio auquel un titre d'"Heritage" est dédié. Ou encore après qu'il ait fait les présentations comme d'habitude en commencement du rappel, il reprit au vol le fan qui cria le nom de Steven Wilson pour faire quelques blagues sur la manière dont son ami et partenaire pouvait bien glander chez lui à ce moment…
Je ne me suis pas ennuyé, j'avais peur que ça tourne au concert quasi intégralement acoustique devant une salle assise, il n'en fut rien. Mais quand même, Opeth a malheureusement changé et je suis bien content de les avoir vus plusieurs fois avant, car ce ne sera clairement plus jamais pareil. D'ailleurs, je n'ai pas du tout eu l'idée de faire un tour au merchandising.


The Devil's Orchard / I Feel The Dark / Face of Melinda / Porcelain Heart (avec solo de batterie au milieu) / Nepenthe / (passage en acoustique) / The Throat of Winter / Credence / Closure / Slither / A Fair Judgement / Hex Omega / Rappel : Folklore

vendredi 22 juillet 2016

Kylesa Circle Takes the Square Ken Mode Verdun TAF Saint Jean de Védas 16 janvier 2012

Par ces temps de grand froid, riche idée de commencer l'année avec du son qui réchauffe à la TAF, lundi 16 janvier. Même à Montpellier, on se les pèle.

Toutefois les portes ont ouvert peu après 20 h tandis que VERDUN commençait aussitôt. Et comme c'était le début d'année il fallait renouveler les cartes d'adhésion pour tout le monde et faire remplir les formulaires à la main un par un… La queue s'est donc écoulée lentement en écoutant le groupe de loin, il  aurait été plus intelligent de les faire démarrer plus tard pour ne pas servir simplement de fond musical pour un public arrivant goutte à goutte.
Donc bien qu'arrivé à l'heure je n'ai vraiment vu qu'un bon tiers du set du supergroupe Montpelliérain. Les récents changements de line-up n'ont pas modifié le propos, utilisant des riffs à la Crowbar en les plongeant dans un esprit à la Neurosis. Les titres sont plus longs et torturés que du simple Power Doom. Ce n'est pas ultra original mais c'était bien, avec un son très propre tout en rondeur, un chanteur plus charismatique, un jeu très en place. Le groupe est mûr pour s'exporter et enregistrer plus que les 3 titres disponibles.

Et voici ensuite le fameux trio Dep… euh, KEN MODE ! S'appuyant intelligemment sur leur double culture nationale, ces Canadiens de Winnipeg ont assuré un peu de com' directement en français malgré un fort accent. Malgré un son redevenu étonnamment médiocre, leur HC Noisy a retourné un public connaisseur. La tension du chanteur-guitariste et le jeu de scène agité du bassiste correspondent à leur répertoire sombre, rugueux et agressif, proche d'Unsane mais plus rapide en moyenne, plus à la Fugazi.
Ils maîtrisent redoutablement la longue montée chromatique quasi répétitive jusqu'à explosion orgasmique finale, ce qui justifie amplement la longueur des titres, après les premiers de format plus normal. Cela fait aussi qu'ils en ont joué assez peu. Quelques passages apaisés en apparence ont laissé deviner des sonorités plus métalliques, et quand la double se déploie rien ne résiste ; mais l'insuffisance de la production a légèrement gâché ces plaisirs. En tout cas j'ai découvert encore un excellent groupe dans le genre, à la hauteur de la réputation qui le précédait. Au reste ils ont pu enfin bénéficier d'une assistance conséquente, à hauteur normale pour cette affiche, avec des délégations provençales et haut-languedociennes assez fournies.

