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lundi 15 novembre 2021

Déluge Dvne Areis Montpellier The Black Sheep 26 septembre 2021

La jouissive sensation de reprise après la grande soirée d'il y a quelques jours pouvait encore être approfondie, tant qu'il manquait encore les groupes étrangers. Avec le report de la tournée de Carcass et Behemoth, j'ai craint que pendant un long intermède encore il faudrait se contenter de groupes nationaux. Mais les Écossais de Dvne, eux, ont tenu leur agenda. C'est la même association, décidément très active, qui organise cette soirée d'un autre format – et qui devrait occuper un certain nombre de nos soirées cet automne si tout se passe bien. Cette fois, c'est dans la cave du bar "The Black Sheep" que nous retournons après un an et demi de pause, lieu de tant de petits concerts même du temps lointain où c'était un restaurant qui occupait le rez-de-chaussée. Ici aussi, on inaugurait le premier concert depuis un long moment et l'émotion déjà décrite était en partie encore présente. C'est sans doute pour cela qu'il y avait affluence, alors que c'était un peu plus cher et plus tôt que dans le monde d'avant.


Lorsque je descendais le jeune quartet Gardois AREIS venait d'entamer son set. Cela commençait comme du Black… avant d'explorer beaucoup d'autres choses, du Hardcore lourd au Sludge pesant en incluant quelques accélérations. En plus, il y avait un peu plus de riffs et de risques assumés que dans l'ancien groupe Death Mélodique de certains membres. Comme le suggère leur nom tiré de la langue d'oc, ils mettent en musique des faits divers jalonnant l'histoire régionale. Si le chant était potable, il y aurait des progrès à faire dans la communication en pensant par exemple à articuler les annonces dans le micro, mais ça viendra avec l'expérience. D'ailleurs le merch' autour du premier album qui vient de sortir, assez sérieux pour un nouveau groupe, exprimait une certaine ambition à terme. On y remarquait notamment un t-shirt vaguement BM avec la croix toulousaine, qui fera gémir les mythomanes prétendant à l'oreille des ignorants que leur Gard natal serait un ancien territoire provençal… Pour en revenir à la musique, dure mais assez variée, on en ressortit avec le sentiment peut-être commun mais pas toujours garanti d'une première partie digne d'encouragements, qui a au moins une personnalité sans compromis.


Il faut avouer que voir DVNE quand une nouvelle adaptation du roman de Frank Herbert est sur les grands écrans, c'est assez marrant. À dire vrai, ce groupe Écossais a un membre français. Après une mise en place minutieuse, ils ont attaqué en pleine puissance un mélange de Stoner et de Sludge épique au son propre et plein. On dirait du Kylesa ou du The Ocean (en mieux) réagencé en compos montant progressivement vers des fins exutoires, avec des moments à la guitare claire beaux et froids. L'éclairage nature monotone était dommageable dans cet univers, en plus d'être inconfortable pour notre compatriote à la neuf cordes dont le crâne rasé cuisait sous une lampe trop proche. Du reste, la touffeur typique de cette salle, qui nous avait manqué aussi, convenait bien. Le chant était partagé entre les guitaristes, l'un faisant le growl et le Français assurant des parties claires hélas restituées avec peine. C'était le point faible évident d'un ensemble pourtant très prenant en live. Les grandes acclamations de l'assistance le prouvaient. Si bien que les austères Écossais se lâchèrent un peu mieux, la claviériste sautant le bras en l'air sur un pont alors que le mix, comme dans les versions studios, la met un peu en retrait. N'empêche qu'on voyait les cinq musiciens atteindre ensemble ce point de complicité rêvé de tous les pratiquants, quand chacun tire sa force des autres note après note, entraînant le public avec eux.

Les compos étant assez allongées, le set le fut également. Tellement que le grand batteur n'avait plus de baguette valide en stock, et dût se précipiter aller en chercher en coulisse pendant un passage calme. Il faut dire que sa frappe est à l'avenant de la force dégagée par le répertoire très homogène du groupe. Sur l'ultime morceau, alors que nous avions passés l'heure de jeu, le petit bassiste barbu se jeta dans le pogo libérateur qui s'était enfin formé tel Gimli dans la bataille. En dépit d'une discographie encore modeste, la scène peut déjà compter avec Dvne.

L'enchaînement avec l'interlude meublé par du Post-Punk récent était assez étrange.


Les Messins de DÉLUGE attaquèrent ensuite à leur tour un set plus coloré, en bleu et blanc pour ce qui était des éclairages, et par un plan Black qui évolua rapidement vers des sonorités plus délicates alternées avec le retour de passages agressifs s'achevant dans des samples de bruits d'eau pour noyer l'ambiance entre les titres. La formule ne varia pas beaucoup, révélant assez vite une sensibilité de HardCore à fleur de peau, comme une sorte de Converge solennel et sans folie avec la part Emo d'autant plus en avant. Le chanteur, emphatique, n'est pas pour rien dans ce dernier trait. Le groupe avait son public qui réagissait bien à une attitude plus communicative de l'ensemble de tous les six musiciens, vêtus à l'unisson d'un noir sobre. Eux aussi montraient une certaine synergie, par exemple sur cette intro hurlée à trois sur le seul micro du chanteur avec le claviériste et l'un des guitaristes. Si on pouvait un peu se défouler sur les passages majoritaires sur guitare rythmique au chant criant son désespoir en français, je dois dire que les moments apaisés formés de quelques accords franchement basiques étaient tristement banals, surtout par rapport à la complexité du groupe précédent. L'impression donnée par l'ensemble était une douleur puissante mais peu offensive. Le set fut du reste plus court et se termina par un slam du chanteur dans l'étroit espace entre les têtes et les poutres pour une communion prolongée avec ses fans. 

