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samedi 21 décembre 2019

Nesseria Stuntman Black Sheep Montpellier 25 octobre 2019

Entre deux mélopées gothiques, n'était-il pas judicieux de revenir à des sons plus lourds pour ne pas trop ramollir ? Si je suis Stuntman depuis longtemps, je n'avais jamais vu Nesseria, alors même que les deux groupes avaient joués ensemble par un lointain passé. Bien qu'arrivant à l'heure pour ma part, la salle ouvrit plus tard que d'habitude et l'affluence n'était pas impressionnante hélas dans ce cher vieux Black Sheep malgré la présence d'un groupe de la vieille génération locale à l'affiche. Le succès public d'un festival dans l'Aveyron voisin ce même weekend a pu aussi rogner l'assistance potentielle.

NESSERIA se présente comme une formation à quatre actuellement, avec un certain esthétisme : des tenues noires, quelques petits néons blafards posés sur le sol de la scène pour tout éclairage, et force fumée envoyée dans la petite salle (j'étais paré sur ce point avec mon dernier concert !). Je connais mal le passé du groupe, en tout cas ils ont servi un Post-Core largement teinté de Screamo et d'émotions glacées. On y retrouverait le vieux Cult of Luna, Converge, le Post-Black en général, et Envy. La similitude avec cette référence en particulier se justifie par le choix de la langue natale dans les paroles, qui passe finalement inaperçu. Le français n'est pourtant pas une langue bien agressive, mais il permet l'expression de plus d'émotion dans les cris tout en respectant la froideur de l'ensemble.
Le quartet mettait pour la première fois en scène son nouveau bassiste. J'ai surtout été impressionné par le batteur qui frappe très fort et n'est pas pour rien dans la puissance de l'ensemble. Le chanteur s'empressa assez vite de faire tous les remerciements laissant croire que le set était court, alors qu'en réalité il laissait place à un long titre instrumental pendant lequel il disparut en coulisses. Les Orléanais font une musique sincère et j'ai passé un premier bon moment.

Une fois en place, STUNTMAN attendit un certain temps le batteur qui arriva tout charrette du couloir et s'installa en vitesse pour attaquer un set sévère. Pour un groupe de plus de quinze ans sans actualité particulière, le quartet Sétois s'est montré particulièrement en forme. Le mélange entre HardCore Noisy et Stoner convoque beaucoup d'influences, mais l'agressivité des riffs est décuplée par la maîtrise largement équivalente au fil du temps au niveau professionnel. L'explosion d'une fosse bien violente en témoignait et libérait les émois accumulés lors du premier set. La rage du chanteur ne se dément pas non plus, ni dans ses harangues destructrices ou chaleureuses, ni par son attitude pleine de colère. Sous la copulation furieuse des riffs coreux et du groove sabbathien, l'ensemble dégage une influence plus diffuse, mais certaine, de l'esprit de révolte d'un certain Metal des années 90, entre Mayhem, PanterA et le Death underground. D'ailleurs, ils ont servi un titre inédit qui démarrait par une longue séance de blasts à la façon Black Metal que j'aurais mal imaginé de leur part il y a quelques années. Si le batteur se plaignit un peu de ses retours, la propreté sonore habituelle du lieu seyait bien à une méchanceté rigoureuse et cela pourrait franchement prétendre à un plus grand format. L'éclairage de la scène lâcha vers les deux tiers du set mais on n'y fit pas attention. Du reste, pour une fois le public ne s'était pas barré après le premier groupe comme trop souvent ici et cela faisait somme toute une affluence acceptable. Si j'ose dire, demain peut appartenir encore à Stuntman qui montra une énergie et un savoir-faire intacts, plus quelques intentions claires d'aller vers de nouveaux défis.

Les bons petits concerts ne bouleversent pas des existences, mais forment le sel de la vie de l'amateur en supplément des plateaux plus populaires. Une fois encore les absents eurent tort.

