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mercredi 26 octobre 2016

Paradise Lost Orphaned Land Rockstore Montpellier 29 mai 2005

Alors que l'Europe entière attendait tétanisée l'issue très prochaine du scrutin que vous savez, l'abstention était inexcusable pour la première date Française d'une affiche énorme au Rockstore tonight : un groupe déjà légendaire fait ses premières apparitions publiques hors de chez lui alors que personne ne l'espérait plus. En quelques années on a déploré la rareté des publications d'enregistrements, à tel point qu'on a cru Orphaned Land mort, on disait ensuite qu'il ne voulait pas tourner et que de toute façon il n'en avait pas les moyens, on a même douté que cette éventualité intéresse grand monde… C'était heureusement sans compter sur la survenance d'un miracle, peut-être provoqué par l'intercession de la tête d'affiche de ce soir dont on sait l'estime qu'il cultive envers le groupe israélien depuis que celui-ci fit une reprise très personnelle du titre "Mercy" très appréciée de ses créateurs originaux. Il était d'ailleurs heureux que le Padre soit là, car son insistance fut pour beaucoup dans mon initiation à la musique de la Terre Orpheline. Et comment donc oublier la tête d'affiche ! Un monstre sacré de la scène daigne nous visiter alors qu'il vient de livrer son meilleur album depuis des lustres ! Comme s'il avait encore des choses à prouver à son âge ! La participation était correcte, mais la salle n'était pas pleine, il y a eu des défections visibles. L'assistance était, naturellement, assez féminisée.

UN PREMIER GROUPE LOCAL dont le nom demeure inconnu accueillait les premiers arrivants. Cette jeune formation prodiguait un Thrash à l'ancienne, années 80, avec des passages assez Rock dans les structures. De plus, le son très primaire et le chant éraillé suggéraient une autre facette bien Black dans la forme. Mais il n'y avait pas d'ambiguïté, pas de warpaints sinon les t-shirts Metallica. Bref, furibard et somme toute efficace même si c'était limité notamment à cause des riffs basiques. En tant que pur bonus, un groupe probablement niveau lycée qui se tape un délire bon esprit. Pas plus mais celui qui n'était pas passé par ce trip à cet âge n'avait de toute façon rien à faire là ce soir.

Pour ce que je connaissais SOCIETY 1, il allait s'agir du projet d'un metteur en scène de films pornographiques, proposant un Metal Industriel sans aucun relief oscillant entre les deux références habituelles du genre, quoique penchant un chouia plus vers NIN que Ministry, exprimant par là une approche très provocatrice de l'existence et dénonçant tous les suppôts de l'ordre moral honni. Donc gros a priori de départ reconnaissons-le… D'autant que ce profil global du groupe d'ouverture correspondait très mal avec les deux suivants. Le groupe débarque avec le rimmel sur les yeux, genre Slayer période Show No Mercy. Le frontman avait deux croix en sparadrap noir sur les mamelles... Il se démena sur les premiers titres comme un beau diable en gesticulations, poses et tirages de langues. Le son souffrit de grésillements sur les premiers titres. Mais le répertoire interprété était différent de mes prévisions : c'était un Thrash moderne celui-là, mais d'une pauvreté crasse. L'effet de la pantomime retomba très rapidement, d'autant que le chant se paumait vers les aigus puissants. Ca tournait au grotesque, le chanteur mimait de mettre des coups de chibre aux retours (vous verrez…), de se faire faire un pompier par son gratteux… Je me suis déplacé plusieurs fois pendant le set et partout où je me suis trouvé les gens étaient pétés de rire devant le spectacle. On comparait à voix haute avec un Manson de bas étage. Tout ça devenait relou étant donné que la qualité musicale ne progressa jamais. Quelques poses faisaient penser à quelques grandes références genre Kiss ou Deicide pour la bouteille de Jack, AC/DC pour l'exhibition des deux côtés (le chanteur tient son organe dans une seule main, p'tite bite…). Enfin on arriva au terme. Le groupe ne s'aperçut pas de l'effet produit et de l'espèce de second degré planant dans les applaudissements courtois et, en réalité, condescendants, ç'en fut pathétique. Suggestion : en passant par Toulouse dans quelques jours prendre Punish Yourself à la place pour faire du scandale musical avec la qualité en plus.
Bon, jusque là, rien de bien excitant !