CIRCLE TAKES THE SQUARE est un autre trio originaire de Savannah comme Kylesa, mais qui fait tout autre chose. Existant depuis assez longtemps ils ont néanmoins – toujours selon ma fiche – une discographie assez mince, à l'image de la bassiste. Dès les premiers accords on peut comprendre qu'il s'agit de Screamo pur, alliant délicatesse maladive et déchaînements de désespoir avec des paroles travaillées dans un mélange assez fluide – reconnaissons-le – entre Metal extrême, HC barré, influence Shoegaze et Post-Punk dépressif dans l'usage de la mélodie. Il y a un goût mesuré pour l'arpège, également.
Mon problème avec ce style a logiquement réapparu aussitôt : les compos ne sont pas totalement absconses mais ne sont pas captivantes non plus, avec des enchaînements trop rapides à mon goût d'un bord à l'autre. Peut-être ne suis-je pas (plus) assez torturé dans l'âme pour ça, cependant le son aigrelet n'aidait pas. Les vocaux étaient répartis entre les trois membres mais le guitariste qui était le principal chanteur me paraissait également un peu en dessous de la puissance nécessaire. Mais une bonne part du public est restée attentive jusqu'au bout.

Enfin KYLESA déboule avec ses deux batteries et ses gros riffs. Manquant de place sur la petite scène en triangle de cette salle désespérément mal fichue, le bassiste a dû se tenir dans son coin sur un mouchoir et le batteur-claviériste est resté debout tout le long du set. De même, la projection de fond de scène qui montrait un vortex gris et noir avec des ossements qui tournaient dedans s'étalait surtout au plafond…
L'essentiel était quand même ailleurs, dans le défoulement de gros riffs Stoner aux savoureux arrangements psychédéliques, typiques du "Métal Confédéré". Retrouvant enfin un son propre et gras, le quintet envoyait un répertoire homogène et irrésistible, comme une invitation à faire le débile au milieu d'une énorme vague sonore. Comme il est bon de suer en plein hiver ! Il y a eu quelques essais de pogo qui ont été vite calmés par une majorité venue dans un esprit détente.
Sur scène, on distingue mieux la provenance des vocaux distordus entre Philip et Laura, mais la basse a malheureusement eu aussi peu de place dans le son que sur la scène. Très connu pour ses deux batteries, Kylesa y puise une interprétation très carrée, très loin du rendu live trop relâché de beaucoup d'autres groupes du genre. Allié au groove des riffs, cela produit une puissance supérieure, alors que sur album je ne suis pas convaincu de l'utilité de ce doublon. Les effets synthétiques totalement rétro n'étaient pas envahissants, on notera surtout l'emploi du theremin qui a laissé ébahi un copain ingé son de métier qui venait voir son premier concert de Metal et a mitraillé l'engin qu'il voyait aussi pour la première fois utilisé sur scène.
Peu disert, après avoir fini sur des titres plus connus, le groupe a vite consenti à donner deux autres titres assez courts et plus directs encore que le reste.

Bref, un bon concert avec un meneur qui assure, une bonne découverte et la confirmation d'un nouvel espoir local.

Ulcerate Svart Crown TAF Saint Jean de Védas 19 février 2012

Avec le dégel c'était un gros week-end de concerts à Montpellier. Mais comme c'est un peu toujours le même panel de groupes qui font l'effort de tourner et que plus particulièrement ce sont souvent toujours les mêmes qui ont leurs entrées à la TAF et qu'on peut voir tous les ans, je ne m'étais pas motivé pour UltraVomit vendredi ni pour Agnostic Front samedi. Je peux vous répéter quand même que Stigma et Miret ont fait complet (une vingtaine de personnes ont dû être refusées) et ont tout cassé. Pour ce dimanche c'était une assemblée plus moyenne, bien chevelue et largement masculine, c'étaient donc apparemment plutôt les Français qui avaient ramené.

Nos incontournables locaux d'ANTROPOFAGO se font voir plus régulièrement, au moment de défendre leur nouvel album, et ils ouvraient la soirée avec leur gros Death direct, toujours dominé par le chant de Melmoth et le batteur (filiforme !). En trente minutes, ils ont confirmé une progression constante dans une brutalité où finit par poindre l'influence de Deeds of Flesh, le Deicide plus récent puis Cannibal Corpse dans la seconde partie du set qui s'orientait légèrement plus vers le mid-tempo. Je serais néanmoins curieux de les voir avec un son plus propre, notamment au profit des guitares. Par contre j'adore toujours la pointe d'accent de Melmoth dans les annonces.
Le public a évidemment bien réagi même si des riffs plus ambitieux permettraient de franchir encore un palier. En attendant, le répertoire actuel est trop efficace pour laisser place une seconde à l'ennui ! Avec Fleshdoll à Toulouse, le Death brutal Languedocien a de quoi dire.