Après qu'ils aient salué Toulouse par humour, l'horaire théorique étant grillé, la salle se remplit d'un tube connu de Gesaffelstein histoire de bien faire comprendre que c'était fini… le goût de la chute incongrue qui s'était ancré en ces lieux avant la pandémie n'aura pas disparu. Pendant qu'on souhaitait un bon anniversaire au chanteur, je quittais la salle basse sur cette impression mitigée quant à la tête d'affiche, même si force était de constater que le style vers lequel elle se dirige tout droit conserve des adeptes.


Il fallait néanmoins venir car nous avons aussi langui de ces petits concerts. Et puis mon programme ne va pas reprendre immédiatement (je ne pourrai pas aller au mini festival prévu en petite Camargue avec Loudblast). Dans le monde d'avant ce n'était guère important, mais dans celui de maintenant, un ressac d'épidémie est si vite arrivé ! 


Benighted Shaârghot Svart Crown Rockstore Montpellier 18 septembre 2021

 Ce premier concert en intérieur comme avant était dans le viseur depuis des mois. Même quand au cours de l'été les autres activités reprenaient progressivement une vie normale, il avait fallu se contenter de sets en plein air autour de groupes amateurs locaux. Le retour des plus grosses affiches d'envergure nationale ou plus devait marquer une reconquête pas du tout symbolique. Bien que l'agenda se remplît pour les trimestres à venir, la crainte que cette reprise soit à nouveau déprogrammée montait à chaque resserrage sanitaire, à chaque titre de presse annonçant une petite augmentation des cas. Mais arrivé au jour J, les conditions étaient réunies pour toucher la lumière au bout du tunnel. Et au pire, ce serait toujours ça de pris.


L'assistance était nombreuse dans ce cher vieux Rockstore, lieu de notre tout premier concert dans notre lointaine jeunesse, et dont le sol pègue autant que jadis sous les semelles grâce aux kilolitres de bière et de cocktails répandus au sol par les étudiants qui réinvestissent déjà la discothèque depuis quelque temps. Cette affiche franchement virile avait rameuté en priorité les vieux habitués trop longtemps affamés, certains s'éloignant clairement de leurs zones musicales favorites pour l'occasion tellement tout cela avait manqué. C'était le premier concert depuis plus d'un an et demi pour la grande majorité des présents. Les retrouvailles avec les uns et les autres parfois venus de loin, la redécouverte de sensations physiques autrefois familières mais estompées au long des mois de restrictions, laisseront à ce concert une saveur spéciale, qui allait le rendre inoubliable quoi qu'il s'y passe. Et tout le monde le savait.


SVART CROWN aura donc été le groupe inaugurant cette nouvelle ère, jouant encore une fois en première partie mais dans des conditions meilleures que les autres occasions où je les avais vus, dans de petites salles. Un bon éclairage servait bien le Black Death des Nissarts qui ont parfaitement en main leur mélange. Comme pour ruiner le plaisir, la basse lâcha au bout de deux titres ce qui causa une interruption du set, repris ensuite sans plus aucun problème. Et il valait mieux, car ce qui les distingue du Black plus primaire est notamment que la quatre cordes y tient bien sa petite place indispensable. Le chant rauque me parut noyé dans les guitares, mais c'était déjà comme ça avant avec eux, et le Rockstore est connu depuis toujours pour sous-mixer les vocalistes de toute façon. Les titres sont plutôt bien écrits, le groupe ayant intelligemment pris à l'époque un virage plus moderne sans faire pour autant de compromis opportunistes. Avec ses riffs malsains et ses plans ralentis, Svart Crown invite plus au headbang et aux idées noires qu'au pogo libérateur. Les bras tendus en rythme répondaient aux poses fières bien typiques. Le sourire aperçu en fin de set sur le visage de Jean-Baptiste Le Bail, peu en accord théoriquement avec une musique froide, dure et obscure, en disait long.


Vint ensuite la performance de l'artiste MÈRE DRAGON, jeune femme coiffée en crête qui alterna effeuillage fébrile de la lingerie et camisole qui l'enserraient, danse à la barre verticale puis autoperçage à la seringue pour finir. Peu porté vers ce genre de choses, j'ai suivi cela d'un œil distrait, mais même de loin on pouvait admettre qu'elle maîtrise son art.


La transition était aisée avec SHAÂRGHOT qui arrivait avec ses projections, ses pieds de micro ornés en sculpture Metal, et bien sûr ses membres entièrement peinturlurés de noir sur tout le corps et les costumes. Clairement, parmi toutes autres inspirations probables les Parisiens visent le créneau de Punish Yourself, tout en ayant une démarche propre néanmoins. Leur Metal Electro-Indus est – relativement – moins sombre et rageur, plus rigolard et sarcastique. Il n'en est pas moins efficace, avec ses gros riffs qui enracinent bien le propos dans le Metal, ses big beats dansants doublés par une bassiste, et une pression jamais relâchée. Le jeu des éclairages a empêché de bien profiter du visuel en arrière-scène, qui était relativement simple mais conforme à ce qu'on peut attendre d'un tel groupe.

Cela aurait dû jurer au milieu des deux autres groupes, mais concrètement c'était pertinent pour évacuer tant de frustrations. Tel ami d'habitude plus réservé se jeta dans le magma humain de la fosse rapidement formée, et les figures de proue de la mosher team ne résistèrent pas au plaisir de slammer les premiers sur une musique assez inhabituelle pour leurs exploits, en principe… Ce style déjanté est fait pour le live. Le public s'agitait joliment mais le spectacle restait pourtant sur scène, le guitariste envoyant plusieurs fois des jets d'étincelle ou utilisant un instrument envoyant au-dessus du public trois lasers fixés dans l'épaisseur sous le manche. Avec son chapeau melon emblématique, le chanteur éponyme déployait son charisme gentiment fêlé et inquiétant en ne s'exprimant, curieusement, qu'en anglais pour ses harangues, à l'instar des paroles, en appelant les spectateurs sous le nom de "shadows"… un tel univers musico-visuel a forcément ses codes mystérieux. Il se risqua en fin de set à descendre au milieu de l'assistance pour commander un braveheart qui le prit en tenaille… mais dont il ressortit vivant au terme d'une performance assez longue et clairement victorieuse.


Après avoir récupéré les survivants et bien que la bibine commence à faire quelque effet à la longue, je ne manquais pas d'énergie pour BENIGHTED. C'est sans conteste le meilleur groupe de Death Brutal Français actuellement, après avoir usé un large personnel (Truchan est le dernier membre originel) par une longue carrière ayant mordu sur le Black et le Grindcore. La réputation antérieure des Stéphanois n'a pas été trahie pour ce retour (je crois qu'ils avaient fait un festival en Europe centrale avant, quand même). Ils n'ont qu'à être nature pour écraser mieux que jamais, le quasi abandon des cris de porc et la digestion enfin complète de l'inspiration Grind rendent l'expérience terrible. Kevin Paradis (ex-Svart Crown d'ailleurs) apporte sa redoutable frappe traditionnelle qui emmène le répertoire du groupe vers un niveau divinement insoutenable, je me suis régalé à le regarder par moments jouer avec l'olive haute, comme les grands fondateurs et surtout pas en gravity blasts. Ces enchaînements breaks-accélérations qui sont restés typiques de Benighted quelles que soient les époques semblent encore plus vigoureux qu'avant, s'il est possible.

Inutile de préciser que la fosse s'était recréée très vite, plus frénétique évidemment qu'avec le groupe précédent. La complicité de Julien Truchan avec la Mosher Team est forte depuis une certaine édition du Mosh Fest, amitié à laquelle il fit souvent allusion dans ses interventions rigolardes mais au cours desquelles il ne chercha pas à blaguer comme avant. Il faut dire que l'heure avançait en plus de l'urgence partagée par tous de se donner à fond après une si dure famine… Du reste, mon camarade était déjà reparti dans le pit à ses risques et périls. Les choses atteignirent une dimension bizarre lorsque les moshers formèrent un paquito slam au milieu de la salle… puis un autre encore sur la scène envahie de manière apparemment concertée ! Du grand n'importe quoi !

Dans cette ambiance un peu folle même pour du Metal extrême, Truchan annonça avec un regret visible le dernier titre sans rappel possible vu le planning, qui fut le classique fédérateur "Let the Blood Spill…" repris par des gorges enthousiastes mais un peu atteintes, les cornes levées au bout des poings. C'était fait. Merci encore à l'association organisatrice qui nous promet un tas de bonnes choses pour les mois à venir – si tout va bien.


Encore sonné, je n'ai rien pris au stand que la tête d'affiche avait bien achalandé et après quelques adieux avec promesse de se revoir très vite au vu du calendrier prévu, nous sommes partis remettre une dernière fois les niveaux à hauteur dans l'un des bars voisins, malgré la pluie qui reprenait dehors. L'été s'achève, mais la vraie vie est revenue.


Palavas Surfers TAF Saint-Jean de Védas 14 juillet 2021

 Après un long hiver d'interruption, les premiers concerts ont repris. Pour l'instant, les amateurs de musique indépendante doivent se contenter de redécouvrir des groupes locaux tandis que les amateurs de chanson moderne, de hip-hop ou de musique africaine bénéficient des largesses des pouvoirs publics qui leur ont organisé un grand festival gratuit sur une semaine en ville. Voire, il n'y a pas eu encore d'affiche correspondant réellement à mes goûts, mais je voulais reprendre. Nous avons des concerts. Attendre les groupes de plus grande envergure programmés après la rentrée – si tout va bien – aurait été du masochisme inutile. Et être présent lors de cette période de reprise est une façon de soutenir les salles qui essaient de tenir le coup.


Le groupe de ce soir devait être le cobaye d'un des fameux concerts-tests programmés initialement au début du mois dernier – cela semble déjà bien loin. Il fallait s'inscrire préalablement sur le site web de la salle et venir masqué. Sur place, le prix était libre. Simplement, les horaires décalés annoncés furent en pratique les mêmes que dans le monde d'avant, ce qui fait que je suis arrivé beaucoup trop tôt. La scène était installée à l'extérieur dans la cour, avec tables et bancs devant pour inciter les gens à s'y asseoir pour se retrouver autour de bières, assiettes et sandwiches à commander à la camionnette-nourriture garée à demeure au fond, ou aux bars du préau qui proposaient aussi un peu de merch' maison. 


Peu à peu les gens se présentèrent en nombre fourni pour une affiche de ce genre et le temps d'attente, prolongé du fait qu'il n'y avait qu'un seul groupe, fut mis à profit pour les retrouvailles, rituel qui restera caractéristique de ces dernières semaines où tout un chacun reprend contact avec ses relations plus éloignées, et typiquement les collègues de concert. Cette assistance était au demeurant assez âgée en moyenne, voire familiale, car formée principalement de rockers mûris amenant parfois leurs enfants.


Mais enfin les PALAVAS SURFERS montaient sur scène en formation à six, vêtus de noir sauf le chanteur en t-shirt violet, et attaquaient leur set sur un tempo peinard qui n'allait pas dévier. Le groupe dit qu'il fait du Fuzz Rock, et le fait est que le son des deux guitares de vieux modèle astiquées comme des Harley (ou des Triumph si vous préférez) vient du Rock 70's. Mais en réalité il sert plutôt du Punk-Rockabilly bien garage, ouvert au psyché et au Rock antérieur avec son orgue Gem Jumbo qui épaissit le son derrière les guitares comme en ces temps antiques. Bref, c'est de la musique qui fait taper du pied, dans le sillage des Stooges, du MC5, des Fuzztones, Cannibals, Lords of Altamont et autres Datsuns... La batterie n'accélérant pas, quelques personnes vinrent bouger sur ce tempo propice à la danse dans un esprit bon enfant (encore une fois, les temps sont ceux de la redécouverte des sensations interdites). En milieu de set, le Gem Jumbo fut abandonné par son titulaire et un autre membre resté à l'écart s'installa à un Hammond qu'on n'avait pas remarqué à l'arrière de la scène.


Le chanteur apportait une couleur particulière à tout cela. Je ne parle pas de son humour qui, à mon goût, tombait à plat (les fans me contrediront), mais de son chant de tête très distinct (bien que très moyennement puissant) et de ses ricanements dans le rythme qui tiraient l'ensemble vers une saveur Rockabilly à la Cramps tout à fait cohérente avec le fond instrumental. Cela justifiait qu'il y ait quelques coiffures en banane parmi le public. La basse enfin, se laissait entendre dans le brouillard des guitares grâce à un son assez net que l'on pouvait très bien distinguer avec un minimum d'attention. Mais les gens qui se bougeaient devant ne devaient pas s'y attarder. Certains couples dansaient même le Rock comme Papa. Le set dût quand même trouver sa fin tandis que le jour baissait et que le vent rafraîchissait sérieusement la soirée, par une reprise finale un peu réarrangée de "Blitzkrieg Bop".


Le premier concert de 2021 était donc vécu, en espérant plus à venir. Malgré le coup de frais, les gens sont restés encore un long moment ensemble tant l'aspect humain des concerts locaux, après les mois que nous avons encaissés, a pu manquer. Et entre gens ayant au moins une passion en commun, cela était sans doute plus appréciable que d'aller regarder avec les voisins le feu d'artifice dont on entendait les explosions au loin.


samedi 24 avril 2021

Hanger Abortion TAF Montpellier 26 septembre 2020

 Le calendrier prévu des concerts se trouve bouleversé par le ressac de l'épidémie, particulièrement dans les villes les plus frappées. Des dates réservées et attendues se trouvent annulées à mesure que l'on s'en approche. À la place, certains lieux luttant pour se maintenir à flot organisent de petits événements dans le respect des règles imposées, avec ingéniosité et ténacité, en ouvrant leur scène à des groupes locaux pour des concerts à prix libre avec inscription préalable.


Ainsi c'était compliqué pour moi de venir ce soir-là, mais la faim de live m'a poussé à me libérer au plus vite pour rallier au dépourvu la Secret Place où je n'étais plus allé depuis plus de sept mois. Heureusement pour moi la jauge d'affluence n'était pas atteinte, mais le resserrement horaire déjà en place (en attendant une contrainte plus forte encore dès la semaine suivante) faisait que le concert avait commencé bien plus tôt que d'habitude. Et je n'ai pour ainsi dire rien vu d'HORROR WITHIN et de son Slam Death classique et efficace, très voisin de la tête d'affiche. Une prochaine fois, espérons.


Les averses et le froid tombé subitement empêchant la tenue à l'extérieur, il fallait se répartir dans la salle inhabituellement garnie de tables et de fauteuils plastique en plus des quelques tables hautes et chaises de bar habituelles du fond. Le respect des distances était en vigueur sous la surveillance prévenante mais constante et nécessaire du staff. L'usage de verres et non de gobelets, était un détail également pertinent en termes de dissuasion.


Dans ces conditions exceptionnelles, HANGER ABORTION fêtait et promouvait autant que possible la sortie de son premier EP "Population Decay" sur le label Australien 10-54. En formation classique à quatre, le groupe n'a évidemment rien varié de son Slam Death Beatdown qui doit autant à Hatebreed qu'à Cannibal Corpse. Quelques intros de films plantaient un décor cohérent. Il y a aujourd'hui beaucoup de groupes dans ce genre à travers le monde, mais il y a aussi un public de mordus insatiables qui se nourrissent par les réseaux sociaux et youtube. 

Les Montpelliérains ont progressé dans le riffing, sensiblement mieux varié que l'an dernier, aidé en cela par un batteur capable de passer quelques breaks un peu techniques après un long martèlement en cadence. Avec une seule guitare, cela suffit pour écraser tout en laissant une petite place bienvenue à la basse pour agrémenter la rythmique, détail très important dans ce style si propice à la monotonie. De même, le growl naturel évite de tomber dans la caricature trop parfaite que le style offrait il y a quelques années et nous raccroche aussi au Death le plus traditionnel. On demeurait quand même dans l'exercice de style orthodoxe sans s'aventurer dans les subtilités du Death brutal ou du HC vieille école. Quelques spectateurs s'agitaient assis sur leurs sièges, même si ce n'était pas la meilleure situation pour déployer la gymnastique habituelle du beatdown, ce qui donnait un spectacle assez amusant en symétrie de la performance appliquée mais souple sur scène.

Le set fut assez court, le répertoire du groupe n'étant pas encore pléthorique, mais l'affaire était suffisamment entendue et vaut le détour pour tout amateur de Slam Death Metal. 

L'horaire précoce de fin du concert n'interdisait pas de rester un peu pour revoir les uns et les autres et rêver ensemble de jours meilleurs. Les conditions de la soirée resteront hélas inoubliables, mais ce qui est pris est pris.


Stuntman Harah Skullstorm Feral Black Out Montpellier 21 juin 2020

 Enfin ! Après trois mois et demi d'abstinence forcée, un concert intéressant était programmé, à l'occasion du 21 juin. Les tournées n'ayant pas recommencé, il ne pouvait s'agir que de groupes régionaux. La réunion avait lieu dans un lieu privé confidentiel quelque part dans l'Hérault, annoncée uniquement par bouche à oreille, sans aucune promotion par internet, avec présence accrue des conjointes et des amis. L'organisation veilla parfaitement au respect des normes de sécurité sanitaire encore en vigueur. Cela fait drôle d'ajouter un masque aux protections auditives par ces chaleurs, mais il va falloir s'y faire quelque temps sans doute comme le reste. Cette reprise n'est pas un retour à la normale, et cette organisation au parfum de clandestinité nous ramène aux racines d'une musique à la marge, d'un mundillo qui organise sa vie à l'écart, même si en France nous ne pouvons pas prétendre y ajouter la persécution subie sous d'autres cieux, heureusement.


Le premier groupe du reste de notre vie de concerts aura donc été FERAL, formation à quatre rassemblant des membres de Stuntman, Superstatic Revolution et Morgue entre autres, que je n'avais pas revue depuis beau temps. Leur musique semblait s'être alourdie dans l'intervalle, même après que le chant gras soit remixé à un volume convenable. Le Sludge le plus sale et pégueux se mêle à un Grind brutal, au fond crust sensible malgré ce chant plus growlé que braillard. C'était encore plus lourd que dans mes souvenirs, les passages ternaires étant franchement écrasants après les blasts dévastateurs délivré par un batteur dont je n'avais pas vraiment apprécié jusqu'alors la compétence, en raison de ce son volontairement un peu sale à son poste. Cette sensation de pesanteur était certainement accrue par l'attitude relativement réservée du groupe, qui avait pour la majorité un second set à assurer un peu plus tard dans la soirée. Le bassiste assurait quelques brèves parties de chant. Le public se contentait de bouger un peu devant mais la chaleur, les masques incongrus et la prudence imposée par les circonstances ne laissait pas espérer plus. 


SKULLSTORM évolue dans un style assez proche. Rassemblant des gens passés par Morse ou Super Beatnik, cet autre groupe à quatre prodigue un croisement entre Crust, HC New School et Punk ; Amebix, Minor Threat et Black Flag. Ce trait Punk se ressentait notamment dans le son, moins lourd et moins fort. Fidèle à son attitude, le chanteur occupa un grand espace à travers la salle en se déplaçant d'un endroit à un autre sans être gêné par l'emploi d'un micro filaire, avec l'aide discrète de l'assistance habituée à aider ce type d'expression scénique. Le son craquait parfois, ce qu'on pardonnera aisément vues les circonstances. Le style est sans prétentions, mais c'est bien fait.


