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mercredi 26 octobre 2016

Dirge Spinningheads Antirouille Montpellier 5 février 2005

De ma fenêtre, en vous tournant vers la gauche vous apercevez l'enseigne de l'Antirouille. Après un long moment d'absence, cet ancien haut lieu de concerts dans la ville a été repris cet automne par un ancien barman du Rockstore. Ce samedi, soirée piercing avec volet musical prestigieux. Autant vous dire que comme un certain nombre d'autres spectateurs c'était uniquement ce dernier qui m'intéressait. Mais le concept ratissait deux sortes de publics assez distincts, si ce n'est trois comme on va le voir. Mais cette double facette permettait de ratisser large et d'assurer une belle entrée.

Quelques premières performances meublèrent donc l'attente avant l'entrée en scène des locaux SPINNINGHEADS venus défendre leur nouvelle production. Et par rapport à la dernière fois que je les avais vu il y a un peu plus d'un an les progrès sont certains. Le groupe est beaucoup plus puissant et carré, ce que certains coreux taxeraient de métallisme… Mais ce serait sévère, car la typicité HC ne fait pas de doute. Les compos apparemment nouvelles passent bien, le chanteur a gagné en aisance ce qui rend sa colère plus expressive que dans mes souvenirs. Sa capacité à faire du spectacle est plutôt un atout comme lorsqu'il mime avec son micro l'auscultation de son gratteux, mais surtout par son investissement scénique preuve de sa sincérité. Le HC n'est-il pas une musique d'expectoration, qui plus que toute autre permet de traduire ce moi qui n'est pas exprimable autrement ? Hélas, le set sera gâché par d'incessants problèmes techniques (retours, batterie, guitare…). La seule chose qu'on pourrait regretter, c'est que même pour moi dont la culture HC reste lacunaire Spinningheads apparaît comme un bon groupe très classique. Bien sûr, Bonne Maman qui n'y connaît rien trouverait ces petits jeunes incroyablement excités ; mais par rapport à ce qui se fait ailleurs il n'y a rien qui fasse une vraie différence, une originalité qui frappe, quelque chose qui marque la mémoire auditive. C'est un peu frustrant quand on sait que le groupe existe quand même depuis pas mal de temps, et j'ai compris alors les quelques critiques respectueuses mais unanimes ayant visé l'album que je ne connais pas. En attendant, on pouvait se contenter de ce qu'on avait et la scène HC méridionale est loin d'être assez saturée à mon sens pour qu'elle ait le luxe de se passer d'un combo quand même bien rôdé et efficace. Mieux vaut du traditionnel solide et sans faute que de se lancer dans des expérimentations au-dessus des moyens qu'on se connaît, parfois, et se contenter de ce que l'on a. Néanmoins, mention spéciale au dernier morceau avec double basse qui montre peut-être la voie vers autre chose et a esquissé en finale une autre dimension à explorer, qui est pourtant cohérente avec le reste… malgré la corde cassée qui clôturait cruellement le chapelet de pépins techniques.

Pour la mi-temps reprise des performances piercing, avec la tant attendue suspension annoncée et projection d'extraits de la Passion du Christ selon Mel Gibson pour donner le ton (rien que ça !). Born Too Late a eu alors la gentillesse de m'offrir un godet fort désaltérant et donc personnellement bien plus profitable, on s'est plus intéressé à la conversation, tandis qu'un peu plus loin certaines tombaient dans les vappes à la vue du spectacle (authentique !) Le temps de tout ranger et place à la musique à nouveau…

Je ne connaissais DIRGE que de réputation. Il ne m'a fallu que quelques instants pour rentrer complètement dedans. L'apparentement à Neurosis est limpide mais parvenu à un certain niveau on se fiche des ressemblances et des filiations. Et Dirge nous a emmené dans un voyage hallucinant, cet univers parallèle si ressemblant au nôtre gisant au plus profond de nos angoisses, et dont nous cherchons hypocritement à nous détourner. Pour une fois, voilà un groupe qui offre un mur d'images travaillé, vraiment en phase avec la musique et homogène par lui-même. Il n'est pas indispensable mais agrémente le trip onirique en l'enrichissant, en précisant les émotions par lesquelles on entend vous faire passer. Je ne me suis plus guère intéressé à ce qui se passait sur scène pour me laisser porter par ce son post-apocalyptique. Ivre de désespoir, dépouillé de tout, ne restait à l'auditeur-spectateur que l'introspection lentement guidée par les rares mais précieux râles des trois chanteurs, des rythmiques hypnotisantes savamment distillées par la section spécialisée, et des interventions proprement fascinantes à la guitare. Une telle complémentarité doit demander énormément de travail de composition aux musiciens, en tout cas l'investissement dans l'interprétation est totale et il ne peut pas en être autrement pour donner à cette musique la dimension qu'elle demande. Elle nous permet, coupés du temps mais projetés dans un autre espace, d'accéder en pleine conscience au plus profond de nos cauchemars, à cet Eraserhead qui gît dans nos âmes dévastées. Tout comme sa glorieuse référence, Dirge prend tout le temps d'installer ses ambiances, de dépeindre par le son le mal-être profond donnant âme au collectif, comme un maître particulièrement pédagogique. Je ne crois pas que beaucoup de titres aient été joués en comptabilité nette, mais c'est le genre qui le veut. Là encore, preuve était faite que le HC est une musique qui permet de dire ce qui n'est pas exprimable autrement, mais d'un point de vue radicalement différent que celui de Spinningheads. Malgré un premier morceau d'anthologie, une grande partie de l'assistance avait mis peu à peu les bouts discrètement. Bande d'ignares ! Il n'y a pas que le groupe local des copains de copains ou la scarification dans la vie ! Un peu pressés (mais courtoisement) par un staff désireux d'en finir vue l'heure avancée, il fut très difficile de redescendre vers le monde habituel. Dirge nous avait donné de vivre une expérience extra-ordinaire au sens premier du terme. Et m'avait prouvé que l'idée reçue selon laquelle l'aventure folle nous attend au coin de la rue n'est pas une fadaise mais une vérité vérifiable par soi-même !
Quelle belle semaine musicale, tout de même…

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