SVART CROWN sillonne le pays et s'arrête régulièrement chez nous, mais comme ils accompagnent d'habitude des affiches plus Black je ne les avais pas encore vus. Le quartet a envoyé son Death-Black classique en bénéficiant d'un son beaucoup plus propre et un jeu carré qui sent évidemment l'expérience. Conformément au style le set est agressif. Sans touche épique à la Dissection, ils évitent ainsi de faire trop War Metal.
Les poses hautaines de gros méchants en marcel noir peuvent faire sourire si on ne consentait pas à rentrer dans un trip bien connu du métalleux de base. La pseudo-fosse s'est agitée et le seul essai de stage-diving, mal anticipé, s'est fait refouler autoritairement. Les compos passent agréablement même si les Nissarts usent énormément de la structure "martèlement syncopé sur la batterie puis feu roulant" en espérant faire réagir le public en cadence (chœurs ou poings levés). En l'occurrence cela a marché moyennement mais l'assistance était quand même dedans.

ULCERATE est revenu à la formule quartet avec l'intégration de William Cleverdon comme second guitariste. À l'instar de ce qu'on avait vu à Toulouse il y a plus de deux ans, les Néo-Zélandais utilisent des samples pour meubler les intervalles et un son assez sale, volontairement, assez compressé. Ce n'est plus la peine de présenter leur démarche entre Death Metal et Post-Core sludgy, ces compositions structurées en montée tendue vers le déchaînement apocalyptique final. Ce style quasi-unique plus cérébral que les groupes d'ouverture, a laissé un certain nombre de gens sur le bas-côté, quelques-uns partant vite, d'autres ne restant que pour profiter du jeu impressionnant du batteur Jamie Saint Merat la tête prise en étau par un gros casque. Mais beaucoup étaient dedans, à commencer par les vieux fans comme moi.
Car ce maelstrom, ce trou noir sonore est irrésistiblement captivant, il rend un effet plus puissant et effrayant que la brutalité pure et simple, centré sur le chant de Paul Kelland qui dépasse à peine des guitares, comme au centre de ce cyclone obscur. Kelland aux grimaces de possédé qui ne fait pas semblant… Le retour attendu de la seconde guitare pour le live se montre absolument nécessaire pour restituer le jeu complexe de ce faux chaos. Sous des lumières assez variées, les quelques bourrades échangées et le lent rapprochement de l'assistance témoignaient de l'effet d'Ulcerate, déjà devenu une référence. Communiquant un peu mais restant sérieux, le groupe a accordé un rappel avec un titre plus court histoire de nous garder après minuit.

Ulcerate n'avait pas de merchandising, cette fois. Peu importe, c'était une tannée, un groupe exceptionnel qui n'a pas fini d'avancer. On revient mercredi, ça va bien taper.



Krisiun Malevolent Creation Vital Remains TAF Saint Jean de Védas 22 février 2012

C'était le mercredi des Cendres et notre pénitence devait être terrible afin d'expier nos mollesses, nos demi-mesures, nos reculades… Et avec six groupes on allait être servi. Étonnamment le petit muret qu'on avait vu l'an dernier pour Obituary était de retour, pour séparer la scène du public.

Il fallait aussi débarquer tôt et quand j'arrivai EREBUS finissait son set. Je n'ai entendu qu'un titre de Death lent et très syncopé, qu'on aurait pu attribuer à Gojira si les dégaines n'étaient pas aussi typiques de la scène extrême UG.

Pendant que ça se remplissait on partait pour l'Italie avec HATESOWER et son Death Black épique au son propre. Bons musiciens de surcroît, ils servent quand même des plans parfois bizarres, limite groove maladroit, avec des mélodies qui font presque reprise de tube Disco oublié. Sauf qu'elles étaient jouées avec sérieux. Et en plus les titres étaient assez longs, les riffs étaient répétés à l'envi avec cette impression quelque peu gênante par moments. Mais dans les tournées aussi serrées les sets ne peuvent pas être bien longs et au bout d'une demi-heure c'était fini.

