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dimanche 22 septembre 2019

Skeletal Remains Black March Hanger Abortion TAF Saint Jean de Védas 14 août 2019

Pour les fans plus très novices, il est passionnant de suivre le développement de nouveaux groupes vers un professionnalisme – et parfois un succès – de plus en plus marqué au long des ans. Le plus beau cas pour moi reste Gojira mais Skeletal Remains est pas mal non plus, du premier au troisième album en quatre ans, avec chaque publication accompagnée d'une tournée européenne s'arrêtant par chez moi !
Cependant, cette date en plein mois d'août hors festival n'était pas idéale et n'a pas ramené le public qu'il y aurait pu avoir si c'était en plein hiver, les estivants de passage ne compensant pas les habitués en vacances.

Ce sont les Montpelliérains de HANGER ABORTION qui ont ouvert le feu sur une intro' inquiétante d'horreur série B. Ils se produisent beaucoup ces derniers mois. Le quartet a donc pu rôder son set, avec un son correct et une interprétation suffisamment rigoureuse pour du Slam Death très marqué par le Beatdown. À côté, Cannibal Corpse et Dying Fetus passeraient pour des groupes expérimentaux ! Dans son t-shirt jaune apportant un peu de couleur à ce pilonnant spectacle, le chanteur growlait même ses annonces. À dire vrai son beuglement reste le seul point faible technique d'une formation encore débutante, manquant encore de puissance et de métier. À part ça on pouvait headbanguer bas, quasiment sur le même riff vingt-cinq minutes durant, au gré d'un tempo un peu plus changeant. Je n'écoute pas beaucoup ça chez moi, mais en première partie de concert cela permet de s'immerger.

En retournant dans la salle après le premier intermède un compère me précisait que le prochain groupe servait du Black à la suédoise. Je compris pourquoi il y avait quelques beumeux visibles dans l'assistance. Les compatriotes Toulousains de BLACK MARCH, sous ce nom assez bateau, accueillaient notamment jusqu'à fort peu l'ancien batteur de Gorod Samuel Santiago - déjà remplacé. Avec leurs dégaines proprettes et sans peintures, une sobriété tolérant tout juste un joli trépied de micro de chant ouvragé d'un soleil métallique un peu à la Behemoth, il fallait attendre pour savoir après une première introduction mêlant sympho et piano. Et en effet la musique correspondait bien à un Black agressif aux riffs plutôt mélodiques rappelant Marduk malgré une apparence distincte. De plus le cri est assuré par une chanteuse dont le timbre me rappelait une fois de plus celui de feu Tristessa dans la période true black des débuts d'Astarte (je trouve que presque toutes les chanteuses de vrai Black sonnent ainsi…), Elle dominait le mix de l'ensemble, le son me paraissant impeccable au-delà de ce choix. Quand ses imprécations s'exprimèrent en français, le rapprochement musical devenait plus clair avec l'ensemble de la scène nationale. L'efficacité claire et recherchée des compositions valait tous les signes extérieurs. Les interludes sympho-piano enregistrés n'apportaient guère à la musique mais permettaient de souffler. La violence écœurée du propos emballa une assistance qui n'était pas acquise au vu de l'affiche.

Pendant la pause j'étais parti pour acheter un t-shirt puis finalement je me rabattis sur un vieux CD d'un collègue qui revendait du stock.

SKELETAL REMAINS attaqua son set sans aucune cérémonie, directement. Cela jouait méchamment, le son était parfait et j'avais plaisir à reprendre en pleine face ces morceaux très intenses, agressifs et puissants tirés du redoutable "Devouring Mortality". L'ambiance retombait toutefois à plat au terme de chaque titre, les trois musiciens debout tournant instantanément le dos au public pour titiller leurs potards, boire ou se recoiffer sans adresser aucun mot aux fans enthousiastes plantés à moins d'un mètre et à hauteur d'yeux. Un certain malaise commença à s'installer malgré le virage d'un troisième titre probablement tiré de l'un des deux premiers disques, au rythme binaire plus direct, qui offrit une sorte de redémarrage au set. Le contraste était étrange. Les morceaux remettaient jouissivement à jour le Death old-school de 1991 en y instillant une pointe de néo-Thrash. Ils me brisaient la nuque pendant que j'esquissai dans le vide des riffs et des solos que je finis par reconnaître. Le nouveau batteur, déjà venu en ces lieux il y a quelques années lors du tout premier passage de Skeletal Remains mais au sein de leurs compagnons Morfin qui assurait la première partie, faisait l'affaire bien qu'étant largement plus sollicité.
Ce manque total de charisme va devenir problématique pour le développement de leur carrière, après une progression remarquable en une poignée d'années. Ce qui passait il y a cinq ans pour de la timidité de gamins faisant leur première tournée, voire sans doute leur premier voyage en Europe sans les parents, est en fait un trait de fond plus préoccupant. Chris Monroy, guitariste beugleur, se place dorénavant au milieu de la scène mais il maintint une communication en deçà du minimal, peu en rapport avec la qualité de son growl, se bornant tout au plus à marmonner rapidement des banalités inaudibles impropres à remplir les gros blancs systématiques. Les mines des quatre membres n'exprimaient pourtant pas la sombre arrogance de certains groupes partiellement inspirés du Black qui aurait pu justifier une telle froideur. Une bonne partie de la petite assistance bougeait sur place et échangea tout au plus quelques bourrades, abstraction faite de quelques départs en cours de set peu nombreux mais significatifs. Alors qu'avec un petit peu plus de chaleur et d'empathie, ce répertoire aurait pu bouter le feu à la salle. D'ailleurs il n'y eut pas de rappel cette fois, à la différence du précédent passage, au terme de cinquante minutes musicalement imposantes mais dans une ambiance peu habituelle pour ce genre.
On ne s'étonnera pas que le groupe s'installa à son stand sans trop chercher les contacts, tournant le dos à nouveau au public restant dans la nuit fraîche pour pouvoir mieux discuter entre eux. Je finis par abandonner mon idée initiale de leur acheter quelque chose. La qualité de la performance musicale me préserva de partir frustré ou fâché, et cela fait beau temps que j'écoute assidument des groupes peu transcendants sur scène. Mais il reste désolant de voir les Californiens s'installer dans cette attitude aussi fermée qui semble plus maladive que méprisante.

Je n'ai plus rien prévu pour ces vacances, mais la rentrée viendra très vite cette année et le programme de l'automne commence déjà à se garnir.