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vendredi 23 mars 2018

Orphaned Land In Vain Subterranean Masquerade TAF Saint-Jean de Védas 4 mars 2018

Après la neige et avant la pluie, ce nouveau concert permettait de soutenir un bon rythme excellent pour le moral. Orphaned Land passe souvent en France et s'arrêtait une troisième fois dans son histoire à Montpellier, à chaque fois dans une salle différente. Depuis la dernière quelques passages vers la Provence auxquels je ne pouvais participer avaient attisé un peu de frustration, même s'il ne s'agissait que de dates acoustiques un peu à l'arrache. Et en plus, c'était aussi la dernière date d'In Vain sur la tournée, pile chez moi alors que j'attends depuis presque neuf ans de les voir ! La baraka !

Avec quatre groupes sur la brochette il fallait être à l'heure à la Secret Place, et AEVUM avait passablement entamé son temps de jeu quand je suis arrivé. Très franchement je n'en ai nul regret. Cette troupe Turinoise serrée sur la petite scène balançait un Metal Symphonique en costumes pas du tout dans mes goûts, où la part néo-classique et les poses occupent une grande part du spectacle. Les compositions n'ont pas entraîné de coup de foudre, surtout que les invitations à sauter étaient peu pertinentes (deux membres passant dans le public pour mieux stimuler). Je retiendrai la puissance intéressante de la chanteuse, plus marquante que son compère masculin.

L'affluence était correcte pour cette salle au format sans doute adapté à cette tournée. J'ai déjà vu Orphaned Land dans de plus vastes lieux, mais ils étaient raccrochés à des têtes d'affiche plus rentables. Ce soir beaucoup étaient venus en ménage, laissant le public assez féminisé.

SUBTERRANEAN MASQUERADE existe depuis longtemps mais n'a produit que trois albums, en conséquence des grandes ambitions portées par le noyau d'un collectif qui a beaucoup changé (symptômes liés de la maladie connue sous le nom de Gunzandrosise). Tenir à sept derrière les barrières de la scène compliquait encore les choses. On reconnaissait sans peine leur style où au-delà des dégaines, le Rock Progressif domine le Metal, avec parfois des explorations vers le Jazz ou un peu de Folk orientale. Certes, la part métallique et la présence d'un chanteur spécifiquement affecté au growl suffirait à faire fuir ceux qui en restent à Genesis et Pink Floyd, mais le chant principal et l'orientation constante des compositions privilégie sans conteste la tradition Progressive. D'ailleurs c'est ce second chanteur qui assurait la communication, sautant sur la tranche des barrières et s'accrochant longuement aux lumières pour haranguer la salle et nous faire faire l'essuie-glace avec les bras. L'entrain des musiciens sur une musique chaleureuse et positive se communiqua sans trop de peine. Certes, l'apparentement qui leur colle aux basques depuis longtemps avec un certain groupe compatriote, que l'on retrouvait étonnamment en tête d'affiche de cette tournée, n'aura pas risqué de se dissiper par le live ; bien que le penchant plus Progressif que Folk soit bien trop net pour les caricaturer en suiveurs. Sur l'ultime titre plus pompeux et puissant, ils invitèrent les membres d'In Vain à venir faire les chœurs pour fêter leur départ. L'amitié entre les grands vikings et les petits orientaux était belle à voir ! Une photo de groupe et on s'en va.

