Un an pile poil après la performance triomphale de
Machine Head au même endroit, le public est venu en masse pour le nouveau
passage de Gojira à la salle des fêtes de Ramonville en proche banlieue de
Toulouse. Le public est venu nombreux même si la salle et son balcon n'étaient
pas complets. N'en déplaise aux grincheux, l'assistance était très nettement
Metal et point du tout Néo, ni même Rock.
Le concert était ouvert par END. Cette
formation locale proposait un Power Metal brutal, tendance Pantera "Far
Beyond Driven / The Great Southern Trendkill" ou Dearly Beheaded
"Temptation", voire S-Core. Le son était bien bon pour une première
partie, le groupe pas trop intimidé mais il était un peu dommage que le
chanteur soit complètement happé par sa prestation vocale et passe presque tout
le set de profil sur son micro. Les titres étaient encore un peu pauvres en
termes de composition et répétitifs –y compris les intros – cependant une
touche Meshuggah se laissait sentir sur pas mal de rythmiques et aussi dans le
chant. L'ensemble rendait une certaine froideur, mais le plus intéressant était
cette sonorité Voivodienne de plus en plus affirmée au fil des titres, à
travers ces mêmes caractères faisant penser à Meshuggah mais surtout par le
travail de la lead guitar. À savoir s'il s'agit bien d'une influence ou d'une
réinvention fortuite. Je ne sais pas non plus quelle est l'expérience du
groupe, et selon son épaisseur on peut juger de son potentiel sur le long
terme. Si l'on varie les compos en n'abusant plus notamment de l'effet
"arrêt presque complet puis reprise du riff principal une dernière paire
de fois en fin de morceau", on peut faire quelque chose de sympa avec les
traits plus originaux.
SYBREED est une formation Genevoise fondé
après la séparation du groupe Rain. L'expérience ici se fait bien mieux sentir.
Les Suisses proposent un mélange assez original mais qui fait tout de même
songer aux projets de Devin Townsend hors SYL. Il s'agit d'un Metal aux
rythmiques fréquemment dansantes, coupé de passages Electros et de mélodies
Rock portées essentiellement par le chant. Ces envolées sont d'un ton très
romantique, elles font penser à Placebo ou même U2 par leur finesse. Le son
n'était pas trop poussé – comme sur l'album – et cela correspondait à un ton
d'ensemble plus retenu et raffiné que d'ordinaire dans le Metal, bien que sur
un ou deux titres cela ait envoyé sévère. Le chanteur, beaucoup plus expressif
et auteur d'une impeccable prestation bien que les morceaux le sollicitent
beaucoup, s'est fait une tête assez Glam-Rock (mèches rouges, rimmel…) et fait
du charme au public là où on est plutôt habitué aux harangues. Nous avons eu
droit à deux titres en avant-première, qui se fondaient très bien au milieu des
autres. Il est juste regrettable que le son n'ait pas été plus poussé sur les
parties Electros, du reste toujours brèves mais un tantinet redondantes. Une
fois de plus, une formation intéressante vient d'Helvétie, elle est capable de
séduire les amateurs de Townsend comme tous les métalleux ouverts au mélodies Rock
héritées de la New Wave. Le public se montra sensible et commença à s'agiter
joliment.
Enfin la tête d'affiche de ce festoche venait
des Landes… GOJIRA fut longuement réclamé tandis que le chant des baleines et
quelques bruits de bulles emplissaient la salle pour ouvrir comme sur le
dernier album. Le son était excellent, équilibré, très propre et pas trop
poussé. Ca compte pour bien profiter d'un concert. En 90 minutes, le programme
était finalement lui aussi assez équilibré entre le dernier album et les plus
anciens ("Clone", "Indians", "Space Time",
"Deliverance", "Lizard Skin" en début de rappel,
"Embrace the World" notamment). L'assistance était régulièrement
déchaînée sur ces titres issus des deux premiers opus. Trop de Stage-Diving à
mon goût d'ailleurs, comme à celui du groupe. Les titres de "From Mars to
Sirius" sont déjà bien dans l'oreille et passent parfaitement. Le public
réagit beaucoup plus sobrement parce qu'on ne les maîtrise pas bien encore,
malgré leur simplicité. Toutefois, c'est jusqu'au fond de la salle qu'on marque
le rythme lorsque sont interprétés entre autres "To Sirius",
"The Heaviest Matter of the Universe" ou "Flying Whales"
(je n'ai pas encore assimilé l'album au point de reconnaître leur origine mais
pas tous les titres à coup sûr, il y a eu d'autres morceaux qui doivent
correspondre à la set list pompée sur d'autres dates). Les morceaux et les
passages les plus planants n'étaient pas
autant présents que sur l'album, on sait que Gojira privilégie l'efficacité en
concert et ils ne furent réduits qu'à la portion congrue pour laisser souffler
et offrir une dédicace à Greenpeace (…). Techniquement, la performance était à
la hauteur de la réputation des Goj' notamment à la batterie comme toujours
(cette double tellurique !). On ne s'en lasse pas. La chaleur ambiante devint
de plus en plus forte à mesure que le concert avançait, à la moitié du set de
Gojira on était tous en nage. Le groupe était aussi dans cet état mais cela ne
le handicapa nullement, bien que la sueur coulait à une cadence serrée goutte à
goutte de leurs coudes pliés sous les manches des instruments à cordes ! Nous
sommes tous sortis trempes et puants, même ceux qui avaient passé la soirée
sans trop bouger, et je n'ai pas le souvenir d'être rentré souvent aussi épuisé
d'un concert. Ils reviennent et ils sont au taquet, on remet ça le mois
prochain !
Salutations enfin à Fabrice, Metropolis et
Buffet Froid saluée de loin.
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