Bienvenue sur mon blog relatant mes impressions et souvenirs de concerts depuis 2004.

Vous pouvez retrouver les nouvelles publications en avant-première sur metalnews.fr (avec des illustrations).

Ne vous contentez pas de regarder les titres des dernières publications !

Servez-vous du moteur de recherche interne en haut à gauche de la page pour rechercher dans les publications plus anciennes du blog un groupe en particulier, une salle, des groupes qui m'ont paru ressembler à vos favoris... il y a matière.

Les intitulés ne mentionnent pas forcément tous les groupes qui ont fait tel concert, je privilégie les têtes d'affiche. Utilisez là encore le moteur de recherche.

samedi 23 juin 2018

Shellac Marvin 30 mai 2018 Rockstore Montpellier

Le nom de Steve Albini devrait alerter bon nombre de gens. Ce monument vivant est l'un des plus grands producteurs et ingé son des trente dernières années, bourreau de travail qui a offert ses talents aux plus célèbres groupes (Nirvana, Nine Inch Nails, Pixies, Fugazi, Jon Spencer, PJ Harvey, Breeders, Mogwaï, Neurosis, Dyonisos, etc, etc…) comme aux plus obscurs. Il a depuis fort longtemps aussi son groupe à l'activité intermittente, difficilement prévisible, qui a inspiré beaucoup de musiciens plus modestes parmi les plus authentiques. Même si l'ami qui m'accompagnait était pour sa part un vrai fan ancien de Shellac, venir prêter son hommage me semblait de toute manière obligatoire.

De tout temps le Rockstore a été une salle qui commence très tôt. Même en arrivant pour vingt heures ce fut trop tard pour voir DECIBELLES, la toute première partie. La salle était bien garnie de rockers d'âge mûrs, mais n'avait pas atteint la jauge quasi complète qui viendra au pic de la soirée. Il n'y avait quasiment pas de merch au stand.

Revoir MARVIN était à marquer d'une pierre blanche, la dernière remontait à douze ans et demi (un huitième de siècle !) dans d'anciennes écuries d'un village de l'arrière-pays, bien avant la sortie du premier album… Je ne m'étais pas rendu compte d'une telle ancienneté, en croisant les musiciens régulièrement en ville ou dans le bar de l'un d'entre eux. Entretemps, c'est devenu l'un des plus célèbres groupes de la ville au niveau national indépendant.
Pourtant le trio n'a pas substantiellement changé, mais plutôt pris toute son envergure dans un croisement ouvert à beaucoup de variations. En l'absence de quatre cordes, c'est le culte de Korg qui s'est amplifié aujourd'hui à plusieurs claviers et synthés employés simultanément, et qui apportent notamment les basses aux sonorités changeantes, et des bruitages vintage. Le fonds est resté enraciné dans un excellent riffing de type Stoner, joué avec un groove redoutable qui se mêle à la démarche expérimentale du Krautrock. Ce fort héritage seventies rencontre souvent l'inspiration créative de la Noise des années 90. Ce portrait ne rend compte cependant que du cœur de l'identité du groupe, qui peut aussi se permettre un titre totalement Cramps en seconde position ou d'explorer rapidement des territoires tellement dansants qu'on se rapprochait fugacement d'une disco alternative juste le temps d'en douter. Le chant est assez rare, les quelques passages étant tous fortement filtrés avec des effets divers… à part le premier où Émilie restait inaudible (une spécialité regrettable de la maison quels que soient les intervenants aux manettes…). Le public se remua allègrement une fois atteint le style propre après des titres un peu plus originaux à mon sens en début de set. Ce succès ne tenait pas simplement au fait de jouer à domicile et de pouvoir faire des plaisanteries hors micro : la batterie a été une fois encore l'élément essentiel pour que tout cela fonctionne : nanti d'un matériel assez simple, Grégoire cogne juste et fort. Marvin a choisi un style qui n'est pas de ma prédilection, mais s'est révélé au final le plus doué de sa bande.

