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lundi 15 novembre 2021

Benighted Shaârghot Svart Crown Rockstore Montpellier 18 septembre 2021

 Ce premier concert en intérieur comme avant était dans le viseur depuis des mois. Même quand au cours de l'été les autres activités reprenaient progressivement une vie normale, il avait fallu se contenter de sets en plein air autour de groupes amateurs locaux. Le retour des plus grosses affiches d'envergure nationale ou plus devait marquer une reconquête pas du tout symbolique. Bien que l'agenda se remplît pour les trimestres à venir, la crainte que cette reprise soit à nouveau déprogrammée montait à chaque resserrage sanitaire, à chaque titre de presse annonçant une petite augmentation des cas. Mais arrivé au jour J, les conditions étaient réunies pour toucher la lumière au bout du tunnel. Et au pire, ce serait toujours ça de pris.


L'assistance était nombreuse dans ce cher vieux Rockstore, lieu de notre tout premier concert dans notre lointaine jeunesse, et dont le sol pègue autant que jadis sous les semelles grâce aux kilolitres de bière et de cocktails répandus au sol par les étudiants qui réinvestissent déjà la discothèque depuis quelque temps. Cette affiche franchement virile avait rameuté en priorité les vieux habitués trop longtemps affamés, certains s'éloignant clairement de leurs zones musicales favorites pour l'occasion tellement tout cela avait manqué. C'était le premier concert depuis plus d'un an et demi pour la grande majorité des présents. Les retrouvailles avec les uns et les autres parfois venus de loin, la redécouverte de sensations physiques autrefois familières mais estompées au long des mois de restrictions, laisseront à ce concert une saveur spéciale, qui allait le rendre inoubliable quoi qu'il s'y passe. Et tout le monde le savait.


SVART CROWN aura donc été le groupe inaugurant cette nouvelle ère, jouant encore une fois en première partie mais dans des conditions meilleures que les autres occasions où je les avais vus, dans de petites salles. Un bon éclairage servait bien le Black Death des Nissarts qui ont parfaitement en main leur mélange. Comme pour ruiner le plaisir, la basse lâcha au bout de deux titres ce qui causa une interruption du set, repris ensuite sans plus aucun problème. Et il valait mieux, car ce qui les distingue du Black plus primaire est notamment que la quatre cordes y tient bien sa petite place indispensable. Le chant rauque me parut noyé dans les guitares, mais c'était déjà comme ça avant avec eux, et le Rockstore est connu depuis toujours pour sous-mixer les vocalistes de toute façon. Les titres sont plutôt bien écrits, le groupe ayant intelligemment pris à l'époque un virage plus moderne sans faire pour autant de compromis opportunistes. Avec ses riffs malsains et ses plans ralentis, Svart Crown invite plus au headbang et aux idées noires qu'au pogo libérateur. Les bras tendus en rythme répondaient aux poses fières bien typiques. Le sourire aperçu en fin de set sur le visage de Jean-Baptiste Le Bail, peu en accord théoriquement avec une musique froide, dure et obscure, en disait long.


Vint ensuite la performance de l'artiste MÈRE DRAGON, jeune femme coiffée en crête qui alterna effeuillage fébrile de la lingerie et camisole qui l'enserraient, danse à la barre verticale puis autoperçage à la seringue pour finir. Peu porté vers ce genre de choses, j'ai suivi cela d'un œil distrait, mais même de loin on pouvait admettre qu'elle maîtrise son art.


La transition était aisée avec SHAÂRGHOT qui arrivait avec ses projections, ses pieds de micro ornés en sculpture Metal, et bien sûr ses membres entièrement peinturlurés de noir sur tout le corps et les costumes. Clairement, parmi toutes autres inspirations probables les Parisiens visent le créneau de Punish Yourself, tout en ayant une démarche propre néanmoins. Leur Metal Electro-Indus est – relativement – moins sombre et rageur, plus rigolard et sarcastique. Il n'en est pas moins efficace, avec ses gros riffs qui enracinent bien le propos dans le Metal, ses big beats dansants doublés par une bassiste, et une pression jamais relâchée. Le jeu des éclairages a empêché de bien profiter du visuel en arrière-scène, qui était relativement simple mais conforme à ce qu'on peut attendre d'un tel groupe.

