EKTOMORF aussi a mis pas mal de monde d'accord, mais pas de la même manière hélas. Je rejoins la critique de l'album sur le site. En un demi-morceau, la filiation Soulfly est limpide. Elle tombait mal parmi les autres groupes présents. Néanmoins après tout on a le droit d'aimer Soulfly et de suivre ses traces. Mais même, le manque d'originalité est rédhibitoire. Le professionnalisme ne fait rien à l'affaire, c'est que l'intérêt de la musique du groupe est trop restreint. Ektomorf n'apporte rien de plus par rapport à son maître. C'est la tragédie classique des suiveurs trop respectueux. Manque de génie ? Bah, ça pouvait aller pour jumper si vous vouliez.
DARK TRANQUILLITY s'est fait tout de suite remarquer par un son très différent, extrêmement propre et clair. Le même qu'en studio, restitué à un point presque incroyable, laissant tous les instruments cohabiter sans qu'aucun ne surnage en particulier (et surtout pas les guitares). C'est une façon de reconnaître aussi que la performance musicale de tous les musiciens fut parfaitement irréprochable. Il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dedans quand même, à cause de ce manque d'aspérités auxquelles s'accrocher. C'est pas le tout d'être mélodique. La propreté du son de D.T. est liée aussi à celle des compositions, je ne vous apprends rien. Mais à force d'être bien lissé et laqué comme un canard on court le risque de laisser s'installer un certain ennui chez le spectateur non fan qui ne connaît pas les morceaux par cœur. Pas de surprises, pas de folie…Bref on retrouve en concert les mêmes griefs que l'on peut faire aux albums, et à toute l'école de Gotebörg. Heureusement pour eux D.T. compte de nombreux fans, et un répertoire assez riche pour y puiser quelques anciens tubes après avoir défendu son dernier opus. Joli succès donc mais impression un peu mitigée chez le spectateur neutre, qui savait pourtant à quoi s'attendre. Au fond, on ne peut rien reprocher à D.T. qu'ils ne veuillent délibérément, alors les critiquer ne servirait pas à grand chose.
KREATOR enfin a retrouvé l'esprit du début de soirée et a laissé tout le monde sur les rotules. Un son d'une puissance énorme (surtout par rapport au précédent groupe tout en étant aussi impeccable à sa manière) et surtout une envie… Car si Kreator évoque forcément les vestes à patches et nos années 80, toute ringardise est hors de propos. Mille et sa bande n'ont pas perdu la foi, loin de là. On a embrayé sur Enemy of God et Impossible Brutality (avec l'habituel faiblesse de micro du Rockstore en début de set, ça devient pathétique), puis un enchaînement Pleasure to Kill – Renewal éreintant. Les classiques se sont succédés sans merci, Extreme Aggression, People of the Lie, Riot of Violence chanté par le batteur qui a d'ailleurs assuré une performance extra bien mise en valeur par la production… et j'en oublie. On a l'impression agréable de bien connaître le répertoire du groupe, ses mille et uns riffs qui vous lacèrent et vous transcendent à la fois, et ses refrains hurlés en chœur par la foule. Les slammeurs n'étaient pas nombreux mais repassaient sans cesse et ont causé une petite explication pour leur rappeler de ne pas fichtre en l'air le micro à chaque fois et autres incidents. Par contre, au risque de vous faire écrouler de rire je comprends mieux les assez nombreux couples qui se pelotaient sous le pilonnage sonique des allemands, car il est porteur d'une puissance de vie, d'un rare sentiment de vivre intensément le présent comme en amour, de ce qu'est en réalité le Metal au-delà des clichés morbides. Rappel pas très bruyamment exprimé (épuisement physique général…) mais très attendu. Terror Zone, Flag of Hate et Tormentor enchaînés pour nous achever. Une telle avalanche de classiques imparables est le privilège des monuments vivants. Moi qui d'habitude ne vis pas les concerts très physiquement, j'étais vanné sur le court trajet vers la maison. Franchement, laissez vos éventuels préjugés sur le Thrash "à l'ancienne" et allez voir les allemands de ce pas. En cette époque où la scène est saturée de groupes pas toujours solides il est bon de se replonger dans les classiques. Pas seulement pour pouvoir dire qu'on connaît, qu'on a la culture Metal etc, mais tout simplement parce que c'est BON et qu'avant de se hasarder dans la dernière nouveauté vue en pub dans la presse spécialisée il vaut mieux se tourner vers les Grands Anciens vous attendent et vous combleront plus certainement. D'autant qu'ils sont toujours verts.
Très heureux enfin d'avoir pu rencontrer quelques vseurs de plus – et aussi des non vseurs, ça devient people ces concerts ! C'était la cerise sur le gâteau d'une excellente soirée au terme d'une journée bien bien merdique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire