Bienvenue sur mon blog relatant mes impressions et souvenirs de concerts depuis 2004.

Vous pouvez retrouver les nouvelles publications en avant-première sur metalnews.fr (avec des illustrations).

Ne vous contentez pas de regarder les titres des dernières publications !

Servez-vous du moteur de recherche interne en haut à gauche de la page pour rechercher dans les publications plus anciennes du blog un groupe en particulier, une salle, des groupes qui m'ont paru ressembler à vos favoris... il y a matière.

Les intitulés ne mentionnent pas forcément tous les groupes qui ont fait tel concert, je privilégie les têtes d'affiche. Utilisez là encore le moteur de recherche.

mercredi 31 août 2016

Front 242 Bikini Toulouse 29 janvier 2009

Il fallut attendre une grande affiche pour ouvrir enfin l'année 2009, après avoir dû sacrifier Misery Index pour cause d'exam'. Encore une fois en peu de temps, il fallut aussi se déplacer à Toulouse mais c'était la première fois que je mettais les pieds au nouveau Bikini après tant d'années. C'est à présent une grande salle moderne à l'entrée est de l'agglomération (près du Canal du Midi) qui sent encore le neuf, avec vaste parking, vestiaire, bar extérieur, restaurant orné de dessins originaux de Vuillemin et Margerin, autour d'une grande salle principale surplombée d'une grande mezzanine.

Le public était très nombreux, une assemblée franchement trentenaire voire souvent plus, avec pas mal d'étrangers dans le tas. D'autres étaient venus de loin comme moi car depuis que Front 242 ne fait plus de tournées, chaque concert est un événement. Mais hélas, une partie de l'assistance s'est montrée assez peu concernée, certains ont chambré à voix haute pendant toute la première partie avec des blagues du niveau de Pépé qui fait la queue chez le boulanger. D'autres étaient visiblement plus venus pour parler et boire des demis. Une minorité certes, mais pénible (j'aurais peut-être dû aller plus devant, aussi). Y'avait quelques rares gueules de metalleux disséminées (comme avec Depeche Mode).

La soirée commençait avec l'un des multiples projets auxquels s'est intéressé l'un des membres du groupe, Patrick Codenys. LA ZAMPA est un duo de danseurs contemporains pour lesquels il s'occupe de l'accompagnement musical, qui nous a proposé son spectacle "La Tombe du plongeur". Je partais avec un a priori car je ne suis guère amateur de cet art et ça partait mal avec ce début violent à la Costes. Mais le surréalisme a pris le dessus dans une performance physique et parfois touchante au cours de laquelle les deux danseurs sont restés nus presque tout le temps. Dans un jeu d'ombre et de lumières très travaillé et enrichi par la présence fréquente d'un assistant, des projections murales et aussi par un amas de télévisions posées sur le côté de la scène. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris mais j'ai ressenti un certain plaisir à suivre cette histoire d'amour, de souffrance et de désir. Il y avait une intensité plus grande lors des scènes interprétées à deux, y compris ce final qui confirmait les sens contenus par l'ensemble. C'était original et plus intéressant que ces performances SM où la scène moderne se fourvoie prétentieusement parfois.

Laissez-moi vous présenter FRONT 242 le temps que les assistants de la salle installent les deux synthés et la batterie. Très réputé pour ses sorties live depuis presque trente ans, cette institution de la scène alternative belge et de l'Electro a acquis une large reconnaissance internationale en tant que co-fondateur de l'EBM, portant haut l'ambition d'une musique dansante d'inspiration strictement européenne et continentale, sans références aux musiques d'inspiration africaine ou anglo-saxonnes, toujours binaire. En plus de cela, le groupe a pris le risque d'évoluer ensuite vers les autres styles d'Electro et d'Ambient en suivant de loin l'évolution générale de la mode ou de se consacrer aussi à beaucoup d'autres projets parfois fort éloignés (Revolting Cocks, 32Crash notamment). Cette attitude leur a valu de devenir une référence de choix dans le milieu musical en plus d'être vénérés comme des pères par la scène EBM ; ils ont tourné avec Ministry, Alice in Chains et Depeche Mode par exemple, et U2 les a cité comme influence (!). Dernier détail : le jeune batteur sur la scène est un pigiste, le véritable quatrième membre (Daniel B., vrai fondateur du projet) est toujours à la table de mixage pendant les concerts. Remarquons avant que les lumières ne s'éteignent que le matériel est de l'analogique classique. La tendance actuelle dans l'Electro étant de revenir à ces moyens basiques, le quartet a décidé de suivre le mouvement en remettant à l'honneur à cette occasion leur ancien répertoire créé naguère avec un matos de ce type.

Le set débuta avec la descente introductive de "Happiness", dans sa version du récent live "Moments 1". Front 242 se présentait avec un son énorme, puissant et parfaitement clair (boules quiès inutiles) qui annonçait aussi par là un programme dans la droite lignée de ce live de reformation qui remettait à l'honneur le vieux répertoire purement EBM. Un large mur d'images a été aussi utilisé surtout pour les titres anciens, assez sobre, homogène et un peu rétro. Pour les quelques autres, plus lents, que l'on retrouve dans "Moments 1" et qui apparaîtront normalement dans un prochain album, c'était plutôt les effets de lumière qui jouaient. Le chant était naturellement soit alterné entre Jean-Luc De Meyer et Richard 23, soit en duo. Patrick Codenys enfin n'a pas quitté son clavier. Les lunettes noires étaient évidemment de rigueur !
La set list a été donc très semblable à celle de "Moments 1", dans un ordre différent et légèrement raccourci. "Take One" irrésistible, "Funkhadafi", "Religion" qui s'impose dans le tas malgré son appartenance à la période plus synthétique, "Commando Mix", "Welcome to Paradise" connu par cœur du public, "Im Rhythmus Bleiben" (rebaptisé pour l'occasion "Restez en rythme"), "Body to Body" ont été entrelardés comme je disais par d'autres plus récents, généralement chantés par Jean-Luc De Meyer. Les grands classiques retrouvent leur nature grâce au retour de l'analogique mais bénéficient aussi des améliorations offertes par le progrès dans ce domaine depuis le début des années 80, ce qui justifie largement ce choix artistique. Quant aux nouveaux titres ils remportèrent un moindre succès bien qu'ils s'inscrivent dans ces sonorités vintage, sans doute parce qu'ils sont plus simples. Ils permettaient de souffler. Il le fallait bien car comme ils en plaisantaient, on n'a plus l'âge. Il est drôle de les voir se bouger façon poupée mécanique, mais c'est l'origine de la danse pratiquée dans les clubs d'Electro Gothique. Beaucoup de gens dans le public – et votre serviteur ne se sont d'ailleurs pas gênés, je suis même surpris que tant de spectateurs soient restés amorphes.
La communication fut parfois brouillée par la réverbération, sans importance. L'essentiel était dans l'efficacité inusable des grands classiques. D'ailleurs, "Quite Unusual" s'est aussi glissé alors que ce morceau incontournable est écarté de "Moments 1", faisant un bel effet d'invité surprise. "Headhunter", repris largement par la foule les bras en l'air à compter de un à quatre selon le refrain, venait enfin annoncer la fin de la fête… prolongée par un rappel ouvert avec "Kampfbereit" auquel a été inclus un passage du "Radioactivity" de Kraftwerk et une strophe en français, "Until Death – us do part" et l'inévitable "Punish your Machine" en ultime final comme il se doit.

Le groupe gère lui-même son stand, et il est exceptionnel qu'un groupe aussi ancien et influent soit aussi accessible, passant du temps avec ses fans avec un plaisir plus sincère que, pour comparer, le gros groupe de Metal américain moyen… Que non pas, ils sont adorables comme le sont les Belges. Une référence à tout point de vue, décidément, et une soirée dont on se souviendra.

Daniel Bressanutti : production, remixage, programmation, mixage live
Patrick Codenys : production, remixage, programmation, claviers, samplers
Jean-Luc De Meyer : paroles, chant
Richard Jonckheere : percussions, chant, paroles, samplers

Gojira Trepalium Rockstore Montpellier 6 février 2009

Quand un groupe dont on est fan dans sa ville, on est heureux. Mais quand c'est deux, on est aux anges ! Et d'ailleurs ce cher Rockstore était blindé comme rarement, une vraie boîte de conserve. On a pu retrouver pas mal d'amis parmi cette foule variée, allant de l'écolier (qui boit de l'eau) avec Maman (qui boit un demi) au vieux routard des concerts qui a tout vu depuis Tigers of Pan Tang à la salle des fêtes de Caussiniojouls en 1979.

TREPALIUM a commencé tôt, alors que l'ouverture précoce faisait croire qu'on avait rajouté un groupe local. Mais cela a permis aux Poitevins de donner un set long, très axé sur le nouvel album. Le public était donc plus invité à la découverte qu'à profiter des rares titres plus anciens, ce qui ne nous a pas empêché de chalouper sur leur Death groovy aux passages jazzy encore plus présents qu'avant. Trepalium a progressé sans beaucoup changer, les nouveaux morceaux sont moins directs et vraiment composés. Ils ont même pu poser des titres lents et assez instrumentaux sans faire décrocher le public. L'ambition musicale était payante. Ce sont des groupes de ce genre qui font avancer les choses.
Le seul défaut venait à mon avis du son qui était pire qu'à Vitrolles il y a trois ans, à cause d'une mauvaise balance de guitares. En rythmique, on aurait juré qu'il n'y en avait qu'une seule ! C'était dommage par rapport à une rythmique impeccable (une fois qu'on avait poussé la batterie). Le chant de Kéké faisait un peu yaourt au début, mais c'était moins grave. Il a toujours son jeu de scène arrogant comme on l'aime, qui rappelle celui de Stéphane Buriez à l'époque. Kéké s'est même payé un slam jusqu'au fond de la salle à la fin du set (je l'ai porté !), et annonçait Gojira d'un ultime bon cri avant de partir. J'y ai vu le signe d'une amitié et d'une confiance beaucoup plus sincères que toutes les dédicaces de forme que font tous les groupes de première partie aux têtes d'affiche.

C'était la sixième fois que je voyais GOJIRA, qui entrait sous la clameur et les yeux des Trepalium affalés au balcon en haut. Jean-Michel portait un t-shirt "Beneath the Massacre" (drôle d'idée) et Joe un autre floqué… "Godzilla" ! Dès "Oroborus" ils ont bénéficié d'un son bien meilleur, qui a transcendé les compos du dernier album en leur insufflant l'esprit de "The Link Alive". Il était même si bon que j'ai pu me passer de protections auditives une partie du temps. Quoi qu'on pense des albums, Gojira reste une tuerie garantie sur scène. Il y a eu quelques stages-divers vite renvoyés à la fosse.
Vous connaissez la setlist, qui exclut bizarrement le deuxième album tout en laissant une bonne place au troisième, ce qui a donné un côté bien massif avec des interprétations dantesques de "Backbone", "Flying Whales" dédicacé aux Trepalium et "From the Sky". Le mur d'images a été ouvert avec le clip de "Love", premier extrait du premier album. Mais dans l'ensemble il a été sobre avec surtout des photos statiques.
Joe a géré lui-même son vocoder pour "A Sight to Behold" à l'intro intelligemment rallongée ; celle de "The Art of Dying" fit aussi son effet en replongeant dans l'esprit de "Terra Incognita".
En me déplaçant j'ai pu bien profiter du jeu des uns et des autres. Mario est vraiment un batteur impressionnant de puissance et de précision, il nous a gratifié d'un solo. Le jeu de basse énergique mais tout aussi précis de Jean-Michel est pour beaucoup dans la fluidité, la chaleur que Gojira dégage en concert. D'autant que leur générosité n'est toujours pas démentie malgré les années et le succès.
Le jeune groupe culte d'antan est devenu un monstre aujourd'hui. Mais ils savent d'où ils viennent. Ainsi Joe nous a rappelé leur premier passage dans cette salle avec Immortal du temps de Godzilla, avant de donner "The Way of All Flesh" en dernier titre. Pour la peine, il fut illustré d'un dessin animé aux changements de forme bizarres, avec le même graphisme en ombres que celui du récent clip.
"Terra Inc." a enfin ouvert un rappel bref mais suffisant, car l'assistance était épuisée. Mario se paya à son tour un slam, non complet cette fois, tandis que ses compères saluaient.