Les changements de plateau étaient rapides et KARNAK enchaînait. Ils ne sont pas Bretons ni Égyptiens mais Italiens eux aussi et pratiquent du Slam-Death à la Texane, dans le style de Disgorge (US) et Devourment, ultra-grave et scotché sur la dernière corde… Pourtant ils existent depuis longtemps et selon les infos, ils ont touché à des styles différents avant d'en arriver là. Le son était redevenu plus sale, et le pilonnage répétitif n'a pas déplu à l'assistance malgré une absence totale de charisme. Les têtes se balançaient en cadence. Ça ne peut pas plaire à tout le monde, c'est débile mais efficace, pas inoubliable.

Et on pouvait espérer sauter d'un niveau avec VITAL REMAINS que je n'avais encore jamais vu. Le son me parut atroce au début, mais j'ai pu améliorer en partie le problème en me déplaçant vers le centre. N'empêche que le chant ne se dégageait pas assez des guitares rythmiques, tout comme les solos dont on connaît pourtant l'importance. La basse s'entendait comme il faut mais la batterie sonnait bien sale, également, alors qu'Alberto Allende jouait très bien.
Les titres étaient longs et franchement très bons, ce n'est pas un groupe culte par hasard. La fosse s'est instantanément déchaînée dès les premiers accords, enfin. Scott Willy montre pour sa part un réel charisme communicatif. Il y a néanmoins de quoi sourire devant la réutilisation de samples de la Passion de Mel Gibson ou du trop entendu "O fortuna" de Carl Orff… où en seraient les méchants satanistes sans les œuvres chrétiennes et la culture classique ? En tout cas ça a méchamment bourré malgré le son médiocre, le set était trop court.

MALEVOLENT CREATION était déjà passé il y a même pas un an au même endroit. Leur mixage était déjà meilleur et servait mieux un Death maîtrisé, moins brutal mais tout aussi violent, plus propice au défoulement mais moins inspiré. Hoffmann est un bon frontman, qui a l'élégance d'être naturel et d'aimer la rigolade. Parcourant leur long répertoire, ils nous ont même emmenés jusqu'à un vieux titre du premier album pour finir. Je n'ai pas regardé ma montre mais ils ont joué plus longtemps que leurs prédécesseurs, et avec tout le respect dû c'est un peu injuste pour Vital Remains. Le délai trop court par rapport au dernier passage ne motivait pas une attention soutenue, même si on headbanguait volontiers.

Mais pour que notre contrition soit totale, il fallait encore KRISIUN ! Les frères Camargo ont terrassé l'assistance, exterminé tous les hésitants avec un son cette fois parfait, optimal comme toujours avec eux, batterie comprise, solos distincts… si tout le monde était comme ça ! C'était la quatrième fois qu'ils me fessaient et c'est toujours aussi terrible. Ça n'a rien à voir avec de la sauvagerie tellement c'est maîtrisé, de "King of Killings" à "Black Force Domain". Pourtant j'ai trouvé qu'un nouveau titre fonctionnait moins bien, avec deux riffs biscornus, et d'ailleurs la  fosse elle-même s'est calmée à ce moment-là. Quelques autres effets modérés frappent néanmoins l'auditoire en donnant un trait particulier à quelques titres.
Alex le chanteur avait la gorge un peu usée lors de ses premières interventions entre deux morceaux, mais cela n'a nullement gêné ses vocaux. Je comprends très bien les gens sur ma gauche qui mimaient le tir au hasard au fusil-mitrailleur au lieu de headbanguer ou pogoter, Krisiun déploie toujours un feu d'enfer exceptionnel, monstrueux, rarement égalé.

