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mercredi 20 septembre 2017

MetallicA Kvelertak Paris Bercy 10 septembre 2017

MetallicA…. Combien d'entre nous passèrent par eux pour aller vers l'extrême ? Vous souvenez-vous de ce que ce nom représentait au début des années 90 ? Les quatre cavaliers ne sont plus mon groupe favori depuis fort longtemps, mais je ne les ai pas reniés malgré moult errements. La grosse machine est tellement connue, tant rappelée à longueur de nouveaux DVD que depuis Nîmes, il avait fallu du temps pour que remonte assez le désir d'une nouvelle rencontre. J'y étais aidé par l'accompagnement d'un vieil ami qui, lui, ne les avait jamais vus et dont l'enthousiasme était nécessairement contagieux. Par commodité, nous avions choisi le second soir à Paris plutôt que les autres dates.

Je ne connaissais pas l'intérieur de Bercy. Le long protocole de sécurité au fil des halls, escalators, et larges couloirs plastiques faisait plutôt penser qu'on allait prendre l'avion… La salle est bien mieux conçue, une fois en place, que l'Arena bâtie par chez moi.
Évidemment le public était nombreux, familial, bon enfant et de tous âges, plus franchement masculin que ce que j'aurais pu attendre. Cette foule était en grande partie aux couleurs de MetallicA, mais aussi d'autres grands classiques fédérateurs, de Led Zep' à Gojira. Très peu de t-shirts rappelaient l'existence d'une scène indépendante, de formations plus modestes. Si l'on constate depuis une quinzaine d'années le morcellement des courants, n'en reste pas moins le clivage entre le grand public Metal focalisé sur les grosses affiches, grands festivals, groupes renommés dans des styles définis depuis longtemps, et les autres, qui étaient sans doute en nombre au Fall of Summer en même temps par exemple…


Jamais je n'avais soumis KVELERTAK à un examen approfondi, jusqu'à ce que se présente le batteur clopinant sur béquilles, suivi de ses cinq comparses dont le chanteur le torse à l'air avec un masque en forme de papillon, assez ridicule. La suite fut mieux séduisante. Les Norvégiens mélangent beaucoup de choses dans leurs compositions : MetalCore épique ou écrasant, Rock voire Hard traditionnel par moments, blasts plutôt Black gentil, galopades Punky… tout doit leur sembler bon pour peu que cela serve leur inspiration. Les trois guitares écrasaient inévitablement tout le reste, mais contrairement à la malédiction bien connue de toutes les premières parties de MetallicA, Kvelertak avait un son tout à fait correct. Le Norvégien, on le savait déjà, se prête aussi bien au Metal que l'Anglais. L'un des guitaristes appuyait parfois le chanteur. Le sextet prit l'ensemble de l'espace offert sur la large scène centrale sans timidité ni arrogance. La variété des titres s'enchaînant dévoilait un groupe assez original qui sonnait néanmoins dans le vent. Une minorité importante de l'assistance, confirmant de plus fort l'observation sur les deux publics Metal, n'en avait cure et laissa de vastes zones de gradins vides. Je ne crois pas que ce soit la conséquence de l'anticipation de l'arrêt des ventes d'alcool pendant le set de la tête d'affiche.
Peu communicatif entre les titres à part vers la fin, le chanteur empoigna une lourde bannière pour illustrer le dernier titre. Je ne suis pas sorti totalement conquis de cette quarantaine de minutes réglementaire, mais cette fois l'invité de MetallicA était plus consistant qu'un groupe déjà assez établi demeuré au niveau de gamins plus ou moins attardés.

La pause dura le double de ce qui était annoncé, meublée sur le tard par l'un de mes classiques préférés d'AC/DC.

Blasé au long de cette attente, lorsque les lumières s'éteignirent dans une clameur de bataille épique, et que la gueule d'Eli Wallach apparut sur les cubes tandis que montait "The Ecstasy of Gold' repris en chœur comme l'hymne de la nation des fans… mes yeux s'embuèrent comme mon cœur de fillette craquait sous la poussée des souvenirs…
METALLICA grimpa au son de l'intro de "Hardwired", dans la configuration traditionnelle de la scène centrale avec la batterie au centre qui tournera sur les quatre côtés au fil du set. Véloce et direct, le morceau titre de l'album que les Californiens venaient défendre précéda "Atlas, Rise !", plus représentatif de ce dernier répertoire qui roule à peu près droit généralement jusqu'aux refrains, qui mettent deux roues dans les bas-côtés avant de revenir sur la route… Et nous allions en bouffer, du dernier ! Les peaux de la batterie, sous la frappe forte et toujours un peu approximative de Lars, sonnaient très sec. Les guitares, abrasives, obligeaient James à lutter un peu pour se faire entendre, et laissèrent définitivement la basse noyée dans le mix. C'était très loin du son retravaillé des DVD, et encore plus du rendu plus que parfait au Parc des Princes il y a treize ans… et c'était tant mieux car je n'avais sans doute jamais entendu MetallicA avec un son aussi live et accrocheur.