Après que la grande roadie noire chargée du mixage ait installé le matériel avec attention, SHELLAC attaqua. Albini est connu pour ne pas porter sa guitare en bandoulière comme tout le monde, mais à l'aide d'une ceinture qu'il juge plus pratique. Il portait un t-shirt de Cocaïne Piss, groupe de Liège qu'il a produit et ce choix ne pouvait pas être un hasard vue la dramatique actualité de la veille. Sans y rajouter un commentaire, c'était encore plus fort. Le Noise Rock à chausse-trappes auditifs du trio est de la vieille école, à rebours de la guitare écrasante et des vocaux trafiqués d'Unsane. Bob Weston le bassiste a ses parties parfaitement audibles et bénéficiait de fréquents arpèges, tout comme il donnait des chœurs d'autant plus utiles que son timbre se distingue bien de celui d'Albini. Ce dernier adopte un son de guitare propre, tout à fait équilibré au mixage, et n'a pas changé d'instrument de tout le set, ce qui vaut un discours de la méthode de la part d'un producteur et surtout de l'un des plus grands. En dépit de cette modestie de moyens on ne pouvait douter de l'agressivité de nombreux riffs lourds ou improbables, d'un chant sincère, de ces notes tellement pincées qu'on frisait l'acoustique ou le Math Rock le temps d'une mesure, pour retomber de plus haut dans des accords saturés. Cela ne peut laisser indifférent le Métalleux. Shellac est brut, aussi vrai que l'éclairage choisi sans aucun effet, laissé naturel tout le long du set. Cette mise à nu sans théâtralité sentait bon l'esprit des années 90, le retour du Rock. Le grand batteur dégingandé avait un set tout aussi modeste que le précédent, mais distingué par une cymbale installé en surplomb derrière lui qu'il utilisa certes une fois où il aurait très bien pu se servir des autres, je n'en ai pas compris la vraie utilité.
La poésie étrange des paroles, faite de récits surréalistes et d'images bizarres, se marie en profondeur avec ces compositions changeantes faussement déstructurées et aussi audibles que l'anglais fort compréhensible du taulier. Après avoir fait l'avion comme des enfants pour illustrer une métaphore au cœur d'un des titres, les discours s'allongèrent un peu et tournèrent clairement autour de l'amour physique (mais dans le respect, attention !) et finissant sur celui qu'il portait à leur public de ce soir et l'envie que ce moment se prolonge éternellement. Cela n'empêcha pas que le set se termine brusquement, sans aucune cérémonie et que l'on plie le matériel sous un éclairage a giorno imperturbable.
Pour avoir vu beaucoup de Noise au long des années, il est clair que Shellac est un monument du style et qu'au-delà, c'est un modèle d'authenticité qui n'a pas besoin d'aller chercher ailleurs.

samedi 2 juin 2018

Moshfest 11 et 12 mai 2018 TAF Saint-Jean de Védas

Le MoshFest, rendez-vous printanier du Grind, du Fast, du Crossover et de tous leurs amis, s'est pérennisé au fil des ans et nous y participons à nouveau. La formule s'est rodée au fil des éditions, avec les têtes d'affiche poussées plutôt au second soir. Il semblait difficile de faire mieux que l'an dernier avec Inhumate, Blockheads et SCD. Mais l'orga' s'est surpassée pour 2018, en convoquant cette fois Napalm Death en personne !
L'heure du coup d'envoi n'étant pas très claire, j'arrivai un peu trop tôt. Mais au moins n'ai-je rien raté.

La lourde tâche d'ouvrir le festival revenait aux Cévenols de VÉNÈRE. Leur Punk-HardCore joué par des métalleux sonnait un peu Crust avec ce chant growlé, thrashy sur du D-beat. Cela n'exigeait pas d'être très carré, mais ce propos sans prétention était efficace et tout à fait pertinent pour permettre aux premiers arrivants de se chauffer avant de plus rudes hostilités. Le batteur prenait à charge une partie du chant. Sonnant comme une sorte de Discharge gras ou Exploited à la cool, le trio profita d'un set relativement long pour un groupe qui n'a publié qu'une démo. Je pense qu'on les reverra.

La caution internationale de ce premier soir était assurée par les ex-compatriotes Majorquins de SICKSIDE (saviez-vous en effet que les Baléares et Montpellier ont fait partie d'un seul et même royaume au Moyen-Âge pendant cent vingt ans ?). Après une salutation en français mal assuré mêlé d'anglais, les quatre Espagnols ont envoyé un HardCore old-school basique aux paroles en castillan. On grimpait un niveau d'agressivité avec cette version méditerranéenne du Punk Américain. La reprise de Youth of Today passait parfaitement dans l'ensemble et le premier vrai pogo farci de moshers apparut, avec le dauphin en plastique, la guitare gonflable et la planchette de surf. Le chanteur était épuisé entre les titres, qu'il présentait en quelques mots asphyxiés. Là encore le set parut assez long au regard d'une discographie réduite à un 7'' selon le merch' disponible. Mais le combo roule assez droit et  paraît bien lancé.

