Bienvenue sur mon blog relatant mes impressions et souvenirs de concerts depuis 2004.

Vous pouvez retrouver les nouvelles publications en avant-première sur metalnews.fr (avec des illustrations).

Ne vous contentez pas de regarder les titres des dernières publications !

Servez-vous du moteur de recherche interne en haut à gauche de la page pour rechercher dans les publications plus anciennes du blog un groupe en particulier, une salle, des groupes qui m'ont paru ressembler à vos favoris... il y a matière.

Les intitulés ne mentionnent pas forcément tous les groupes qui ont fait tel concert, je privilégie les têtes d'affiche. Utilisez là encore le moteur de recherche.

vendredi 10 avril 2020

Melechesh TAF Saint Jean de Védas 15 janvier 2020

La trêve des fêtes devient parfois une vraie traversée du désert tant l’activité des concerts en arrive à se caler sur le rythme des festivals. Et la reprise étant lente, le début d’année est souvent propice à des découvertes ou des expériences hors des sentiers battus. C’est comme ça que j’allais à un concert estampillé Black Metal, moi qui en suis peu consommateur, et avec allégresse en plus. La soirée était bien douce pour janvier, en accord avec un programme qui sentait bien plus la Méditerranée que les fjords. Le public était présent mais pas non plus en masse, peut-être parce que Melechesh était déjà venu il y a un certain temps.

Le temps que je fasse les formalités d’adhésion de début d’année à l’entrée de la salle, les Lombards de SELVANS avaient entamé leur temps de jeu. C’est encore un jeune groupe même si l’on ne peut plus parler de débutants. Seul le grand chanteur avait le visage peinturluré sous son chapeau, mais ils avaient tous des colliers de bois ou d’ossements en lien avec le concept forestier du groupe. Musicalement leur Black était très classique, à fort volume, plutôt orthodoxe mais ouvert à des couches de claviers de temps à autre ou des chœurs pas envahissants. Le mixage primaire n’aidait pas à distinguer les instruments, mais dans ce style musical il ne faut pas y voir forcément une faute. Et déjà sur la petite scène ils étaient obligés de se serrer ! Les riffs étaient corrects bien qu’ordinaires. Le public réagit tout aussi correctement jusqu’à une reprise de Carpathian Forest (toujours le thème sylvestre…) qui fit sentir sa différence avec ce groove bestial bien restitué qui laissait enfin entendre un peu la basse, et encouragea légèrement plus les réactions après un répertoire passablement écrasé par les guitares. Ceci dit ces Italiens ne prennent pas les choses trop au sérieux, comme en témoignait la fiasque de vin ramenée du pays ou le petit jeu du chanteur qui avait remarqué en fin de set qu’un côté de l’assistance réagissait mieux que l’autre et joua un peu avec. Bref, la première partie classique avait fait son travail d’immersion.

À première vue les quatre Athéniens de W.E.B. se donnaient l’air de clones de Behemoth avec leurs costumes et leurs corpsepaints. Les grands effets symphoniques enrobant un Death Black pur, propre et classique des débuts confirmaient ce qui crevait les yeux. Quelque chose semblait néanmoins clocher et le guitariste chanteur gaucher chercha un moment avant de comprendre que son instrument n’était pas branché. L’amélioration fut évidente, même si la – jolie – bassiste demeura noyée dans le mixage à part les quelques chœurs qu’elle prodigua sans effort. Au moins sur la musique, l’impression s’élargit et l’étiquetage de premier abord dût être nuancé par la présence d’éléments moins extrêmes. Les ambiances un peu spatiales, quelques plans vraiment compliqués à la batterie que les trois autres accompagnaient avec application, une intro enregistrée à moulinets de guitare rappelaient le Djent. Avec les poses grandiloquentes, une certaine chaleur derrière les grimaces revues, quelques trucs de scène connus depuis les débuts du Heavy, cela ressortait comme une comédie sympathique à défaut d’être sulfureuse. Le masque de Skeletor-Eddie enfilé par le guitariste-chanteur sur un titre en convainquait définitivement. Un amateur de Metal futuriste pouvait y trouver son compte le temps d’un set qui eut le bon goût de ne pas durer au-delà du sentiment d’avoir fait le tour de l’affaire.

MELECHESH arrivait alors que nous étions encore tout à fait captivé par le demi de la pause de ravitaillement. Une fois encore, le niveau de la tête d’affiche par rapport aux ouvertures était clair. Le groupe Sumérien est là depuis longtemps et a amassé beaucoup d’expérience en dépit des fréquents changements de personnel autour d’Ashmedi. Le temps passé n’a pas eu d’effet sur l’homogénéité d’un répertoire étoffé et suffisamment original. Les riffs rapides, les plans variés et les structures sont profondément marquées par l’héritage oriental, qui rapproche à mon goût leur musique des techniques du Flamenco de manière adaptée au Metal. Il n’y a qu’à regarder le bassiste, qui n’était pas spécialement servi dans la balance mais assurait très à l’aise des parties tout à fait exigeantes à vue d’œil (on sait qu’il a succédé à des titulaires prestigieux). Il y a aussi un peu de Death dans leur mixture, mais il me semble que ce n’est pas vers Nile qu’il faut le chercher. Les influences de Melechesh sont plutôt dans le Death Thrash galopant des tous débuts de la scène Floridienne à mon sens. Tout ça m’excitait plus que les clichés du Black scandinave. Les intros et arrangements divers étaient enregistrés, l’instrumentation classique du groupe invitait à profiter plutôt qu’à bader. Le public Black n’est pas porté au pogo mais bougeait bien, chacun à sa place. Les poings levés, ou les triangles à deux mains remplaçant pour une fois les cornes, suffisaient comme signes de ralliement. Et pour ma part ce Black métissé m’a bien emballé le temps d’une soirée, peut-être aussi grâce à la liesse de la rupture du sevrage.
Ashmedi, qu’on imagine aisément dans une autre tenue au fond d’un souk, maîtrise le français au-delà des banalités habituelles quand il s’agissait d’être aimable, mais préféra rester à l’anglais pour les annonces. Un titre trancha enfin en s’ouvrant sur du blast, figure évitée jusque-là. Ce pied au plancher était en réalité l’accélération finale, puisque c’était le dernier morceau. Le groupe s’en alla sans aucun rappel, et le public repu ne poussait pas son contentement visible jusqu’à réclamer.
Satisfait également, nous échangions quelques plannings à venir entre habitués, qui présage d’un hiver mieux rempli que ce que nous craignions, voire passablement violent comme on l’aime.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire