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mercredi 4 octobre 2017

Esplendor Geometrico Dive Apolo Barcelone 22 septembre 2017

Les frontaliers savent comme c'est pratique d'avoir pas trop loin l'opportunité de voir des tournées qui évitent la France, ou des dates plus faciles pour ceux qui bossent. Ce sont les deux raisons cumulées qui m'ont ramené à Barcelone. J'irai même plus loin sur le premier point : parfois on aime des styles ou des artistes qui marchent peu chez nous, et qui sont mieux appréciés à l'étranger. C'est le cas de tout ce qui est Electro-Indus-EBM dont les Espagnols, et tout spécialement les Catalans, sont aussi friands que les Belges ou les Allemands.
Même si la vie si intense de la ville aussi bouillonnante et touristique ne s'arrête pas, l'ambiance est étrangement pesante : les attentats qui ont bouleversé le Monde il y a un mois à peine sont comme oubliés, la tension amenée par les évolutions au jour le jour de la poussée séparatiste est quasi omniprésente. Heureusement, il y a toujours les disquaires comme on n'en fait plus chez nous dans le quartier du Raval, avec leurs clients qui ont de telles têtes de passionnés qu'on se croirait dans un vivarium. Quelques affiches de concerts proches donnaient envie de tout planter pour rester…

J'aime vraiment la sala Apolo, au bas de l'avenue Paral-lel, près du port et du "barri xinés", dans une portion où jouxtent plusieurs salles de spectacle. Le métro est juste devant, les proportions sont bien conçues, les deux bars sont pratiques, le cadre est élégant avec tout ce bois laqué, les galeries, les lustres rouges et les alcôves, et je n'ai jamais été déçu du son.

La raison de ma venue était la première partie. DIVE est le principal projet solo du Belge Dirk Ivens, qu'il développe depuis 1990 quand il n'est pas embarqué dans la reformation de l'un de ses deux vieux groupes (Absolute Body Control, the Klinik, sans parler de Sonar). Il vient peu en France et privilégie les apparitions isolées à un bon rythme plutôt que les vraies tournées. Y compris pour promouvoir un nouvel album comme maintenant, le premier depuis douze ans.
Devant une bonne affluence arrivée pile à l'heure pour l'essentiel, c'était donc seul qu'Ivens se présenta dans son éternelle tenue noire, laissant derrière lui les pupitres et ordinateurs de la tête d'affiche déjà installés. Dès les premiers instants, le son me surprit même par sa qualité : puissance, clarté, équilibre… De quoi porter au mieux le set. Dive mêle les expérimentations sonores de l'Industriel avec les rythmes de l'EBM, souvent sur plusieurs couches qui donnent une épaisseur certaine à sa musique, très homogène depuis longtemps. L'éclairage demeura constamment dominé par des éclairs saccadés, qui renforçaient fortement par le visuel la binarité du tempo. Commençant par des titres récents, Dirk attaqua assez vite de vieux classiques tout en revenant de temps à autre aux nouveaux sur des enchaînements instantanés.
À dire vrai, toute la musique était enregistrée sauf le chant, mais il se donne toujours à fond pour vivre chaque beat, chaque mot comme un violent spasme, parcourant la scène et ouvrant sa chemise à mesure... Cet abattage, la densité de la musique et le charisme propre aux grands (de David Gahan à Jacques Chirac) emballèrent une bonne partie du public à danser plus ou moins allègrement. Il n'était pas besoin de beaucoup communiquer au-delà de quelques remerciements, haletants et en nage, le temps d'une intro. D'ailleurs les textes, toujours en anglais très simple et en voix claire naturelle, contrebalancent la dureté des sons et rendent le propos pénétrable. Avec l'utilisation d'un mégaphone pour un titre sur la fin, il fut vérifié que les vocaux étaient bien réels puisque l'instrument lâcha une ou deux fois ! Au bout d'une heure à ce régime, Ivens quitta la scène sous des vivats bien mérités vu son engagement.

Foin des longs changements de plateau du Rock, ESPLENDOR GEOMETRICO ne laissa que deux minutes d'intermède avant d'attaquer ! Formé depuis longtemps en duo, ce groupe apparu pendant la période de la Transition post-franquiste est l'institution vivante de la scène Industrielle Espagnole, reconnu par toute la scène mondiale presque au même titre que les pères fondateurs qu'ils rejoignirent avec quelques années de retard. Attention : par Industriel il ne faut pas entendre le Metal-Indus à la Ministry, Rammstein ou Godflesh qui en est partiellement issu, mais bien le courant apparu il y a une quarantaine d'années pour doubler le Punk par quelque chose d'encore moins musical en apparence, de plus choquant, plus radical et plus engagé encore, plus décadent et absurde, tout en revenant pour autant vers une attitude plus artistique. Mais tous les aspects visuels étaient assumés ce soir par avec des projections à l'arrière scène, assez sobres.
En effet au lieu de se paumer dans la surenchère et l'obscénité hideuse, Esplendor Geometrico privilégie une bonne musique faite de bruits étranges, rythmée et potentiellement accrocheuse. C'est en définitive plus proche du Cabaret Voltaire des débuts que des outrances de SPK, Fœtus et Throbbing Gristle malgré une parenté évidente. Pas d'images insoutenables, ni de déguisements extravagants donc, mais toujours un son irréprochable… de quoi combler l'assistance plus largement conquise encore vu le panel de corps se trémoussant, sous l'œil de Dirk Ivens revenu blaguer au merch' avec quelques ultras. Les beats et les boucles plus ou moins subtiles répétées adroitement (sans accumuler les couches cette fois) formaient en effet une Indus assez dansante.
Cette direction s'accentua quand Arturo, membre originel, s'aventura au-devant de la scène pour sauter un moment avec ses fans. Puis il revint définitivement pour prendre le micro et assurer des vocaux. N'entendez pas par là des paroles, mais bien des cris et vocalises filtrées agressivement. Quand il mordit le micro à pleines dents, ce n'était pas de la blague. Peu après, il le tendit au premier rang où bien des gens posèrent leurs propres expectorations sur une bonne boucle, sans que personne ne tente quelque chose d'incongru ou de débile, signe que nous étions avec de vrais fans en pleine communion. Quand il quitta son t-shirt et enroula sa ceinture de cuir en cravate autour du cou, quelques-uns tirèrent bien dessus mais c'était voulu, cela fait quand même partie du style.
Après plus d'une heure bien prenante à ce régime constant, fut consenti un bref rappel qu'Arturo clôtura en conviant une jeune fille sur scène, échangeant leurs hauts et l'invitant à tapoter l'un des claviers pour produire quelques effets puis couper le son, touche d'humour à contrepied du sérieux torturé qui caractérise habituellement l'Industriel.

Assez fatigué par deux sets gentiment physiques et le voyage, je n'ai pas trop traîné après un tour au petit merch' pour regagner l'hôtel et prolonger le weekend. Le concert qui devait me faire revenir dans un mois seulement étant annulé, ce sera partie remise. Je vous emmènerai plus près en attendant, c'est tout.

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