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samedi 26 novembre 2016

The Cure The Twilight Sad 18 novembre 2016 Arena Pérols

The Cure demeure une question existentielle compliquée depuis ma prime jeunesse. Il a accompagné toute ma génération, je connaissais leur répertoire classique bien avant de m'intéresser un jour au Metal et au vrai Gothique, comme tout le monde. Mais ce fut de Depeche Mode ou New Order que je tombai fan au fil du temps. Préférer même les Sisters of Mercy ou Clan of Xymox (passant à Paris la veille par ailleurs) fut longtemps un mystère pour moi-même. En fait, je n'ai jamais accepté l'absence totale d'autodérision d'un Robert Smith, maladivement sensible, hautain et perclus dans ses complications esthétiques, alors qu'une partie importante de sa monumentale production a consisté à pondre des tubes grand public massifs, transparents, agaçants. Reste qu'un amour de jeunesse raté, ça vous marque à vie. On n'aurait pas fait cinq cents bornes pour voir ça, mais c'est à la maison que ça se passait et des amis y allaient de toute façon.

L'Arena, bordant le Parc des Expos de Montpellier sur la route des plages après l'aéroport, est un bon exemple de ces immenses salles confortables et moches, destinées à accueillir autant les rencontres de Handball. Il y avait un monde énorme, et pourtant quelques places restaient à vendre au guichet. Le tramway était bien mieux adapté pour accéder au site au milieu d'un gigantesque bouchon, puis les queues aux entrées et aux bars étaient décourageantes. Évidemment, l'assistance n'était pas jeune en majorité, mais beaucoup de gens venaient justement en famille avec les enfants. Et on comptait aussi beaucoup de jeunes simples mélomanes fans de Pop Rock plus ou moins Indé, s'honorant de connaître les classiques. Il y avait du merch' en bonne quantité mais je n'étais pas intéressé.

Pile à vingt heures, les cinq Écossais de THE TWILIGHT SAD se présentaient sous une forte acclamation. Je ne connaissais pas du tout. Bien qu'un peu fort, leur Post-Punk passait bien. Les mélodies à fleur de peau rappelaient IAMX ou Pink Turns Blue avec une instrumentation ni New Wave ni Punky et les synthés présents (le bassiste abandonnant parfois son premier engin pour doubler le claviériste). Le chanteur tout de noir vêtu avait un chant de poitrine ample mais délicat et traversait des crises nerveuses à la Ian Curtis. Son accent écossais le rendait mieux compréhensible que d'autres.
La grosse basse et les notes cristallines assumaient une certaine inspiration Shoegaze, non envahissante heureusement. On n'en dira pas tant des mamans papotant à voix haute sans gêne derrière moi malgré les remontrances de tout le monde… Le point faible devint progressivement évident au fil des titres, malgré le bon accueil du vaste public : ça n'accélérait jamais, aucun titre ne décolla du mid-tempo. Et on comprenait ainsi pourquoi ils avaient décroché cette prestigieuse première partie… Au bout de trois quarts d'heure il était donc temps de rompre pour préserver une bonne impression avant qu'on se lasse pour de bon…


THE CURE se présenta sans autre cérémonie que l'immense clameur populaire et se lança avec "Shake Dog Shake", titre très pertinent pour permettre à la fois à Robert Smith et ses quatre sbires de prendre possession de la scène, et au public de s'immerger. N'ayant pas d'album à vendre, Cure a enchaîné une palanquée écœurante de tubes après les premières notes de basses de "Fascination Street" semées à plein fuzz par Simon Gallup… avec son t-shirt de Maiden ! Dans les gradins certains étaient en pleine expérience mystique introspective, en bas autour de moi ça bougeait volontiers dans un bon esprit, couvrant à pleine voix le clavier d'O'Donnell pour le motif principal de "The Walk". Communiquant très peu, Smith ne permettait que de brèves pauses quand Jason Cooper ne commandait pas un enchaînement depuis sa batterie. En fait il fallait profiter des titres les moins denses pour se relâcher. Le messie Robert fait toujours plus décrépit, le khôl n'y fera jamais rien, surtout avec cette chemise flottante qui le grossit encore pire. Courbé en arrière pour dégager sa gorge, il a conservé ce timbre… réserve faite que depuis longtemps il attaque beaucoup de titres un ou deux tons au-dessous des versions originales ce qui peut les affaiblir nettement. À la seconde guitare, le vétéran de Bowie suppléait à point nommé le patron, lançant même quelques solos. Pour autant le show n'était pas si Heavy que certains l'ont écrit pour d'autres dates, des titres comme "A Night Like This" ou "Charlotte Sometimes" sonnant même plus légers que normalement.