Après tant d'attente, j'abordai IN VAIN avec un zeste d'émotion. En sobres chemises noires, les blonds costauds attaquèrent avec l'un de leurs plus fameux titres, issu du précédent album. Clairement, la priorité était de se faire connaître plutôt que de promouvoir un disque, car le groupe tourne assez peu. Avec leur son massif comme sur disque et leurs gros riffs, les Norvégiens se posaient comme les plus extrêmes du plateau, d'autant que la basse s'entendait distinctement et que le batteur cognait fort. Dès les premières nappes orchestrales, on comprit que ce seraient les samples qui en feraient un peu les frais. Tantôt avec le pied de micro, tantôt à pleine main, Sindre assurait seul tous les vocaux clairs, growlés ou criés et se montrait soucieux d'être bien entendu. Il aurait été dommage qu'une si belle voix soit noyée dans un mix aussi puissant. Si le nouvel album a pu décevoir essentiellement parce qu'il ne repousse plus aucune limite, ses morceaux ne sont pas mauvais en soi et passèrent bien même s'ils n'obtenaient pas tout à fait le même enthousiasme. In Vain parvient à maintenir une griffe épique vite reconnaissable tout en puisant dans plusieurs styles et en empruntant volontiers des instruments non conventionnels. Les chœurs étaient assurés par le bassiste et l'un des guitaristes. L'unique extrait du légendaire premier album, "October's Monody" et ses longs blasts accélérèrent violemment le tempo, avant de déboucher bien après sur son final acoustique déroutant et inséparable. Suivit un passage lui aussi unique (difficile avec des morceaux longs et un temps limité) par le deuxième opus, le plus métallique. Derrière les francs sourires, des orchestrations éclectiques et des thèmes souvent originaux, ils envoient durement. La température montait au point que chanteur et batteur quittèrent une épaisseur pour l'ultime titre, autre extrait d'"Aenigma".

Against the Grain/ Origin/ Seekers of the Truth/ October's Monody/ Captivating Solitude/ Blood we Shed/ Image of Time


ORPHANED LAND n'était pas facile à apercevoir avec cette si modeste estrade et l'assistance massée au-devant. Heureusement le charismatique Kobi dépassait tout le monde, avec son keffieh aux tons inversés attaché au micro. En tout cas, pas de projections visuelles en arrière comme d'autres fois, en ces lieux c'est impossible. Le set débuta classiquement par le morceau d'ouverture du nouvel album et enchaîna par des classiques antérieurs. Le retour à une approche plus Progressive et Folk entraîna logiquement la mise à l'honneur des gros tubes de "Mabool". Idan Amsalem, qui a la lourde tâche de succéder à Yossi Sassi, s'en sortait bien même si l'on ne retrouvait pas complètement le même sentiment, le même "duende". L'efficacité de l'enchaînement était imparable et Kobi n'avait qu'à demander pour que nous tapions des mains ou fassions des chœurs, ce qui revint constamment dans le set comme toujours y compris ses jeux avec le micro sur pied rappelant étrangement Dave Gahan. Les blancs entre les titres, par contre, laissaient tomber en quelques secondes un silence total assez paradoxal après une musique aussi flamboyante. Comme après l'orgasme me direz-vous. Kobi en profita pour présenter quelques titres, par exemple "Let the Truce be Known" évoquant les fraternisations sur le front de la Grande Guerre. À ses côtés, le dernier autre membre fondateur restant, le fidèle Uri Zelcha, vissé à son poste essentiel de bassiste laissé dans l'ombre du mixage, lui a la barbe qui blanchit un peu et le fait de plus en plus ressembler à un nain d'Heroïc-Fantasy.
Le collectif est une vraie machine sous l'apparence d'une musique souple, opulente, forte, où les samples étaient mixés parfaitement dans l'ensemble. Et ça c'était une vraie amélioration par rapport au passé, l'occasion de souligner même qu'il n'y avait rien à reprocher au mixage d'aucun des groupes ce soir. Quelques surprises se glissaient comme "Olat Hatamid", premier extrait ultra Folk de là-bas, tiré d'un album qu'on n'attendait plus dans le programme au bout de dix morceaux, à cause pour sa teneur plus old-school, mais pourtant réutilisé pour ses titres d'ouverture et de clôture, les plus accrocheurs. Pour "In Thy Neverending Way", Kobi s'amusa à demander à ceux qui les voyaient pour la première fois de se dénoncer (il en restait quelques-uns malgré des années de labourage du territoire français), et de les inviter à reprendre avec nous autres son refrain d'une simplicité indépassable (la la la la la, bis). Et pendant ce temps Matan Shmuely, qui est aussi batteur titulaire de Subterranean Masquerade, faisait le job sans souffrir.

Traditionnellement, "Norra El Norra" et ses sauts sur place annonçait la fin des festivités, clôturées également une fois de plus sur la reprise du vieux plan d'"Ornaments of Gold"… qui nous rappelait de façon piquante que toute la première période d'activité du groupe, celle où ils étaient signés chez les Français d'Holy Records, était à présent remise aux profits et pertes. Ce détail nouveau et important est la seule chose que je regretterais au terme d'un concert fort plaisant une fois de plus, qui donne déjà envie d'y revenir et de prolonger une relation déjà longue à présent.

The Cave/ All is One/ Kiss of Babylon/ Ocean Land/ We Do Not Resist/ Let the Truce be Known/ Like Orpheus/ Yedidi/ Birth of the Tree/ Olat Hatamid/ In Propaganda/ All Knowing Eye/ Sapari/ In Thy Neverending Way/ Norra El Norra – Ornaments of Gold.

Avant de rentrer nous avons fait un tour au stand sous le préau, correctement fourni et pris un t-shirt, n'ayant plus rien à me mettre dans ces styles plus progressifs. Maintenant que vous êtes fins prêts je vous emmène dans la foulée voir Jésus par Saint Pascal Obispo… Non ! Je déconne ! Ce sera bien plus brutal.

mardi 20 mars 2018

Front 242 Interfront Youth Code Barcelone Sala Apolo 24 février 2018

Il y a quelques mois je vous expliquai que Barcelone offrait régulièrement d'excellentes affiches de vieilles légendes du Post-Punk ou de la scène Indus. Et à dire vrai, j'ai déjà vu la même combinaison Interfront-Front 242 il y a quatre ans au même endroit, et les Belges étaient repassés deux fois dans l'intervalle, pas plus même qu'au Primavera en mai dernier. C'est le souvenir qui m'a donné envie de revenir moi aussi, alors que je les avais raté de peu lors de mon passage à Bruxelles (pendant ce temps la moitié du gouvernement d'ici est d'ailleurs parti là-bas…). Et de toute façon, ça tombait pile le jour de l'EBM day, le 24.2, impossible de se défiler !
Par contre je n'ai pas l'habitude de venir dans la cité comtale en plein hiver, où le climat est appréciablement plus doux que dans la France méridionale. Et jamais je n'avais remarqué à ce point le nombre de compatriotes expatriés ici.
Je vous avais déjà emmené il y a quelques mois dans la sala Apolo, le plus ancien lieu nocturne d'Espagne en activité continue depuis soixante-quinze ans cette année. Pour l'occasion ils ont fait des travaux depuis la dernière fois, avec un grand vestiaire aménagé à l'entrée et l'enlèvement des tables en alcôve sur le côté qui rapetissaient l'espace du public, mais laissaient un petit charme désuet à la salle.

Le public arrivait peu à peu quand le duo Californien YOUTH CODE attaquait son set. Ce couple à la ville comme à la scène a très vite fait la hype en cinq ans d'existence, au-delà même de la scène Industrielle. Et comme ça se comprend ! Ils dégagent une explosivité difficilement résistible avec leur Indus-EBM hyper rythmique et imprévisible. Les compositions sont totalement disloquées et virent dès que l'on a capté le plan. Et la chanteuse ! Son timbre hurlé en remontrerait à bien des groupes de Black, tout en communiquant entre les titres d'une voix normale par un espagnol tout à fait correct. Cependant les quelques parties de son homme, chargé surtout de la programmation, étaient largement sous-mixées. Tous deux dansaient n'importe comment par des gestes secs, à l'unisson de leurs morceaux, dont le son primaire et brut n'a pas besoin d'être bien varié. Ce serait totalement superflu. Tel déchaînement aux racines incontestablement Punk a quelque chose du vieux Nitzer Ebb, au moins visuellement, même si cela sonne autrement pour des connaisseurs du genre. Et cela justifie le respect obtenu des mêmes vieux ayatollahs du style. La débauche d'énergie se communiqua sans peine à une partie de l'assistance, quelques passages plus longs rappelaient des transes à la Skinny Puppy voire Hocico sans les fards. L'un des titres planta malheureusement, mais il suffit de passer au suivant après un bref moment de gêne, sans que le charme ne se rompe.
Brisant les articulations mais aussi quelques codes pour mieux revenir aux sources, tout en apportant enfin un peu de nouveauté, les Américains ont convaincu et sont certainement là pour un moment. Un métalleux ne resterait pas indifférent à leur agressivité.

La salle était remplie à bloc à présent, chose qu'on ne voit plus partout pour ce style. Le public était quand même largement quadra en moyenne, toujours les mêmes que les dernières fois sans doute, souvent aux couleurs de la tête d'affiche. Cela faisait voler en éclats, une fois encore, quelques clichés tenaces sur l'EBM soi-disant musique de Teutons blonds et pâles…

La grande affluence s'était calée logiquement sur le passage d'INTERFRONT. Cet autre duo (masculin et purement musical) originaire de Valence est une gloire nationale des années 90, qui avait aussi officié sous le nom de Megabeat (ne riez pas !) et reste encore populaire. On passait dans un univers beaucoup plus amène et festif avec leur Techno rôdée aux mélodies simples et efficaces, conçue pour danser autour de 120 BPM. En clair, c'était la replongée grave dans l'esprit des clubs de la côte l'été il y a environ vingt-cinq ans. Leur répertoire qui se ressent de l'influence de la New Beat et de l'Italo Disco a emballé tout un public conquis d'avance. Il n'y a évidemment pas de paroles, juste parfois des samples inspirés notamment de Twin Peaks. Ce set reprenant d'évidence tous leurs succès était la copie de la première fois. Avec ces airs faciles, délayés et mis en boucle dans lesquels on rentre même sans les connaître, il aurait été maso de rester stoïquement planté au milieu de la masse en mouvement. C'est tellement immédiat que j'ai même reconnu une paire de morceaux alors que je n'ai pas réécouté depuis la dernière fois ! Mais j'assumerais l'anathème pour défaut de pureté d'attitude true Metal intégriste car malgré la légèreté des titres, Interfront conserve la saveur de la musique indépendante, en tant que pionnier en son temps resté soigneusement à l'écart de la Dance putassière. Eux n'ont pas eu besoin de se cacher derrière des tonnes d'effets entendus partout, il leur suffit d'un seul et d'une ritournelle maison. Je vois dans cette sobriété constante la trace décisive de Kraftwerk (qu'ils avaient repris naguère), dont le modèle (!) les aura certainement préservés de bien des errements. Bref, loin des territoires habituels j'ai passablement communié le temps d'un set, comme à l'automne 2013.