The Sisters of Mercy A.A. Williams Bataclan Paris 19 octobre 2019

Qu'est-ce qu'un groupe culte ? Les Sisters of Mercy seraient l'exemple parfait sans doute : une discographie étriquée mais séminale, qui a hissé ce nom parmi les fondateurs d'un genre, des apparitions et des interviews rares, plus d'album depuis vingt-neuf ans (!), et une légion d'adorateurs à travers le monde pourtant. Devenu depuis 1986 la chose absolue d'Andrew Eldritch, le groupe a très longtemps évité soigneusement de se produire en France en raison de l'aversion ancienne et obscure du patron pour notre pays, bien qu'il parle français. Moi-même il avait fallu que je me déplace en Espagne pour les voir enfin, avec une émotion certaine alors, tant j'avais fini par me reconnaître, lentement mais profondément au fil de la vie dans cette œuvre. Mon dernier concert, du reste, était justement consacré à son ancien partenaire aujourd'hui exécré Wayne Hussey. Même si la querelle d'Eldritch s'est apaisée avec le temps (ils sont venus au Hellfest cette année), ce show Parisien à une date commode était un véritable événement pour de nombreux fans, parfois frustrés depuis des décennies. D'ailleurs, c'était complet.

C'était également la première fois que je venais au Bataclan, assez étrangement. Arrivé largement à temps, j'ai eu le temps d'explorer la salle, plutôt vaste, un merchandising très fourni en habillement, de prendre de quoi boire et m'asseoir un moment au balcon tandis que ça se remplissait tranquillement, pour me poser. Au-delà d'une riche histoire scénique, il était impossible d'oublier le carnage qui s'est déroulé là où je me trouvais à cet instant. Rien ne le rappelle depuis que l'œuvre de Banksy a été volée, mais c'est superflu. Il serait prétentieux de broder longuement en parodiant inconvenablement "le sixième sens", n'empêche qu'on ne peut pas rentrer dans ce lieu indifféremment, désormais. J'en étais là de ces sombres pensées quand je retrouvais un ancien camarade de feu le forum de VS, que je n'avais pas revu depuis mon autre concert des Sisters à un millier de kilomètres de là. La salle était à présent farcie à bloc, de nombreux spectateurs comme en uniforme revêtus aux motifs du groupe de Leeds, généralement d'un certain âge, et venus aussi pour un certain nombre de l'étranger.

J'avais lu grand bien d'A. A. WILLIAMS il y a quelques mois. Cette artiste aux longs cheveux bruns est encore très nouvelle avec un seul EP fort remarqué à son actif. Assistée d'un batteur et d'un bassiste, sans compter le "A" en motif derrière elle, la guitariste-chanteuse servait un doux Post-Rock, vaguement Folk, froid, lent, sincère et bien composé. Malgré un bon volume sonore, il fallut un peu lutter contre le brouhaha de la foule pour imposer toute l'attention méritée. Si le registre est devenu franchement courant aujourd'hui, elle y mettait suffisamment de variété dans l'instrumentation et d'émotion dans son expression pour briser la réserve que l'on met instinctivement sur un son déjà entendu. Sans pousser son organe, elle s'avérait convaincante. Sur l'avant-dernier titre où la guitare sonnait lourde, la désynchronisation entre ses gestes et le son entendu me laisse penser que sur ce morceau le son plein de la guitare était au moins en partie doublé sur bande au mixage. Peu importe, c'était tout à fait pertinent pour ouvrir une soirée et prometteur dans ce style plutôt dans le vent.