Après un rappel cela s'est terminé bien après minuit. Entre autres rencontres j'ai recroisé le batteur de Morgue/Superstatic Revolution/400 the Cat et on a un peu parlé de LA reformation de Morgue…
C'était une soirée jouissive mais il faut terminer sur une note très pessimiste. Malgré l'effet trompeur dans la petite salle très mal fichue de la Secret Place, l'affluence (je dirais 70 pèlerins d'ici et de plus loin) était très en deçà du seuil de rentabilité nécessaire et il y a donc très peu de chances pour qu'on revoie des affiches purement Death Metal de ce calibre à Montpellier d'ici quelque temps. Il va falloir reprendre l'autoroute plus souvent…

Origin Psycroptic Korigan Luynes 28 février 2012

C'était une belle journée sur la Provence mais on vit une chambrée moyenne au Korigan. Dès l'arrivée je retrouvais la bande de Season of Mist, et passais au stand… pour constater que le nouvel album de Psycroptic n'y était plus disponible en cette fin de tournée ! Tant pis, si c'est comme ça on paiera le péage en liquide au retour. Pour les autres il y avait quelques t-shirts amusants et pas mal de choses malgré tout.

Le bal était ouvert avec les cinq Néerlandais de DICTATED, jeune groupe qui se distingue d'abord par la présence de deux filles aux deux guitares, nouvel exemple de la féminisation en marche de la scène. Le son était correct, l'interprétation aussi, pour l'originalité on repassera. Il s'agissait de gros Death alternant brutalité et mosh-parts, dans la droite lignée de Skinless et Dying Fetus, qui rappelait donc beaucoup Dyscarnate au même endroit il y a quelques lunes. Le gros blond au chant assurait, c'était efficace pour quelqu'un comme moi qui aime bien ce style et le public s'est rapproché à mesure. Mais quand on veut en faire il faut oser de petites prouesses, des riffs un peu recherchés ou des effets pour se distinguer, et on ne peut pas dire qu'ils essayent tout cela. Plus tard, peut-être…

On restait au Benelux avec LENG TCH'E. Le chanteur avait mangé du clown et profitait de la communauté de langage pour faire du stand-up entre les titres, en plaisantant même sur sa couleur de peau, ou en invitant quelqu'un du public à beugler sur deux titres. C'était gentiment burlesque mais cela nuisait quand même à l'intensité de leur "Razor Grind" qui faisait sourire, ramassait les applaudissements mais ne faisait guère bouger l'assistance. Sur la musique, ce Grind à gros son très propre pour le genre avec des riffs un peu tordus me faisait penser à un Soilent Green assagi, mais cette ressemblance est tout à fait fortuite. Le set passait, sans ennui ni excitation et le "braveheart" final était un peu forcé.

J'étais donc surtout venu pour PSYCROPTIC, la troisième fois. Ce n'est pas un leader de la scène mais j'ai toujours bien aimé ce qu'ils font. Le chanteur de remplacement a fait le boulot, en nous appelant "Provence !" tout le long. Je n'avais pas révisé et je ne connais pas encore les nouveaux titres, certains morceaux qui ne me rappelaient rien étaient du même acabit que le reste. Le groupe a progressé en communication avec Cameron Grant le bassiste qui se donne du mal, il n'y a plus les grands interludes blancs de naguère. Les intros vaguement futuristes sont toujours là, le répertoire oscille entre Death technique et Power Thrashcore années 90, et les vieux titres tirés du deuxième album recueillirent comme toujours le plus de succès. Pourtant le grand classique "The Colour of Sleep" était écarté de la liste. Le petit fan que je suis a passé un bon moment, je ne sais ce que pourraient en penser d'autres…

J'ai un vieux contentieux artistique avec ORIGIN que j'avais déjà vu au même endroit il y a cinq ans presque pile. Le changement de chanteur a pourtant entraîné une attitude nettement plus chaleureuse qui fait mieux passer leur Death ultrabrutal aux rares effets. Il a tenté un plongeon depuis l'escalier des coulisses dès le début de set ! Les titres se ressemblent bien que divers titres d'albums soient cités. Le public s'est enfin franchement déchaîné devant un tel assaut et moi-même je suis mieux rentré dedans que ce que j'aurai cru. Cependant, c'était bien difficile de faire oublier Krisiun la semaine dernière ; y compris au sujet de la qualité des compositions qui demeure assez moyenne en comparaison. Après cinquante minutes de joyeuse sauvagerie, le groupe nous a offert un rappel.