Un peu d'humour tombait bien ensuite avec les faux guérandais de GROSSEL, dont deux membres sur quatre venaient en fait de Whoresnation et donc de bien plus à l'est. Cette fois nous passions au Grind, mais dans sa version antique, plus déjantée et punky mais pas moins radicale, celle qu'il convient de nommer MinceCore. Ils ont fait un split avec Agathoclès, ça vous dira tout. Enfin tombait du brutal, avec de la guitare accordée bien grave, un chant guttural et du vrai blast ! Les annonces du growleur étaient assez peu audibles au-delà de la blague répétée ("Salut !"). Toutefois la musique n'en avait guère besoin pour transmettre l'ordre de mosh et headbang général avec quelques plans ralentis, granitiques et doucement dingues ici où là. En bon cétacé bien dressé le dauphin s'offrit quelques plongeons dans la petite scène, pas forcément bien appréciés des musiciens en plein jeu, tandis que d'autres moshers se prenaient plutôt pour des primates à monter par le fameux poteau de devant la scène ou agrippant les barres des spots en cours de slam. Le rappel en remit une couche – de sel. Mais il y avait encore de la marge dans cette première journée de marathon de l'extrême.

Pour HAUT & COURT les ultimes fêtards avaient daigné quitter les voitures et s'étaient joints enfin au cœur de l'événement, nous devions être une bonne centaine. Je ne connaissais que de loin les Strasbourgeois qui ont mis certainement la claque la plus violente d'une soirée pourtant éminemment brutale. Leur Grind mélange autant la rigueur et la dureté sonore du Metal que l'agressivité du Crust en colère. La communication était quasi absente mais l'impact n'en était que plus dur, comme y aidait aussi ce growl quasiment Death Metal. La fosse, increvable, accueillait comme un don du ciel ce déchaînement un peu hermétique à force d'intensité. Les titres ne sont pas du tout monolithiques et ennuyeux, mais les compos sont si rapides, les breaks passaient si vite que restait à peine le temps d'en profiter. Seule la caisse claire sonnait mal à mon avis, indépendamment de la qualité quasi professionnelle de l'interprétation par les quatre Alsaciens. Les pointes d'humour dans certains intitulés disparaissaient complètement dans le format live. Un rappel ne fut pas possible. Après ce set méchant qui parut regrettablement court, le corps du festivalier même le plus placide commençait à ressentir les premières traces de l'exercice annuel…

Pourtant venait encore un groupe Français qui monte avec WHORESNATION. Deux des membres de Grossel remontaient donc sur l'exiguë scène triangulaire, avec seulement un batteur cette fois pour compléter. On put alors observer à nouveau combien le terme "Grindcore" peut désigner des sons si différents. Non pas que le leur soit abâtardi de quelques autres styles extérieurs, mais simplement à cause de l'accordage grave, sale et légèrement fuzzy de la guitare. Le growleur rendait donc un effet tout autre qu'avec son premier groupe, dur mais quasi macabre. Les interludes de chasse d'eau samplée renforçaient évidemment ces impressions un peu dérangeantes. La puissance était moindre en comparaison avec le groupe précédent, c'est plutôt l'absence de basse qui m'a troublé pourtant. Le pauvre dauphin ne survécut pas à une nouvelle séance de mosh, finissant écartelé et revêtu par l'un des pogoteurs tel Hercule avec le lion de Némée.

Comme groupe de clôture à une heure avancée se présentait enfin les vétérans revenus de PUTRID OFFAL. Avec leurs blouses tachées, le faux sang et les fausses perfusions, les bannières de côté et le merch' le plus complet du plateau, nous passions pour ce final à un autre niveau. J'aime le Goregrind et il n'est plus aussi fréquent que naguère d'en voir. Les Nordistes ont une expérience certaine et ont pu restituer un son ample à la General Surgery, ainsi qu'une exécution irréprochable. Une partie du public avait certes déserté et le chanteur s'efforça de tirer tout ce qui nous restait d'énergie, d'autant qu'il était très content de jouer devant une affluence à laquelle ils ne sont apparemment pas habitués. La harangue fonctionna assez bien auprès du dernier carré des moshers sauvages, autour du poteau qui aura vu encore de bons caramels se choquer. Le bassiste grimacier laissa son instrument pour trois titres à son prédécesseur à ce poste sorti du public, mais demeura sur scène avec son micro pour faire les chœurs. Le gros atout du groupe, le plus âgé de la soirée, était la maîtrise des quatre opérateurs, on sent le coup de main des vieux chirurgiens. À l'inverse le point faible restera ces compos franchement basiques, dans un style dont les connaisseurs savent qu'il est possible de tirer des merveilles. Une reprise de SOD en avant-dernière position ("Freddy Krueger") collait astucieusement à l'esprit profond du festival. Un dernier titre à eux acheva le set, nous laissant traîner fourbus jusqu'aux voitures pour prendre un peu de repos avant un lendemain qui promettait encore plus. Déjà, cette première journée avait valu cependant le coup de faire la totale.


