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jeudi 17 octobre 2019

Fange Verdun Black Sheep Montpellier 26 septembre 2019

À force de croiser les membres de Verdun avec d'autres projets ou côte à côte dans les publics d'affiches apparentées je ne m'étais pas rendu compte que cela faisait trois ans (!) que je n'avais plus vu le groupe sur scène. La formation s'est hissée maintenant au rang des groupes qui s'exportent, ce qui implique qu'ils ne se voient plus aussi souvent qu'avant dans leur ville d'origine (située dans l'Hérault et non dans la Meuse). J'ai un attachement indéniable envers ce groupe, créé par des gens qui avaient déjà une certaine expérience. J'ai tissé au fil des ans avec certains d'entre eux des liens qui peuvent mettre en doute mon objectivité.
Actuellement Verdun tourne pour la promotion de son album à paraître dans quelques semaines avec les Rennais de Fange, dont Metalnews a parlé récemment, et qui auraient tout de même motivés à eux seuls ma curiosité.
Avec deux groupes seulement, le concert n'a évidemment pas démarré à l'heure annoncée. L'affluence était très fournie pour la petite cave du Black Sheep, sans doute quasiment à bloc, par l'effet éprouvé du premier groupe local qui, en l'espèce, renouait par là avec l'esprit et le lieu de ses premières apparitions il y a quelques années de cela. Fatalement, il y avait au moins une personne avec un t-shirt "Fuck Yeah Jacques Chirac" dans cette assistance. Le merch' des deux groupes était assez conséquent pour une mini-tournée.

VERDUN attaqua donc son set par un larsen immersif et gentiment autoritaire avant d'envoyer ses premiers riffs. L'actuelle incarnation de la formation a bien évolué depuis 2016. Le groupe s'est réduit à quatre membres, avec la disparition de l'une des guitares (en bons termes puisque l'ancien titulaire était dans l'assistance), mais a réintégré son chanteur historique. Et force est d'admettre que si le remplaçant Portugais avait amené pendant quelques années un anglais plus compréhensible et une attitude plus théâtrale, la masse physique en lents mouvements de l'imposant David Sadok, souvent perché sur les retours (au prix du danger pour sa tête touchant les poutres !), restaurait le charisme particulier de l'identité originelle de Verdun. Ses vocaux réverbérés se mêlaient à une frappe toujours aussi puissante à la batterie, rappelant Electric Wizard, avec qui ils jouèrent il y a bien longtemps.
Le groupe illustre merveilleusement dans quelle direction va le Sludge Doom, certains passages Sabbathiens en diable cohabitant plus loin avec des passages instrumentaux fortement apparentés aux travaux de Neurosis ou AmenRa. Il faut reconnaître qu'en se limitant à présent à une seule guitare, Verdun a gagné en limpidité. Oh ! L'alliance avec la basse et le lacis des pédales d'effets garantit quand même un rendu tout à fait poisseux. Mais il n'y a plus ce broiement, cette surcharge des riffs qui gênait parfois la dégustation de l'ensemble en live, quelques passages moins obscurs élargissent le champ d'expression de Jay Pinelli. Les compos tendent peut-être plus encore maintenant vers de longues montées en intensité brusquement rompues. Devant un public conquis d'avance qui headbanguait en cadence, le succès n'était peut-être pas aussi méritoire qu'à l'extérieur. Mais l'évolution en continuité qui marque donc cette nouvelle période pour Verdun part sur d'excellentes bases.

Avec FANGE, cela faisait une affiche fort éclectique mais pas incohérente. Rassemblant là aussi des figures expérimentées de la scène Rennaise, ce quartet brassa plusieurs influences après une longue intro Industrielle. Il fallait se concentrer pour suivre ce mélange de D-Beat, de Grind, de Sludge, de Death Suédois, de Punk, de Noise et d'Industriel. De prime abord une telle imprévisibilité faisait penser à un Diapsiquir plus musical et sentant plus le squat. Cependant, si le point commun évident de tous ces styles est une certaine saleté (fangeuse…), une cohérence se dégageait de l'ensemble et, mieux encore, une surprenante seconde odeur de nouveauté. On ne faisait plus tellement attention aux emprunts successifs, pour se laisser prendre par la musique telle qu'elle était, très énergique et expressive. Une focalisation auditive totale pouvait être toutefois dangereuse car une petite fosse bien énervée et débordante s'était formée devant et le risque de se prendre un pain en étant totalement relâché était élevé !
L'impression d'unité profonde était peut-être favorisée par le mixage très équilibré, au détriment selon un connaisseur de la part la plus Death Metal des versions studios, la guitare ne sonnant pas lourde de reste il est vrai. Les habitués savent que la salle a un matériel excellent, mais pas trop fait pour la HM-2. En tout cas la maîtrise d'un répertoire ô combien casse-gueule était assurée, l'osmose entre les deux têtes rases ("ils ont des crânes ronds, vive les bretons…") et les chevelus est bien abrasive. Le set fut un peu moins long devant un public un peu moins fourni également, les moins curieux s'étant retirés. Pour ma part j'en retiendrai plutôt une saveur de plus en plus rare dans ce bas monde où il devient progressivement toujours plus difficile d'être réellement innovant.