C'était une sortie sympathique même si ça ne sera pas le concert de l'année. Je m'épate toujours de voir des tournées de Death Metal continuer à se monter malgré une affluence insuffisante en termes de rentabilité… Je n'ai pas traîné en sortant vu qu'il y avait de la route, que j'ai faite sans problème comme vous voyez. Le mois prochain on s'exportera également, mais vers l'ouest.

Obscura Gorod Spawn of Possession Toulouse Dynamo 27 mars 2012

Malgré un temps radieux, la ville rose était encore commotionnée par la tuerie qui a tenu l'Europe entière en haleine il y a quelques jours. Cela faisait un petit moment que je n'y étais pas venu pour un concert. Je ne connaissais pas encore la Dynamo, petite salle située en ville tout près du canal et de l'église Saint Aubin. Remplie presque complètement, c'est un petit espace rectangulaire avec une galerie qui crée de la place en haut et un couloir au fond, vers une courette moche mais bien pratique pour les fumeurs, ou pour s'aérer aussi parce que la chaleur est vite montée.

Avec les Néerlandais d'EXIVIOUS cela commençait doucement. Ce quartet sert un Death Jazz instrumental, assez atmosphérique avec de nettes tendances aux arpèges. Le son excellent mettait bien en valeur la basse et la batterie, tandis que les guitares restaient discrètes conformément au style. Tout était dans l'interprétation de compositions progressives invitant à la rêverie relaxée. Deux membres se sont relayés pour faire un peu de communication et éviter ainsi que cela paraisse trop froid. Il n'empêche que le concept s'impose une sacrée limite en se privant systématiquement de vocaux pour développer des titres très intellectuels et pas du tout organiques. C'est agréable mais finalement pas très original, ça roule mais il n'y a pas de quoi s'affoler non plus, ils risquent de plafonner très longtemps à ce stade.

On profitait de la pause pour se rafraîchir au bar, correctement fourni, et faire une paire de rencontres.

J'avais déjà vu SPAWN OF POSSESSION il y a presque six ans, avec un chanteur de session. À une époque j'aimais bien… M'étant rabattu au fond, le son était encore très correct mais pas écrasant de reste. Et à ma grande surprise ils n'ont joué que des titres des deux premiers albums !! Et surtout de "Cabinet", d'ailleurs. Alors que l'heure devrait être à la promotion du nouveau disque qui mobilise largement l'attention après des années d'attente, j'ai reconnu tous les titres joués ! Je ne vois pas ce qui justifierait ce choix. Ceci étant, on en profitait aussi bien.
C'était joué très fidèlement, les breaks aussi exigeants pour les poignets des musiciens que pour les cervicales de l'assistance s'enchaînaient. Cependant, le public n'a pas beaucoup bougé et le groupe n'a pas fait des tonnes pour nous emballer, juste le boulot. L'inversion d'ordre de passage y est sans doute pour quelque chose. Malgré cette impasse incompréhensible, c'était un bon set de Death brutalo-technique de la part des Suédois, figures de proue de ce mouvement dont ils ont été les premiers pionniers.

Le temps de faire un tour au stand et d'en ressortir les bras chargés (il y a du choix !), GOROD s'installait avec un membre des Montpelliérains d'Antropofago nouvellement recruté dans ses rangs. Disons-le tout de suite, les Aquitains ont largement justifié leur promotion dans l'échelonnement du programme. Et eux, au moins, ils ont défendu leur nouvel album ! Les nouveaux titres semblent plus alambiqués et ne sont pas très faciles à appréhender, même si le propos général de Gorod est très proche du précédent groupe.
En présence de leurs mamans dûment saluées, ils ont beaucoup donné pour la première date française d'une tournée qui avait eu largement le temps de se roder. Le set était long mais l'assistance a très chaleureusement répondu, la fosse s'ouvrant enfin et les slammers se télescopant dans la bonne humeur. De vieux titres n'étaient pas oubliés. Au moment où je me disais qu'ils avaient enfin compris qu'il ne fallait pas abuser des moulinets en aigus, ils nous ont servi un nouveau titre qui en était gavé ! Le set euphorique s'est achevé sur une repique du final de "Call of Ktulu" (d'après Gérard Lenorman). C'était la troisième fois que je les voyais, c'était clairement la meilleure, ils reviennent très en forme ("merci les saucisses !").