Bien que l'EBM ancienne ne soit pas retournée dans l'oubli quasi-total d'il y a quinze ans, la vague du revival old-school pure et intégriste sur laquelle FRONT 242 surfait les dernières fois que je les ai vus est bel et bien retombée. Je m'attendais à ce que le son ait évolué en conséquence et ce fut sensiblement le cas.
Patrick Codenys et le batteur Allemand Tim Kroker s'installèrent en premier dans le halo des spots, fumigènes et intro à plein volume, suités de Jean-Luc De Meyer et Richard 23 en gros blousons noirs et treillis, les visages dissimulés également sous des masques noirs jetés juste avant les premières paroles, montrant de grosses lunettes noires qu'ils gardèrent par contre toute la soirée. Esthétiquement, ils restent clairement accrochés à leur tradition !
La set list s'équilibra un peu plus qu'avant entre les vieux classiques fondateurs EBM ("Take One", "No Shuffle", "Lovely Day"), les grands tubes ("Headhunter" et sa chorégraphie à quatre doigts reprise par tout le monde jusqu'au fond, "Masterhit" en version courte, "Im Rythmus Bleiben"), et des bons titres de la période plus expérimentale et Technoïde ("Tragedy for You", "Moldavia", "7Rain"). Le mixage, à mon sens, était plus favorable aux effets parfois même accumulés en plusieurs couches, conformément à l'esprit de la dernière période plutôt qu'aux rythmiques binaires sèches et dominantes des années 80. La puissance y gagnait un peu plus, et avec les projections visuelles derrière la scène je peux vous dire que le trip était complet. Daniel B., le dernier membre plus âgé toujours planqué à la table de mixage au fond de l'assistance, devait se régaler un peu plus à balancer des sons. Pour autant, le collectif n'a rien perdu de son énergie à la cinquantaine allègrement passée, Jean-Luc et Richard faisaient la danse bionique comme dans leur jeunesse, chacun laissant la scène entière à l'autre pour les titres interprétés par un seul chanteur. La batterie, bien qu'elle serve surtout à doubler la BAR, s'entendait distinctement dans l'ensemble. Tout cela à la fois, vous l'aurez compris, formait une grosse performance live comme Front 242 en donne depuis toujours…
La communication était pourtant rare comme de coutume, d'abord en castillan de base puis en anglais. Le public était de toute façon à nouveau en communion, chacun dansant sur un espace très réduit en faisant attention à ses voisins. "Circling Overland" qui donnait son nom à la tournée actuelle, plus mid-tempo, ne laissait pas ramollir la masse en tant que grand classique exhumé. Et quand les premières images de la célèbre scène des hélicoptères Walkyrie d'"Apocalypse Now !" apparaissaient au fond de la scène en même temps que les premières notes du bon vieux "Commando Mix !", c'est bassement jouissif. Cette facette sarcastique prenait le dessus en fin de set avec les incontournables "Funkadhafi" et "Welcome to Paradise", entrelardés par l'antique "Operating Tracks" repris avec son clip original projeté derrière, Post-Punk à mort. En fin de compte, les sensations du spectateur sont proches d'un concert de leurs copains de Ministry ou d'autres grosses pointures du Metal Indus, malgré la parfaite absence de guitare, et il n'y a rien de plus logique. Sans l'EBM il n'y aurait probablement eu ni Ministry ni Rammstein ni tout le reste. La filiation redevient tangible et évidente par la scène.
Le rappel fut un peu plus court que naguère, raccourcissant le set à une heure dix environ, le groupe disparaissant tout de suite en coulisses en laissant ses fidèles retomber peu à peu vers la réalité, tout en conservant de larges sourires jusqu'au vestiaire et sur le parvis de l'avenue Parallel. J'ai vite filé vers une adresse pas trop loin de l'hôtel où je savais qu'on servirait encore des tapas à minuit, mais sans laisser aucun regret d'être venu jusqu'ici pour (re)vivre cela. Le retour fut un peu plus dur avec le coup de froid à la descente du train…

À très bientôt pour une soirée plus Metal et réchauffante. Nous en avons besoin.

jeudi 8 mars 2018

Nile Terrorizer Exarsis 20 Février 2018 Jas'Rod Pennes Mirabeau

Cette fois, je ne vais pas vous demander de vous ouvrir les idées, nous revenons ("enfin !" entends-je au fond) au Metal pur et bien dur. Et pourtant, la nuit provençale était bien froide, il fallait se motiver pour sortir et monter jusqu'aux Pennes-Mirabeau, au bout de la chaîne de l'Estaque. Ce qui explique peut-être la légère déception, à mon sens, quant à la fréquentation dans la spacieuse salle ronde, difficile à remplir à bloc. C'était bas par rapport à ce qu'une bonne affiche de Death Metal peut ramener dans le secteur. Peut-être que si Nile passait moins souvent en France, aussi…
Ne boudons quand même pas notre joie : parmi la fournée des tous premiers groupes par lesquels j'avais abordé le Metal extrême au printemps 96, Terrorizer restait le seul, le dernier que je n'avais encore jamais vu pour des raisons évidentes au vu de l'Histoire.

Les quatre groupes avaient chacun leur merch', globalement beaucoup plus vestimentaire que musical.

Les Italiens de NO MORE FEAR avaient la tâche d'ouvrir le bal des morts… Compliquée par la taille de la batterie de Kollias, déjà installée et occupant une grande partie de la scène dont ils devaient se partager le reste à cinq, puisqu'il y avait deux guitares et un chanteur. Il s'agissait d'un Death Metal moderne relativement original, techniquement maîtrisé et servi avec un son digne. Les syncopes alternaient avec des intros et intermèdes en lead aux mélodies inquiétantes, rappelant assez le Colosso que je venais de recevoir, Gojira période "Terra Incognita" ou Hypno5e. Un titre commençait ouvertement sur un ton cabaret, et l'ultime titre fut présenté comme une tarentelle. Le growleur alternait ses bases de français et l'italien à l'anglais habituel. D'ailleurs NMF met fortement en avant sa culture nationale, au-delà des bannières sur les côtés, par des paroles parfois dans leur langue ou les thèmes donnés, c'en est même un peu lourd car ça n'apporte pas grand'chose. À défaut d'être très entraînant on peut accorder une certaine griffe à ce groupe, au bout de la demi-heure réglementaire.


EXARSIS s'est chargé de nous décongeler pour de bon en quelques secondes, en dégoupillant sans crier gare un Thrash hystérique totalement sous contrôle. Conformément à leur réputation ces Hellènes ont administré une vraie fessée à un public conquis tout de suite. Au fond de chacun, nous adorons tous les baskets à languettes, les cartouchières, les fermetures éclairs, les chevelures au vent et les cris de sorcière. Là où Suicidal Angels est exclusivement de tradition Allemande, eux se placent plus dans les sillages de Death Angel, ou Nuclear Assault, bien qu'on puisse les rapprocher de l'agressivité de Destruction également. Le chanteur ou l'intenable bassiste parcouraient la scène au rythme d'une batterie impitoyable. Les deux guitaristes alternaient les riffs assassins et les solos en tapping, sans guère de répit et encore moins de mid-tempos apaisants. Il est curieux qu'un mosh pit ne se soit pas formé, mais il fallait se réserver pour la suite et le headbang faisait bien l'affaire. La set list semble avoir privilégié le dernier album, mais l'ensemble fort homogène invitait à se pencher prochainement sur une discographie déjà étoffée.


Les quelques badauds observant de près le trio s'installant prouvaient que TERRORIZER symbolise toujours quelque chose de spécial bientôt trente ans après un album culte. Et Pete Sandoval plus encore, car c'est lui qui popularisa à travers la scène par Morbid Angel la technique du blast-beat qu'il avait empruntée au GrindCore pour son groupe d'origine ici ressuscité. Je l'avais déjà vu avec son ancienne formation il y a longtemps, et en parlant de résurrection vous savez que ça ne risque pas de se revoir puisqu'après avoir surmonté ses problèmes dorsaux, il s'est converti en profondeur au protestantisme de sa jeunesse par l'influence de sa sœur depuis quelques années, s'est donc détourné sans remords de vingt années de carrière dans l'Azatoth big band. Mais il estime pouvoir tout à fait continuer en plein accord avec sa foi dans sa formation de départ, profitons-en (et souvenons-nous-en pour les éternels débats sur le Metal et les religions, ce cas est très significatif).

Actuellement Terrorizer est complété par deux membres de Monstrosity (on reste dans la même génération), le batteur Lee Harrison à la guitare et l'ex-guitariste Sam Molina à la basse et au growl (!!). Malheureusement, le show attaqué sans cérémonie par des titres des albums de la période de reformation était gâché par un son de guitare aussi mauvais que sur leurs versions studios. Les gutturales de Molina étaient également quelconques. Placé au centre et à peine en retrait, l'ascendant de Pete Sandoval sur son groupe était plus claire que jamais. Non seulement par la justesse de son jeu qui n'a rien perdu (pas même les mimiques), et qui est plus visible ainsi qu'à l'époque il n'était que le membre au fond parmi un carré d'as. Mais aussi parce qu'en conséquence, il tenait la baraque à lui seul et dominait nettement dans le mixage.