Je n'avais encore jamais vu HARAH bien que cela fasse un moment que ce duo batterie-guitare/chant, né des cendres d'un précédent projet nommé Lahius, est actif depuis quelques années. Il venait offrir le "moment calme" du programme avec son Post-Rock tirant vers le Post-Hard-Core ou un Post-Punk Shoegaze pour les passages les plus légers... cela fait un peu revenu de tout ! Cerné au sol d'un nombre de pédales qui suffisaient à lui garantir une distance sanitaire conforme, le guitariste ajoute un chant masculin naturel très présent, inhabituel pour ce créneau, qui y donnait un grain années 90. Bien sûr, le plan était fait de titres longs ménageant des montées en puissance inexorables, pour autant qu'une bonne vieille Gibson puisse en donner. Le batteur assurant seul la partie rythmique fit montre d'une maîtrise certaine avec des parties complexes qui ont fait la différence, évitant à l'ensemble de choir à ce niveau de musique soporifique et poussive que la description écrite pourrait laisser craindre.


Enfin les Sétois de STUNTMAN apportaient toute leur expérience de survivants de la vieille scène locale comme il n'y en a plus beaucoup vingt ans après. La radicalisation déjà constatée il y a quelques mois s'est confirmée. Le mélange historique du groupe entre HardCore chaotique, Noise, Stoner et Metal des années 90 s'est durci, au point que la set list écarte les anciens tubes qui étaient incontournables jadis. Des passages en blast bien Death ou Grind, mêlés au reste, rappelaient que le groupe continue à évoluer au-delà du groove déjanté qui unissait ses premières inspirations. Le chanteur aurait pu paraître métamorphosé par rapport au set de Feral pour qui ne le connaîtrait pas, retrouvant sa prolixité agressive mais bon esprit, et une attitude plus mobile. Le retour à une musique plus explosive et maîtrisée parfaitement par les quatre membres, quelle que soit leur ancienneté, relança les énergies et à défaut de pogo il y eut bien quelques bourrades. Le mélange peut apparaître trop vaste à la simple description, mais en pratique il fonctionne depuis beau temps, ce n'est pas par hasard que l'on a tourné plusieurs fois à travers l'Europe. La performance de ce soir spécial montrait une affaire qui roule, une fois de plus. En dépit de l'heure avancée certains étaient chauds pour prolonger le set avec les trois nouveaux titres encore inédits, mais il n'y avait pas le temps.


Cela faisait des années que je n'avais pas subi une privation aussi longue, qui donnait une impression de retour de décrassage sur la route de la maison, celle que l'on éprouve lorsqu'on retrouve les sensations d'un sport que l'on reprend après une période d'arrêt. C'était bien plus que la fatigue positive habituellement ressentie lorsqu'on a maintenu le rythme, ou que le banal retour de concert par une chaude soirée d'été. L'avenir demeurant incertain, cette expérience simple devait être aussi savourée à sa juste valeur. 


Napalm Death Eyehategod Misery Index Rotten Sound Metronum Toulouse 29 février 2020

 Ce samedi tous les Metalleux vivant entre l'Atlantique et le Rhône pouvaient affluer à Toulouse où deux affiches majeures s'entrechoquaient, comme pour marquer un 29 février. Il fallait choisir son camp. Si le passage de Testament, Exodus et Death Angel au Bikini avait été annoncé en premier, j'avais opté pour le "Campaign for the Musical Destruction" au Metronum. Je croise Napalm Death tous les ans, mais le reste de l'affiche suffisait à me convaincre. Le débarquement de cette tournée servait de cadre aux dix ans d'anniversaire de l'association toulousaine Noiser qui organisait ce concert après bien d'autres. 

Même en connaissant bien le trajet, j'avais galéré pour rallier la ville rose dans sa grisaille brumeuse habituelle en hiver. Ayant juste le temps de remarquer qu'on parlait beaucoup castillan et catalan aux abords, dans la file d'entrée, dans la cour puis dans la salle, je voulais voir à quoi ressemblait BAT qui devait déjà en être à la moitié de son petit set. Ce trio comprend le guitariste de Municipal Waste, mais joue plutôt un Thrash Heavy Punk dans le sillage de Venom, voire Mötörhead ou Possessed, avec vestes à patches, bandanas et frottages entre instruments en fin de set. Ce n'est pas grandiose ni original, mais ça nous décrassait pour des choses plus consistantes. Et au moins la qualité sonore de l'ouverture laissait présager qu'il n'y aurait pas de problème.

À la première pause, on pouvait voir dans la salle derrière un merchandising très copieux proposé aux fans, qui ne se limitait pas aux groupes du soir mais accueillait aussi des vêtements et accessoires de structures locales (dont Noiser bien entendu). On retrouvait une bonne délégation de la côte Méditerranéenne et effectivement pas mal d'Espagnols ayant profité de ce que cette date tombait le weekend pour faire le voyage malgré les incidents à la frontière. Le public était donc fourni, c'était complet, mais un bon côté de la scène extrême est que même un gros concert qui a marché reste loin de la barre des événements interdits pour cause de virus. Pour le moment.