Les éclairages étaient riches et travaillés, avec des moyens certains. Les projections derrière la scène étaient assez atmosphériques, jusqu'aux photos d'histoire des guerres et totalitarismes du XXe siècle illustrant un sombre "One Hundred Years" laissant l'Arena tétanisée. Le Cure comme j'aurais tellement voulu l'aimer… Les écrans de côté étaient bienvenus même si je n'avais pas trop à me plaindre de la vue… le côté droit profita surtout de la jambe de Simon Gallup qui se calait le pied sur les retours juste devant quand il n'allait pas provoquer en duel l'un des guitaristes. L'importance du bassiste devient claire sur scène, pas seulement à cause de la bannière de son club de foot qu'il avait installé une fois de plus sur ses amplis.

Malgré quelques longueurs prévisibles je n'avais pas à me plaindre de la setlist quand arrivait le premier faux départ au bout d'une heure et demie. Au milieu de bluettes Pop pour vieilles adolescentes j'avais participé à l'intense communion de la foule pour "In Between Days" et mon cœur s'était déchiré comme il y a vingt-sept ans dès le premier passage du riff de "Lovesong". Finalement, pas de quoi chambrer les compères en pâmoison…

C'est à ce stade-ci que Smith force encore l'admiration en poursuivant son set, une fois de plus, pendant une heure, sans changer son schéma. Enchaîner "Play for Today" et un long "A Forest" illustré par une masse d'arbres sinistres en négatif est difficilement résistible. Le public tapa des mains au rythme de Simon Gallup sur l'interminable final de ce titre achevant le premier rappel, tandis que Smith essayait quelque chose à la guitare en le regardant. Le dernier retour à la scène servit bien tassé une dernière brochette de tubes obligatoires, pas mes morceaux préférés, ce qui me laissa redescendre en douceur quand beaucoup sombraient dans l'hystérie sur les cœurs dessinés et les vers de collégiens de "Friday I'm in Love", l'infantile "Boys don't Cry" et ce "Why can't I Be You ?", qui synthétise tous mes vieux griefs envers ce groupe et qui clôt la soirée comme par hasard… Smith quitta la scène le dernier pour s'incliner devant tout le monde de chaque côté dans un geste touchant de sincérité. Deux heures trente, comme promis.

Une fois vite sortis nous nous sommes retrouvés… pour finir au Rockstore à nager dans le champagne millésimé jusqu'après trois heures !!!

Avant de revenir prochainement à des affiches plus Metal, je dois donner raison à qui disait que 2016 a été ultra 1986 pour avoir vu en six mois New Order, les Sisters, And Also the Trees, les Swans, Ministry, Frustration même…


Shake Dog Shake/ Fascination Street/ A Night Like This/ The Walk/ Push/ In Between Days/ Sinking/ Pictures of You/ High/ Charlotte Sometimes/ Lovesong/ Just Like Heaven/ From the Edge of the Deep Green Sea/ One Hundred Years/ Give Me It/

It Can Never Be the Same/ Burn/ Play for Today/ A Forest/

Step Into the Light/ Want/ Never Enough/ Wrong Number/

The Lovecats/ Lullaby/ Friday I'm in Love/ Boys Don't Cry/ Close to Me / Why Can't I Be You?

mardi 8 novembre 2016

Feral Membrane Black Sheep Montpellier 5 novembre 2016

Par un samedi de mauvais temps, le public d'habitués est arrivé tardivement dans la cave du Black Sheep. Parfois venaient-ils de loin… Après une semaine usante il avait bien fallu que je me motive, moi-même… Il y avait du merch', et comme il n'y avait que deux groupes ça ne s'est pas pressé pour commencer.