THE SISTERS OF MERCY se présenta comme d'habitude sous la longue introduction de "More" mêlée d'un chœur fervent de centaines de fans sevrés. Le patron s'entoure simplement de deux guitaristes et d'un programmeur veillant sur Dr. Avalanche (la boîte à rythmes) et les basses, ce qui ne pouvait surprendre que les novices s'il y en avait. On ne vient pas voir ce groupe pour profiter d'une performance de musiciens, mais célébrer un répertoire vénéré par toute une génération. Le mixage se montrait étonnamment complémentaire de celui adopté à Barcelone lors de ma première fois : les riffs dominants outre-Pyrénées cédaient cette fois beaucoup d'espace aux rythmiques programmées, que l'habitué Ravey Davey gérait nonchalamment au second plan derrière des lunettes noires de rigueur aussi pour les trois autres membres. Comme toujours il n'était pas facile de voir derrière une fumée généreusement entretenue sur la scène, les miroirs à l'arrière réfléchissant et les spots envoyés dans les visages du public. Cela crée des monochromies se succédant titre après titre.
Du point de vue esthétique, la récente substitution de Chris Catalyst par l'Australien Dylan Smith – inaugurée au Hellfest – est une vraie réussite. Aux chemises à petites fleurs de mauvais aloi ont succédé un grand viking blond et musculeux qui donne une apparence ultra Metal, beaucoup plus cohérente avec l'esprit profond du projet d'Eldritch de se prendre pour Iggy ou Lemmy avec une pointe d'autodérision bien anglaise, et pas du tout pour un inventeur du Rock Gothique. Quand la recrue croise les bras au bord de la scène pour laisser l'autre guitariste Ben Christo envoyer le solo ouvrant le mégatube "Alice", c'est visuellement du grand art. Bien que relativement jeune et le paraissant plus encore, Christo est depuis longtemps dans le groupe et se chargeait de l'essentiel des passages en notes claires, particulièrement valorisés par le mixage de ce soir, ou d'assurer aussi le solo originel au saxo de "Dominion".
L'émoi du public avait encore grimpé d'un cran avec le titre précédent, le premier puisé dans les morceaux vraiment anciens. L'excitation procurée par un concert rare et longtemps désiré pour beaucoup, plus l'ego très sensible de bien des amateurs de vieux gothique, ont parfois des conséquences curieuses comme ce vieux fan qui a passé presque tout le concert devant les bras levés ou la bagarre qui éclata à côté de moi entre un spectateur expansif et un autre plus posé. Au milieu, une fosse s'agita pas mal bien que quelques spectatrices restaient pourtant à proximité confortablement installées sur les épaules de conjoints dévoués.
À défaut de les publier sur album, Eldritch a un panier de titres écrits postérieurement depuis trente ans, qu'il donne en concert aussi facilement que les incontournables. Les fidèles les connaissent tous plus moins, certains étant quasi systématiques comme "Crash and Burn" joué très tôt dans le set. L'instrumental "Kickline" ou le cristallin "Better Reptile" sont par contre bien plus rares.
Plutôt bien en voix ce soir, Andrew Taylor (son vrai nom) alternait comme toujours le marmonnement sépulcral de ses textes, confinant parfois au chuchotement avec des cris désespérés. La beauté de paroles exigeantes autour de thèmes pourtant aussi banaux que les femmes, les drogues et la déprime est pour beaucoup dans l'attachement de ses admirateurs, et l'esprit de célébration s'entendait évidemment dans la reprise quasi permanente des refrains comme de la plupart des couplets par l'assistance. Le patron a un charisme à nul autre pareil, fait d'incessants retraits au fond de la scène, de poses sarcastiques et de penchements de son crâne parfaitement chauve vers les premiers rangs, surgissant du brouillard constant et du halo électrique. Ses interventions sont rares et brèves entre des titres souvent enchaînés de toute façon, ou acclamés si forts qu'on l'entendrait bien mal. Tout cela forme en fait une cohérence savamment orchestrée depuis les origines sur tous les points afin de préserver absolument le caractère définitivement insaisissable et totalement maîtrisé d'un groupe conçu en autocratie. Les alternances entre hurlements et murmures, la brume qui dissimule et l'éblouissement répété, les ray-bans empêchant de lire les regards, les interviews en vrille et le refus de retourner en studio, le chant avec une cigarette aux doigts, ce sweat shirt fatigué pour monter sur scène alors qu'on est une icône vivante, ces rares aphorismes arrogants entre deux titres parfois… tout converge pour dégager cet esthétisme intriguant, racé et impénétrable, parfois paradoxal, que n'importe quel gothique rêve d'atteindre à son tour. Voilà au fond le cœur du malentendu sur lequel prospèrent complaisamment les Sisters.
Au bout de ces impressions rythmées par l'enchaînement des grands classiques et des inédits, setlist prit un détour inattendu vers deux titres plus apaisés de l'ultime album, puis nous déboulions sur le morceau marquant traditionnellement la fin du set principal, l'imparable, onirique et majestueux "Flood II" qui me bouleverse toujours malgré le temps, trahi par un frisson du plus profond de l'épine dorsale dès que les premières notes de basse le laissaient reconnaître.
Déjà que la France fut rarement honorée par son passage, Eldritch imposait généralement comme peine accessoire de filer au bout d'une heure sans rappel. Mais ce soir restera historique : après une longue clameur tenace et aimante, les quatre sœurs de la Merci regagnèrent l'estrade pour donner le même supplément d'incontournables qu'aux autres pays, bien qu'en versions raccourcies à commencer par le brillant et sarcastique "Lucretia", son riff basique et sa ligne de basse obsédante, repris à pleins poumons par une assemblée qui ne cessa plus de tout chanter jusqu'au terme du set. Signe d'adoucissement avec l'âge, Eldritch montrait même publiquement de l'affection envers son vieux domestique Christo. Ce final franchement physique déboucha enfin sur l'obligatoire et fédérateur "This Corrosion", parodie acerbe à l'encontre de ce pauvre Hussey envers qui la rancune semble éternelle. Un solennel salut devant un parterre nourri de fans comblés scella une rencontre mettant décidément à bas  bien des anciennes mauvaises coutumes.

