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mercredi 31 octobre 2018

Voïvod Bio-Cancer Hexecutor 29 septembre 2018 Paris Petit Bain

Il n'était pas prévu que je sois présent à ce concert. Monté ce weekend à Paris pour des raisons extramusicales et me trouvant libre ce soir, l'idée me vint naturellement de regarder ce qui passait. Le reste allait ensuite de soi, même si je n'ai jamais suivi Voïvod que d'assez loin et que je vous offrirai donc un regard moins pénétrant que celui d'un Mortne2001.
Direction donc le Petit Bain, malgré la petite bise courant le long du quai de la Gare (en face du quai de Bercy). Comme beaucoup savent certainement, une fois dans la cale plus rien ne rappelle que cette petite salle est en réalité un bateau amarré, à part un discret hublot donnant sur le fleuve. En plus la bière était encore moins chère qu'au tarif happy hour. Si le public était typé Metal, les vieux thrashers n'en formaient qu'une partie aux côtés de vestes à patches et t-shirts plus contemporains.

L'actualité avait été douloureusement marquée quelques jours auparavant par le décès d'un membre de Voight Kampff qui devait initialement assurer l'ouverture du set. D'autres Bretons prenaient la relève dans un style plus direct. Les clous et les chevelures d'HEXECUTOR annonçaient bel et bien un Thrash old-school primaire et agressif dans le sillage de Destruction, Sodom, Slayer, Hellhammer et Venom. J'ai vite apprécié cet exercice de style balisé impeccablement rempli : le tempo rapide dévalait en totale maîtrise, les compositions homogènes ménageant quelques ralentissements dont les riffs arrivaient en accord avec les galopades précédentes. Un titre fut naturellement dédié au défunt. Les vocaux déraillaient systématiquement dans les pires aigus, mais le Speed Thrash a l'avantage que cela y passe bien mieux que dans tout autre style. Il me parut injuste que le public reste si réservé sans lancer le pit, se contentant de hocher du chef ou d'un bras. De toute façon n'importe quel fan de Metal extrême, où qu'il se situe précisément, ne peut qu'aimer un minimum ce genre ne serait-ce qu'en live, sous peine de déchéance.

J'eus une brève émotion en allant faire la vidange, non pas directement dans la Seine par-dessus bord mais dans les waters prévus à cet effet. J'y aperçus un autocollant de l'Eko des Garrigues, radio libre emblématique de mon Bas-Languedoc depuis plus de quarante ans.

Avec Suicidal Angels ou Exarsis plus récemment j'abordais BIO-CANCER en étant déjà convaincu que les Grecs s'y connaissent très bien en Thrash AOC. Après une pompeuse intro symphonique de cinéma, ces Athéniens ont servi une recette différente de leurs compatriotes, beaucoup plus Américaine avec quelques chœurs sur des passages brefs fortement influencés par le Mosh à la MOD. Le son un peu plus ample, la pochette de Bouzikov façon Repka arborée en fond de scène étaient plus typés que les t-shirts portés par les membres suggérant des influences plus diverses. Avec les solos de guitare, je songeais à du Death Angel ou du Toxic Holocaust. Quelques courageux tâchèrent d'animer péniblement la fosse, ne parvenant qu'à l'élargir. Au moment où quelques longueurs auraient pu se laisser sentir, des riffs plus mélodiques à la Megadeth surgirent et redonnèrent de l'intérêt à un spectacle globalement au point. Seul un léger manque d'originalité réelle parmi la masse du revival Thrash devrait être concédé à charge, au terme d'un set d'environ trois gros quarts d'heure.