Les cubes coulissants pour afficher les projections étaient assez esthétiques, bien qu'en descendant au plus  bas ils bouchaient la vue de la scène quelques instants. Les projections d'anciennes affiches de vieux concerts en France et autres images d'archive pour illustrer "Seek and Destroy" étaient sympathiques. Comme les vestes à patches d'Hetfield. Les deux classiques suivants permirent à Kirk Hammett de montrer qu'il était dans un bon soir, toujours dans le tempo pour ses solos, et peu enclin à s'égarer dans ses improvisations de moins en moins inspirées au fil des ans. Du pur plaisir sans prise de tête avec le MetallicA intemporel.
Pour "Now that we're Dead", quatre autres gros cubes sortirent de la scène, le morceau glissa tout à coup vers un intermède où les trois membres mobiles s'emparèrent de mailloches, et battirent chacun la face supérieure d'un de ces objets, vite rejoints par Lars. Ce n'était pas aussi bon que Sepultura dans le même exercice, mais assez inattendu. Puis vint "ManUNkind", titre récent encore jamais joué sur scène, avec projection d'extraits édulcorés de son clip troublant, pastiche assumé du Mayhem des tous débuts (jamais de tête de porc entièrement en plan) !! Si la tension retombait un peu sur ces nombreux extraits du dernier album, ces vieux monuments du Metal comme "For Whom the Bell Tolls" faisaient se relever sans peine tous les ramollis. Il faut admettre que le groupe n'a guère faibli en énergie communicative malgré les années dans le sillage d'un Hetfield qui n'a rien perdu de son charisme légendaire et dont le chant compense aisément l'usure par une diction plus claire que jamais (et sans doute un léger coup de potard en plus).
Après une nouvelle scie tirée de "Hardwired" dont le rythme et l'architecture relâchaient mécaniquement l'excitation, place était faite au moment de bravoure attendu pour Hammett et Trujillo. Il passa par une reprise instrumentale du tube mondial de Joe Dassin que j'eus du mal à reconnaître avec assurance sur le moment tant c'était incongru (vendredi c'était plus cohérent dans cet exercice). Et l'éternelle dernière roue du carrosse, ce pauvre vieux Rob put enfin se faire voir en première ligne… pour reprendre le mythique "Anesthesia" tandis que Cliff Burton apparaissait sur les écrans cubiques ! Effet garanti et apprécié d'une restitution impeccable, très respectueuse et facile, prélude à un leste, endiablé et irrésistible "Helpless", seule – vraie – reprise extérieure de la soirée. Avec "Fuel" ensuite, on vit moins de flammes que jadis comme sur l'ensemble du concert. Ce titre restait encore l'indéboulonnable représentant d'une certaine période, et faisait penser que certains albums et pas des moindres restaient encore absents, alors que le terme commençait à poindre au loin. Pire même, on revenait encore une fois au dernier après un bref échange de James avec un enfant dans la fosse et l'explication de texte de ce "Moth into Flames" dont le refrain boiteux illustre bien les points faibles de la dernière cuvée.
Ressortant le rituel "You like Heavy ? MetallicA gives you heavy.", Hetfield lança un assassin et inusable "Sad but True" porté par un Hammett décidément bien dans le coup. MetallicA, c'est une évidence, est sur une autre planète que le reste du big four sans parler d'en-dessous, vue l'armée de techniciens à l'œuvre en coulisses, dont ceux qui apparaissaient discrètement mais régulièrement sur scène n'étaient que la part émergée. Tout est millimétré et connu de longue date des fans, même si selon le sondage à main levée beaucoup prétendaient faire leur première, de certaines boutades de Hetfield aux promenades arrogantes et grimacières d'Ulrich. Même le numéro de tournis de Trujillo est devenu à présent un gimmick attendu. Mais personne n'attendait autre chose. Introduit de loin par des citations plus longues que d'habitude du film, plutôt que par les mitraillades interminables, "One" fut l'occasion d'un hommage épique et grave aux combattants des deux bords et acteurs divers de la Grande Guerre, sans doute car nous étions à quelques jours près au centenaire de l'entrée effective des premières troupes américaines dans ce carnage. C'était beau. Enfin "Master of Puppets", toujours sublime, était certes en version complète, mais ce n'est plus une surprise depuis longtemps.
Le rappel fut tout d'abord entamé par un explosif "Fight Fire…" mortellement thrashy et rogue, laissant croire que le groupe en avait encore bien sous la semelle. Mais cette énergie se déploya dans une interprétation parfaitement conforme de l'un des derniers grands slows du Hard et du Metal réunis. L'occasion de se dire que cette fois il n'y a pas eu de gros pain comme d'autres fois, juste de tous petits à côtés de live. Merci Lars. Comme couronnement fédérateur vint enfin "Enter Sandman" évidemment, avec ses quelques fusées d'artifice de bon aloi. Curieusement, MetallicA semble donc délaisser les finaux old-school auxquels nous étions habitués de si longue date.
Comme toujours par contre, le groupe revint longuement saluer ses fans, Hetfield dirigeant un clapping qui permettait habilement d'offrir une ultime communion non musicale, par un geste signifiant grossièrement à l'inconscient collectif titubant entre le contentement et l'envie d'en avoir encore que c'était bon mais que c'était fini. Absolument tout est calculé, vous disais-je.
Dernière tradition, chaque membre prononça quelques mots, Trujillo se lançant en français bien sûr (grâce à sa femme, vous savez) et Ulrich, toujours le dernier et encore excité, promit qu'ils reviendraient.