Cela aurait dû jurer au milieu des deux autres groupes, mais concrètement c'était pertinent pour évacuer tant de frustrations. Tel ami d'habitude plus réservé se jeta dans le magma humain de la fosse rapidement formée, et les figures de proue de la mosher team ne résistèrent pas au plaisir de slammer les premiers sur une musique assez inhabituelle pour leurs exploits, en principe… Ce style déjanté est fait pour le live. Le public s'agitait joliment mais le spectacle restait pourtant sur scène, le guitariste envoyant plusieurs fois des jets d'étincelle ou utilisant un instrument envoyant au-dessus du public trois lasers fixés dans l'épaisseur sous le manche. Avec son chapeau melon emblématique, le chanteur éponyme déployait son charisme gentiment fêlé et inquiétant en ne s'exprimant, curieusement, qu'en anglais pour ses harangues, à l'instar des paroles, en appelant les spectateurs sous le nom de "shadows"… un tel univers musico-visuel a forcément ses codes mystérieux. Il se risqua en fin de set à descendre au milieu de l'assistance pour commander un braveheart qui le prit en tenaille… mais dont il ressortit vivant au terme d'une performance assez longue et clairement victorieuse.


Après avoir récupéré les survivants et bien que la bibine commence à faire quelque effet à la longue, je ne manquais pas d'énergie pour BENIGHTED. C'est sans conteste le meilleur groupe de Death Brutal Français actuellement, après avoir usé un large personnel (Truchan est le dernier membre originel) par une longue carrière ayant mordu sur le Black et le Grindcore. La réputation antérieure des Stéphanois n'a pas été trahie pour ce retour (je crois qu'ils avaient fait un festival en Europe centrale avant, quand même). Ils n'ont qu'à être nature pour écraser mieux que jamais, le quasi abandon des cris de porc et la digestion enfin complète de l'inspiration Grind rendent l'expérience terrible. Kevin Paradis (ex-Svart Crown d'ailleurs) apporte sa redoutable frappe traditionnelle qui emmène le répertoire du groupe vers un niveau divinement insoutenable, je me suis régalé à le regarder par moments jouer avec l'olive haute, comme les grands fondateurs et surtout pas en gravity blasts. Ces enchaînements breaks-accélérations qui sont restés typiques de Benighted quelles que soient les époques semblent encore plus vigoureux qu'avant, s'il est possible.

Inutile de préciser que la fosse s'était recréée très vite, plus frénétique évidemment qu'avec le groupe précédent. La complicité de Julien Truchan avec la Mosher Team est forte depuis une certaine édition du Mosh Fest, amitié à laquelle il fit souvent allusion dans ses interventions rigolardes mais au cours desquelles il ne chercha pas à blaguer comme avant. Il faut dire que l'heure avançait en plus de l'urgence partagée par tous de se donner à fond après une si dure famine… Du reste, mon camarade était déjà reparti dans le pit à ses risques et périls. Les choses atteignirent une dimension bizarre lorsque les moshers formèrent un paquito slam au milieu de la salle… puis un autre encore sur la scène envahie de manière apparemment concertée ! Du grand n'importe quoi !

Dans cette ambiance un peu folle même pour du Metal extrême, Truchan annonça avec un regret visible le dernier titre sans rappel possible vu le planning, qui fut le classique fédérateur "Let the Blood Spill…" repris par des gorges enthousiastes mais un peu atteintes, les cornes levées au bout des poings. C'était fait. Merci encore à l'association organisatrice qui nous promet un tas de bonnes choses pour les mois à venir – si tout va bien.


Encore sonné, je n'ai rien pris au stand que la tête d'affiche avait bien achalandé et après quelques adieux avec promesse de se revoir très vite au vu du calendrier prévu, nous sommes partis remettre une dernière fois les niveaux à hauteur dans l'un des bars voisins, malgré la pluie qui reprenait dehors. L'été s'achève, mais la vraie vie est revenue.


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