ROTTEN SOUND était passé à Toulouse encore récemment de mémoire, mais pour ma part ils manquaient encore à mon tableau. Sans sortie récente à promouvoir, les Finlandais ont réellement lancé la soirée, le pied à fond sur la pédale HM-2 après avoir fait eux-mêmes leurs réglages. Placé en une position qui les contraignait à faire leurs preuves comme de grands débutants alors que bien des festivals spécialisés s'en contenteraient en tête d'affiche, les vingt-cinq ans d'expérience ont parlé : le public frileux du premier titre se métamorphosa après quelques salves pour provoquer un désordre bouillonnant dans une assez vaste fosse. Le Grind Crusty du quartet emprunte souvent au D-Beat ce qui ne le rend que mieux accrocheur. Le son très typé de l'unique guitare est en harmonie avec le chant crié de Keijo. L'unique actualité était l'arrivée du nouveau bassiste, apparemment plus jeune, mais déchaîné. Entre Punk de la seconde vague et Death scandinave, thèmes politiques ou gore, le groupe vise un large public dont l'emballement me faisait penser qu'il faudrait se réserver pourtant un peu vue la suite… Mais le son très féroce était irrésistible. 


La bande-son des interludes déroulait, assez curieusement, de grands classiques du Metal de Papa. 


MISERY INDEX est moins actif que dans sa première décennie où le groupe était venu fesser l'Europe entière un bon nombre de fois tout en produisant en studio à cadence soutenue. Mais au moins les Marylandais ont gagné en stabilité lorsqu'ils se retrouvent, comme en témoigne la qualité du dernier album. Et cela faisait fort longtemps que je ne les avais pas vus sur une scène aussi grande. L'alliage de surpuissance et de rigueur dans l'exécution reste la marque de cette bande de schismatiques de Dying Fetus. Certes, le triggage d'Adam Jarvis contribue à cette impression (on le devinait à l'oreille après l'avoir vu par le passé dans des conditions plus confinées) mais je préfère ça à d'autres modes, personnellement. Les acclamations (où perçait les hurlements d'une fan particulièrement passionnée) et la reprise d'une fosse déchaînée confirmaient que cela marche toujours autant. Étant le combo le plus Death de la soirée, c'était le set le plus lourd ce qui se ressentait néanmoins dans des headbangs parfois plus relâchés derrière. La variation de rythme était spécialement honorée avec un certain humour au moment de nous faire saluer les autres groupes de la tournée, Adam Jarvis parodiant en pince-sans-rire leurs tempos habituels de telle manière que n'importe quel touriste aurait compris qu'avec Eyehategod ce ne serait pas pareil !

Sans faire l'impasse sur "Rituals of Power", Misery Index ne venait pas promouvoir son dernier album, n'ayant même pas ouvert le set par un extrait. Cela fait un moment à présent que Mark Kloeppel prend le poste au centre et assure la communication, mais Jason Netherton n'a pas abandonné ses nombreuses parties de chant. Pour s'exprimer, Darin Morris à la seconde guitare se contentait de donner un feeling certain à des solos qui n'ont même pas été écrits pour lui à l'origine pour beaucoup, lui l'éternel copain finalement intégré. Dans son t-shirt Bathory Kloeppel était volontiers bavard et n'avait rien perdu de son humour qui détendait un peu entre des titres aussi intenses et sombres, alors que l'intro instrumentale enregistrée de "The Oath" esquissait ce que ça pourrait aussi être avec une atmosphère oppressante entre tous les titres… "Traitors", comme c'est maintenant une tradition, clôtura le set avec son chœur simple martelé à l'unisson. Ces retrouvailles après six années de disette n'ont pas laissé le moindre commencement de déception et demeureront certainement pour moi le clou du concert.

Embracing Extinction/ The Spectator/ The Great Depression/ Ruling Class Cancelled/ New Salem/ The Choir Invisible/ The Oath - Conjuring the Cull/ The Carrion Call/ Hammering the Nails/ Traitors


À la pause, j'apprenais que la tête d'affiche ressortait de vieux morceaux au détriment d'autres trop entendus pour cette tournée. Nous allions être fixés bientôt, après une parenthèse.


Le changement d'ambiance était attendu avec EYEHATEGOD, qui recourait à un éclairage à bleu dominant à la différence des collègues. Mike Williams apparaissait totalement défoncé et ce n'était pas simulé ! On se souvenait que Joey Lacaze était décédé quelques jours après le dernier passage du groupe sur les bords de Garonne… Avec l'un des pères fondateurs du Sludge, l'atmosphère était toute autre, le rythme nettement plus pesant et l'heure était au headbang lent plutôt qu'au pogo. Les moshers fanatiques étaient partis prendre une pause, ce qui était appréciable pour la majorité restante qui avait un peu plus d'espace pour se relâcher. Quelques fumées suspectes prenaient même forme ici et là dans l'assistance. Jimmy Bower était bien dans le ton avec son petit pull sobre tendu sur son gros ventre ou sa chemise à carreaux bon marché, l'air hilare. Mike Williams, lui, ne savait plus s'il était en Italie ou en Espagne si l'on en croit ses remerciements en langue autochtone (essaye encore !), et balançait des doigts d'honneur à tout le monde y compris à son propre groupe qui les lui rendait sans méchanceté. Avec un bien meilleur son que sur album, il n'était pas difficile de se couler dans un répertoire perché, parfois imprévisible, mais bâti sur des riffs massifs dont la qualité ne faisait que croître à mesure que le set passait. J'ai suffisamment passé de soirs devant des groupes vénérant celui-ci pour avoir pu apprécier cette rencontre.


