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vendredi 12 août 2022

Lofofora Verdun Victoire 2 Saint-Jean de Védas 29 octobre 2021

 Cet automne de reprise est bien meublé grâce à l'offre de l'association What the Fest, qui a déjà organisé plusieurs des derniers concerts où je vous ai amenés depuis la Libération. Ce soir le rendez-vous était à Victoire 2, SMAC gérée par l'Agglomération située dans une zone industrielle et commerciale de la proche banlieue, contre le siège de Midi Libre. Elle programme peu souvent du Metal depuis qu'elle a été rénovée il y a presque vingt ans, alors que c'était très courant jusqu'au début du siècle.


La tête d'affiche a un lien fort avec Montpellier. Reuno y a longtemps habité et revient si régulièrement qu'il a un autre groupe basé sur place (Mudweiser, que nous avions vus ensemble il y a quelques années). C'est même ici, dans cette salle, que Lofofora a capturé une partie de son premier live en 1999 – avant les travaux. Pour autant je n'ai jamais été fan, alors que le groupe a explosé à l'époque où je me mettais au Metal. Je ne les avais même jamais vus jusqu'à ce soir. Mais dans le contexte actuel et avec une première partie appréciée, il était temps de le faire ; en pensant aussi un peu à ceux d'entre vous qui pourraient être intéressés. 


En arrivant légèrement en avance on a pu prendre une des dernières places libres du parking et passer sans encombre les herses successives pour entrer dans la grande salle toute en longueur, semblable autrement à toutes les SMACs de ce genre, et se ruer au bar qui était déjà débordé comme toujours dès qu'il y a un minimum de monde ici. Car Lofofora n'a rien perdu de sa popularité, et des gens étaient venus parfois de loin.


VERDUN formait une première partie décalée, cela se voyait par le petit regroupement devant la scène de fidèles qui les suivent depuis longtemps, tandis que la majorité du public restait d'abord massée plus au fond. Leur présence s'expliquait néanmoins par le fait que le guitariste Jay Pinelli joue avec Reuno dans Mudweiser, et également par la sortie d'un split avec un nouveau titre et une reprise dont on parlera.

Au reste, je n'avais jamais vu Verdun sur une grande scène et le test était intéressant. Le quartet n'était pas impressionné du tout et étala son Sludge Doom lent et poisseux d'abord sans paroles, laissant David Sadok le micro posé par terre déployer ses gestes et grimaces lents devenus un gimmick du groupe avant d'exhaler ses premiers vocaux. Si son registre aigu inscrit bien le propos dans le Doom de la plus ancienne tradition, les riffs de brontosaure et le fuzz de la basse Rickenbacker empruntent autant au Sludge plus moderne, sur des durées assez délayées. Il n'y avait qu'à se laisser porter par une recette goûtée depuis longtemps par les premiers rangs et qui supporte très bien ce format de scène. Au-delà des paroissiens assidus, le peuple derrière se rapprocha progressivement et les acclamations venaient de plus en plus du fond. Et tout à coup arriva cette reprise intrigante du "Dawn of the Angry" de Morbide Angèle, dont le riff imparable se faisait plus élastique sous un tempo légèrement ralenti et sans double, tandis que les vocaux toujours hauts prenaient le contrepied des gutturaux originels de David Vincent. La structure originelle étant néanmoins conservée, les passages rapides du morceau montèrent jusqu'au bref plan en blast inclus, passablement inédit chez Verdun. Un petit signe des coulisses rappelant que le temps passait, le dernier titre fut un original, peut-être un peu déstructuré à mon oreille. 


Je ne sais pas combien de shows LOFOFORA a fait depuis la fin de la prohibition, mais ils étaient contents d'être là et leur nombreux public aussi. La formule du groupe n'a guère évolué depuis les années 90 mais c'est bien ce qu'apprécient les fans. Leur Metal fusion issu des squats fonctionne beaucoup grâce à la personnalité de Reuno, extrêmement empathique, volubile et truculent tant dans ses textes qu'entre deux morceaux, expressif dans sa gestuelle à commencer par ses gros yeux, constamment blagueur… souvent avec succès et parfois maladroitement. C'est une bête de scène et on ne peut y rester insensible, il met ses fans dans le bain et a gagné ainsi leur fort attachement.

Les morceaux s'enchaînèrent. Je n'ai pas reconnu grand-chose, à part le classique "Dur comme fer", mais le style de Lofofora est suffisamment connu pour sembler familier à tout le monde. Cependant comme le rappellent les t-shirts de Reuno et Daniel, il y a du Punk en eux qui a exulté en deux titres à tempo rapide dont l'autre classique "Justice pour tous", qui ont déchaîné sur ordre des pogos que la salle n'avait pas abrité depuis presque deux ans au bas mot, acmé libératrice pour beaucoup. Les slams étaient assez nombreux, la musique y étant plus propice. Et en parcourant l'épais répertoire du groupe, force est d'admettre qu'il y a quelques riffs aussi.

Lofo' a pour caractéristique ses textes en français, fréquemment engagés sur le fond et travaillés sur la forme (…). Ils étaient largement repris mot pour mot par beaucoup de spectateurs. Ce détail illustre à lui seul en quoi ce combo est parfaitement emblématique d'une scène proprement française, qui est restée viscéralement en phase avec la culture populaire nationale préférant la chanson à texte. Leur capacité à rassembler très au-delà des Metalleux, parmi les amateurs de Punk, de Rock francophone voire de chanson alternative, tient à cela. Cette assistance montrait même un état d'esprit différent, auquel je ne suis pour tout dire pas habitué : les uns s'excusaient de vous frôler alors que nous n'étions pas spécialement serrés, les autres slammers que l'on aidait à atterrir prenaient le temps de vous remercier avec affectation… Cette différence culturelle se fit plus cruellement sentir lorsque Reuno, dédicaçant un titre à David Sadok, demanda d'acclamer Verdun. Il ne récolta qu'un petit bide. Ce simple fait en dit très long sur l'isolement persistant du Metal extrême.

Au moment où je commençais à trouver le set un peu long, Reuno annonça le rappel sans que le groupe ne joue la comédie de s'absenter quelques instants, afin de pouvoir jouer plus. Ils nous ont offert notamment un titre inédit et efficace qui a remporté un succès certain. Les fans, après avoir communié une dernière fois quelques instants quand les instruments étaient posés, se retirèrent en bon ordre et satisfaits.

Les courbatures ramenées prouvaient que malgré les réserves apparentes j'avais, moi aussi passé un bon moment en plus d'aller me coucher moins bête. Et c'est toujours ça de pris en attendant un hiver incertain.


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