More/ Ribbons/ Crash & Burn/ Dr Jeep-Detonation Boulevard/ No Time to Cry/ Alice/ Show Me/ Dominion-Mother Russia/ Marian/ Better Reptile/ First & Last & Always/ Kickline/ Something Fast/ I Was Wrong/ Flood II
Lucretia My Reflection/ Vision Thing/ Temple of Love/ This Corrosion.

Je ne me suis pas pressé pour rallier la place de la république puis mon hébergement sous une petite pluie de circonstance sur les lumières des boulevards. Il y a des concerts, comme ça, dont on veut prolonger les impressions une fois qu'ils sont achevés.

Wayne Hussey Ashton Nyte TAF Saint Jean de Védas 30 septembre 2019

Pour tout fan, la scission d'un groupe est un vrai problème intime, auquel il répond au cas par cas. Et cela n'y change rien que ces ruptures soient arrivées bien avant qu'il ne découvre les combos concernés. Dans le cas des Sisters of Mercy, l'expulsion de Wayne Hussey et Craig Adams était survenue quand j'en étais encore aux comptines ! Bien plus tard, j'ai éprouvé un temps une préférence pour The Mission, ses nombreux tubes immédiats et puissants, ses paroles faciles, par rapport au répertoire plus succinct et plus exigeant d'Eldritch. Bien que dans la durée le rapport finit par s'inverser définitivement, je n'allais pas rester indifférent au passage en ville d'une date acoustique du père Hussey en solo qui privilégie à présent ce format, afin de labourer le continent sur des tournées interminables sans se fatiguer.

Comme d'habitude je ne parvins pas à rallier la Secret Place à l'avance et le premier invité, ASTER ET EDGAR, avait déjà entamé son récital. Ce groupe local est en fait le projet musical de Jérémie Sauvage, auteur de la biographie de Wayne Hussey chez Camion Blanc qui se trouve être Montpelliérain. C'est simplement un duo où il joue de la guitare pour accompagner une collègue chanteuse, dans un registre de chansons Pop-Rock avec des textes en français. Le chant était correct sans plus, la guitare sèche maîtrisée sans faire de folies et les paroles relevaient d'une poésie sans prétentions, joyeuse et accessible. Les deux derniers morceaux passaient à l'électrique sans que cela ne change rien de fondamental. L'assistance applaudit aimablement quand il le fallait.

Le public n'était pas très nombreux, majoritairement venu en couple et personne ne devait avoir moins de trente-cinq ans ce qui est assez dommage. Mais c'était surtout de vrais fans de The Mission, venus parfois d'assez loin.

