Aller
au concert le treize novembre. Cela fait un peu bizarre maintenant. Dire que
des gens avaient demandé de mes nouvelles dans les jours suivant les attentats,
craignant que je sois à un mauvais endroit vue ma réputation de requin des
salles. Bref.
Sick
of It All est le groupe qui m'a toujours inspiré le plus de respect parmi tous
les grands de la scène NYHC : l'intégrité sans arrogance ni casseroles, la
force avec la vitalité, la gentillesse sans mièvrerie, la pureté du style avec
un son bien à soi, une passion jamais lassée. Même Tom Araya s'est fait tatouer
le logo du groupe sur sa peau velue. Aussi n'étais-je pas surpris en arrivant
de rencontrer une belle affluence sous les tentes nouvellement tendues à
travers la cour de la Secret Place en raison des pluies incessantes des
dernières semaines. Toutefois, beaucoup de gens venaient de Toulouse ou de
Provence en général, une ville et une région où le HC old-school a conservé un
public important, et même rajeuni dans le cas de la cité des Violettes.
Ralliant
malheureusement la salle plus tard que prévu j'ai raté le tout premier groupe
qui venait de déserter la scène, EIGHT SINS, qu'ils me pardonnent. Le merch'
des trois formations était fourni.
Qu'il
est difficile d'ouvrir pour un tel monument ! Les cinq Toulousains de BLACK
KNIVES s'y lancèrent sans complexe. Leur NYHC métallisé rappelait le Sworn
Enemy d'il y a quelques jours, Hatebreed et évidemment un Alea Jacta Est qui
serait plus traditionnel. Tout cela nous ramenait aux sensations d'un après-midi
sous le soleil de l'Xtreme Fest. Les bonnes mosh-parts et les riffs fiers
s'enchaînaient, le groupe se démenait mais l'assistance, bien que rentrée en
nombre pour regarder, se réservait très clairement pour la suite. Heureusement
le set fut assez long. À force d'insister, les harangues arrachèrent un peu de
pogo et un circle-pit vers la fin, qui auraient éclaté bien plus facilement
dans un contexte moins exceptionnel. Peut-être que les peaux de la batterie, à
mon sens, manquaient un légèrement de tension et le son aurait-il pu être un
peu plus clean, mais je ne voudrais pas gâcher les adieux de l'ingé' son du
groupe dont on nous demanda de saluer chaleureusement le départ. En tout cas on
ressortira volontiers les couteaux une prochaine fois.
Les
ans ont-ils prise sur SICK OF IT ALL ? Dès les premières mesures, la fosse compactée
explosa comme un volcan qui vomit jusqu'à la fin du set, beaucoup plus tard, un
flot régulier de slammers (bon, certaines têtes revenaient souvent quand même
!). Enchaînant des titres d'époques différentes, incluant bien entendu des
extraits du nouvel album, le gang montre toujours une patate écoeurante, même
si sur une petite scène comme celle-ci on ne peut plus voir Pete Koller courir d'un
bout à l'autre. À travers les mots de son frère, le groupe se donna totalement
à ses fans une fois de plus. Il remotive les moshers, rappelle brièvement
trente-deux ans d'histoire quand il le faut, commande les chœurs sur des
refrains devenus légendaires semés de "Oï !" résumant toute une
tradition à préserver… et maîtrise maintenant un "Merci beaucoup !"
sans plus aucun accent ! Des classiques comme "My Life",
"Sanctuary" ont été rejoints par des titres moins anciens comme
"Let Go" ou "Take the Night Off" comme grands succès, voire
des très récents tels "DNC" aussi redoutable ; passé et présent se
rejoignent dans une même célébration et peu sauraient en dire autant.
SOIA,
c'est aussi un son de basse emblématique, puissante sans fuzz excessif,
s'exprimant à l'aise dans la place laissée via une seule guitare. Et tout ça
envoie pied au plancher, dans un déchaînement d'urgence Punk totalement
maîtrisé, même la basse seule a pu tenir le circle-pit à plein régime sur un
break d'intro de plusieurs secondes. Sans sonner aussi puissants que du Metal,
tous ces riffs si agressifs et rapides bénéficient d'un son de guitare d'une
propreté constante tant en studio que sur scène. De chœur en mosh, tout le
public y était. Lou Koller demanda comme d'habitude qui venait les voir pour la
première fois. Il y en a de moins en moins mais c'est aussi une astuce pour
ouvrir le contact avec quelque fille à son goût au milieu de la masse, car il
est malin ! Il faut voir avec quel métier il sépare la fosse des coreux en nage
tel Moïse, puis chauffe chaque bord pour lancer un "Scratch the
Surface" rageur. Laissant le public enfin choisir en apparence l'ultime
titre à jouer en rappel, mais écartant ceux déjà donnés, ce fut
l'incontournable "Step Down" qui acheva l'assistance. Et malgré son
gabarit Lou se jeta quelques instants parmi les moshers en folie, avec son
micro filaire, comme un gamin qu'il est resté pour n'avoir jamais perdu la foi
!
Par
réflexe je regardai l'heure tandis que l'euphorie et les cris planait encore
dans une chaleur confinée, et constatait que le set avait dépassé l'heure de
jeu ce qui n'était de mémoire jamais arrivé, du moins en ma présence, forçant
encore un peu plus mon respect déjà acquis. Cela valait bien un salut de ma
part aussi pendant que les quatre donnaient tout le temps nécessaire aux fans
désireux d'échanger un peu, de se photographier ou se biser ensemble.
Malgré
tout ça, la semaine de concerts va encore monter de quelques crans.
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