Ce tour dense et triomphal qui quadrille la France nous remet comme à l'époque en drainant un monde pas possible. C'est l'occasion rêvée pour Trepalium de se faire mieux connaître – et ils étaient à la hauteur du pari. Et Gojira demeure plus immense que jamais sur scène. J'espère qu'il y aura un album live (pas forcément fait en France, je comprendrais) parce que les titres de "The Way of All Flesh" s'améliorent sur scène avec un son plus habituel chez Gojira.
Comme quoi le Death Metal peut très bien se renouveler et obtenir un énorme succès quand quelques-uns ont le courage d'en repousser les limites établies. Nous avons beaucoup de chance, ça se passe chez nous.

À noter enfin que le Rockstore, qui se focalise maintenant sur les affiches rentables, a changé ses bières (quitte à grimper les prix mais je préfère encore ça). J'ai même ramené mon fonds de Maredsous à la maison pour rédiger le brouillon du texte que vous lisez maintenant !

Kronos TAF Saint Jean de Védas 17 février 2009

La chambrée était moyenne à la Secret Place pour la venue des Lorrains, trente ou quarante chevelus. La cause en serait l'affichage qui a été paraît-il déchiré systématiquement partout où il a été mis en ville. Ce qui explique que je n'ai rien vu ces derniers jours, heureusement qu'il y a eu une petite diffusion sur Internet. Par ailleurs je ne sais pas dans quelle mesure j'ai aidé à la tenue du concert, j'avais envoyé par MP sur ce forum l'adresse de la salle mais il semble qu'une orga' soit aussi intervenue. L'important est surtout qu'il a pu avoir lieu et cette mobilisation était déjà l'indice que le public était peut-être clairsemé, mais motivé !

HELLHOUNDS a ouvert les hostilités assez tardivement. C'est un quartet à deux guitares aux dégaines métalleuses mais peu typées, et on s'était rendu compte qu'on se connaissait un peu avec le bassiste. Le chant est assuré par le batteur et le (grand) deuxième guitariste. Commençant dans l'obscurité et la fumée, ils ont donné d'abord un Death old-school à la Autopsy, Morgoth et Asphyx, avec ces riffs Doomy… ce qui m'a beaucoup plu. Le batteur, n'ayant pas de blasts à faire, se tirait bien de ses parties de chant. Le groupe joue bien ensemble, même si le style n'est pas hyper compliqué instrumentalement. Peu à peu se révéla une facette plus franchement Stoner, d'abord avec les solos de guitare, qui faisaient plus Electric Wizard et compagnie que les groupes précités. Cette tendance s'est confirmée avec deux titres plus longs dont un instrumental. C'est toujours efficace mais dans un autre style. Bref, c'était une musique simple mais bien faite. Le set fut assez long (plus d'une demi-heure), sa seule vraie faiblesse fut sur la communication qui gagnerait à être plus constructive. Reste à voir aussi comment ça va évoluer entre vieux Death et Stoner, mais y'a déjà bon.


MORGILIATH s'est ensuite présenté comme un autre quartet, bien plus jeune, qui font du Black avec une seule guitare mais avec les bracelets cloutés, les warpaints et le batteur vêtu d'une blouse blanche médicale et d'un masque hygiénique. Il s'agit évidemment de Black, je dirais du Black lycéen pour donner une impression juste. Leur répertoire fut pas mal exécuté. Il ne dégageait aucune originalité à mon sens mais comme c'était fait avec une bonne mesure entre retenue et conviction dans un premier temps, ni aucune longueur, cela passait pas mal même pour quelqu'un qui n'est pas trop branché Black. L'erreur fut plutôt de donner des intitulés provisoires débiles aux morceaux (qui ne sont pas encore disponibles, il faut croire), cela entama subitement la crédibilité que ces jeunes pousses arrivaient à toucher jusque là. Cette mauvaise pente s'est hélas affirmée avec un petit titre parodique en final, qui faisait terminer sur une note à la Ultravomit nuisible à l'impression globale. Cette attitude est fréquente chez beaucoup de jeunes groupes qui se lancent dans le Metal extrême. Mais je conseillerais de prendre confiance en leur potentiel – car ça jouait honnêtement – et de laisser tomber au plus vite ce genre de choses s'ils souhaitent franchir le stade de jouer devant les copains. Preuve du mélange entre réussite et maladresse, ils ont obtenu le premier pogo de la soirée alors qu'une bonne partie du public était ressortie à mesure.

Enfin les KRONOS se sont longuement installés avec leur propre matériel, et ont pris un autre bon moment pour faire leurs balances, se montrant à la limite maniaques du son et des retours… Mais c'était peut-être une exigence nécessaire pour un set aussi bon que ce qu'il fut. Le son des guitares était un peu moins propre que sur le dernier album, je me suis demandé s'il n'y avait pas non plus une question d'accordage, je sais pas. La set list était équilibrée tout en privilégiant logiquement "The Hellenic Terror". C'est vraiment un Death brutal titanesque, de tradition, très pro. Ce répertoire gagne encore en puissance en live là où d'autres formations sous la même étiquette laissent froid. Les spectateurs se sont complètement lâchés en pogos et slams sous les harangues de Kristof qui s'est réjoui de découvrir cette vertu du public local. Tom le bassiste, qui pose souvent des paroles lui aussi, se contorsionne autour de son instrument dont il aime lécher le manche… Par rapport aux albums, l'intérêt de ce concert fut aussi de mieux profiter de la dimension technique de leur musique, avec une interprétation parfaite malgré un ou deux solos rattrapés par les poils (du centaure). L'expérience de scène accumulée dans d'autres contrées est sensible, dans cet alliage digne d'Héphaïstos entre souplesse et force. Avec un petit rappel, on finissait avec le vieil "Outrance" ; c'était tard mais cela valait le coup. Dans un style plus extrême que Gojira, eux aussi méritent d'aller encore beaucoup plus loin, par exemple en faisant la première partie d'un gros classique sur une bonne tournée. Ils ont clairement les moyens de relever ce pari. Et comme certains le leur demandaient, qu'ils reviennent vite !

Obszon Geschopf Muckrackers TAF Saint Jean de Védas 6 mars 2009

Le Drink, Fuck and Die ! fest est un festival organisé par l'association Metal Command à laquelle nous devons déjà tant de bons concerts. Il était organisé sur un week-end avec une première soirée orientée Indus (c'est celle que je vais relater) et l'autre Black Metal (sans moi). L'affluence était moyennement fournie mais variée, on y retrouvait quelques bonnes vieilles connaissances.

Je suis arrivé juste à temps pour voir commencer HORSE GIVES BIRTH TO FLY.  Il n'est pas facile d'être objectif avec le groupe de gens que je connais un peu, mais mis à part cela j'aime vraiment ce qu'ils font. Tout en brassant beaucoup d'autres influences, ce trio d'ici se focalise sur l'Industriel. Non pas le Metal ou le Rock-Indus à la Ministry ou NIN, mais ce qu'est vraiment l'Indus, la vraie, dans le droit fil d'Einsturzende Neubauten et Throbbing Gristle, voire Young Gods de plus loin. C'est donc une musique à la fois exigeante, accessible et captivante, toute en épaisseurs accumulées et retirées selon les enchaînements. Après un commencement très progressif, les titres se suivent sans rupture. Il faut se laisser porter par cette succession et se refaire un "Eraserhead" cérébral, alors que le corps n'est pas absent tant la lente et puissante vibration dégagée par le groupe se ressent aussi physiquement. Enfin, HGBTF est intéressant à regarder dans son jeu instrumental assez typique de l'Industriel mais pour autant très varié. La tôle frottée, le gong, les caisses, la feuille métallique agitée, la vocalise maîtrisée, le larsen, la basse martyrisée sur le sol, le manche de guitare tapoté, l'archet artisanal, la tige coincée entre les cordes, tout cela se croise au long du set. La préparation lente des instruments qui vont venir pendant qu'un autre se retire entretient la curiosité visuelle, on se projette déjà dans ce qui va suivre. Mais les trips ont une fin et le set se termine au bout d'une demi-heure avec un dernier titre plus distinct, plus bref avec une guitare saturée qui sonnait à la Sonic Youth.
Allez faire un tour sur leur myspace pour essayer par vous-mêmes, cela peut aussi être l'occasion de s'ouvrir à une scène qui touche elle aussi, à mon sens, à une sorte de limite indépassable de la musique.

Bien qu'ajoutant un grand drap pour son mur d'images, LITH est en fait un projet solo qui se contente d'une console. Cela s'inscrit dans une Electro Indus très dure et sèche, complètement axée sur le rythme et sans paroles. À l'instar du reste du public, j'ai accueilli fraîchement tout d'abord un set entamé par un titre encore entre deux avant de me laisser faire par des boucles plus rapides. Au bout d'un moment, une parenté forte mais évidente m'est venue en tête : Dulce Liquido ! En fait, cela sonne beaucoup comme ce projet parallèle d'Hocico. Noir, oppressant et lourd, les baffles martèlent les beats purs qui varient suffisamment pour garder l'intérêt de l'auditoire pliant des genoux en cadence. Pendant ce temps, la projection murale montrait aussi des boucles d'images traitant successivement de la pollution, l'expérimentation animale, la guerre, le totalitarisme, l'industrie pétrolière… Classique mais cohérent.

MUCKRACKERS ensuite se présenta comme un duo à concept, dont un membre a pas mal traîné par VS à une époque, je crois. Les deux hommes se présentèrent en cagoule et en combinaison de travail, l'un à la basse l'autre à la guitare. Tandis qu'un chant ouvrier s'élève et que le mur d'images déroule cette fois des images de la révolte minière, ils se tiennent longuement le poing levé. Comme on le sait, Muckrackers célèbre la mémoire de la contestation sociale issue de la crise fatale à la sidérurgie lorraine à la fin des années 70 (en y rattachant d'autres catastrophes socialo-industrielles de la même époque). Du point de vue musical, il s'agit d'un Punk-Metal-Indus agressif et revendicatif, bourré de samples, structuré également en boucles solidifiées par des riffs puissants et légèrement distordus. Le concept est à la fois une force et une restriction pour rentrer dedans. L'ambiance n'est pas à la rêverie, les samples et les projections racontent inlassablement l'injustice de la crise, la misère grandissante, la dureté du travail, la dignité des laissés pour compte et l'attachement à la mine et à l'usine, sans autre issue que la révolte. J'avoue que je me suis lassé au bout d'un moment dans ce set long (une heure, je pense) et je suis sorti. Car si les titres sont clairement efficaces grâce à la sincérité du projet, ceux-ci restent basiques et ne servent finalement que de cadre d'expression. L'aspect politique prime en fait sur la musique conformément à l'esprit du Punk originel, c'est un choix délibéré. Si la musique elle-même n'est pas franchement inattendue, elle trouve sa solidité dans le concept et Muckrackers contribue à prouver la pérennité de styles datant de trente ans, comme le drame humain dont ils perpétuent la mémoire.

Je ne connaissais que de nom OBSZÖN GESCHÖPF, je croyais même que c'était aussi un projet solo ! C'est en fait un quartet Dunkerquois assez jeune qui revenait de tournée européenne. Le bon son et l'expérience du groupe se sentent pourtant. Musicalement, c'est de l'Electro Dark particulièrement lourde à la Laibach avec quelques ritournelles mélodiques et orchestrations façon Hocico ou X-Fusion, plombée de surcroît par une guitare et une basse qui rappellent plus die Krupps, voire Punish Yourself et White Zombie pour le petit côté cinéma décadent suggéré (sans même avoir besoin d'un mur d'images, en ce qui les concerne). Clairement, cela va chercher dans les basses pour faire chalouper les bassins selon des mid-tempos pesants et ça fonctionne sans problème. Le public a bien adhéré et même l'équipe de l'orga s'est lâchée en front de scène. Maîtrisant leur jeu avec conviction, ils ont pu faire un peu de show en se bougeant, en se crachant dessus (à la salive ou à l'eau). Les titres sont donc bien groovy si l'on peut oser ce terme, massifs et délayés répétitivement, plus conçus pour la scène et la danse que pour l'écoute attentive. La fin du set a souffert de problèmes de micro au chant, qui n'ont pas empêché une petite rallonge.

Fourbu, j'ai alors quitté le terrain d'une démonstration convaincante de la vitalité persistante du mouvement Electro-Indus, et de son implantation progressive loin de ses terres originaires.

HGBTF Animal Hospital Mojomatic 26 mars 2009

Un nouveau concert de l'association – fanzine Temples of Noise nous convoquait en ce bon vieux Mojomatic (ex Peanuts, ex Happy Jack, ex etc…), rassemblait une chambrée trop clairsemée à mon avis, à moins que ce soient quelques absences qui aient été remarquées. En fait de manquants, les Nîmois de DR BENWAY ne sont pas venus mais les horaires n'ont pas été bouleversés pour autant.

