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jeudi 30 août 2018

Nervosa Sekator Altered Beast TAF Saint-Jean de Védas 8 août 2018

Après Soulfly nous allions garder un pied au Brésil pour cet autre concert caniculaire. J'avais découvert Nervosa il y a deux ans à pareille époque dans une petite salle en ville. Le premier progrès visible était le gain d'affluence. Oh, c'était loin du complet dans la cour et la salle de la TAF, mais sensiblement mieux alors qu'elles se présentaient cette fois comme l'unique tête d'affiche internationale.

Craignant d'être en retard pour une stupide étourderie, j'arrivai pendant le début du set d'ALTERED BEAST. Je vous avais déjà parlé de ce groupe Biterrois au printemps dernier, et je ne serai pas redondant sur leur ThrashCore typé années 90 déjà disponible sur un premier album, le set étant très semblable. Le passé du chanteur dans le groupe de Heavy Mystria se sent sur le recours fréquent aux aigus, qui font ressembler les morceaux à du Channel Zero ou "Cowboys from Hell". La reprise à nouveau de "Roots Bloody Roots", de circonstance, passa cette fois sans incident. Je leur souhaite de gagner en férocité pour franchir un palier. Avec une chaleur si lourde encore, il était difficile de bouléguer le public.

Par contre je ne vous avais encore jamais parlé de nos compères Montpelliérains de SEKATOR. Le quartet se présentait avec un pigiste à l'une des guitares. Le début de set fut compliqué avec une corde cassée sur les deux premiers titres. Comme le nom le suggère, il s'agit de Thrash dans l'esprit du revival, exécuté pied au plancher avec des riffs qui font penser à Exodus ou Slayer. Toutefois, les vocaux bien rauques du bassiste ramènent nettement le style vers le moment historique précis où certains groupes comme Sepultura ou Incubus (de Louisiane) faisaient émerger le Death Metal. Les quatre années d'expérience se sentent et à part la péripétie mentionnée le gang a atteint les moyens de ses ambitions dans le sillage d'une batterie aux parties assez simples mais jamais à la peine. La communication, plus sympathique et détendue que vraiment charismatique, devra peut-être oser perdre en naturel pour incarner encore mieux cette musique assez sombre et indéniablement violente, mais c'était difficile de le faire quand on jouait à domicile il est vrai.

Comme en 2016, les Brésiliennes ont pris un long moment pour régler leur son et l'assistance commençait à taper du pied quand le set débuta enfin. Là encore à fond les manettes (ce son fort !), NERVOSA montrait un progrès important pour qui les connaissait déjà avec la nouvelle batteuse. En dépit d'une brève engueulade en portugais avec la bassiste-chanteuse Fernanda, elle tient une cadence nettement plus rapide que celle qui la précédait ; et chacun sait l'énorme incidence que cela représente quand on fait du Thrash furibard à l'Allemande. Sur le fond, il n'y avait donc pas la moindre évolution à guetter à part ce net avantage qualitatif. Le public donna enfin toute l'énergie conservée patiemment.
Avec le ventilateur qui étoilait ses longs cheveux noirs et ses grimaces sur un micro toujours placé très bas pour l'obliger à se pencher, Fernanda paraissait comme une vraie possédée du démon quand elle grognait des paroles apparemment aussi basiques que les titres d'un répertoire maintenant assez étoffé. Elle se plaît à alterner une voix douce et caressante de lusophone, accompagnée d'un sourire complice, avec le cri de la thrasheuse en fureur qui n'en fait que plus mal. Prika étant seule guitariste, elle délivra tous les solos sans que l'ensemble ne perde en puissance quand elle devait quitter la rythmique, rouvrant l'éternel débat : un seul gratteux avec un gros volume n'est-il pas en fin de compte suffisant dans bien des cas ?
Le set dura un peu plus d'une heure. L'hermétisme d'un Thrash sans merci, et la redondance des compositions encore sensible malgré le déchaînement d'agressivité restituée au poil, laissa en route quelques personnes mais les nombreux amateurs du genre venus prendre leur dose, ont eu la fessée de riffs, galopades, cris, cornes et poings en l'air qu'ils attendaient. Comme en attestent ces poses, le nombre de photos et ces intitulés de morceaux enchaînant les clichés les plus éculés du style il faut reconnaître, une fois que l'excitation du set est retombée, qu'il leur faudra impérativement se détacher de l'exercice de style du Thrash qui avoine pour se singulariser. Devenir un groupe qu'on veut aussi écouter seul, et un peu plus que des gardiennes de la flamme.