Venait ensuite ASHTON NYTE, également en tournée acoustique solitaire sans son groupe. The Awakening est le groupe phare de la scène Goth-Rock Sud-Africaine (même s'ils ont émigré aux États-Unis depuis un moment), suffisamment solide pour s'être hissé au niveau international. On comprenait vite pourquoi : sa voix sépulcrale est magnifique à écœurer bien des vocations. Assis sur son siège à côté d'une serviette et d'un bouchon gobelet de thermos de café, il déroula un mélange de versions acoustiques de titres de son groupe ou piochés dans sa carrière solo, qui est tout aussi fournie. Sous un éclairage étonnamment travaillé, il jouait avec finesse et intensité des compositions dont la structure beaucoup plus Rock ressortait très bien. On aurait dit du Nick Cave croisé avec le Bowie le plus sombre. Avec son anglais tout à fait compréhensible, Ashton commentait entre chaque titre avec un humour pince-sans-rire assez prononcé par lequel il cibla le grincement exaspérant de la porte du cagadou de la petite salle, qui faisait presque autant de bruit que sa musique. La seule reprise était celle de Simon & Garfunkel "The Sound of Silence" qui permit jadis à The Awakening de se faire connaître, et qui est effectivement assez remarquable, légèrement réarrangée et réappropriée avec totale sincérité. Avec des compositions originales convaincantes (et débarrassées des synthés un peu kitch des versions électriques) et parfaitement dans le ton de la soirée, Ashton Nyte remporta un succès d'estime amplement justifié auprès des présents, alors qu'il quitta la scène quelque peu agacé par le chuintement languissant de cette foutue porte.

WAYNE HUSSEY se présenta enfin, guidé par son jeune assistant qui s'assit au fond de la scène où il demeura tout le long du set à regarder attentivement le maître. Avec son chapeau, ses inamovibles lunettes noires, la chemise ouverte sur les fanons de son cou, ses cheveux blancs trop fatigués pour être longs et sa barbiche blanche, il accuse le poids des ans de prime abord. Cela se fera vite oublier par la qualité inusable de son chant, perché entre ceux de Ian Astbury et de Bono, qui n'a rien perdu de sa force ni de sa pureté. Assis lui aussi pour commencer au piano synthé (arborant la bannière du Liverpool FC), le père Hussey fit alterner des morceaux choisis entre reprises – pas toujours identifiées – de Rock classique, et de titres de la Mission aisément identifiables sous cette interprétation apaisée et notamment au début avec "Naked and Savage". Ses doigts fins appuyaient à peine sur les touches. L'assistance s'était rapprochée cette fois tout au bord de la scène, serrée et en communion.
Passant ensuite au centre et à la guitare, Hussey poursuivit son parcours semé d'emprunts. Avec cet autre instrument, on retrouvait plus franchement cette trame épique et féerique si propre à son groupe, mieux encore quand il tirait de sa petite console (surmontée d'une peluche du Liverpool FC !) des rythmes et arrangements préenregistrés, par exemple en ressortant "God is a Bullet". Par moment l'inspiration de Led Zeppelin ressortait clairement. L'excessive facilité de certaines paroles, cependant, restera à jamais un point faible par rapport à d'autres meneurs du mouvement, même si elles ont contribué à créer l'univers particulier de son groupe. "Like a Child Again", classique joyeux et incontournable, l'illustrait bien et permit une première fois au public de faire les chœurs… et à quelques ravis de gâcher le plaisir des autres en faisant des trilles bruyants sur les breaks les plus fins. "Garden of Delight", dans une version plus proche de la seconde au violon, était magnifique. Assis sur un siège, il semblait pourtant avoir du mal à s'y contenir tant il croit en sa musique.
L'aménité du patron est bien connue, il n'y avait qu'à l'entendre s'excuser de boire du cabernet sauvignon chilien en France pour s'en convaincre. Cela pouvait être nécessaire pour supporter le brouhaha de quelques personnes préférant commenter en continu ou blaguasser entre eux à voix assez forte pour couvrir la musique… Je sais depuis longtemps que le public gothique (au sens large) est moins respectueux pour cela que le Métalleux, et cela est hélas encore vrai. Hélas, l'unique remarque de l'artiste à leur intention était tellement calme et ciselée qu'elle ne porta pas au-delà des premiers rangs qui en souffraient autant que lui.
Pour la dernière longueur l'ex Dead or Alive revint au synthé. On reconnut sans peine cette fois une remarquable appropriation de "Hurt" de NIN. "Butterfly on a Wheel" occasionna une nouvelle salve de chœurs, délicatement corrigés par Hussey pour que nous reprenions le refrain final avec la légère variation de texte qui le distingue. Sans rappel, Wayne Hussey repartit sous les acclamations et s'acheva ainsi un réel moment de grâce.

Après un coup d'œil par principe au stand, je m'en allai assez vite malgré l'exquise suavité de la dernière nuit encore estivale, en accord avec le spectacle terminé. La transition avec le prochain concert au programme sera tout autant idéale, voire parfaite. Vous verrez.