Je vous ai déjà parlé d'HORSE GIVES BIRTH TO FLY pas plus tard qu'au début du mois. La bête a donc attaqué avec un set différent d'il y a trois semaines, même si on reconnaissait bien sûr quelques morceaux. D'autres jeunes formations ne l'auraient pas fait. Ainsi était mieux mis en valeur l'aspect rituel avec les vocalises aigues sur certains passages, lentement posées de plus en plus fortement. Elles rejoignaient la lenteur recueillie et délayée de l'essentiel des morceaux et l'usage du gong. La base Industrielle laissait aussi place à un aspect plus Noise par une guitare un peu plus mise en avant (à moins que je n'y ai été tout simplement plus sensible). Autre trait caractéristique, le fait de jouer en enchaînement continu, perturbé par une corde de basse cassée… C'est le risque à vouloir utiliser une grande plaque en fer pour frapper son instrument ! Au lieu de pauses, les morceaux se présentent comme de vrais petits paysages sonores où les instruments se succèdent, se retirent, se superposent. L'avant-dernier titre souffrit d'un jeu un peu juste à la batterie sur l'avant-dernier titre. L'autre handicap fut le son, en deçà de la grande finesse des enregistrements studio (cf. le myspace) ; c'est souvent la règle du jeu en live et ça ne portait pas trop à conséquence sur le fond, mais dans une salle reconnue pour sa capacité à offrir des prod' excellentes on pouvait le regretter. Un petit rappel non prévu fut consenti, articulé autour d'une montée mélodique simple façon Post-Rock.

Malgré d'autres impératifs, j'ai pu voir une bonne partie du bref show d'ANIMAL HOSPITAL qui est un projet solo venu de Boston, incarné par un grand fluet, sa console et une guitare. Sa musique est une espèce de Post-Rock Ambient minimaliste, presque arythmique. Il pose quelques accords interminables, frisant le larsen sur de sobres effets dispensés par les machines, et donnant de temps en temps des vocalises aigues (lui aussi !). On cerne vite le propos de cette musique physiquement détendue mais demandant un peu de concentration à la tête afin de vous faire rentrer dans un autre genre de tableau sonore, peint à plus grands traits que la première partie. Essayant de communiquer avec son petit public, l'hôpital animalier gratifia d'un rappel assez long dans un set finalement court.

S.A.G.G. Phalanges Métalliques Up & Down 8 avril 2009

Heureusement, il n'y avait personne pour nous interdire l'entrée ce soir à la différence de samedi dernier… J'avais traîné un ami et nous avons fait une rencontre très improbable sur place. L'Up & Down est un petit bar assez récent de la rue du Pyla Saint Gely, qui s'est vite imposé avec l'un des choix de bières les plus impressionnants de la ville, c'est un vrai consulat de Belgique ! La minuscule cave qui accueille les concerts en bas doit faire quatre mètres de large au plus. En plus, il y avait beaucoup plus de monde qu'en octobre dernier. Laissons nos cervelles tremper dans un verre de bière trappiste et descendons-y.

Car la soirée avait enfin débuté avec les PHALANGES METALLIQUES, un quartet Punk Crusty ultra basique. Le chanteur beuglait et gargouillait en français derrière sa cagoule des paroles de collégien. Le son était abominablement mauvais, le groupe était à fond et quelques blagues bien grasses posaient déjà l'ambiance entre les morceaux et avec un public complice. L'encagoulé recourut à un papier pour les paroles de l'un des titres, l'autre était la gloire du bar… Et c'était bien logique car cela collait complètement à l'esprit des lieux.

SODOMIE AUX GROS GRAVIERS succéda rapidement. Cette fois, pas de vidéo (impossible dans cette cave !) et il valait mieux sans doute pour les nombreuses filles présentes… SAGG n'avait pas de bassiste et un son toujours aussi moisi mais dans le contexte et dans le genre, ce dernier point était presque un plaisir. Car cela reste un groupe de Porno Grind totalement sincère et crédible : malgré les défauts ça joue bien et notamment avec cet excellent batteur qui suffirait seul à convaincre.  Même quand il blaste sous un sombrero puis sous un casque. C'est du vrai GrindCore pur, pas du tout coupé au Death Metal, musicalement sans pitreries à part les samples d'intro qui étaient absents sur scène. On est donc beaucoup plus dans le délire Cliteater ou Depraved que Gronibard. D'autres ont"You Suffer" ou "Collateral Damage", SAGG a aussi son titre hyper bref à rejouer quatre fois de suite. Les deux chanteurs, desservis par le son, se sont renvoyés les blagues, dédicaçant ici un titre à Marc Dutroux (nous sommes presque en Belgique ici, rappelez-vous), annonçant plus tard le titre "Gang bang jésuite", distribuant au public les quatre ingrédients pour le traditionnel "Pain, saucisson, camembert et reblochon"  et faisant slammer une poupée gonflable de brebis. C'était du grand n'importe quoi. C'était grandiose.

Ne nous restait plus qu'à aller croquer un Big Mac sur la Comédie en regardant les cognes coffrer les passants à mesure…

God Damn Get Rich or Die TAF Saint Jean de Védas 25 avril 2009

Drôle de soirée à la Secret Place. En arrivant, une masse de lycéens et lycéennes attendait, avec quelques Papas et Mamans au milieu. En plus, beaucoup de filles discutaient entre elles en un anglais parfait... Quelques têtes de métalleux égarés surnageaient, comme pour dire qu'on ne s'était pourtant pas trompé d'adresse. Ayant découvert la tête d'affiche il y a quelques jours par les chroniques de VS, je me suis rué sur cette affiche qui tombait vraiment à pic après avoir examiné quelques titres très prometteurs.

HINDSIGHT était donc le groupe lycéen, trois garçons avec une chanteuse d'origine britannique (ne me demandez pas d'expliquer comment cela se fait). Ils font un Metal mélodique vaguement Atmosphérique, qui rappelle sans le savoir les Israéliens de Distorted. Le chant assez grave et chaud a dû être rééquilibré rapidement, sans jamais être à court de souffle ni jamais se planter, il n'était ni puissant ni articulé de reste. L'atout du groupe est de jouer bien pour leur âge. Le batteur est franchement bon, puissant (lui), sans plantage. La guitare alternait mélodies adolescentes en lead (vous voyez ce que je veux dire) et riffs efficaces, parfois bien sabbathiens. Ça roulait, de toute manière la bande des groupies hurlait dès qu'il se passait quelque chose et aussi pour relancer quand rien ne se passait… Ce n'était pas le groupe idéal par rapport à la suite, mais pour un groupe de ce niveau c'était étonnamment sympathique. Par contre le dernier titre partait dans le n'importe quoi entre accélération Skate Coreuse, chant en français et passage Reggae.
Comme on pouvait s'y attendre, les deux tiers du public ont disparu dès l'intermède.

Devant une salle brutalement vidée s'est lancé GET RICH OR DIE. C'est le groupe des ex-Cheinsow, qui occupe autant le terrain sur les scènes de la ville dans un style parfaitement semblable. Il s'agit toujours de Power Metal aux riffs trèèès basiques et résolument mid-tempo, entre PanterA, Pro-Pain et Hatebreed. La guitare sonne tout de même mieux que du temps de Cheinsow. Le riffing est efficace à défaut d'être inoubliable, quelques passages plus Stoner font une toute petite différence avec leur précédent groupe. Sylvain est toujours un très bon frontman dans le genre Phil Anselmo, lucide sur la situation du soir et jouant habilement sur le fait que les concerts-bide sont paradoxalement plus sympas. Après avoir provoqué un petit pogo, l'affaire étant entendue, ils ont raccourci leur set.

En fait, j'étais surtout venu pour GOD DAMN, au nom est emprunté à l'expression favorite de Rex Brown, dont l'album a été récemment louangé sur le site et dont le myspace m'avait fait excellente impression. Il s'agit d'un quintet lyonnais qui fait du Stoner Metal fortement teinté de Power Metal dans la droite lignée de Down. Après des balances assez longues, ils ont envoyé un répertoire impressionnant de talent, montrant une expérience certaine. Sans se chercher, ils jouent parfaitement ensemble ce qui leur donne une puissance groove assez fantastique et inattendue. Les titres sont variés, lourds dans un style sabbathien, suintant, visqueux. Cela sent le Bourbon et la moiteur du marais. Quelques solos de guitare, sans être démonstratifs, révèlent un authentique lead-guitariste jouant avec une sensibilité La ressemblance avec Down est criante mais c'est tellement bon que cela est plutôt une similitude revendiquée et honorée. Plaisantant avec aisance avec le pit (peut-être trop mais ils semblaient en connaître une partie), le chanteur a un timbre qui rappelle certes Phil Anselmo mais aussi les (défunts ?) dijonnais de Breakpoint. Une reprise entraînante de "Big Gun" vers la fin du set tombait à pic. Convaincu, j'ai acheté l'album en partant.

Après des années à traîner sur VS, j'y découvre encore des nouveaux groupes qui valent le coup. Merci à tous.

Kongh Stuntman Baloard Montpellier 19 mai 2009

Cela faisait quelque temps que je n'avais pas vu un concert d'Abel (Head Records), pas plus que je n'avais remis les pieds dans la cave du restaurant le Baloard. Crevé  mais présent, je constate que l'on va commencer en retard alors même qu'un groupe s'est rajouté, ce qui a motivé la présence d'une minorité bien visible de beumeux parmi une chambrée moyenne, assez amusante au milieu de cette bande de coreux qui se connaissent tous depuis beau temps (ces concerts sont aussi de vraies rencontres mondaines !).

C'était MORGUILLIATH qui était le groupe de Black invité et se présentait cette fois comme un trio à une seule guitare, toujours dépourvu de basse. Préférant une approche plus sérieuse que lors de l'ouverture de Kronos, les warpaints et les bracelets cloutés étaient de rigueur, tandis que le batteur avait un t-shirt à l'effigie de Bob Marley mal caché par un tablier de boucher… Le jeu était au niveau normal d'un nouveau groupe, le son prodigué par Abel impossible à équilibrer faute de basse mais correct à part ça. Mais le propos était hélas insuffisant. Derrière l'envie, les titres sont trop monotones, les quelques effets de riffs encore très pauvres et le chant dominant le son encore moins varié. Je suis bien vite allé m'asseoir.

STUNTMAN est le quartet Noise sétois que l'on voit régulièrement et que je connais un peu. Et ils ont progressé par rapport à la dernière fois que je les avais vu il y a un an. Ils ont gagné en puissance et en énergie grâce à un jeu plus carré, bien mixé avec basse qui tracte l'ensemble (Morguilliath, regardez bien !). Rodolphe a progressé au chant en gagnant du coffre et s'est jeté dans le public plusieurs fois. Après quelques titres méchants, l'ambiance est en partie retombée après que le chanteur se soit fait bien mal à la mâchoire contre quelqu'un. Et puis même si ça bouge beaucoup, on finit toujours par toucher le fond du concept au bout d'un moment jusqu'à ce qu'un bon plan vous rattrape. Avec cette approche plus similaire à celle d'Unsane que celle de Tantrum, on tient ceux qui pourront relever le – prestigieux – flambeau du Noise montpelliérain

Oh KONGH ! Enfin le dernier groupe à minuit presque! Ce trio suédois au Doom sombre. Avec un son puissant, à nouveau impeccable (un petit exploit dans la régularité quand on voit les lieux), ils ont balancé leur Doom sombre et sans fioritures, bien distinct du Funeral Doom (autrement dit à tendance Black) que je croyais. Selon les titres se dégageaient des ressemblances avec Electric Wizard ou Lair of the Minotaur et autres, alors que quelques passages tiraient presque sur le Post Core à la Cult of Luna, comme si la frontière n'était pas assez ténue ! Kongh a ainsi réussi à m'arracher à ma torpeur pour mieux en profiter. Ils jouent bien ensemble, la basse est aussi bien présente, le chant haineux est contrôlé, un court solo de batterie s'est placé dans un morceau. Il y a peut-être eu deux pains quand même. Après le final du dernier titre, déconstruit, allongé et marquant, j'ai filé aussitôt dans la nuit tiède. Cela avait valu le coup de tenir.

Machine Head Cabaret Aléatoire Marseille 17 juin 2009

Le Cabaret Aléatoire est une salle de taille classique située dans un immense ensemble de hangars et entrepôts désaffectés entre la voie ferrée arrivant à la gare Saint-Charles et le quartier de la Belle de Mai à Marseille. Cela faisait un peu penser à un concert dans un squat au moment où l'on y rentrait, avec l'ami Fabrice avec qui nous avons fait un bout de trajet ensemble. L'enfilade de vastes cours avant la salle offrait un semblant de fraîcheur bienvenu, pour toute la jolie chambrée présente (le concert était complet). Car il n'y avait pas de première partie finalement, et un merchandising pas donné.