On aurait bien prolongé un peu la soirée si cela n'avait pas été en semaine, faisant fi des deuils nationaux. Si la rentrée fut clairement Stoner Sludge, l'automne sera gothique.

Dopethrone Wormsand Black Sheep Montpellier 7 septembre 2019

La reprise aura été précoce, et chargée de nostalgie. Ces "Cosmic Cactus Sessions" reconnectent le Black Sheep avec l'histoire profonde de la scène locale, les temps où les plus gros groupes de Stoner, Sludge et HC Noisy s'arrêtaient toujours par chez nous pour des cachets dérisoires, soit dans même cette salle, qui appartenait alors à un restaurant, soit dans une autre plus haut en ville à deux pas de là mais aujourd'hui fermée. Cet ensemencement a largement contribué à inspirer plusieurs groupes locaux, qui tournent aujourd'hui dans l'Europe entière. Le programme très homogène de ce soir, même si le prix a un peu augmenté, replongeait pleinement dans cette tradition.
J'avais lu les récits de mes collègues qui avaient vu la tête d'affiche au cours de l'été, mais j'étais décidé de toute manière avant. Et pour une fois qu'il n'y avait pas de première partie locale, le public était néanmoins fourni pour la petite salle, brassant les vieux habitués des premières heures, des plus jeunes et des rencontres inattendues.

Après une intro sobre, glacée et un poil longuette, WORMSAND balança de gros riffs Sabbathiens accompagnés des pas dinosauresques du bassiste, à la Gojira. Ce trio apparemment féru de matériel Gibson, Orange et pédales en masse évolue dans un terrain peu original mais très maîtrisé et habité avec sincérité, un Sludge Doom au groove puissant aux vocaux partagés entre les deux membres debout, et bien réverbérés. L'assistance avertie se laissa immerger dans ces morceaux assez directs dans le style, sombres, lourds mais entraînants. La recette éprouvée convenait à ce public insatiable en la matière. Tout au plus, le dernier titre mieux élaboré que les précédents perdait quelque peu en impact à mon avis. Malgré la durée inattendue d'un set qui approchait déjà l'heure  de jeu, les Mentonasques ajoutèrent un rappel après un bref flottement dans la petite cave bien réchauffée. Vu que le répertoire officiel se réduit à un EP aux titres drôlatiques ("Michel Sardoom" !), il y a certainement eu des inédits dans le tas. Wormsand est en tout cas plus qu'un potentiel, ils s'imposent déjà là.

Remonter au bar à la mi-temps pour prendre de la bière de marque est un exercice habituel en ces lieux, mais il n'aurait pas fallu traîner jusqu'au dernier moment pour redescendre car il ne restait que les derniers rangs, d'où l'on ne peut voir grand-chose quand il y a du monde. Sans s'attarder sur les odeurs suspectes, la qualité du matériel sonore de ce cher lieu compense heureusement par l'oreille ce que l'œil ne peut percevoir. Et DOPETHRONE sonnait bien différemment de sa première partie. Le Stoner Sludge des Québécois est en effet clairement plus marqué par le Punk-Rock, des traces de Mötörhead qui ne se limitent pas à la dégaine du batteur. C'est une autre manière de groover, où la basse se distingue mieux aux côtés d'une guitare accrocheuse mais pas écrasante. La guitare s'offre de temps en temps un solo qui aère et tend une ambiance déjà bien enlevée. Las, un pépin à la batterie obligea le batteur à s'éclipser quelques instants en coulisses de l'autre côté de la salle, avant de revenir conclure prestement avec son matériel réparé l'improvisation ébauchée par ses compères en attendant.
La chanteuse ne laisse pas indifférente avec ses tatouages débordants sur tout son minois, sa performance appliquée mais relâchée. Son timbre n'est pas écrasant mais prend sa place dans une formule taillée pour une efficacité de l'ensemble assez inattendue par rapport à mes souvenirs d'audition des albums il y a quelques années. Bien que fraîchement arrivée dans le collectif, sa volubilité attestait de sa parfaite assimilation. Par contre je reste plus agacé par la communication du guitariste cofondateur qui mélangeait ses propos à moitié d'anglais pour s'adresser à un public francophone comme lui. Je repensai aux ricanements des Québécois de l'intérieur sur ces Montréalais qui parlent anglais même quand ils sont entre eux. Bref. Son enthousiasme au headbang l'amena, à la suite de bien d'autres artistes avant lui, à coincer de temps à autre un dreadlock dans les échardes de la poutre passant bas au-dessus de sa tête. Le bassiste, plus discret en paroles mais autant agité, était pour beaucoup dans la réussite du set par son jeu précis au bout de ses bras pourtant bien maigrelets ! Le set fut à peine plus long que pour la première partie, mais il restait clairement plus endiablé.
Rassasiés de ce Metal resté savoureusement scotché en-deçà de l'an 1980, nous n'avons cependant pas traînés pour aller poursuivre la soirée dans un autre quartier, entre amis qui ne s'étaient pas vus depuis longtemps.