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lundi 3 juin 2019

Dead can Dance Grand Rex Paris 11 mai 2019

Eh non, je ne pourrai vous raconter le Moshfest cette année, puisque le passage de Dead Can Dance s'était annoncé bien avant sur la même date. C'est l'un des plus anciens pensionnaires non Metal de ma discothèque, et au-delà l'un des groupes pour lesquels mon amour s'est déclaré le plus naturellement à la découverte, qui demeura fort et sans nuages au fil des lustres. Il était évidemment hors de question de rater cette nouvelle tournée célébrant l'histoire du duo plutôt que le court "Dyonisus". Il était plus frustrant à mesure que l'échéance arrivait de voir plusieurs autres concerts intéressants dans les jours alentour.
Après nous être sustentés dans l'un des nombreux établissements du quartier des grands boulevards, nous pénétrions dans le Grand Rex avec un ami également monté pour l'occasion. Je ne connaissais pas encore cette vaste salle au décor Art Nouveau amusant, qui a le bon goût de ne pas être trop chargé. Je n'ai guère l'habitude d'assister à des concerts assis mais c'était déjà le cas la première fois, et au moins c'était infiniment plus confortable que les minces bancs de bois des arènes de Nîmes ! L'assistance n'était évidemment pas très jeune, et drainait pas mal de gothiques sur le retour au milieu d'amateurs venant sans doute plus des autres horizons du mythique label 4AD, moins excentriques et plus colorés.

La première partie était assurée par le même musicien assistant de l'autre fois, DAVID KUCKHERMANN, pour un set instrumental en solo très similaire. Il commença à nouveau avec les grandes soucoupes métalliques, puis divers instruments de percussions exotiques et aussi basiques que peut l'être un tambourin. Avec quelques explications ce set introductif avait un tour pédagogique qui n'est pas absent de son groupe principal, et permet de faire passer une prestation d'intérêt un peu limité, en soi.

Vous pouvez imaginer la forte acclamation quand les huit musiciens de DEAD CAN DANCE entrèrent sans cérémonie sur scène. On reconnaissait parmi eux Rick Yale et Astrid Williamson qui avaient accompagné Brendan Perry cet hiver lors de sa tournée solo. La tenue de la mère Lisa était spectaculaire, avec une grande robe blanche qui la rendait énorme et devait lui tenir bien chaud, plus un turban assorti étoilé autour de son désormais habituel chignon de gala.
Dès les deux premiers titres les intentions étaient claires, c'était totalement old-school et le couple venait combler ses vieux fans : le titre d'ouverture de l'album considéré généralement comme le meilleur, puis un extrait du tout premier que je pensais ne voir jamais évoqué en live ! Sans communication, l'effet est encore plus puissant, on retouchait aux racines Post-Punk de l'aventure et à ses sommets les plus mystiques et intemporels. L'éclairage n'était pas surchargé mais n'évitait pas les effets, avec des faisceaux de couleurs assez intenses. Le rare "Labour of Love" aux accents Shoegaze de son temps avait déjà été essayé par Brendan en solo quelques mois avant. Dans un son de grande qualité, la basse se détachait inhabituellement en ces débuts. Si les assistants passaient d'un instrument à un autre, Lisa se contentait comme toujours de sa harpe chinoise et Brendan alternait essentiellement entre une bonne vieille Fender de couleur menthe et un bouzouki. En parcourant la période légendaire d'il y a plus de trente ans, ils ne pouvaient qu'enchaîner des applaudissements nourris à mesure, jusqu'à ce grandiose "Xavier" commencé a capella sous la direction de Perry et légèrement remanié au final pour permettre à Gerrard de placer quelques chœurs. Aussitôt l'éclairage suggéra une pleine lune au sommet et Lisa demeura seule sur scène avec son accompagnateur au pipeau, qui introduisit une interprétation bouleversante de "The Wind that Shakes the Barkley", plus intense que celles disponibles, où elle fit ressentir mieux que jamais la charge tragique de cette histoire irlandaise. Par contre le "Sanvean" qui suivit fut un peu gâché par un désaccord chronique avec le tempo du synthé et quelques ristournes quant à l'amplitude vocale mobilisée (non la puissance, intacte), jusqu'au dernier mouvement qui atteignit enfin l'impeccable.
Après une nouvelle incursion dans le lointain passé, deux classiques furent tirés de l'envoûtant "Into the Labyrinth" avant un autre incontournable titre d'ouverture, où le chauve à barbe effilochée qui jouait tout à l'heure du pipeau assura très à l'aise le second chant masculin dans une symétrie évidente avec le boss, pour une restitution parfaite de l'original. En regardant Perry regarder Gerrard je me demandais ce qui pouvait lui passer par la tête quand il la contemple, lui aussi, dans ses moments de bravoure. Par rapport aux scènes plus modestes de sa tournée solo, Brendan n'osa pas tout à fait se lancer en français, langue qu'il a apprise tardivement je crois du fait qu'il vit actuellement en Bretagne. En abordant enfin la période de la reformation avec l'unique extrait du puissant "Anastasis", on se rendait compte que le temps avait passé ; ce n'était pas le morceau le plus poignant mais son ton plus relâché allait bien après des moments aussi intenses. "Autumn Sun" est un titre moins connu des fans mais suintant le déjà-vu, reprise du groupe Américano-Arménien Delayaman (non, pas SoaD !) où apparaît Brendan sur l'original. Il était profondément réapproprié à la façon maison. Enfin le seul extrait du récent "Dyonisus" venait clore le principal, totalement tribal, et révélant mieux sa complexité multi-instrumentale par rapport à l'album. Je me suis attaché à un détail : la façon dont Lisa Gerrard battait des mains en marquant nettement l'écartement et l'arrêt en plusieurs mouvements, pour garder un tempo parfait, comme si ses membres formaient un instrument à part entière ; cela n'a rien à voir avec la façon dont le fait le spectateur moyen de concert ou de stade.