La salle elle-même ne donne qu'une visibilité compliquée, avec tous ces piliers qui gênent ceux qui ne sont pas pile en face de la scène. Mais deux toiles de projection sont disposées sur la droite en regardant l'estrade, et l'on pouvait aussi suivre le concert avec une caméra unique en plongée, pour les malchanceux. Pour notre part nous étions franchement bien placés.

Après l'intro habituelle tirée de je ne sais pas quel film d'angoisse, peu à peu couverte par la foule acclamant "Machine fuckin' Head", le quartet d'Oakland entra tandis que la sono enchaînait avec les arpèges d'"Imperium". Remonté à bloc avec ce titre désormais classique et varié, le public répondit au poil à toutes les harangues de Robb Flynn toujours aussi jouasse de se produire. Avec l'énorme "Ten Ton Hammer", tout le monde était en nage, la salle devenait un vrai sauna. Le son, très fort, était néanmoins bien mixé et évitait quand même le brouillage typique d'un son beaucoup trop poussé. J'ai trouvé Robb un peu enroué au chant au début, mangeant quelques paroles, alors que ses sempiternels discours étaient par contre très compréhensibles.
Phil a assuré la majorité des solos de guitare et a passé beaucoup de temps à jouer de dos devant son batteur pour le regarder quand il jouait en rythmique, après avoir cassé une corde en début de set. Dave Mc Clain, que Robb a présenté quarante fois dans la soirée, jongle toujours avec ses baguettes et n'a donné qu'un petit pain ou deux sans conséquence. Les premiers titres ont été joués – et reçus – au taquet, avec notamment "Bulldozer" toujours très efficace enchaîné après son intro "Declaration", "Elegy" (que j'aime beaucoup) joué pour la première fois sur scène paraît-il. Le dernier album ne fut pas oublié avec trois titres dont "Slanderous" et plus tard dans le set "Halo", avec son refrain facile finalement accrocheur et un petit moment de délire sur le solo bien Heavy quand Robb se mit à coller des médiators sur les fronts dégoulinants d'Adam et Phil.
Vers le milieu du concert, la tension est un peu retombée avec une petite pause puis le premier slow, "The Burning Red" et sa montée mélancolique et ses vocalises finales simples mais si sincères. De plus, le choix de relancer avec un titre certes bourrin mais rare, "Seasons Withered", a fait que le public a moins réagi.
Apparemment toujours très en forme, Flynn a donc fait ses tirades habituelles que tous ceux qui ont déjà vu MH ou au moins vu le DVD connaissent. Il a rappelé le fameux concert de 1997, nous faisant taper des mains en cadence ou headbanguer sur ordre, jetant de l'eau et son verre plein dans le public, "santé" souhaitée à chaque verre, tout étant "awesome, Marseille !", qui a le dernier album, qui vient nous voir pour la première fois – bienvenue à vous… C'est rebattu mais il y met tant de passion que l'on veut bien y voir la sincérité de quelqu'un qui adore son boulot. Et la réactivité du public justifie cette façon de faire. Seul le coup des paroles à chanter avec lui n'a pas trop marché. Un petit Braveheart a été organisé sur "Struck a Nerve". Mais quand ils s'en allèrent pour la première fois au bout d'une bonne heure, le retour sur terre fut brutal. Il y eut bien un rappel, avec un beau "Descent the Shades of Night" dédié à tous ceux d'entre nous qui avons perdu un être cher et enfin un gros "Davidian" comme seul titre du premier album. Puis plus rien, à part les traditionnelles distributions de reliques aux fidèles (médiators et baguettes) et le tout aussi traditionnel extrait de "Gladiator" pour finir. La courte durée d'un set d'une heure vingt seulement, gâche un peu l'excellent moment que MH nous avait encore donné.
Faute d'avoir les trois titres de plus qui seraient largement passés même pour des trentenaires blasés et fatigués, il ne nous restait plus qu'à rebrousser chemin dans l'étouffante nuit phocéenne.

Merci encore à Fabrice pour le covoiturage (avec VS, économisez sur vos frais de concerts et protégez la planète !).

Depeche Mode Motor Carcassonne 6 juillet 2009

La plus folle semaine de concerts que j'ai jamais vécu commençait donc dès ce lundi avec l'ouverture du festival de Carcassonne. Pas de problème pour rallier sans bouchons la ville chère à Viollet-Le Duc, en passant par la charmante route du Minervois plutôt que par l'autoroute. Pas de souci non plus pour garer au plus près quand on connaît les ruses. Le spectacle n'avait pas lieu dans le cadre prestigieux de l'amphithéâtre de la Cité médiévale mais dans celui, plus commode, de la place Gambetta en bas dans le Bourg (la ville "normale" de l'autre côté de l'Aude, juste à l'entrée du pont). Toutes les portes des maisons étaient placardées du rappel à leurs habitants qu'il était interdit de filmer ! Quelques-uns s'étaient quand même installés pour regarder et même un certain nombre massés en haut d'un toit ! Mais comme il restait un peu de temps, on en a profité pour entrer dans une des brasseries de la place (avec "Violator" à fond en sono) pour se désaltérer puis vite aller s'installer au mieux, sachant que je n'avais pu me caser qu'en deuxième série, vers le fond, avec les pauvres et les moins motivés. L'air était très lourd.

Pendant que les gens affluaient, il a fallu subir MOTOR. Cet obscur duo nous a infligé en première partie une Techno basée sur un seul rythme, deux notes, trois effets et quelques vocaux distordus. Une mini-batterie, une petite console et un micro y suffisaient largement. Pendant plus d'une demi-heure, c'était agaçant. Oh certes, ils se sont bougés pour nous chauffer et ça a semblé marcher un peu vers le devant.
S'était finalement formée une foule nombreuse plutôt trentenaire et quadragénaire comme d'habitude, d'où surgissaient quelques têtes connues voire de métalleux identifiables comme souvent avec DM, beaucoup de t-shirts à la gloire du groupe mais aussi d'autres projets Electro et même de KMFDM (cocasse quand on connaît la blague sur la prétendue signification de ces initiales !). Et c'est alors que le ciel, couvert depuis un moment, a ouvert les vannes et pas qu'un peu. Rien à faire si ce n'est se mouiller en silence, quand d'autres avaient des parapluies ou des k-way et que les VIP mettaient leurs chaises sur la tête, et faire des blagues sur une possible annulation pour conjurer le malheur alors que la douche ne cessait pas. En plus, alors que le set avait commencé en avance sur d'autres dates et malgré les appels d'une foule ruisselante, rien n'arriva jusqu'à 21 h 25, quand l'énorme boule surplombant la scène conçue par Anton Corbijn afficha le logo et déclencha une première acclamation.

Mais comme Dieu existe, le déluge cessa lorsque DEPECHE MODE apparut cinq minutes après – David en dernier avec son habituelle révérence au centre, dans une avant-scène détrempée.
Le set commença par "In Chains", une entame un peu difficile avec un chant à moitié mâché et une animation bizarre (deux visages évoluant sur fond rose et cette fille qui marche projetée sur la boule toute rouge en haut). Mon placement lointain a peut-être accentué cette impression cependant le son était moins fin que sur l'album, mais plus Rock avec de grosses basses et la batterie de Christian Eigner bien présente – lui et Pete Giordeno mériteraient vingt fois d'être intégrés officiellement depuis le temps. Cette impression s'oublia rapidement dès "Wrong" joué en suivant, single avec lequel le choix des couleurs saturées s'annonçait définitif pour l'illustration, si importante chez Depeche Mode… et bien pratique pour suivre depuis le fond quand le flot mouvant des têtes l'empêchait.
En troisième position, "Walking in my Shoes" a vraiment lancé le public, avec son beau clip renouvelé (un corbeau vient se poser sur un piquet au bord d'une dune, alors qu'un œil ouvert et mobile façon Sauron est projeté sur la boule centrale). Alors qu'on en était au contrepoint final de ce titre inusable, grosse frayeur ! Le son fut coupé sur toute la place pendant quelques secondes ! Heureusement, il n'y a pas eu de réitération.
"A Question of Time" (version album) aussi reste un grand classique de tournée, réarrangé cette fois de manière à faire encore plus Rock par sa ritournelle devenue riff… et Dave de plus en plus lâché prenant en main son organe sur la caméra en contre-plongée devant une foule aussitôt en délire ! Vêtu du même gilet que pour la tournée de 2006, il tenait une forme incroyable pour quelqu'un qui sort d'opération imprévue et nous a fait ses numéros habituels avec le pied de micro, bête de scène increvable qui n'omit pas non plus de nous tendre ledit micro sur quelques refrains.
"It's no Good" s'intercala dans une version lourde, plus sèche mais cohérente avec l'esprit du nouvel album, rehaussé d'un petit effet en final qui le modifiait un peu plus. Mais c'était carrément la divine surprise quand montèrent les premières notes de "Fly on the Windscreen", à peine retouché pour garder sa froide rythmique, pour des fans aux anges (la plus forte réaction de la bande de filles hystériques mais connaissant bien les morceaux sur ma droite…).
Comme toujours, Martin Gore assura un petit break de deux titres avec notamment un "Home" très touchant, accompagné seulement par Giordeno au piano, montrant la splendeur d'un des plus beaux titres de DM même débarrassé de tout son apparat symphonique d'origine. Les applaudissements ponctuant ses silences augmentèrent à la fin de ce petit moment d'enchantement alors qu'une partie du public entonnait l'air du final original du morceau ; il s'est alors permis de nous faire un peu prolonger cet instant en dirigeant des bras ce chœur improvisé.
Étonnamment, "Peace" fut agrémenté d'un clip tranchant par son réalisme, reprenant des scènes de festival hippie, de manifestations anti-guerre chargées par des polices du monde entier, ou de démonstrations militaires aériennes et de défilés, la boule symbolisant une horloge. C'était comme un petit retour aux thèmes politiques de naguère. Illustré d'un poème mystique tapé à mesure à la machine en clip, "Precious" vint rappeler le précédent album, avec un son de guitare comme lissé, bien loin de notre Metal habituel et même de la version studio. Martin a passé beaucoup plus de temps d'ailleurs à la guitare qu'au clavier, changeant d'axe presque à chaque fois ce qui permit de revoir certaines de ses guitares déjà vues jadis par les vieux fans. Il en joue parfois fretless, et met toujours des tenues pas possibles. "Come Back", très planant, fut joué avec plus d'assurance et de justesse vocale que les premiers titres, avec un clip presque à la The Gathering où la boule devint cette fois une Terre qui tourne.
Retour ensuite au Rock avec "In Your Room" un peu expédié sobrement mais enchaîné avec un "I Feel You" implacable à la basse vrombissante dans un bleu omniprésent. Enfin des titres de "Violator" arrivèrent avec d'abord un "Policy of Truth" nonchalant et légèrement remixé mais fort bien suivi par le public, et l'incontournable "Enjoy the Silence" pendant que la pluie revenait un peu, où Dave laissa l'assistance transportée faire le refrain. Mais malgré ce et un clip amusant (les trois compères en cosmonautes mélancoliques), cette énième version d'arrangement n'est tout de même pas extraordinaire, comme souvent d'ailleurs de tournée en tournée. Enfin vint un "Never let me Down Again" roublard de version live (cf. "101") au terme duquel Gahan ne manqua pas de nous faire lever les bras et chanter à la fois.

Ce n'était pourtant pas fini ! Après une pause ils revinrent pour un "Stripped" très fidèle à l'original, puis "Master & Servant" dans une version tout aussi fidèle, sèche, et dure. David ayant couvert sa petite gorge, vint aussi "Strangelove" rehaussé d'un clip à l'érotisme franc et décalé, notamment par son rythme bien moins allègre que celui du morceau.
Enfin un second rappel nous offrit "Personal Jesus" avec une guitare qui fuzzait pour Martin, tandis que l'animation rigolote le montrait headbanguant véritablement, entre autres. Pour vraiment finir sur une note apaisée "Waiting for the Night" fut interprétée en duo, et réarrangé plus à l'avantage de David, selon une version plus intimiste et aussi tronquée de son final. Et quand David, justement, dit "See you next time", on sait que c'est vraiment fini.

Quelques détails ne doivent pas faire douter que c'était un très bon concert d'un groupe immense, un mythe encore parfaitement vivant et à la hauteur de sa légende. L'avantage d'être dans la "vraie" tournée et pas seulement dans une prolongation sur une période favorable comme il y a trois ans pile a permis d'avoir de bons rappels.
Mais il ne fallait pas traîner parce que le lendemain il y avait MetallicA !