En attendant la douche au retour fut bonne, après une telle dose de Thrash dans la touffeur d'une nuit de canicule interminable. Malheureusement je ne pourrai pas assister aux bonnes affiches qui termineront cet été – c'est là qu'on se félicite de s'être bougé pour aller voir ces mêmes groupes un peu plus loin un peu plus tôt dans l'année. Pire encore, la rentrée s'annonce maigre.



vendredi 10 août 2018

Soulfly 400 the Cat TAF Saint Jean de Védas 27 juillet 2018

Le programme estival proposait pléthore de groupes déjà vus. Notamment, Soulfly était déjà venu dans le même contexte il y a quelques années. Et même si dans la querelle j'ai pris depuis longtemps le parti de Sepultura tant en droit qu'artistiquement, on n'allait pas encore étaler la trêve des concerts.
D'ailleurs ce fut un beau succès public : la cour de la Secret Place était bondée et laissait imaginer le sauna à venir puisque le concert se tenait dedans comme en 2013. Beaucoup semblaient être des vacanciers au sein d'un public de tous âges. Apparemment j'avais raté NOTHING FROM NO ONE, bien qu'arrivant à vingt heures.

Caser ici les Cévenols de 400 THE CAT était assez courageux, car l'autre groupe des légendaires Morgue et Superstatic Revolution a une orientation HardCore Noisy new-school éloignée de la tête d'affiche. Revenus d'une tournée en Russie, ils avaient rodé leur set et la nouvelle formation à quatre avec des changements de poste importants (Max passé à la batterie, Patrick le chanteur prenant une seconde guitare) est dorénavant en place. Le second album occupait la quasi-totalité du temps de jeu. Sur le fond, il n'y a pas de bouleversement dans un terrain balisé entre Breach, Botch, Knut et les premiers Converge : des riffs lourds et marquants structurent chaque titre, de manière à traduire des émotions voisines mais nuancées d'un morceau à l'autre.
Il est difficile de faire la part des choses au fil des années d'amitié que j'ai tissé avec les membres. N'empêche que l'évolution découlant des départs subis apporte une autre sensibilité, rendant les riffs plus lourds peut-être un peu au détriment de la basse, l'attitude moins extravertie et plus menaçante, l'explosivité se réduisant à quelques départs assassins au détour de rythmes plutôt mid-tempo mais complexes – en dépit d'un kit assez modeste. La présentation enchaînée des titres, avec peu de commentaires, est traditionnelle chez le groupe mais renforçait évidemment la saveur bourrue de ce nouveau set. Le chant demeurait impeccable, bien que souffrant d'un mixage trop faible pour l'unique passage parlé. Une part notable du public resta tout le long du temps de jeu, en dépit de la chaleur à l'intérieur, ce qui aura permis au quartet de gagner un peu de notoriété auprès d'un nouveau public qui, heureusement, reste curieux.

Quand la salle fut pleine à ras bord, il devint impossible de voir SOULFLY avec cette scène à peine surélevée. Les fans de l'ex-Sepultura se considèrent comme une tribu, on le sait, et cela explique le fonctionnement du spectacle en refrains fédérateurs mis à la chaîne, créant une communion élémentaire à sauter et taper des mains ensemble. Généralement, les morceaux sont assemblés deux ensemble pour aller directement à l'essentiel des meilleurs passages des plus gros titres d'une discographie quand même conséquente. Et cela marchait bien : une fosse se formait malgré la pression de la foule, et la température montait au point que je battis en retraite au bar au bout de vingt minutes pour ne pas mourir déshydraté.
Marc Rizzo fit montre de ses belles capacités sur plusieurs solos, et également une improvisation enchaînant Slayer, SOD et PanterA. De temps en temps Zion Cavalera se tapait une accélération, mais je ne vois pas ce qu'il apporte spécialement de plus, à part qu'on peut dire qu'il joue dans le groupe de son père. Et Papa Max me direz-vous ? Il gérait encore le growl même si l'on était loin du coffre du temps de Sepultura. Il reste le chef adulé de la tribu, et en indécrottable fan de football il se fendit de félicitations pour le second trophée conquis il y a deux semaines.
Le set avançant, on retrouvait quelques vieux classiques comme "Jumpdafuckup", "No", "Eye for an Eye" "Back to the Primitive", tous ces thèmes d'adolescent éternel qui n'avaient pas plus de chances de me charmer aujourd'hui qu'il y a vingt ans, en dépit de l'efficacité certaine de ces plans qui passaient pour le renouveau du Metal à l'époque. La tribu des fans, elle, était toujours au taquet. L'ultime titre dériva pour le bonheur de tous par une reprise esquissée de "The Trooper", comme il y a cinq ans.
La ressemblance globale avec cette précédente rencontre était frappante, d'autant qu'alors cela avait eu lieu à la même saison dans les mêmes conditions. La seule grande différence restera toutefois l'absence totale de titres repris à Sepultura. Une heure cinq, c'était bien assez vu le four que c'était dans cette bonne vieille salle, j'en sortis essoré. Ce n'était cependant que l'effet d'une setlist conçue ainsi. Et quand Machine Head offre de son côté deux heures quarante…

Au-delà de mes perpétuelles réserves envers Soulfly, je garderai un bon souvenir de cette soirée que je prolongeai en bonne compagnie. En temps de canicule, la nuit est un moment privilégié.