Il fallut quelque temps pour se retrouver dans la foule en mouvement et le vent piquant qui soufflait dessous le ministère, l'allégresse de mon compère rappelant l'effet que cela fait la première fois et combien donc la grosse machine susnommée est puissante. Cela se termina dans un estaminet de la rue de Lyon que je connaissais. Très étrangement j'appris que Denis Barthe, l'ancien batteur de Noir Désir que j'avais vu quelques jours avant dans une petite ville des Pyrénées avec son nouveau groupe, avait passé le concert assis non loin.
Si la setlist n'était pas bien équilibrée à mon avis, si l'on peut faire tant de procès rebattus à une institution aussi énorme, et autant de reproches à ceux qui y ont communié semble-t-il, je ne regrette en rien d'en avoir été.

The Ecstasy of Gold/ Hardwired/ Atlas, Rise !/ Seek and Destroy/ Through the Never/ Fade to Black/ Now that we're Dead/ ManUNkind/ For Whom the Bell Tolls/ Halo on Fire/ Eye of the Beholder-Champs Élysées/ Anesthesia/ Helpless/ Fuel/ Moth into Flames/ Sad but True/ One/ Master of Puppets/
Fight Fire with Fire/ Nothing Else Matters/ Enter Sandman.

vendredi 1 septembre 2017

Les Tambours du Bronx Mountain Men 26 août 2017 Salies du Salat

Près de mon lieu de vacances au pied des Pyrénées centrales, la petite ville de Salies-du-Salat organisait pour la première fois un festival d'été tous publics sur trois jours. Étonnamment l'affiche du samedi soir était alléchante et n'ayant rien de mieux à faire, j'ai honoré cette occasion imprévue.
La grosse chaleur du jour était encore pesante au crépuscule. Le Metalleux habitué trouvait sans peine ses marques dans le stade de village : les tentes, les jetons de paiement, stands de ravitaillement et autres toilettes sèches. Le public était assez nombreux et familial de tous les âges, local ou pour mieux dire, rural.

Les concerts se tenaient dans un grand chapiteau ovale en forme de gélule, qui gardait hélas une partie de la canicule accablante, avec des gradins en demi-cercle au fond bien garnis mais très éloignés de la scène. Bien que le parterre se remplît à l'approche du premier groupe, la répartition de l'assistance en deux masses largement séparées n'était certainement pas enthousiasmante à voir depuis la scène.