Au bout d'un quart d'heure sont venus de nouveaux titres, avant-premières d'un nouveau disque annoncé pour très bientôt, qui ne dépareillait en rien l'ensemble. Le public suivait et une fosse s'était enfin formée autour d'une bande venue ensemble, mais bien sûr c'est le premier riff d'"After-World Obliteration" qui emballa pleinement l'assistance venue principalement pour cela. Pied au plancher, ils partirent pour enchaîner l'album mais la dynamique s'embourba quand la guitare lâcha au commencement de "Fear of Napalm". Dépité, Sandoval meubla le temps d'un dépannage laborieux par un solo facile pour lui. Enfin ils purent reprendre pour interpréter finalement toute la première face de "World Downfall" dans l'ordre, puis pour sauter directement au mythique avant-dernier "Dead Shall Rise" et le titre final éponyme, apparemment prévu pour un éventuel rappel qu'il n'était plus temps de laisser monter car en coulisses on s'inquiétait du temps qui passait.
Comme d'autres, si Terrorizer se prend des volées critiques pour ses nouveaux albums, le passé lui préserve une capacité à plaire encore aujourd'hui en live, même avec un son moisi.


Je n'ai jamais tellement accroché à NILE mais je les avais déjà vus en pareils cas, tournant avec d'autres groupes plus dans mes goûts. Cette fois il n'y avait pas d'album à promouvoir mais plutôt un nouveau line-up à présenter. Le programme était donc un best of, même un non-fan pouvait ainsi reconnaître bien des titres. Force est d'admettre que le collectif a trouvé une certaine pêche avec l'intégration de Brad Parris et Brian Kingsland depuis notre dernière fois, une envie nouvelle. Cela se sentait notamment par une bonne humeur étonnante, Sanders échangeant régulièrement des fist bumps de collégien attardé avec ses nouveaux compères après le passage de tel break ou tel pont périlleux, ou improvisant à deux une chorégraphie amusante pour introduire un couplet growlé par Kingsland.

Le répertoire de Nile, sa brutalité massive faiblement rythmée et ses interludes acoustiques se prêtent mal au pogo enflammé (c'est bien ce que je reproche). L'ambiance retombait un peu mais sans laisser place à l'ennui et à la désertion des derniers rangs déjà vus par le passé, grâce au chapelet de classiques. Une fosse persistait et les quelques plongeons depuis la scène, bien que rapides, irritèrent fatalement les roadies américains. Interludes rituels ou chœurs s'enchaînaient aux gros blasts et solos transis. Bien que n'appréciant pas trop non plus le style de Kollias, il reste un remarquable batteur. Karl Sanders se chargeait logiquement de la communication… sa ressemblance avec Trump, maintenant, a quelque chose de gênant ! Heureusement la sempiternelle médaille à croix ansée sur son ventre (de plus en plus vaste au fil des tournées) confirme que c'est bien lui.

Le feeling de nouvelle jeunesse et la qualité du programme ont permis à Nile de se montrer sous un meilleur jour que d'habitude : pour la première fois je n'ai pas eu la tentation d'abréger malgré l'heure avancée. Enfin l'attendu "Sacrifice unto Sebek", brutal à souhait, vint clôturer cette assez bonne surprise. Mieux encore, le long final enregistré nous épargna le traditionnel tube incongru balancé par l'orga' pour faciliter l'évacuation de la salle.


Si la température était encore plus méchante en sortant, au point que la neige tomba sur Aix au petit matin, la soirée valait largement le coup et les abstentionnistes ont eu bien tort. En tout cas je n'en espérais pas forcément autant.


Vous aurez de mes nouvelles très vite, mais assez loin à tous niveaux d'un concert de Death Metal en Basse Provence…