Comme prévu, la seconde soirée ramenait sensiblement plus de monde alléché par la tête d'affiche idéale d'un tel festival. Malheureusement le temps avait tourné, la grisaille et le froid ne présageant rien de bon pour la nuit à venir.

Comme à l'Xtreme Fest, c'étaient les autochtones de TERROR SHARK qui allaient relancer le pit. Depuis lors nous savons que le groupe a quitté le niveau débutant. Leur Crossover ne varie pas, pour la joie des moshers comme des spectateurs plus réservés (ou encore fatigués de la veille), mais est devenu redoutable par la rigueur du batteur et la clarté des riffs. D'ailleurs les requins gonflables prenaient la place du dauphin pour ce nouveau jour (c'est la loi de la chaîne alimentaire, peut-être…). N'étaient les chœurs et un riffing un peu plus recherché on aurait presque cru voir du FastCore tellement le rythme était rude, déjà, et les titres brefs. Le trio ayant profité de l'hiver pour écrire de nouveaux titres, il n'était pas nécessaire cette fois de recourir à une reprise pour meubler le set. Ces nombreux inédits n'annoncent pas exactement un virage vers le Prog' symphonique et se sont fondus parfaitement dans l'ensemble.
Pendant ce temps le déluge s'était abattu au dehors et obligea les uns à se presser sous le préau de la cour et les quelques autres à rester dans la salle pendant la pause. On pouvait faire un tour au merch', chacun des groupes ayant quelque chose à proposer.

Un MoshFest sans Powerviolence serait incomplet. Ce sont encore des Alsaciens, LMDA, qui étaient les premiers à en arroser. Pour une fois que des Français se lancent dans ce style par trop confidentiel dans l'hexagone ! Une fois de plus il s'agissait d'un trio sans basse. Le genre tranche, dans un tel rendez-vous, par son recours décomplexé (mais raisonné) aux plans ralentis, apportant un peu de variation et d'expressivité, peut-être même un rayon d'émotion brute après tant de bombardements sonores. Hélas, ils pâtirent de quelques problèmes techniques à la guitare qui ont quelque peu brisé la dynamique globale de leur temps de passage et sans doute écourté celui-ci. La sécheresse des fins de titres, déjà brefs, laissait même se demander si ce n'était pas le même problème qui revenait planter un morceau en plein milieu. Cela n'empêcha pas un certain succès, mais il faudra les revoir sans imprévus intempestifs.

LØVVE était là en joker d'un groupe défaillant. J'avais vu les Tourangeaux il y a deux mois à peine, je vous en ai parlé. Bien entendu, il n'y avait pas de bouleversement à attendre sur un si faible intervalle et vous me pardonnerez si je n'ai pas rejoint la salle pour les premiers titres. Les quatre ont balancé à nouveau leur Powerviolence au rythme D-Beat, offrant un autre visage complémentaire au précédent groupe. La chanteuse n'a rien perdu de sa rage et l'ensemble rendait même une musique plus carrée, plus dure que l'autre fois, presque un peu moins Punk et légèrement métallisé. Peut-être que la guitare était mixée plus en avant, tout simplement.