In Chains
Wrong
Hole To Feed
Walking In My Shoes
It's No Good
A Question Of Time
Precious
Fly On The Windscreen
Little Soul
Home
Come Back
Peace
In Your Room
I Feel You
Policy Of Truth
Enjoy The Silence
Never Let Me Down Again

Encore #1
Stripped
Master And Servant
Strangelove

Encore #2
Personal Jesus
Waiting For The Night (Bare Version)


Metallica Mass Hysteria arènes de Nîmes 7 juillet 2009

La tête et les articulations encore pleines de Depeche Mode la veille, j'ai donc fui Montpellier bloquée par le Tour de France pour le concert de Metal le plus attendu dans le secteur cette année. Aucun problème pour se garer en reprenant les ruses de la Feria. En s'arrêtant aux Trois Maures, célèbre café devant les arènes, j'ai eu un certain trouble en y entendant du PanterA à plein volume en lieu et place des sévillanes plus habituelles en ces lieux. C'est que ce jour était exceptionnel. En plus, il faisait beau et pas trop chaud, un temps idéal.
Le public commençait déjà à rentrer, masse fort éclectique tout compte fait. Au vu des t-shirts il y avait énormément de grands fans du groupe, mais en grattant on voyait bien que le nom de MetallicA rassemble en réalité du fan de Black à celui de Manowar en passant par ceux de bon Rock tout simplement en passant par tous les styles possibles. Cette audience très large était très différente d'un grand concert normal et montrait autant que la diversité des immatriculations la portée de l'événement. Naturellement, on y fit quelques retrouvailles (notamment une paire d'enragés de concerts qui étaient aussi à Carcassonne la veille !) puis on entra.

L'avantage des arènes est que ce n'est pas si grand par rapport à un stade. En tribune, on peut avoir une très bonne vue. Même s'il y avait déjà beaucoup de monde, il était encore possible de se faire bonne place sans trop chercher. Pour la première fois, j'ai vu la scène des arènes ouverte sur son fond, alors même qu'elle ne peut s'installer au centre de la piste ovale. Et comme annoncé, les places du fond, côté Toril, étaient ouvertes alors que la configuration habituelle les laisse donc vides. Par conséquent, les veinards qui étaient dans ce secteur étaient bien bas et tout près de la scène. Autre conséquence, il n'y avait pas de grands écrans de côté pour cette fois.

Le trio toulousain MY OWN PRIVATE ALASKA a donc ouvert le ban. Je suis d'accord pour qu'on se présente au début si on ne veut plus avoir à parler en cours de set, mais il reste très prétentieux de remercier son staff à l'avance quand il suffirait de le faire à la fin. Cette impression de pédanterie s'est confirmée en voyant que le chanteur-crieur restait assis et de profil. Il est puissant (et surmixé), alors que la batterie privilégiait fortement le ternaire et que l'unique instrument était ce piano synthé qui faisait tout le reste du boulot avec des mélodies absconses aux trémolos pénibles. Mais je suis loin d'être le seul à ne pas avoir apprécié. Déjà, quand le batteur a balancé une bouteille d'eau dans la fosse celle-ci la lui a aussitôt renvoyé. Et ils sont repartis enfin sous une petite bronca.

J'avais perdu de vue MASS HYSTERIA depuis des lustres mais on les a déterré pour l'occasion. Et ils n'ont pas changé depuis la fin du siècle dernier quand le Metal français se cherchait désespérément un leader et qu'ils arrivèrent avec leur Néo-Fusion énergique boosté à l'aide de bonnes boucles façon Techno et un chant francophone. Après une entrée en matière bien gentille ("salut les furieux et les furieuses, on sait pourquoi vous êtes là…") on se rendait vite compte que leur son était évidemment pourri. En privilégiant leurs vieux titres, cela permettait à beaucoup de monde de leur génération de les reconnaître comme il y a dix ans. Le propos musical est léger et efficace, mais le chanteur est toujours aussi exaspérant avec son attitude beaucoup plus proche du Reggae – qu'il reconnaît aimer – et ses prises de position à prétention intellectuelles de fumeur de joint. Il n'est pas méchant avec ses trois idées, mais on peut doucement rigoler quand cela amène à donner des leçons d'attitude et donner des noms sur "Killing the Hype" ou prêcher l'ouverture du Death Metal au Reggae (encore lui ?) comme une fin en soi. D'autres thèmes comme ceux abordés dans "Babylone" et "P4" sont d'ailleurs totalement pompés à cette culture verte-jaune-rouge, et la focalisation sur des thèmes de politique franco-française (au sens large du terme) est aussi cohérente avec l'emploi du chant français et ce discours sur la musique. Bref, Sinsemilia fait du Metal. Ce conformisme rassemble tout ce que je hais, personnellement, dans la partie la plus visible de la scène nationale. Enfin bon, il faut sans doute se souvenir que la soirée était dédiée au Metal généraliste et non pas extrême. Ça bourrinait bien avec des titres accrocheurs et bien connus, une bonne part du public est bien entrée dedans. Un Braveheart, une petite photo de famille en partant et les quarante-cinq minutes réglementaires étaient passées.
Pendant la longue pause, agrémentée de classiques, le check laissait promettre un excellent son, plus agressif qu'au Parc des Princes en 2004.

Comme la moitié d'entre vous y étaient et que le DVD va arriver, ce n'est pas la peine de vous faire un grand récit. Cependant, j'ai eu une grande émotion à entendre monter "The Ecstasy of Gold" dans un lieu chargé de souvenirs personnels presque autant que d'Histoire, un des monuments emblématiques de la région dans laquelle METALLICA ne s'était pas arrêté depuis vingt ans !
Et on a commencé sur une première boulette, le retard d'entrée en scène laissant un blanc succéder à l'intro enregistrée de "Blackened", silence largement couvert par la clameur d'une horde en délire. Plus méchant en live que sur album, ce premier titre a été enchaîné avec le quasi-éternel second, "Creeping Death" toujours aussi mortel. "Fuel", entraînant à défaut d'être génial, a employé les torches pour la première fois (j'ai eu peur pour certains des micros placés autour de la scène). "Harvester of Sorrow", paradoxalement, est vraiment un titre qui passe bien alors même que c'est un titre long à la rythmique pesante, avec le coup de la pause où tout le monde est suspendu à James. L'intro de "Fade to Black" offrait un premier bref relâchement général, alors que le travail d'éclairage montrait sa pertinence par rapport à l'enceinte. Pour ma part, j'ai encore mieux profité de tous les classiques du fait de ne pas les avoir révisés.

Le show MetallicA est toujours le même, mais c'était bien ce que tout le monde était venu voir ce soir. Il y a toujours les gimmicks de Lars qui se lève toutes les trois minutes, James qui harangue les troupes avec un coffre vocal qui n'a pas bougé ces dernières années, une paire d'envolées solitaires de Kirk plus mesurées et moins brillantes que jadis, et Rob qui joue accroupi comme s'il peinait à couler un bronze.
Enfin venait une première incursion dans le présent avec "Broken, Beat and Scared" dédicacé à nous public (une habitude dans ces arènes quel que soit le spectacle) puis un méchant "Cyanide" qui représente vraiment pour moi le renouveau du groupe, sur lequel nous avons été invités à chanter. De même pour ouvrir "Sad but True" entonné par la foule puis terminé par un petit solo de Rob Trujillo, classique enchaîné par "One", son intro et sa structure en montée, magnifiquement mise en valeur par les flammes multicolores et les jeux d'éclairage dans la vaste cuvette.
Très habitués à cette configuration 360°, MetalllicA n'a jamais oublié le fond de l'arène, James Hetfield est même allé très souvent planter ses bottes devant eux. Il a dit plusieurs fois la joie du groupe à jouer dans un tel lieu historique, cela fait commercial mais je pense que c'est aussi le reflet de leurs petites réflexions faites au cours de l'après-midi, il était drôle avec sa prononciation "Nim'z" !.
C'est avec "All Nightmare Long", efficace mais un peu longuet, que MetallicA a commencé à nous perdre, laissant sentir la fatigue. D'autant que le fameux vent tournoyant des arènes, tant redouté des toreros, se levait de plus en plus, nuisant à la qualité sonore (ce qui disparaîtra au DVD). Accueilli avec réserve, "The Day that Never Comes" s'est montré lui aussi bien fichu dans sa montée quoiqu’un peu redondant comme venant du même album – si bon soit-il.

Après une surprenante intro de Marseillaise entamée qui passait musicalement très bien, "Master of Puppets" nous fut offert en version complète et, si j'ose rajouter, sans merci. Il est heureux que depuis une dizaine d'années maintenant, ils se soient décidés à ne plus tronquer ce titre fantastique qui ne perd rien de sa sublime puissance en live. "Dyers Eve" n'est plus une surprise maintenant, mais il fait son effet de titre bien bourrin, par rapport au mixage originel qui gommait ce potentiel. Étrangement, "Nothing Else Matters" n'a pas souffert de pain majeur, dans sa version live désormais habituelle, James commençant seul, rejoint ensuite par Kirk puis encore après par les deux autres. Globalement, il y a bien eu quelques pains mais pas aussi lourds que d'autres fois, à mon avis. Mais il fallait encore de l'énergie pour affronter un "Enter Sandman" puissant comme jamais, rehaussé d'un petit feu d'artifice de bon effet. L'un des riffs les plus célèbres la remontée en force pour la dernière ligne droite était assurée.

J'ai eu peur, quand "Frayed ends of Sanity" était esquissé pour meubler le retour en rappel, parce que je saturais de la période "… Justice", espérant plutôt – en vain – un second titre du troisième album. Mais ce fut un "Stone Cold Crazy" méconnu d'une partie du public qui ouvrit les arrêts de jeu. Et "Motorbreath", inusable missile Thrash, a déchaîné une fois encore le public dans un cadre qui croyait pourtant avoir presque tout vu. Et d'ailleurs, James nous resservit son speech archi-rebattu mais tellement vrai sur l'énergie à donner à MetallicA pour que les arènes n'oublient pas leur passage pour les deux mille années à venir, avec "Seek & Destroy" en final ! Le lâcher de gros ballons a provoqué sympathique foutoir, les four horsemen les renvoyant dans le public à coup de pied, Rob se mettant aussi à tourner sur lui-même.
Cette fois c'était vraiment la fin après un long salut général la traditionnelle distribution de reliques aux fidèles (baguettes ou médiators), petits mots de chacun des quatre et collecte de drapeaux jetés sur scène.

Évidemment, j'ai revu quelques personnes dehors (le meilleur étant mon cousin militaire qui vit à Nîmes et avait mené quelques collègues sous-officiers juste prendre un verre devant les arènes !). Après hésitation, pas de t-shirt souvenir pour moi.

Rompu par l'enchaînement, je suis reparti, très content d'un superbe et inoubliable concert même si j'aurais proposé de légères retouches à la set list et de franches décapitations aux premières parties ! METALLICA RULES !

01. Blackened 02. Creeping Death - 03. Fuel - 04. Harvester Of Sorrow - 05. Fade to Black - 06. Broken, Beat And Scarred - 07. Cyanide - 08. Sad But True - 09. One - 10. All Nightmare Long - 11. The Day That Never Comes - 12. Master Of Puppets - 13. Dyers Eve - 14. Nothing Else Matters 15. Enter Sandman - Rappel : 16. Stone Cold Crazy - 17. Motorbreath - 18. Seek and Destroy.

lundi 29 août 2016

Down Bikini Toulouse 12 juillet 2009

Après un trajet fluide mais épuisant de chaleur, nous voici de retour dans la belle salle du nouveau Bikini six mois après Front 242 pour une affiche très éloignée. Pendant la longue attente de l'ouverture des portes se massait une affluence venue parfois de loin. Une bonne délégation montpelliéraine faisait honneur à notre scène Stoner-HC, on reconnaissait aussi les excellents Lyonnais de God Damn, quelques Espagnols s'entendaient et beaucoup de plaques minéralogiques venaient de loin. Pourtant, le vaste espace n'était pas plein.