La dernière pause passa vite avec le tirage au sort d'une tombola spéciale (une vie de concerts offerte) pour fêter l'anniversaire de l'association organisatrice, Noiser, à laquelle Toulouse doit une partie de sa grande qualité de programmation.


Après que John Cooke, aie fait lui-même la dernière supervision, NAPALM DEATH était annoncé par la vieille introduction de "Discordance" issue du quatrième album du groupe, celui qui annonçait longtemps à l'avance son style définitif des vingt dernières années, et le fait est qu'"I Abstain" n'a pas vieilli d'un trait en plus d'être de circonstance en France. Malheureusement le son aigre de la guitare et des caisses claires de Danny Herrera m'a un peu gâché le plaisir au début, c'était au-delà du feeling Punk. Napalm, c'est le groupe international que j'ai le plus vu en concert et je peux donc être difficile. Conformément à la promesse, la setlist picora dans beaucoup d'albums différents de toutes les époques y compris des titres peu entendus. Quand on tourne autant et qu'on n'enregistre plus aussi souvent que naguère, il y a intérêt à faire ainsi pour éviter la lassitude des fans. Ressortir par exemple "Social Sterility" ou enchaîner le redoutable mais pas fréquent "If the Truth Be Known" après l'efficace mais surexploité "Suffer the Children" pour une tranche de vrai Death Metal rafraîchit les enthousiasmes. Ce ne sont pas les quelques slammers et la fosse, encore plus large que pour les autres groupes, qui me contrediront.

Grâce à l'espace offert par une scène beaucoup plus grande que les garages aménagés où je retrouve plus souvent Napalm Death, Barney n'était pas en nage et même assez en forme. Indécrottable anarchiste réfléchi, son propos était assez anti-religieux ce soir et plutôt que de se promener partout en faisant des gestes absurdes, il se prenait plutôt la tête entre les bras, comme un enfant très fâché qu'il est d'une certaine manière toujours resté. Pour justifier la tournée et faire patienter alors que l'album à venir chemine lentement dans les tuyaux, ils ont donc un nouveau single en stock dont le seul titre original, assez surprenant, fut interprété pour avoir notre avis. On sentait que les précédents accueils avaient dus être mitigés vue l'anxiété contenue des quatre Midlanders au terme du morceau. L'exhumation du lourdingue "Cleanse Impure" issu de la période groove confirmait que le groupe, en fait, a vraiment envie de reprendre quelques risques musicalement. De grands incontournables restaient quand même bien présents pour le plus grand plaisir de tous, tant le mosh de "Scum", les deux titres d'une seconde ou d'autres seront éternels. On s'est tellement extasié sortie après sortie de la constante qualité des titres datant de ce siècle seulement, que ce n'est pas non plus en puisant parmi eux que la tension allait retomber. Voyant la quasi-totalité d'Eyehategod revenu sur le bord de scène les regarder jouer, Barney nous demanda de l'aider à convaincre Jimmy Bower de se raser la tête ce qui ne manqua pas de le faire rire.

Pour terminer cette nouvelle rencontre, l'inusable reprise des Dead Kennedys resservit une fois encore pour remettre inlassablement une certaine chose au point, puis vint celle de Sonic Youth présente sur le nouvel EP, assez déstabilisante pour les pogoteurs enragés qui en voulaient encore après des heures d'exercice, avec son final totalement Noisy chaotique qui est pourtant tout à fait dans le fil d'une partie de la vaste histoire de Napalm Death.

Comme presque toujours, Barney fut le dernier à s'en aller après avoir distribué quelques bouteilles d'eau, au son de "The Lifeless Alarm" une fois encore et qui rappelait à nouveau nos quelques craintes que le disque à venir ne reparte dans des expérimentations oiseuses. Nous verrons bien, en attendant la légende tient la route.

Discordance/ I Abstain/ Silence Is Deafening/ The Wolf I Feed/ Can't Play, Won't Pay/ Social Sterility/ Scum/ Fatalist/ Logic Ravaged by Brute Force/ Suffer the Children/ If the Truth Be Known/ Human Garbage/ When All Is Said and Done/ Mass Appeal Madness/ Unchallenged Hate/ You Suffer/ Smash a Single Digit/ Cleanse Impure/ Dead/ Nazi Punks Fuck Off (Dead Kennedys)/ White Cross (Sonic Youth) - The Lifeless Alarm (enregistré)


Devant repartir tôt le lendemain matin je n'ai pas beaucoup traîné. Un peu à regret car une telle tournée vaut largement un festival d'envergure spécialisé et j'aurais bien voulu prolonger avec les compères présents une célébration aussi virile. Si le virus ne met pas les tournées à l'arrêt dans les prochains jours, ça va encore taper fort dans peu de temps.