J'avais vu MEMBRANE une première fois il y a une douzaine d'années. Le trio est bien modifié par rapport à cette époque, mais pas ce qu'il restitue. Le HC Noisy Franc-Comtois de tradition est très pur, dans le sillage de nos Tantrum et d'Unsane. Avec des riffs simples mais fins, le son laissé un peu sale et abrasif, c'est tout à fait ce que le public local aime. Par contre, même si cela correspond dans une certaine mesure aux règles du genre, les vocaux étaient bien trop faiblement mixés. À l'arrière étaient projetés des extraits en noir et blanc de différents grands classiques de l'angoisse tirés de Lynch, Gilliam, Kubrick, Hitchcock… ce qui distrayait légèrement alors que le spectacle du batteur qui tapait haut en-dessous justifiait l'attention. Ce qui compensait aussi le néant quasi-total de communication. Le Noise ça emballe, ça rabote et y'a rien à ajouter ! Une petite reprise finale paracheva la communion parfaite entre les aficionados du Noise et ceux qui leur en donnaient du pur.

Déjà observé il y a quelques semaines à peine en ouverture de Napalm Death, FERAL s'est montré plus brutal encore. Le projet parallèle de plusieurs membres anciens ou présents de Stuntman, Morgue, Morse (du Sud) devient de plus en plus considérable. Ils ont donné à leur HC Crusty Grindy une agressivité jamais atteinte, sans doute par le fait de jouer dans la salle emblématique de toute cette scène presque aussitôt après la tournée en Europe centrale. La part de Sludge présente dans les compos semblait céder le pas au vrai Death Metal quand pétaient les blasts. Et pourtant, le public est resté tétanisé par l'explosion jusqu'à ce que le chanteur l'invite à se lâcher un peu et se jette dedans, comme d'habitude. Cela a marché, la fosse se reformant dans une sauvage bousculade. Dur, violent et bien métallisé, imprévisible, le répertoire s'avère complexe à l'image de celui de certains de leurs maîtres évidents (Converge ou Today is the Day c'est dit !). Deux autres chanteurs dans l'assistance furent invités sur le dernier titre, ils se plongèrent dans le public avec le même entrain malgré les micros filaires, provoquant un beau bordel. Faute d'avoir des morceaux disponibles, Feral ne put assurer le rappel réclamé. On en avait oublié ce problème de jeune formation !!! Cette marge de progression était prévisible, reste à suivre où cela peut encore aller.

Les aventures reprendront dans quelques jours pour une très grosse affiche, un groupe déjà repris par l'un de ce soir d'ailleurs…

vendredi 4 novembre 2016

Swans Anna von Hausswolf Paloma Nîmes 2 novembre 2016

La décision de venir ce soir à la Paloma fut prise tardivement. J'avais déjà laissé passer les Swans la dernière fois et j'avais peur de m'ennuyer sur un long set. C'était toutefois l'ultime occasion, probablement, de voir ce groupe majeur qui a influencé décisivement un certain nombre de groupes qui comptent pour moi, d'Ulcerate aux Young Gods, et d'autres qui ont à leur tour suscité tant de vocations : sans les Swans, pas de Neurosis, ni ce qui s'ensuivit.
Dans ce confortable centre musical moderne et proche de l'autoroute, l'affluence était correcte mais pas compacte. Et ce n'était pas très jeune en moyenne. La distribution de bouchons à l'entrée était une saine précaution tant on sait que les Swans jouent fort. Le temps de jeter un œil au stand bien fourni, la première partie commençait discrètement dans la petite salle, la Red Room. Le peuple qui était encore plutôt dans la cour se transbahuta peu à peu.