Comme on sait, les vétérans Québécois de VOÏVOD n'ont pas de fans mais de véritables adorateurs très fidèles, depuis des lustres pour la plupart d'entre eux. Au milieu de cette masse soudainement compactée j'abordai le set avec une certaine humilité, comme le parent éloigné invité à la fête familiale. Car c'en était une, pour les trente-cinq ans du groupe et le nouvel album. Snake traitait naturellement l'assemblée en "cousins" en employant bien entendu la langue de Gilles Vigneault pour communiquer. La force de ce lien avec les fans tient beaucoup à la forte personnalité esthétique du groupe. Notamment, ces dessins simples mais chargés à gros traits aux couleurs rosâtres, œuvres du batteur Away assis juste en-dessous, qui étaient projetés sur la toile de fond. Ces thèmes alternant entre SF et monstres issus de l'imagination d'un enfant qui aurait lu Lovecraft bien trop tôt pour son âge ont lentement essaimé à travers la scène, depuis cette époque où apparaissait beaucoup plus au sud-ouest le Thrash Bay-Area.
La programmation alterna dès le départ les "tunes" du disque nouveau-né, leur bébé, et titres plus anciens. Les uns et les autres étant acclamés en totale équité, car les adeptes de Voïvod sont décidément amoureux comme au premier jour. Pour avoir vu pas mal de vieux groupes à ce jour, je peux dire qu'un tel niveau de communion n'est pas courant. Cette complicité se traduisait par une interaction remarquable, les airs de joyeux anniversaire enchaînant avec les blagues qui fusaient de la fosse dans les moments d'apaisement. Et encore bien évidemment par la fosse enfin agitée malgré la densité, et les stage-divings. L'un d'entre eux, en fin de concert, rentra grossièrement dans le nez de Snake qui sembla avoir assez mal mais qui tint bon.
Musicalement, la singularité du groupe demeurera pour jamais très forte, par ce Thrash aux compos d'une complexité inhabituelle, qui contribua largement à enraciner le goût de la technique dans le Metal extrême naissant. Demandez à Vektor, de nos jours, ce qu'ils en pensent. Si le son pourrait paraître daté sur les versions album, la guitare tenue actuellement par Denis Mongrain et le chant toujours assez naturel de Denis Bélanger préservent la subtile texture Rock traditionnel que j'ai toujours cru déceler au fond de ce groupe. Comme pour confirmer, une brève reprise de "House of the Rising Sun" fut esquissée parmi les joyeuses improvisations suscitées par tant de bonheur partagé. Également, ce titre intéressant issu du nouvel album présenté comme Punk et Psychédélique, qui rappelait la force de l'influence déterminante bien que non évidente du Rock progressif de l'Âge d'Or sur l'œuvre imposante dont Snake et Away veillent à préserver l'esprit des origines avec l'aide des deux plus jeunes. D'ailleurs la présentation des membres du groupe à l'Américaine, quand la fin du set approchait, inclut un hommage court mais émouvant à Denis d'Amour, "Piggy", le guitariste disparu il y a treize ans. Un vieux titre fut accordé en rappel avant un long salut clôturant un set d'une heure vingt environ.
Sans pouvoir me prévaloir de la passion et de la connaissance approfondie du répertoire qui peuvent porter l'expérience d'un concert à un rare niveau d'intensité, on pouvait particulièrement bien observer tout cela autour de soi et y communier en bonne partie. La musique, c'est magique.


vendredi 12 octobre 2018

Defeated Sanity Epicardiectomy Oral Fistfuck In Demise TAF 27 septembre 2018

Avec les vacances j'avais raté Dying Fetus mais une telle affiche ce soir était de nature à effacer les remords. Une tournée aussi fournie et homogène n'est plus très courante de nos jours. Et pour être aussi ciblée, il n'est pas venu grand monde malheureusement. Étaient présents les passionnés connus du quartier, une affluence bien éloignée de la parité comme à l'époque.

Peu avant mon arrivée avaient commencés les cinq Berlinois d'IN DEMISE remplaçant Acranius à ce stade de la tournée. Leur Death brutal et basique ne souffrait guère d'un son peu raffiné. Enchaînant gaiement les gimmicks du style autour de compositions simples, les Allemands ne montraient pas de vrais points faibles, le passage fréquent par des rythmes lents donnant une orientation assez Slam. Un solo de guitare souffrit du mixage un peu trop favorable au chant guttural et à la guitare. La caisse claire sonnait aigu à la Deeds of Flesh. Plutôt que de se disperser dans des risques inutiles, la maîtrise des bases permettait aux plus chauds de se décoincer et aux connaisseurs d'apprécier sans mélange le son qu'ils étaient venus chercher. Cela partait sur des bases modestes mais sûres.