Comme on sait, DOWN joue sans première partie mais propose un film à la place. Il a commencé assez vite après l'ouverture des portes. Il s'agit tout bêtement d'un montage de blagues de tournées, d'extraits live des pères fondateurs du Hard 70's (Black Sab', Thin Lizzy, AC/DC, Ted Nugent, etc, etc…) et d'un clip pour "On March the Saints". Comme les vidéos de PanterA, c'est rigolo par moments mais pas super intéressant. Le merchandising était plus excitant tout simplement à cause de ses prix décents, bien plus attractifs que ce qu'on avait pu voir à Nîmes…

J'ai été là encore assez ému au commencement du set. Je n'avais jamais vu Down que j'écoute pourtant depuis la sortie de "NOLA", et je n'ai jamais vu PanterA non plus. Bref, cela faisait une quinzaine d'années que j'attendais ça !
Et le quintet a attaqué lourdement avec "Eyes of the South" et "There's Something on my Side". Le son des guitars de Kirk et Pepper était écrasant, encore plus que sur album, au point de coincer un peu le chant au début. Le volume était pile en deçà de la limite du supportable au point que j'ai pu enlever mes protections pendant de longs moments, poisseux mais propre. Phil Anselmo a un jeu de scène moins spectaculaire, plus retenu qu'à l'époque de PanterA mais reste une bête, toujours dérangé. Fêlé et arrogant, il n'est pas forcément sympathique mais totalement mythique, qui pouvait être certain de la réponse quand il nous a demandé qui viendrait les revoir s'il y avait une prochaine fois. Il n'a pas changé avec ses speechs en un anglais clair mais à la signification obscure, jette toujours les bouteilles d'eau, tape du micro sur sa paume ou se le met autour du cou en phase repos, invite parfois à chanter. Mieux encore, il a remis sa coupe de cheveux période "Cowboys from Hell" et a gardé ce tic de signaler à grands gestes la fin des morceaux. Autre signe de vieillissement : il porte des bouchons sur scène maintenant.
Après nous avoir demandé si nous étions allés à la messe ce matin, il entonna "Lifer". Le premier album fut particulièrement mis à l'honneur, au détriment du deuxième dont on ne retiendra guère que "Lysergik Funeral Procession" ou "New Orleans is a Dying Whore" dédicacé… à eux-mêmes ! La fascination pour la marie-jeanne est longuement évoquée aussi avec "Beneath the Tides" ou "Hail the Leaf". Quelques cigarettes surgissent d'ailleurs entre leurs doigts après une première pause…
Le public, très enthousiaste, a lancé quelques slams mais pas de pogos, car ce Metal de tradition n'y porte pas du tout. Sur scène, l'ambiance était joisse, Jim Bower aussi avait mangé un clown (mais réalise-t-il qu'il fait une croix pas du tout retournée avec ses baguettes). Rex Brown, comme du temps de PanterA, est finalement plus en retrait comme Keenan entièrement concentré (mais détendu) sur sa guitare. L'énorme section de guitares, pachydermique, pilonnait tout avec une précision d'orfèvre. Il n'y a pas seulement le talent de les écrire mais aussi celui de les jouer, de les faire vivre de manière à entraîner les corps… exercice plus difficile pour Kirk Windstein martyrisé par Anselmo venant lui arracher la barbe, le titiller en lui tirant les oreilles ou les yeux pendant qu'il jouait. Mais en fait de riff il faut souligner l'efficacité de ceux de "Losing All", "On March the Saints" ou "N.O.B.".
Hélas quand fut attaqué l'obsédant "Nothing in Return", il fallait s'attendre à une fin prochaine. Heureusement, le rappel était prévu et confirmé quand Pepper Keenan revint pour reprendre en riff la clameur d'une foule encore à fond dedans. "Stone the Crow" fut d'abord donné dans une version plus lourde que l'original, conforme au choix de privilégier la facette Heavy au côté plus aérien que le groupe a aussi sur album. Le final fut finalement en apothéose avec évidemment "Bury Me in Smoke", qui se termina en gig avec le road crew et Phil à la guitare tandis que chaque membre essayait de dire quelques mots au milieu de ce bombardement. Anselmo revint une fois le set terminé pour nous achever en nous faisant chanter un peu de Led Zeppelin a capella. Enfin les enceintes envoyèrent "Landing on the Moutains of Meggido" et la lumière fut dans la salle.

C'était une grande soirée à la gloire du riff. On pourrait certes reprocher un show bien américain pas toujours si spontané que ça voudrait le faire croire, très axé sur la lourdeur et donc logiquement moins sur le deuxième album. Mais pour n'avoir que cela à dire, vous pouvez comprendre comme nous avons aimé.

Nine Inch Nails Alec Empire arènes de Nîmes 28 juillet 2009

Pour le dernier concert du festival de Nîmes, l'affluence n'avait rien à voir avec ce que j'ai vu ici d'habitude, c'était plus conforme à la moyenne du festival peut-être. Ce n'était qu'une bonne demi-arène dans la configuration normale, soit beaucoup moins que pour MetallicA. Le public était assez féminisé, souvent semblable à celui du 7 juillet mais comprenant aussi des Golgoths, des amateurs d'Electro et tout simplement beaucoup de fans de Rock. Aucun problème pour retrouver Reblowaih puis Aphrodite et les Marseillais. C'était finalement la première fois que je faisais un concert aux arènes dans la piste et non pas en gradins.

L'ex Atari Teenage Riot ALEC EMPIRE a ouvert le concert alors qu'il faisait encore plein jour, seul avec une comparse aux synthés. Lui-même prit la guitare sur quelques titres. Bien qu'il propose quelque chose de très semblable à son ancien groupe, je n'ai pas été fichu de reconnaître un son pourtant typique. La faute à un son beaucoup trop fort (j'ai été sauvé par les boules quiès de Reblo car j'avais laissé les miennes en pensant que comme d'habitude aux arènes il n'y aurait pas de souci. Chant distordu, rythme à fond, plans plus basiques encore que chez Atari… j'ai eu beaucoup du mal à rentrer dedans, à part peut-être à la fin avec le fameux remix de Slayer "With no Remorse I Wanna Die" repris sur le "Soundtrack to the Apocalypse", qui a été enchaîné avec un autre titre qui passe souvent en soirée chez un ami, j'ai reconnu… C'est violent, déjanté, ça correspond beaucoup au délire du Metal Extrême réinventé pour l'Electro.

Après quelques bières est enfin arrivé NINE INCH NAILS en formule quartet autour d'un Trent qui s'est un arrondi avec les années. Dans un déchaînement instantané de cinq titres jusqu'à "March of the Pigs", le son propre, lissé, un peu sec, incisif et au poil était très appréciable après celui d'Alec Empire… Le batteur chevelu s'est tout de suite révélé excellent, il ne s'est jamais planté. Seul Trent a fait tomber hors de la scène un petit clavier posé trop au bord !
Le show s'est poursuivi sur un mode très énergique, il était surprenant pour une première fois de se prendre autant de guitares, donnant au propos une dimension très organique, puissante, avec des riffs vitaminés, simples et bons. Cette option entraîne la transformation profonde de certains titres, j'ai par exemple complètement redécouvert "Piggy" devenu pour l'occasion une vraie bombe. J'ai aussi retrouvé la magie de compositions inusables malgré le temps mais aussi très faciles d'approche pour ceux qui ne le connaissent pas (j'ai eu confirmation auprès de gens qui n'avaient jamais rien entendu de NIN avant). Le génie n'est pas autre chose. La dimension Industrielle n'a point disparu grâce aux synthés et quelques instruments exotiques comme la contrebasse ou la petite boîte à cordes dont Trent jouait d'une main sur un titre. Selon les riffs, les titres faisaient parfois plus Metal ou plus basiquement Rock. Je ne suis pas assez calé pour analyser cela en fonction des périodes de sa carrière. Cependant, quelques titres ou passages plus calmes, toujours en ternaire, étaient également très bons. Le jeu de lumière était très sobre en effets mais suffisant, tout en blanc et jaune avec quand même beaucoup de flash en rafale.

Trent Reznor a donc grossi mais il donne vie à son œuvre avec une rage communicative… et le petit tic de lever tout le temps bien haut la main droite. Il empoigne le micro avec fougue et son chant n'a pas vraiment bougé avec les années, il emploie aussi la guitare, parfois les claviers en duel même avec l'autre guitariste. Cet enthousiasme est surprenant pour une tournée d'au revoir, il est même allé jusqu'à envoyer voler très haut sa guitare à la fin de l'un des derniers morceaux, de quoi impressionner les blasés. La réputation d'être peu bavard n'est pas volée. Les nombreux morceaux se sont enchaînés presque sans pause jusqu'à une seule vraie intervention vers la fin du set, après "Mr Self Destruct". Entre temps il y avait eu quelques petites surprises comme "I do not want This" ou "Big Man with a Gun", un titre instrumental au faux piano et "The Downward Spiral". Pour ma part, j'étais à fond un peu en partie à cause de la boisson, aussi de quelques motifs d'énervement à oublier ces derniers jours et tout simplement grâce à la qualité des titres déjà évoquée. Et d'une certaine manière on vit plus intensément les bons concerts quand on connaît moins les groupes.

"Head like a Hole" est venu préluder de la fin du concert, avec une basse particulièrement vrombissante. Quel morceau intemporel, lui aussi ! "Hurt" forma enfin un rappel vite consenti mais unique, moment de recueillement général entre les uns en prière (!) et les autres laissant voir à nouveau comme ils connaissaient les paroles des grands titres du père Reznor.

Un grand projet va donc s'éteindre et il m'a comblé lors de son passage – ce que je n'ai pu vivre pour Ministry. En sortant nous avons pris quelques bières aux trois maures avant de raccompagner Reblo et rentrer au terme d'un grand mois de concerts.

Pay Day Decapante Mojomatic Montpellier 28 octobre 2009

Après trois mois de disette, un été de rêve de ce côté-là et des exams à passer ensuite, il était grand temps de reprendre les concerts.
Ce soir, un ami tenait à ce que je vienne voir la nouvelle sensation de la scène Noise montpelliéraine, qui joue très régulièrement dans les bars en ville depuis quelques mois. J'avais déjà raté ce groupe à la fin de l'été. En marche donc vers le Mojomatic, adresse bien connue maintenant du Rock UG du Clapas.

La soirée commença avec le trio THE PROJECT… Nous avons tenu un morceau et demi. C'était du Rock mou et sans personnalité, au chant mal assuré. Je n'ai rien vu de Noise en dépit de l'annonce. Ils ont encore du boulot mais malgré leur âge mûr ils ont l'air de jouer depuis peu de temps. Nous montâmes donc boire et discuter en haut pour redescendre plus tard.

PAY DAY était le groupe que nous venions voir. Il venait avec deux guitares, un mégaphone et un autre accessoire pour le chant. Très vite, explosa un Noise Rock très énergique, plus vigoureux que Tantrum, proche d'Unsane ou Quicksand. Les riffs sont cependant plus simples, et plus HardCore à l'ancienne dans le style de Black Flag. Hélas, le micro du chant souffrait de quelques faux contacts qui furent peu à peu réparés. Le style déjanté mais maîtrisé s'affirma autour du jeu sûr du batteur (la notion de "carré" dans le Noise est très éloignée de celle qu'on a dans le Metal). Un emploi judicieux du tapping, sur certains ponts et quelques riffs, se révélait aussi à mesure. Quelques effets comme une intro à la sirène ou les vocaux déformés pimentaient également de bonnes compos. Il y a quelques montées chromatiques remarquables et des riffs à la brouette. J'ai bien bougé. L'image déjantée est corroborée par un certain humour dans la communication, qui est assurée par l'un des guitaristes qui faisait aussi le choriste plutôt que par le chanteur. D'ailleurs à la fin du dernier morceau, le batteur en nage est parti faire des bises dans le public (j'ai donné !) puis revenu sur scène pour finir l'ultime plan.
Après la disparition de Tantrum et Spinningheads, nous tenons sans doute la relève de la prestigieuse scène Noise de chez nous, c'est une excellente découverte qui a encore de la marge et devra confirmer en studio son potentiel. Les amateurs de Noise devraient suivre.

Enfin la place d'honneur revenait aux visiteurs, les Espagnols de DECAPANTE. C'est une batterie et deux basses qui se battent en duel, pour créer des rythmes mid-tempo et des assonances, sans chant. Ce pitch, expérimental et limitatif, donne un résultat lourd, exigeant mais pas oppressant. Cela peut fonctionner mais j'en suis peu à peu sorti au point de m'éclipser avant la fin… De toute manière la soirée était déjà gagnée.

Plusieurs bonnes affiches arrivent pour le mois de novembre, je vais un peu plus alimenter la section dans les semaines qui viennent.

Monarch Pord Grandizer Mojomatic Montpellier 6 novembre 2009

Il y avait une bonne chambrée dans la cave du Mojomatic pour le retour de Monarch deux ans après un précédent concert au même endroit en plein été, qui avait bien moins drainé. L'occasion de revoir pas mal de monde et de profiter, pour l'ensemble des groupes de l'excellent son maison (sous réserve des petits pépins évoqués plus loin).