MOUTAIN MEN est à l'origine un duo Grenoblois devenu quartet depuis qu'ils ont inclus l'ancien batteur de Noir Désir en personne, Denis Barthe, et son compère des The Hyènes pour la basse. Tout de suite, on identifiait la bande de quinquas, vétérans de bien des scènes de toutes dimensions (et d'autant d'aventures), qui se contentent à présent de prendre du plaisir avec un style authentique, fondamental, mais qui plaira aussi à toutes sortes de publics. Après une saynète pour introduire le spectacle, il ne s'agira que de Blues Rock gentillet net et bien fait, taillé pour la scène. Le guitariste-chanteur originel assurait l'essentiel de la communication et le spectacle l'était plus par son vieux partenaire harmoniciste en gilet et cravate, qui s'exprimait avec un fort accent anglo-saxon dans un français parfait. Le public de sept à soixante-dix-sept ans se laissa prendre peu à peu par des titres d'une qualité régulière, au long d'un set étiré sur presque une heure et demie et parsemé de petits sketches (et une échappée de l'harmoniciste). Le chant était juste et convaincu même s'il manquait de grain, et l'harmonica épiçait assez brillamment des chansons plaisantes, mais un peu trop aimables. Tout en évitant largement de faire du sous-Johnny (y'avait ce risque !), leur répertoire était en effet bien lumineux et trop souvent optimiste pour le style. Au fond la rédemption est déjà venue pour eux, par la simple joie de jouer ensemble devant un vaste public favorable. Pour les uns c'est une forme de réussite, pour tel autre c'est plutôt une issue après toute l'ample histoire que chacun connaît. Comme la basse, Barthe survolait d'ailleurs à l'aise un répertoire franchement moins exigeant que celui pour lequel il restera immortel.

Je vous passe le mini spectacle d'hypnose en interlude, ainsi que le retard horaire sans conséquence trahissant le festival débutant.

LES TAMBOURS DU BRONX sont un investissement sûr avec leur trentaine d'années d'expérience. Comme toujours, la grosse douzaine de fûts en demi-cercle était surplombée par les claviers et deux rangées de barres sur les côtés. Pour une immersion progressive, le premier morceau était purement acoustique et rythmique, les mailloches seules contre les bidons et les parties bien distinguées pour que le public comprenne le fonctionnement complémentaire de l'orchestre, d'un bord à un autre avec le centre de l'hémicycle jouant aussi son propre rôle. Ensuite vint un titre chanté plus groovy, puis la reprise non annoncée de "Kaiowas" que bien peu de gens ont dû reconnaître à part moi ! Rappelant évidemment l'esprit du live partagé avec Sepultura, c'est le synthé qui suggérait les parties de guitare sèche tandis que la rythmique dominait, bien sûr. La relecture était fidèle tout en transformant substantiellement l'original, illustrant joliment l'une des pistes possibles quand on se lance sur une reprise. La moite touffeur n'ayant pas disparu, le collectif passa alors au torse poil pour le restant du concert.
Les Tambours du Bronx, c'est avant tout un spectacle de percussions rigoureux, où cela paraît très facile et à la portée de tous comme le tennis quand on regarde Federer, grâce au travail qu'il y a derrière. Les chorégraphies simples enrichissent un peu le show pour éviter une trop forte austérité visuelle, plusieurs frappeurs ayant leur moment de bravoure en venant au centre. Quelques rares personnes bougeaient bien, certainement des connaisseurs vues les dégaines, la large majorité préférant apprécier la performance et resta malgré l'heure, l'atmosphère pesante et la relative agressivité du propos.
Les Nivernais ont si bien su ouvrir les frontières de leur style d'origine et leur identité en son sein, qu'on en oublierait qu'il s'agit de Musique Industrielle. C'est la frange mêlée, la plus accessible du style, comme les Swans ou les Young Gods dans leurs propres genres. Et pourtant, quand on attaquait le cœur du set avec ses boucles ou ses basses, un peu de chant parfois, c'était clairement dans les périmètres de Vomito Negro, Fœtus et compagnie, indépendamment de la forte orientation rythmique. Certains titres faisaient plus Big Beat années 90, pour autant.
Je regrette seulement la communication bêtement arrogante du principal chanteur qui écorchait sciemment le nom de la ville et jugeait la mollesse apparente du public, au lieu de comprendre que dans un nouveau festival campagnard qui cherche encore son identité et drainait une foule d'ignorants complets de ce genre de musiques de tous âges, c'était un beau résultat d'en avoir conservé les trois quarts à minuit et demi passé un soir de canicule. Les autres étaient mieux lunés et il y eut une belle distribution de mailloches et même quelques bidons en fin de concert.

Fuyant "la soirée des jeunes" et son DJ qui allait suivre, à l'instar de la plupart des gens, je rentrai un peu usé mais satisfait vers ma fin de congés. La rentrée, je vous le dis, sera énorme.