Cela ne pouvait évidemment se terminer ainsi et Brendan Perry revint pour jouer sa reprise habituelle mais toujours sincère de Tim Buckley. Le collectif réunit au complet servit ensuite l'obligatoire mais transportant "Cantara", à la longue introduction réarrangée au bouzouki de Perry pour annoncer la phrase principale du morceau, ce qui peut plaire au fan mais alourdit un peu le passage. Quelques discrets écarts de la ligne originelle n'empêchèrent pas le triomphe assuré des capacités vocales exceptionnelles de Gerrard, par une ovation debout du public qui pouvait alors croire atteindre réellement le terme de son voyage.
Nenni, deux derniers titres permirent d'atteindre les deux heures de performance et disposer l'air de rien les foules à se calmer, avec le doux "Promised Womb" enchanteur et ultra médiéval, tiré d'"Aion" que l'on avait fini par oublier dans tout ça. Enfin "Severance", comme sur la tournée de Perry en solo mais interprété plus fidèlement, vint clore pour de bon un concert d'exception avec son final sournoisement berçant.
Un dernier salut collectif scella la communion respectueuse de fans fidèles et reconnaissants pour avoir passé une soirée véritablement enchanteresse, comme une parenthèse dans un autre monde ou un séjour parmi les Elfes et les Dieux à Valinor… Dead Can Dance reste encore en 2019 au sommet.

Anywhere Out of the World/ Mesmerism/ Labour of Love/ Avatar/ In Power We Entrust the Love Advocated/ Bylar/ Xavier/ The Wind that Shakes the Barkley/ Sanvean/ Indoctrination/ Yulunga/ The Carnival is Over/ The Host of Seraphim/ Amnesia/ Autumn Sun/ Dance of the Bacchantes
Song to the Siren/ Cantara
The Promised Womb/ Severance

Nous partîmes ensuite achever la redescente dans un bar faussement Rock des grands boulevards, mon compère enchaînant avec MetallicA le lendemain. Si je n'ai pas voulu remiser dessus un an et demi après Bercy, les prochaines échéances seront tout de même plus métalliques, et bien plus au sud.

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