Je n'avais pas tellement prévu d'être là ce soir bien que
je fus sur Toulouse ces jours-ci. L'affiche originale avec Pain et Swallow the
Sun était beaucoup plus alléchante, et j'avais déjà vu Paradise Lost trois fois
alors que je ne suis pas un grand fan. Mais cette année je suis en manque de
concerts même un peu chers comme ce soir, et plus spécialement en ce moment
j'avais besoin de bon son tristounet pour épancher une mélancolie passagère.
Beaucoup de raisons de venir, en somme.
Le Havana Café est une boîte de nuit aménagée dans un
hangar, à la déco' imitant un patio andalou ou latino-colonial. L'affluence de
tous âges s'est montrée nombreuse, grossissant rapidement à mesure que le
premier groupe donnait son set.
Ce premier combo était NEUROSONIC. Ce quartet se
présentait dans un look Glam, vestes déchirées à patches et motifs, t-shirts,
jeans usés, cheveux noirs à la mèche tombante gominée. Ils jouaient un Rock
simple, avec un son très propre et plutôt Metal pour les guitares. Des riffs
efficaces et basiques répétés à longueur de titre s'accordaient à un jeu de
scène pas statique du tout. Je rapprocherai leur répertoire de Stone Temple
Pilots ou Velvet Revolver en moins élaboré. Pourtant, ils utilisent souvent des
intros samplées qui les rapprochent plus du XXIe siècle que de la
nostalgie du Glam' des années 80. Le chanteur essaya quelques blagues et même
s'il en fit un peu beaucoup, gagna une certaine sympathie. Ils ont dû changer
de guitares entre chaque titre, sans exagérer. Assez expérimenté et d'une humeur
joviale totalement à l'encontre des attentes, le groupe eût la chance que sa
position lui épargna le titre de trop, se retirant en laissant juste sur
l'impression légèrement positive qui précède l'ennui.
Le second groupe était UN AUTRE QUARTET, ALLEMAND
d'origine et dont je n'ai pas saisi le nom. Il y avait deux filles
plantureuses, l'une brune (?) à la basse et l'autre blonde (???) au chant. Ils
proposaient un Heavy assez mou, n'arrivant jamais à accélérer. Le timbre de la
chanteuse était juste à défaut d'avoir quelque charme. Un clavier était mal
planqué sur la gauche de la scène et envoyait régulièrement des notes
prétendant scintiller comme le ciel du Nord étoilé… Je me suis vite ennuyé et
j'ai préféré rejoindre Emmanuel (Metropolis) et Fabrice à une table au fond. À
aucun moment je n'ai perçu un plan quelconque m'invitant à y reporter mon
attention, un solo de guitare par-ci par-là…
PARADISE LOST arriva enfin et porta le niveau bien plus
haut dès l'intro. Par un effet de la grâce, les conditions techniques ont été
parfaites et Nick Holmes a chanté plus juste que jamais. Je regrette que la
guitare rythmique n'ait pas été un peu plus lourde mais il faut reconnaître que
le son choisi, en parfait accord avec celui du nouvel album, était aussi parfaitement
équilibré. Et accrochez-vous, "Gothic" a été interprété en seconde
position ! Dire qu'il y a quelques années encore on réclamait pour rire les
titres de cette période ! Le chant clair s'y adaptait très bien, sa longueur
tranchait net avec le format plus classique adopté depuis longtemps. Mais ce
choix qui comblait les vieux fans confirmait avec force l'orientation choisie
avec "In Requiem" et à laquelle personne n'aurait franchement cru.
Les nouveaux titres renouent avec une fibre Metal traditionnelle de par leurs
arrangements toujours nombreux mais plus évocateurs, cinématiques et conformes
au Doom des origines. Quelques vieux classiques comme "Enchantment"
vont dans le même sens, et surtout l'inévitable "As I Die" que Nick
semble toujours détester jouer… La facette Electro et Poppy présentée depuis de
nombreuses années est passée en retrait. Elle n'est quand même pas oubliée et
des titres imparables comme "One Second", "Erased",
"Grey" ou "Say Just Words" en final ont été interprétés
avec un beau succès. Vers le début du set cela avait été le tour de "So
Much is Lost", au terme duquel Nick nous dit que c'était la première fois
qu'il voyait un mosh pit se former sur ce titre ! Le public a été en effet bien
chaud pour un groupe aussi retenu, battant des mains sur invite ou faisant
quelques chœurs, slammant et pogotant parfois, tant la performance était
enthousiasmante. Il nous ont fait sacrément plaisir, il y avait un excellent
état d'esprit qui se communiquait au parterre.
Paradise Lost en live, c'est toujours les blagues de Nick
Holmes couvertes par les intros, une guitare au timbre puissant et plaintif.
Mais après des lustres de carrière et une discographie longue comme une nuit
d'hiver, ils arrivent encore à repousser les limites en revenant à un style
qu'ils prétendirent longtemps avoir banni, tout en lui apportant le
savoir-faire des épures acquis pendant presque dix années à s'encanailler avec
l'Electro Pop et la Dark-Wave. Peut-être que le groupe s'est retrouvé,
réconcilié finalement avec lui-même quand il avait finalement réussi à prouver
sa crédibilité dans l'évolution choisie. Une très belle soirée, lors de
laquelle on a pu enfin recroiser quelques anciennes figures de VS comme Lustus
ou Dark Tranquilou.
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