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samedi 21 décembre 2019

Wayne Hussey Ashton Nyte TAF Saint Jean de Védas 30 septembre 2019

Pour tout fan, la scission d'un groupe est un vrai problème intime, auquel il répond au cas par cas. Et cela n'y change rien que ces ruptures soient arrivées bien avant qu'il ne découvre les combos concernés. Dans le cas des Sisters of Mercy, l'expulsion de Wayne Hussey et Craig Adams était survenue quand j'en étais encore aux comptines ! Bien plus tard, j'ai éprouvé un temps une préférence pour The Mission, ses nombreux tubes immédiats et puissants, ses paroles faciles, par rapport au répertoire plus succinct et plus exigeant d'Eldritch. Bien que dans la durée le rapport finit par s'inverser définitivement, je n'allais pas rester indifférent au passage en ville d'une date acoustique du père Hussey en solo qui privilégie à présent ce format, afin de labourer le continent sur des tournées interminables sans se fatiguer.

Comme d'habitude je ne parvins pas à rallier la Secret Place à l'avance et le premier invité, ASTER ET EDGAR, avait déjà entamé son récital. Ce groupe local est en fait le projet musical de Jérémie Sauvage, auteur de la biographie de Wayne Hussey chez Camion Blanc qui se trouve être Montpelliérain. C'est simplement un duo où il joue de la guitare pour accompagner une collègue chanteuse, dans un registre de chansons Pop-Rock avec des textes en français. Le chant était correct sans plus, la guitare sèche maîtrisée sans faire de folies et les paroles relevaient d'une poésie sans prétentions, joyeuse et accessible. Les deux derniers morceaux passaient à l'électrique sans que cela ne change rien de fondamental. L'assistance applaudit aimablement quand il le fallait.

Le public n'était pas très nombreux, majoritairement venu en couple et personne ne devait avoir moins de trente-cinq ans ce qui est assez dommage. Mais c'était surtout de vrais fans de The Mission, venus parfois d'assez loin.

Venait ensuite ASHTON NYTE, également en tournée acoustique solitaire sans son groupe. The Awakening est le groupe phare de la scène Goth-Rock Sud-Africaine (même s'ils ont émigré aux États-Unis depuis un moment), suffisamment solide pour s'être hissé au niveau international. On comprenait vite pourquoi : sa voix sépulcrale est magnifique à écœurer bien des vocations. Assis sur son siège à côté d'une serviette et d'un bouchon gobelet de thermos de café, il déroula un mélange de versions acoustiques de titres de son groupe ou piochés dans sa carrière solo, qui est tout aussi fournie. Sous un éclairage étonnamment travaillé, il jouait avec finesse et intensité des compositions dont la structure beaucoup plus Rock ressortait très bien. On aurait dit du Nick Cave croisé avec le Bowie le plus sombre. Avec son anglais tout à fait compréhensible, Ashton commentait entre chaque titre avec un humour pince-sans-rire assez prononcé par lequel il cibla le grincement exaspérant de la porte du cagadou de la petite salle, qui faisait presque autant de bruit que sa musique. La seule reprise était celle de Simon & Garfunkel "The Sound of Silence" qui permit jadis à The Awakening de se faire connaître, et qui est effectivement assez remarquable, légèrement réarrangée et réappropriée avec totale sincérité. Avec des compositions originales convaincantes (et débarrassées des synthés un peu kitch des versions électriques) et parfaitement dans le ton de la soirée, Ashton Nyte remporta un succès d'estime amplement justifié auprès des présents, alors qu'il quitta la scène quelque peu agacé par le chuintement languissant de cette foutue porte.

WAYNE HUSSEY se présenta enfin, guidé par son jeune assistant qui s'assit au fond de la scène où il demeura tout le long du set à regarder attentivement le maître. Avec son chapeau, ses inamovibles lunettes noires, la chemise ouverte sur les fanons de son cou, ses cheveux blancs trop fatigués pour être longs et sa barbiche blanche, il accuse le poids des ans de prime abord. Cela se fera vite oublier par la qualité inusable de son chant, perché entre ceux de Ian Astbury et de Bono, qui n'a rien perdu de sa force ni de sa pureté. Assis lui aussi pour commencer au piano synthé (arborant la bannière du Liverpool FC), le père Hussey fit alterner des morceaux choisis entre reprises – pas toujours identifiées – de Rock classique, et de titres de la Mission aisément identifiables sous cette interprétation apaisée et notamment au début avec "Naked and Savage". Ses doigts fins appuyaient à peine sur les touches. L'assistance s'était rapprochée cette fois tout au bord de la scène, serrée et en communion.
Passant ensuite au centre et à la guitare, Hussey poursuivit son parcours semé d'emprunts. Avec cet autre instrument, on retrouvait plus franchement cette trame épique et féerique si propre à son groupe, mieux encore quand il tirait de sa petite console (surmontée d'une peluche du Liverpool FC !) des rythmes et arrangements préenregistrés, par exemple en ressortant "God is a Bullet". Par moment l'inspiration de Led Zeppelin ressortait clairement. L'excessive facilité de certaines paroles, cependant, restera à jamais un point faible par rapport à d'autres meneurs du mouvement, même si elles ont contribué à créer l'univers particulier de son groupe. "Like a Child Again", classique joyeux et incontournable, l'illustrait bien et permit une première fois au public de faire les chœurs… et à quelques ravis de gâcher le plaisir des autres en faisant des trilles bruyants sur les breaks les plus fins. "Garden of Delight", dans une version plus proche de la seconde au violon, était magnifique. Assis sur un siège, il semblait pourtant avoir du mal à s'y contenir tant il croit en sa musique.
L'aménité du patron est bien connue, il n'y avait qu'à l'entendre s'excuser de boire du cabernet sauvignon chilien en France pour s'en convaincre. Cela pouvait être nécessaire pour supporter le brouhaha de quelques personnes préférant commenter en continu ou blaguasser entre eux à voix assez forte pour couvrir la musique… Je sais depuis longtemps que le public gothique (au sens large) est moins respectueux pour cela que le Métalleux, et cela est hélas encore vrai. Hélas, l'unique remarque de l'artiste à leur intention était tellement calme et ciselée qu'elle ne porta pas au-delà des premiers rangs qui en souffraient autant que lui.
Pour la dernière longueur l'ex Dead or Alive revint au synthé. On reconnut sans peine cette fois une remarquable appropriation de "Hurt" de NIN. "Butterfly on a Wheel" occasionna une nouvelle salve de chœurs, délicatement corrigés par Hussey pour que nous reprenions le refrain final avec la légère variation de texte qui le distingue. Sans rappel, Wayne Hussey repartit sous les acclamations et s'acheva ainsi un réel moment de grâce.

Après un coup d'œil par principe au stand, je m'en allai assez vite malgré l'exquise suavité de la dernière nuit encore estivale, en accord avec le spectacle terminé. La transition avec le prochain concert au programme sera tout autant idéale, voire parfaite. Vous verrez.

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