Bienvenue sur mon blog relatant mes impressions et souvenirs de concerts depuis 2004.

Vous pouvez retrouver les nouvelles publications en avant-première sur metalnews.fr (avec des illustrations).

Ne vous contentez pas de regarder les titres des dernières publications !

Servez-vous du moteur de recherche interne en haut à gauche de la page pour rechercher dans les publications plus anciennes du blog un groupe en particulier, une salle, des groupes qui m'ont paru ressembler à vos favoris... il y a matière.

Les intitulés ne mentionnent pas forcément tous les groupes qui ont fait tel concert, je privilégie les têtes d'affiche. Utilisez là encore le moteur de recherche.

mercredi 31 janvier 2018

Scott Kelly John Judkins Black Sheep Montpellier 21 janvier 2018

Deux mois sans concert ! Vous m'avez manqué. Un tel hiatus, par la faute d'une annulation, ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Cette reprise allait se faire en douceur dans la cave du Black Sheep où je vous ai déjà souvent emmenés. Scott Kelly, pour les ignorants, est l'un des cofondateurs de Neurosis. Il a déjà pondu trois albums solos en parallèle, et je l'avais déjà vu en tournée solitaire il y a quelques années dans une autre cave de la ville. Cette fois, il est venu en Europe avec John Judkins de Rwake pour l'accompagner.
L'affluence était moyenne, une demi-salle, et ratissait le carré des fans de Neurosis sur la ville et à l'entour, à peu près le même nombre qu'en 2011. Un peu de merch et des vinyls étaient proposés aux chalands.

Mais avant il fallait découvrir SPHÈRE GRISE. Ce projet est porté par une seule jeune femme, avec une guitare semi-acoustique jouée de la main gauche. Le style se révélait assez vite, au contraire du tempo très lent. Ce drone mono instrumental faisait assez bande originale d'un film restant à inventer, et laissait paraître beaucoup plus de mélancolie que d'obscurité crasseuse du fait de la clarté des notes… On frôlait une NéoFolk ralentie. Quelques larsens s'échappaient de l'ampli, évidemment trop près à moins que ce fût voulu. L'avancée à pas comptés, accord après accord, dévoilait l'expression douloureuse d'un cœur écorché vif plutôt que banalement embrumé dans l'herbe.

Je n'avais jamais entendu parler de CROW, autre formation locale regroupant pourtant deux personnalités connues sur la place. Toujours dans la lumière rouge, mais assis, eux venaient dispenser une vraie Folk instrumentale, une guitare contre une basse. Cette fois le ton était sensiblement plus enjoué bien que restant tranquille. L'accroche venait par la qualité des compositions, assez travaillées et tendues en réalité. Leurs structures rappelaient fortement celles du Post-Core à la Neurosis ou Cult of Luna, comme une fin du monde au pied modeste, laissant voir ses mélodies par une orchestration réduite un dimanche soir d'hiver au coin du feu… et comme une bonne transition vers le clou de la soirée. À suivre, sans doute.

Il était assez tard quand SCOTT KELLY & JOHN JUDKINS investissaient enfin la scène. Kelly demeura debout, et Judkins s'assit comme simple accompagnant. La musique prenait une autre dimension ne serait-ce que par l'emploi, enfin, de paroles par-dessus. L'anglais de Kelly est très compréhensible, ses histoires simples et vraies de Bluesman transportent dans l'Amérique profonde. Si bien qu'un complet silence s'installa peu à peu quelque temps. Issu pour sa part du pays du Blues, Judkins se limitait à poser quelques notes électriques discrètes, mais essentielles, pour affiner les émotions transmises par une simple guitare et par cette voix grave, qui modulait parfaitement son potentiel de puissance pour chanter le Blues comme s'il avait fait ça toute sa vie… ce qui est peut-être le cas sans qu'on s'en soit rendu compte, en fait. Quand une larme semblait couler de son œil droit, il fallait croire qu'il peut être encore bouleversé, lui aussi, par ce qu'il donne chaque soir. Un seul passage exigea un petit surcroît d'énergie, tout de suite sensible. Son compagnon de tournée finit par appuyer quelques passages de chœurs suaves retenus et de complainte grave en expérience lentement racontée, le set atteignait l'heure, soit bien plus que la première fois. Quelques plaisanteries légères détendaient le cafard rongeant nos oreilles, sans pour autant briser l'ambiance. Le rappel prévu en réserve fut rapidement accordé, pour un titre assez court mais toujours dans le ton.

Cette facette plus intime de Kelly méritait le détour, dérivant loin de l'univers de son groupe principal sans le trahir pourtant. Parfait pour clore dans la quiétude un dimanche de janvier.