La toute menue ANNA von HAUSSWOLF n'a pas l'air de grand-chose au milieu de ses trois comparses (dont un membre des Swans). Mais quelle voix ! Si certains y voient déjà un phénomène artistique, le long premier titre ne montrait rien de très nouveau en fait, c'était de la Dream Pop ou Heavenly Voices digne des temps légendaires du label 4AD. Avec un volume élevé et pur dans la pénombre bleuie, il faut reconnaître que ça transmettait : le silence religieux absolu flottant plusieurs secondes à la première pause s'observe rarement. La suite navigua entre Néo-Folk, Drone et Indus martiale, avec des traces de Néo-classique, l'obscurité glissant vers des reflets plus rouges. Le malentendu peut venir d'une certaine parenté esthétique avec le Black Metal, surtout quand elle headbangue sa tignasse blonde, alors qe cette musique provient de toutes autres traditions. Et vraiment, ce chant puissant à large amplitude est un vrai don. Reste à vérifier ce que ça rend dans la durée avec un autre cadre, sur album. Le long final dépassant le temps prévu sembla comporter une bonne part d'improvisation, à titiller les potards des synthés et tirer des sons inattendus d'une simple Fender Stratocaster. "Eraserhead" n'était pas loin. Le set de trente minutes restait trop court pour des titres aussi longs, mais justifie qu'on y revienne dessus à la maison à condition de ne pas se tromper sur l'identité de la chose.

Les SWANS se sont installés en demi-cercle autour du seul chef désormais, Michael Gira iconique avec sa guitare. Cela commença par un titre de cinquante minutes (oui !), de déchaînements telluriques au volume sonore massif, d'où monta une petite boucle Electro (limite un loop) qui rappelait combien les frontières du Rock Industriel sont poreuses. Le charisme de Gira, après avoir tourné le dos au public un long moment, se déploya progressivement à l'image de sa diction et d'une gestuelle lente. Ses bras s'ouvraient aussi lentement que son débit, comme une éclosion.
L'exercice du live permet de comprendre bien mieux la musique des Swans. Que les morceaux soient pachydermiques ou un peu plus rapides, délayés à mort ou d'un format classique, il y a quelque chose de spirituel, chamanique et viscéralement américain. Certaines personnes étaient en comme en transe. La puissance dégagée, appuyée ponctuellement par Gira faisant comme s'il jetait le son sur nous, n'a rien à envier au Metal bien qu'il vienne d'ailleurs. Des morceaux interminables et patiemment mis en place par des répétitions délayées s'achevaient ensuite très rapidement.
La préparation des montées sur des rythmes lents laissait de longs passages de tension très progressive, autant dire de vraies longueurs pour des bourrins comme nous, sur un set exceptionnellement long. Cela justifiait que comme à la messe orthodoxe, certains fidèles sortent s'asseoir ou se détendre un moment. Pendant ce temps le service d'ordre passait au fond avec des casques sonores de chantier, la mine hilare. Rarement me suis-je autant félicité que ce soir d'avoir des bouchons de qualité… Soucieux du détail, Gira n'appréciait pas trop les spots dans la figure ni les larsens qui l'amenèrent à essayer de chanter un passage sans micro, puis à chercher une meilleure position et à commander le technicien aux retours qui n'a pas eu l'air de comprendre ce qu'il voulait.
La batterie, bien que rigoureuse, n'avait servi pendant une bonne partie du set qu'à marquer les déchaînements de guitare. Puis de vrais riffs apparurent enfin et elle reprit le rôle de donner le rythme sur les titres plus entraînants amenant l'assistance vers la sortie, dans un style rappelant presque le Ministry des grandes heures. Ainsi délassé de tant de vagues sonores et de tensions répétées, le show s'acheva sans rappel au bout de deux heures et demie.

Dans un autre genre c'était un show aussi éreintant que de grandes pointures de Death brutal, un show musical étrange mais séminal, je ne regrette pas cette expérience un peu éprouvante.