GRANDIZER était le premier groupe local en ouverture. C'est un trio dont l'inspiration tient en un nom : Neurosis. La ressemblance est très recherchée, n'empêche. Les quelques intros, les riffs comme le chant s'efforcent d'y coller. Oh, bien sûr, les compositions sont moins complexes mais les passages répétitifs ne font pas plus redondants que chez leurs maîtres. La basse (tenue par un membre de Horse Gives Birth to Fly) est mixée avantageusement et place des contrepoints bien distincts sur des riffs typiques mais justes. Le propos est plus modeste que les vieux Dirge, mais le résultat est bon et devrait intéresser les fans du genre.

PORD est un autre trio qui tourne depuis plus longtemps sur le Clapas, mais qu'on pourrait également rapprocher d'une influence évidente : Tantrum. Nous étions donc dans le HC Noise retenu. C'était le groupe le plus agressif de la soirée, bien que ce fut moins explosif que Pay Day l'autre soir. Comme les demi-dieux du Noise local, ils ont une approche plus lourde, aux sonorités vrombissantes, au chant sec, où la basse prend les commandes des compos. Celles-ci rendent des atmosphères plus sombres que barrées. Hélas, des problèmes au micro du chant ont gâché les premiers titres. Peu importe, le set est vite passé.

MONARCH. On sort de l'ambiance encore assez joyeuse et conviviale de la soirée pour apercevoir la fin du monde. Le quartet bayonnais fait du Drone, accessible à partir du Sludge comme du Doom, et n'a joué qu'un seul long titre. Leur musique s'installa très lentement, la guitare accordée hyper bas et le pied sur la pédale. Même si les notes sont espacées, ils jouent très synchrones, les yeux dans les yeux. Les vocalises de la chanteuse se glissèrent peu à peu, enrobés d'une forte réverbération qui l'a obligée à lutter contre quelques larsens.
Progressivement, ces mantras se font de plus en plus fréquents et mixés plus forts, ils deviennent de véritables cris de terreur. L'effet était simple mais percutant. Alors la guitare s'affirma à son tour pour poser enfin un vrai riff, puis la basse enchaîna sur un ton très alourdi, fuzzante, qui a fait fuir les gens sans protections auditives – mais un bon nombre étaient déjà partis. Il fallut même écourter le set à la demande du staff du bar.

Mon Onc' Serge & Anonymus TAF Saint Jean de Védas 12 novembre 2009

Mon Onc' Serge est déjà passé il y a quelques mois au même endroit mais j'avais dû faire l'impasse. Heureusement il y a eu une seconde chance, qui a drainé un public typé assez Punk, étonnamment. La soirée a commencé assez tard mais n'a pas fini à pas d'heure puisqu'il n'y avait que deux groupes.

Le groupe local qui ouvrait était les PHALANGES MÉTALLIQUES qui a balancé son Punk vieille école (sans avoir les dégaines du style). Le son était bien meilleur que dans le bar de la dernière fois où je les avais vus, mais le chant et les chœurs se révèlent faibles et on ne cherchait pas à être carrés. Les paroles sont en français, à part sur un titre où on passe à l'anglais et qui était l'un des plus intéressants (une reprise ?). L'humour est cynique ("Francis Heaulmes, mon héros"). Quelques passages vont chercher des riffs plus groovy histoire de ne pas être tout le temps à fond. Par exemple, le deuxième morceau repompait ouvertement le riff d'"Enter Sandman". Une copine est venue prendre une guitare sur le dernier titre.

MON ONC' SERGE et ANONYMUS se présentèrent ensuite, en jaquette et nœud papillon ! "Halte là ! Les Canadiens sont là !" Ce chanteur est un vrai ludion, truculent, au bon accent joual, qui s'est offert les services d'une vieille gloire du Metal québécois. Ses chansons parlent de la vie quotidienne dans la Belle Province avec un humour virant souvent au noir. Juché sur une des hautes chaises de bar qu'il était allé confisquer, il raconte ses histoires de patates, de visite à Grand-Papa à l'hospice, de "Maman Dion", de souvenirs d'école, d'hommages à la bière (le vrai langage universel)… Pendant ses longues introductions improvisées, il a dû recadrer quelques spectateurs mal élevés ou gérer le concours de picole. Il y a eu des moments très drôles comme sur "Mourir pour le Canada" avec ce drapeau où la feuille d'érable était remplacée par… une feuille de marijuana ! Ou encore les ballons multicolores et les cônes en carton sur la tête pour la chanson à Grand-Papa.

Quant à la musique, elle m'a fait penser au Metal-HC des années 90, y compris le petit côté Hip-Hop. Les chœurs étaient très fréquents avec toutes les chansons à boire, ils renforcent cette impression, même s'ils étaient sous-mixés. Les quatre accompagnateurs ne forcent pas leur talent. Certains breaks, la virulence des riffs et la précision du batteur témoignent qu'ils n'ont pas molli en s'associant à l'Onc' Serge. Même s'il leur a infligé une présentation parodique ("Jason Bonham, Jacob Pastorius et Nicolas Sarkozy…"), celui-ci les laisse s'exprimer. Notamment quand il s'est éclipsé vers la moitié du set pour les laisser déterrer un de leurs anciens titres, ou placer un beau solo de guitare bien Heavy pendant lequel il fait lever les bras de la foule ("C'est l'moment d'émotion."), voire un bon passage instrumental pendant lequel le chanteur se met une bouteille ouverte de 33 Export en équilibre sur la tête.
Après une parodie des Beatles, la fatigue se laissait sentir et le chant perdait peu à peu en clarté. Mais le public était dedans, la fosse bougeait bien et malgré quelques pisse-vinaigre on riait bien. Ce qui a justifié un rappel avec un dernier titre racontant des déboires avec la douane, avant un départ avec une chorégraphie sur du Justin Timberlake…

Les gens sont partis avec la banane. Je ne suis pas fan de Metal humoristique, mais ce soir ça fonctionnait bien.

Keelhaul Super Beatnik Morse Montpellier Baloard 25 novembre 2009

Les réservations étaient recommandées pour pouvoir accéder ce soir dans la petite cave du restaurant "Le Baloard", lieu bien connu de la scène UG locale. La tête d'affiche qui est déjà passée plusieurs fois a drainé beaucoup de gens venus de loin, des visages devenus plus rares avec les années et beaucoup de musiciens locaux. Heureusement, les paroissiens et leurs amis venus sans réservations mais à l’heure ont pu se glisser.

MORSE est un groupe cévenol qui a fraîchement embauché comme bassiste Abel, l'ex-chanteur de Spinningheads et emprunte également le chanteur de Breathe your Dirt. C'était surtout leur tout premier concert. Leur Math Core est très vitaminé ; les plans déjantés s'enchaînent et le jeu de scène déchaîné du chanteur y correspond bien. Même avec un micro filaire, il se jette régulièrement dans le public ou s'accroche au plafond. C'est pas mal dans le style, à revoir. Un beau lapsus en quittant la scène, quand même, en remerciant la tête d’affiche rebaptisée Kickback !!
Un aperçu, au son plus pourri que sur scène, peut s’écouter ici :
http://www.myspace.com/tapecodemorse

Les poilus de SUPER BEATNIK ont dû prendre tout leur temps pour s'installer sous les blagues fusant du public. Le trio se présentait avec leur nouveau batteur. Malgré ce, ils ont dû faire avec un très mauvais son qui a gâché leur set en dépit de l'amélioration improvisée en cours de set. Je trouve que le batteur est resté mixé un peu trop fort. Il a été plus difficile que d'habitude de rentrer dans le délire habituel, ce Stoner gras et rêche boosté au Motorhead. Ils en ont pourtant profité pour présenter plusieurs nouveaux morceaux. Ceux-ci sont dans la continuité. Ce show efficace et sans surprises a donc souffert de circonstances extérieures.

Les quatre costauds de KEELHAUL étaient très attendus et l'assistance se massa au plus près de la petite scène. Très expérimentés, ils ont proposé un set axé sur les titres instrumentaux mais il y a eu quand même quelques vocaux assurés par le bassiste ou le guitariste enveloppé (dont j'ai préféré le coffre). Quelques passages étaient quasiment acoustiques. Le mixage était parfait, le son pas spécialement fort, mais le point le plus fort est qu'ils jouent remarquablement. Pas la peine de chercher à les observer au travers de la forêt de têtes devant, il suffisait d'écouter pour s'en rendre compte. À coup de riffs assez déjantés, toujours excellents, ils ont développé une belle leçon de Math Core malgré quelques soucis comme une corde cassée obligeant le bassiste à filer en chercher une dans les coulisses en plein titre ! Le guitariste métis (j'ai pas les noms) plane quand il joue, à la Hendrix… Le batteur est impeccable tout en étant très jovial, plein de blagues.
Le public était très chaud, il connaissait les morceaux au point d'applaudir certains titres dès les premières mesures ou de reprendre en chœur les paroles. Après avoir fait quelques essais en français, les Keelhaul ont d'ailleurs dédicacé un titre à Tantrum !! Pour ma part comme pour d'autres venus aussi en touristes, c'est plutôt la seconde partie du set, plus enlevée, qui était plus prenante. La bonne humeur s'est enfin confirmée par de petits pogos et des pieds au plafond sur les derniers titres qui ont entraîné des chutes de câbles sur la tête du guitariste rondouillet. Ce dernier a eu un petit pépin sur le dernier des deux titres du rappel, il a improvisé des vocalises pour compenser cette défaillance !

Nous n'avons pas traîné puisqu'il était encore temps d'aller se finir au bar à bières belges sur chemin. C'était encore un concert de haut niveau offert par Head Records.

dimanche 28 août 2016

Nile Krisiun Grave Ulcerate Bikini Toulouse 30 novembre 2009

La tournée de ceux que les dieux détestent s'est finalement arrêtée à Toulouse plutôt qu'à Marseille, avec son affiche 100% Death mais très variée. Comme il y avait cinq groupes au programme, il valait mieux arriver à l'heure dite au Bikini malgré les averses et les rafales glacées en route.

En effet, CORPUS MORTALE jouait déjà quand je rejoignais dès sept heures et quelques une audience encore très clairsemée dans la vaste salle. Je ne connaissais pas ce quartet qui joue un gros Death ultra-typique à la Morbid Angel, Hate Eternal ou Vader. Le point fort c'était que ça jouait bien, le son était très correct, le guitariste soliste plaçait avec application quelques envolées classiques et bien faites… Idéal pour se poser dans le ton, même si les annonces en growl me font toujours rire, surtout chez les jeunes groupes.

Ils viennent de Nouvelle-Zélande, ils sont tout en noir, mais un peu trop fluets pour avoir la balle en main même pour jouer à Toulouse... c'est ULCERATE, le jeune groupe qui a motivé ma venue car j'en suis grand fan. Le premier morceau s'est installé en douceur, sur un passage acoustique, et quasiment sans vocaux pour commencer. Quand ils surgirent, les vocaux de Paul Kelland (qui y croit !) avaient presque le même son que les guitares rythmiques. Le résultat n'était pas très propre et compressé, à l'instar du virage dans la production du dernier album.
Sur scène, l'influence de Neurosis et Cult of Luna est encore plus évidente. La lenteur des morceaux tranchait avec le groupe précédent et le reste de l'affiche, mais débouchait sur des fins dantesques. Les solos de guitare se détachaient mieux que sur album, comme des déluges d'aigus hurlants. Jamie Saint Merat, à la batterie, jouait avec un gros casque sur les oreilles. Mais l'éclairage assombri de la scène empêchait de bien profiter du jeu des musiciens qui se balançaient en permanence sur leurs jambes plantées en compas, même en étant tout devant. Les compositions passent bien l'épreuve du live, traçant un chemin dans l'obscurité différent des styles "Evil", "Brutal", "old-school", mais elles se prêteraient mieux à une salle plus petite.
Tandis que débutait le dernier titre "Everything is Fire", j'ai cru sentir qu'une bonne partie du public s'est laissée capter par un registre aussi original, surtout par le déchaînement apocalyptique des montées.

C'est seulement au cours de la longue pause que le public (très masculin comme toujours mais équilibré sur le ratio des âges) fut au complet, remplissant aux deux tiers la vaste salle. Globalement ce sont toujours les mêmes indécrottables, venus de l'Atlantique à la Méditerranée, et les institutions locales comme Lustus (Old VS reigns supreme !). On constate aussi que la veste à patches et le cuir connaissent un certain retour de mode, en ce moment. Le creux fut si long que l'on aurait pu caser un titre supplémentaire.