Toujours plus en délicatesse et tous vêtus du t-shirt de leur propre groupe, les quatre Suisses Alémaniques d'ORAL FISTFUCK montaient le niveau d'agressivité. Avec un accordage plus aigu de la guitare et un mixage plus aéré cela cherchait plus à faire mal qu'à écraser. De même le blast à fond qui revenait beaucoup plus souvent était joué à la manière classique, et non pas comme du gravity. Le chanteur n'était pas pitché et se montrait capable d'aller sur plusieurs tons, tout prenant volontiers des poses hystériques ou mimant de mitrailler l'assistance qui forma sans se forcer les premiers pogos. Je pensais au vieux Benighted, celui d'avant "Icon". Après avoir exprimé ses premiers mots dans un français tout à fait acceptable, le chanteur préféra rester dans un anglais standard pour ses communications suivantes. Je vois en eux un certain potentiel pour progresser encore, s'ils s'en donnent la peine, sur le dur chemin de l'extrême indépendant, l'adresse d'interprétation étant largement acquise malgré l'absence de solos.

Il y avait quelques objets à vendre au stand dans la cour fraîche et clairsemée.

Comme le grand guitariste l'arborait, avec EPICARDIECTOMY nous en revenions au Slam Death pur et vrai. Quoique, au-delà d'une guitare étouffée à mort et d'un chant à faire pâlir les éviers de la meilleure céramique, les Tchèques y mettent un groove fort bienvenu. Cela tient essentiellement à l'attitude, une extraversion qui ne compromet pas l'interprétation et desserre aux entournures les raideurs des versions originales. Ainsi, ils ont pu emballer à nouveau le public pour une orgie de headbang, percussions verticales sur des victimes fantômes et autres gestes absurdes observables dans un concert de ce genre. D'ailleurs, à ce que j'ai compris, le chanteur ne s'attendait pas à un tel emballement. Quelques samples bien dans le style renforçaient les clichés de ce courant mais ça avait effectivement du bon même pour un exercice de style plaisant et sans complexes. Le set de presque trois quarts d'heure, malgré un répertoire somme toute réduit avec deux albums seulement, passa sans aucun ennui. Une petite performance, pour moi qui préfère un style un peu plus traditionnel dans la brutalité.

Devenu une formation internationale au fil des ans, DEFEATED SANITY s'est patiemment hissé dans la première division du Death Metal. Assez rapidement, et après les trois groupes précédents, l'on pouvait constater qu'une maîtrise supérieure a été déterminante dans cette ascension. Ce virage contrôlé vers un Death plus technique, plus varié et ambitieux mais resté solidement ancré dans le Slam est particulièrement visible par le batteur capable de varier rapidement, et mieux qu'aucun autre ce soir, des plans diablement complexes entre les passages en gravity blasts conservés de leurs origines. C'est normal de sa part, c'est le seul membre restant depuis la naissance du groupe quelque part au fin fond de la Bavière. Étonnant tellement il sonne Américain du reste, et cela ne date pas de l'incorporation de membres étrangers comme le growleur Jason lui-même issu de ce pays, ainsi que son accent et son assurance en anglais le trahit. Malgré des blancs récurrents entre les titres, le succès restait incontestable pour un Death Metal intègre, sauvage, à la fois traditionnel et de son temps, restitué à la perfection. L'éclairage demeura constamment au rouge tout le long du set de près d'une heure, peut-être en reflet d'un champ lexical particulièrement sanglant.  Aucun rappel ne fut donné, pas plus qu'avec les groupes accompagnants. Mais je pense que les mordus avaient reçu leur dose. Perso' je serais bien allé trancher des bandes entières de goules à la double hache, en partant.

À défaut d'avoir ramené foule, cette soirée a été tout à fait réussie dans un créneau bien marqué.