Le final approchait et nous passions dans la sphère pro avec les Belges de LENG TCH'E. Il y a quelques années je les avais déjà croisés au feu Korigan, et cela fait encore plus longtemps qu'ils n'ont plus rien publié, sans pour autant arrêter donc. Aucune évolution n'était donc à attendre, leur style étant déjà assez particulier comme cela. Leur musique se singularise par ce son de guitare puissant et propre à la façon du Death Brutal, posé toutefois sur des compositions clairement Grindy farci de breaks et d'envolées plus proches du HardCore nouvelle école. L'humour à demi-mot de Serge Kasongo est tout autant spécial et imprévisible, parlant d'hormones, se signant ou racontant une anecdote sans doute fausse mais drôle sur Barney Greenway. Cela ne l'empêcha pas d'assurer des vocaux impeccables, au niveau de l'interprétation de ses compères flamands. À leur tour ils apprécièrent de se produire devant un public plus fourni qu'à leur habitude, et selon ce que j'appellerai la loi de Hetfield l'énergie dégagée par une fosse increvable se transmit aux musiciens – qui jouaient tout contre et à peine surélevés – et en retour leur pêche nourrissait l'envie des moshers et ainsi de suite en cercle vertueux…

Pour l'ultime intermède, beaucoup restèrent observer Danny Herrera faire ses réglages malgré l'accalmie.

NAPALM DEATH passe presque tous les ans en ces lieux et c'est devenu l'un des groupes que j'ai le plus vu à présent. Mais qui s'en lasserait ? Certainement pas le pit qui atteignit, si je peux dire, le sommet de son ébullition. Faire monter la sauce par l'hymne séculaire "Multinational Corporations" en ouverture repris par bon nombre d'adorateurs, enchaîné comme sur l'album par la course déjantée d'"Instinct of Survival", y'avait pas mieux à offrir ! La programmation ne se focalisa guère sur la compilation qui vient de paraître, tapant au choix dans un répertoire pléthorique. Surtout, le son était bien meilleur que la dernière fois, pour des raisons qu'il aurait fallu demander au tech' sound qu'ils avaient emmené. La basse de Shane Embury, toujours aussi discrète, est pourtant essentielle pour polir le son de John Cooke, aujourd'hui totalement installé à la guitare. La fosse déchaînée laissa échapper régulièrement des stage divers qui replongeaient presque aussitôt. L'hystérie touchait un tel niveau qu'elle produisit fatalement quelques accrochages sans conséquences, en marge de la tornade humaine orbitant autour du poteau impassible.
Toujours aussi engagé, Barney allongeait toujours avec son accent impayable et de son anglais châtié quelques commentaires introductifs sur les causes développées dans ses paroles, du danger nucléaire au droit de vivre dignement. Vous connaissez ses poses de grand dadais. Il se prit parfois aussi de nostalgie pour annoncer quelques vieux titres. Le passage attendu de pur grind originel provoqua le chaos avec "Scum" et s'acheva sur l'enchaînement culte au carré des deux titres les plus courts du monde, "You Suffer" et "Dead" ("Two different songs" soulignait Barney) ! La première reprise peu après mit à l'honneur les antiques Punk Suédois Anti-Cimex avec leur "Victims of a Bomb Raid" déjà repris en studio. "Nazi Punks etc." revint bien sûr un peu plus tard. Entretemps l'usé "Suffer the Children" prenait, avec une interprétation menée au galop par Herrera, une saveur Punk différente de l'original. Je suis toujours épaté par l'indévissable batteur qui tape fort et juste en se tenant toujours affalé en arrière sur son siège comme s'il lisait le journal. Enchaîné avec "Cesspits", le discutable "Inside the Torn Apart" vint terminer cette fessée qui, en une heure à peine, n'épargna nul spectateur qu'il soit resté au bord ou happé par la fosse en folie.
Vue l'heure, personne n'attendit de rappel. L'intensité du set m'amène à juger que ce fut l'une de leurs meilleures performances en ma présence, ce qui est assez fantastique après tant d'années.

Multinational Corporations/Instinct of Survival/ On the Brink of Extinction/ Oh So Pseudo/ Smash a Single Digit/ The Wolf I Feed/ Practice What You Preach/ Standardization/ Scum/ Life ?/ Control/ You Suffer/ Dead/ Cleanse Impure/ Narcoleptic/ Victims of a Bomb Raid (Anti-Cimex)/ Suffer the Children/ Breed to Breathe/ Self Betrayal/ Call That An Option ?/ How the Years Condemn/ Nazi Punks Fuck Off (DK)/ Cesspits/ Inside the Torn Apart.

Il faut souligner pour conclure l'esprit fraternel qui anime ce festival entre habitués locaux des concerts et passionnés venus de bien loin parfois. Déjà que l'an dernier je m'inquiétais à imaginer comment la programmation pourrait s'améliorer, ce sera une vraie angoisse en vue de la prochaine !