J'étais surtout venu pour OBSCURA qui s'arrêtait pour la première fois dans le Midi. Le groupe a débarqué sur l'intro de "Septuagint"  et n'a pas eu de mal à remporter à son tour un franc succès. Avec le ventilo dans la figure – pour faire comme Epica, sans doute – Steffen Kummerer est un chaleureux meneur qui se soucie du spectacle sans trop en faire. Il bouge, il monte sur les retours et plaisante bon esprit ("mon chouchou" !). Cependant, en live, son chant ne peut être retravaillé comme en studio et il se montre un peu aigre comme sur leur premier album, à la Mameli ou le Schuldiner de la toute fin sans pour autant tomber dans l'affreux à la Theory in Practice. Cependant, il est redescendu comme il fallait dans le gras pour "Ocean Gateways", introduit brièvement pour expliquer que ce morceau était un hommage assumé à Morbid Angel (on n'avait pas remarqué…), dont l'efficacité est confirmée. Ce titre fut d'ailleurs suivi d'un solo de batterie de Hannes Grossmann.
La set list s'est répartie entre "Cosmogenesis" et "Omnivium". Ce sont surtout les titres du premier qui ont remportés un large succès dans la fosse, notamment l'instrumental "Orbital Elements" qui n'a rien à voir avec ce qu'Exivious entend par là. Obscura a ramené l'aspect physique et efficace dans le Death technique, c'est pour cela qu'ils m'ont séduit comme beaucoup d'autres fans, j'ai bien bougé même sans pogoter. Malgré une interprétation sans faille (juste un ou deux légers retards isolés qui passaient sans mal, c'est le live), je n'ai pas beaucoup profité des solos de guitare à cause d'un placement trop latéral, c'est à la fin quand j'ai pu glisser vers le centre que d'un coup ce qui paraissait un mauvais mixage a disparu.
La salle étant très chaude je pensais qu'ils termineraient sur cette dernière sensation triomphale, mais ils sont revenus pour un rappel avec une reprise de Death, "Flesh and the Power it Holds" qui n'est vraiment pas celle que j'aurais choisie, d'autant qu'ils en ont déjà une autre meilleure en stock. Mais celle-ci est sur la compilation qu'ils viennent de sortir… L'ambiance est donc un peu retombée en dépit de l'invitation de Kummerer à venir chanter au micro.

Cela ne gâchera nullement un bilan très bon pour tout le concert, je ne regrette absolument pas le voyage. Par contre cette fois je ne suis pas rentré directement, je suis allé à l'hôtel… la récupération est plus longue au fil des ans, ma bonne dame.
Je ne reviendrai pas pour Slayer, sachant que mon niveau de disponibilité un week-end de Pentecôte est équivalent à celui d'un soir de Noël, que je les ai vus l'an dernier, qu'on aura aussi Gojira un mois avant, et que le mois de juin s'annonce terrible !





Petite erreur dans ton live-report, le guitariste d'ANTROPOFAGO n'a pas joué avec GOROD, cependant il a fabriqué leurs guitares ! (le bonhomme est luthier)


Si cela n'était pas assez clair, Gorod a fait clairement un meilleur set que SoP à Toulouse. J'ai mieux profité du set de SoP que la moyenne du public parce que je connaissais les titres, mais c'est sûr que c'était décevant : à Aix en 2006, ça bougeait bien plus devant beaucoup moins de monde, et le groupe n'a rien fait pour se surpasser.

Quant au chanteur de Gorod venu de Zubrowska, il est certain aussi que son chant moins guttural gênera toujours ceux qui veulent du growl Death pur et bonnard. Pour moi, ça passe mais je n'écoute pas Gorod aussi à la maison, c'est vrai.

Et merci aux uns et aux autres pour leurs précisions, au fait.