Enfin se pointait GRAVE, dont l'intro enregistrée a planté. Ils ont balancé leur Death Suédois vieille école avec un son grinçant parfait pour ce style. Comme le chanteur n'a pas les mains libres, le groupe est très statique ce qui est un désavantage par rapport à Entombed. C'est drôle comme ce groupe s'est taillé une place alors qu'ils n'ont jamais été que des seconds couteaux dans leur courant. Mais à force de n'avoir jamais lâché, de continuer à tourner, à sortir des albums, ils bénéficient du retour en grâce du Death cradingue à l'ancienne, avec l'avantage que ce ne sont vraiment pas des opportunistes sur ce coup. Ils ont déclenché les premiers pogos avec un répertoire typé, efficace mais sans génie, axé sur de vieux titres comme "Into the Grave". Un titre repompe honteusement un très vieux riff de Death ("Baptized in Blood"). Un rappel fut très vite accordé.


J'avais déjà vu KRISIUN deux fois, je savais à quoi m'attendre. Le trio a fait ses accordages lui-même avant qu'Alex Camargo prononce sa première harangue et qu'un "King of Killings" titanesque s'abatte sur nous. Il n'y a pas grand-chose à dire sur leur Death Brutal et Evil à la fois tellement c'était parfait, une fois encore. Le son était enfin d'un niveau irréprochable, propre à lécher. Les solos étourdissants étaient rendus au poil près, le blast hyper agressif ne tolérait aucune trêve tout en trouvant des rythmes et des timbres assez clairs pour être totalement percutants. Derrière leurs longs cheveux noirs, ils ont bombardé l'assistance sans merci avec des titres dont la violence n'est pas le cache-misère des compos, mais au contraire leur pleine interprétation.
Plus extraverti que le reste de l'affiche (c'était le seul groupe plus ou moins latin, d'ailleurs) Alex Camargo coulait littéralement la sueur pendant ses exhortations passionnées ; en voilà un qui croit en ce qu'il fait et le fait mieux que bien. La fosse s'est d'ailleurs bien lâchée et plus à l'arrière je n'étais pas le seul à bouger. D'autres groupes tuent, Krisiun extermine en masse.

Je n'avais encore jamais vu NILE car je n'ai jamais accroché sur album. Et franchement, ça n'a pas été la révélation ce soir. Le premier titre, extrait du nouvel album, m'a fait d'entrée une impression très mitigée avec cette mélopée orientale samplée qui tombait dessus n'importe comment. Après, la set list a parcouru à peu près tous les albums. Le son était tout à fait conforme à celui qu'ils ont en studio. Karl Sanders semble sympathique mais la pose était moins chaleureuse qu'avec Krisiun. Avec un éclairage a giorno soutenu, on pouvait profiter du jeu impeccable des quatre membres.
Le public est resté très statique pendant la première moitié du set, puis la fosse s'est ranimée un peu sans même atteindre l'intensité donnée pour Grave, à part une tentative de stage-diving vite réprimée par un roadie ressemblant beaucoup à Derek Boyer. L'attitude béate et passive de l'assemblée était logique, la musique y portait : le blast était impressionnant techniquement mais le résultat très souvent atone. Le mixage choisi produit un ronron d'où surnage de temps en temps un solo, un effet ou un refrain en chœurs (voir par exemple "Papyrus for transforming…"). C'est aussi ennuyeux que du Slam Death à la Texane, la filiation est d'ailleurs évidente. J'ai fini par aller m'asseoir pour les derniers titres et de toute façon il n'y a pas eu de rappel.

C'était globalement une excellente soirée présentant le Death Metal sous presque tous ses angles. Cependant, ces tournées qui emmènent autant de groupes ont toujours le même défaut. Deux ou trois gros noms en tête d'affiche, de préférence au style assez variés, ratissent le succès d'affluence sans lequel rien ne serait possible. Mais il est impossible de tenir à fond sur tout le concert, d'une part. Et les plus jeunes groupes sont condamnés à se produire devant des salles encore vides à une heure où les spectateurs sont encore en voiture voire finissent la journée au boulot.
Sur ce, on prend un t-shirt d'Ulcerate (moche mais on est fan ou pas) et on met les bouts, y'a de la route à faire.

Arch Enemy Abigail Williams Victoire 2 Saint Jean de Védas 8 décembre 2009

 Depuis le temps que je vous saoule avec les grosses tournées de Metal qui ne passent plus par Montpellier, ce soir Arch Enemy s'arrêtait pour sa seule date en France. L'affluence était donc exceptionnelle. Non seulement les metalleux de la région étaient présents en très grand nombre (d'où quelques vieilles retrouvailles), mais aussi beaucoup de voiturées étaient venues de loin – souvent en couples. Cela faisait très plaisir de voir la très vaste salle de Victoire 2 pleine à bloc.

Le concert étant programmé assez tôt, j'ai raté les Marseillais de Blazing War Machine. Je connaissais déjà, pas grave.

Sous le nom d'ABIGAIL WILLIAMS se présente un quartet américain à deux guitares. Leur long set se résume en quelques mots : c'est un mélange de Death et de Black Sympho à la Emperor, bien agressif. Leur jeu est statique, c'est violent mais assez monotone. Cette impression est confortée par le jeu de batterie tout en blasts et un chant trop faible ou timidement mixé un peu comme sur les premiers Emperor justement. Mais le son me semblait correct de mon point de vue, même si les basses de la double étaient bien poussés. Cependant comme je ne connais pas sur album, il est possible que je sois passé à côté des samples qui donnaient en effet l'impression d'être simplement de discrets ponts ou arrangements. Le son semblait très bien à part ça et on ne s'ennuyait pas car ils jouaient tout à fait comme des pros, solos de guitare compris. En plus c'était assez décalé parce qu'ils n'étaient pas peinturlurés et cloutés de partout, le chanteur-guitariste avait même une dégaine passe-partout avec son t-shirt noir sans motifs et sa coupe de cheveux agréée par Maman !

Après une longue pause, une intro annonça ARCH ENEMY dont les compères se présentèrent en chemise noire avec un brassard blanc, puis Angela en haut blanc sous les acclamations. Les hymnes s'enchaînent, c'est du Heavy déguisé en Death Metal mais ça marche très bien dans un esprit bon enfant. Les riffs se succèdent, parfois excellents, tantôt moins touchants mais efficaces. C'est un mélange succulent car il laisse des portions entières de vrai Heavy ou de vrai Death ; c'est plus excitant que la mixture en poudre servie sous les noms de MetalCore ou de DeathCore qu'Arch Enemy a contribué à inspirer.
Angela Gossow était la personnalité la plus visible au début, c'est une vraie frontwoman extravertie aux grands gestes. Son braillement naturel est un bol d'air à l'époque des pitchs… Elle a de l'humour dans ses discours et m'a fait beaucoup rire quand elle a fait mine de palper à distance, avec un sourire carnassier, les adorables petites fesses d'un roadie sortant de scène. On est donc loin du "groupe à chanteuse" malgré l'intervention régulière d'un synthé que j'ai mal vu car planqué de mon côté. De plus, le groupe ne repose pas seulement sur elle. Un premier intermède a laissé le batteur faire un petit solo (arrangé au synthé, d'ailleurs). Plus tard ce furent les deux guitaristes qui le firent dans un grand duel, après plusieurs échanges déjà croisés lors de certains titres. Ils jouent au poil, si bien que le côté démonstratif de ces passages ne gêne pas. On nous a fait souvent taper des mains sur ces solos ou chanter quelques riffs, encore des manières bien Heavy… Mais j'ai beaucoup aimé retrouver le toucher si particulier de Mikaël Amott, qui ressuscitait les antiques sensations de la découverte des immenses classiques de Carcass où il passa. Le public répondait très bien, connaissant les titres sur le bout des doigts, sautant et lâchant volontiers les pogos.
Un "We Will Rise" aussi énergique qu'au début conclut le set, puis le rappel fut accordé pour deux titres. Au terme d'un set d'une heure vingt. Angela jure devant Satan (!!) qu'ils reviendront nous voir puis ils s'en allèrent… et revinrent encore pour jeter quelques reliques à la foule : bouteilles d'eau, mediators, etc.

J'avais oublié comme c'était agréable de rentrer tôt d'un gros concert ! La preuve qu'une bonne affiche peut encore remporter un grand succès en l'organisant à Montpellier.

vendredi 12 août 2016

Sick of It All Seekers of the Truth Rockstore Montpellier 23 janvier 2010

Les concerts de 2010 vont commencer avec une valeur très sûre pour une ville de coreux comme la nôtre. Le public venu de loin est arrivé assez tard dans le timing, car ça a commencé à jouer dès 20 h tapantes et qu'il n'y avait que deux groupes.

SEEKERS OF THE TRUTH, quintet lyonnais qui était actif dans les années 90 s'est donc reformé récemment et a ouvert le jeu pour promouvoir l'album qui consacre ce retour. Ils ont balancé un NYHC pépère, rapidement mais joué de la façon pataude d'un groupe encore un peu rouillé malgré un enthousiasme réel. Le son n'était pas bon, le chanteur braillait comme dans un pot de yaourt. Quelques ponts purement vieille école étaient sympas, mais j'ai décroché quand est apparu un titre mélodique qui faisait affreusement Punk français. Pendant ce temps, les gens arrivaient de plus en plus.
Après une demi-heure d'un set très axé sur le nouvel album auquel l'assistance répondait plus ou moins, ils ont entamé un "rappel" sans attendre qu'on le réclame vraiment, avec une reprise de Minor Threat. Mais en fait de bonus, ils ont joué au bas mot six titres en cherchant à mettre le feu à un pit actif mais qui en gardait en réserve, évidemment. C'était hyper lourd d'entendre annoncer à chaque fois le dernier titre, enchaîné aussitôt avec un autre (le dernier, celui-là), puis allez encore un dernier…

Finalement, ce cher Rockstore – désormais propriété de la mairie – était bien garni d'un public hétéroclite et parfois venu de loin. Coreux, Skins, Métalleux, quadras en week-end, conjointes tatouées et amis retrouvés eurent à faire preuve ensemble de patience… Il y a eu trois quarts d'heure d'intervalle à cause d'un pépin à la basse, qui a continué à poser quelques problèmes en début de set. C'était l'occasion de voir qu'une de leur roadie est une fille, noire de surcroît, ce qui en dit long sur l'état d'esprit d'une des légendes vivantes de la scène HC, LE groupe dont Kerry King arbore un tatouage.

Enfin les roadies firent signe avec les lampes torches (en faisant les débiles) et SICK OF IT ALL arriva. Ils étaient en pleine forme et ont asséné une entrée de set rapide et néanmoins très carrée. Avec une guitare un peu plus poussée que dans mes souvenirs, l'effet tranchant était immédiat. Un pogo énergique s'est vite déclenché au son de titres récents, avec beaucoup de slams. Deux roadies faisaient la police, mais placidement et avec humour. Le guitariste et le bassiste parcouraient la scène, le premier tournoyant sur lui-même par moments. Lou Koller entretenait la bonne humeur en interpellant le fond de la salle, ou en s'essayant au français. Mais il plaisanta aussi sur son bedon aujourd'hui visible qu'il attribue à la bière (on est loin du SxE et des melons expansifs trop courants dans cette scène !!). Quand sa rage de chanter s'apaise, c'est une vraie bête de scène extravertie. Comme LG Petrov, il préfère visiblement un bon vieux micro filaire.

Le répertoire old-school fut ouvert avec "Step Down". Lou organisa deux chœurs sur "Die Alone", tendit même spontanément le micro à un copain qui montait péniblement sur la haute scène pour slammer tout en continuant à chanter, encore un détail très significatif selon moi d'un certain état d'esprit. Autre fait révélateur, côté public : les titres plus récents sont presque aussi bien connus que les vieux monuments des années 90 et les chœurs fonctionnaient quasiment aussi bien (par exemple, sur "Take the Night Off"). Moi-même, j'ai presque autant bougé sur les uns que les autres, le set bannissant les titres moins rapides, il y a eu seulement un pont mid-tempo vers la fin qui fit bien son effet dans un tel déchaînement d'indignation contrôlée. Un rappel plus court fut accordé, avec un "Scratch the Surface" décapant (!) ouvert par un bon braveheart.

Au terme d'un set au format habituel pour les Yankees (une heure pile de pleine énergie), force est de redire que SOIA est un bonheur à voir et revoir, un modèle, une institution qui n'a rien de commun avec tous ces melons expansifs et autres chevilles dystrophiques si courantes dans le milieu, alors qu'ils seraient les premiers à pouvoir donner des leçons à tout le monde. Et ce ne sont pas les quelques courbatures que j'ai ramenées à la maison qui le contesteront.