Je vous ai rappelé les circonstances qui causaient l'allégresse des quelques fans d'ORPHANED LAND que l'on trouvait ce soir devant la scène. Mais l'assistance était très majoritairement en attente de voir ce que cette formation inconnue allait proposer. Le groupe s'installe puis le show démarre à l'arrivée du chanteur Kobi. Il est surprenant sans doute de voir un groupe de Metal vêtu à l'orientale. Plus encore de le voir exhorter le public à battre des mains en cadence avant même de commencer à jouer, moyen très habile de solliciter sa complicité. Mais ça a fonctionné tout de suite. Car où qu'on soit autour de la Méditerranée, ce geste est assez naturel… C'est libérer une partie de notre tempérament. Ceci servit à ouvrir sur Ocean Land. La joie d'enfin jouer hors de chez soi et de se faire connaître était très palpable, notamment chez Sassi le guitariste hilare du début à la fin, son batteur aussi. Kobi la joue plus concentré sur son travail mais n'oublie pas de relancer le public régulièrement ni de lui parler. Et sa prouesse le dispense de tout autre spectacle. Malgré un son correct sans plus, le groupe livra une performance technique sans faute (bon, un léger pain de batterie mais personne ne s'en est aperçu), on en avait oublié qu'à la base ce sont d'excellents musiciens de ce strict point de vue et c'est un atout maître pour un groupe qui vient se faire connaître par rapport à toute jeune formation pas encore en place, question crédibilité. O.L. livra tout d'abord sa face la plus prog' avec El Meod Na'ala, et la seconde moitié de The Kiss of Babylon. L'absence des orchestrations complètes était un peu frustrante quand on connaît les albums, mais elle était partiellement compensée par les effets enregistrés qui reproduisaient les plus importantes, l'interprétation très fidèle jusque dans ces solos à la griffe inimitable, les chœurs secondés par le claviériste Eden… et les battements de main à tout bout de champ. Le Metal est donc aussi une certaine chaleur, la joie de vivre et faire la fête sous le soleil plutôt que la guerre. Mais Orphaned Land n'a pas pour autant renié la première période de sa carrière, jouant ensuite des titres à l'affiliation Metal extrême incontestable comme Season's Unite qui déclencha le premier pogo de la soirée, Ornaments of Gold, ou d'autres dont je n'ai pas réussi à retrouver le titre.
C'est fou de constater qu'un groupe peut à quelques minutes d'intervalle installer une ambiance de mariage à Tel-Aviv puis envoyer les guitares rythmiques, la double et un chant d'écorché. Pire encore, tout cela se fait sans que l'oreille ne soit jamais choquée, comme si le Metal était fait depuis toujours pour ce mélange et un croisement parfois si intime qu'on ne sait plus d'où vient quoi… Les fans le savent, la personnalité musicale d'Orphaned Land est sans comparaison à ce jour, on pourrait passer des heures dessus. C'est un démenti définitif à l'encontre des idées reçues si commodes proclamant l'incompatibilité du Metal aux autres genres et son engoncement dans des codes internes surannés. Au contraire, c'est l'antithèse totale d'un certain Black. Orphaned Land puise son inspiration dans une culture dont l'ancienneté et la richesse n'ont rien à envier à celle des pays nordiques, la prière s'y est substituée au blasphème, l'appel à la paix aux vociférations guerrières, le soleil de la vallée du Cédron plutôt que la brume des fjords… Ce qui n'empêcha pas ce fan en t-shirt Marduk de lever le poing en rythme aux pieds de la scène. Un petit moment de recueillement avec un forcément dépouillé Neverending Way bref mais touchant, retour à Mabool avec un Birth of the Tree acclamé par la poignée de connaisseurs, passablement déchaînés du reste. Les commentaires très élogieux fusaient à côté de nous. Le choix de varier le set en piochant dans toutes les périodes était très intelligent, il permettait de ratisser les fans les plus extrêmes et les plus orientés prog' ou mélange des genres.

Enfin Kobi nous proposa de sauter en l'air à l'instar de ses compatriotes sur Norra el Norra qui clôtura le set, très amusant de voir le Padre bondir en rythme avec les autres. Le groupe se retira enfin avec un plaisir visible, personne n'avait vu le temps passer. En nous éloignant de la scène que l'on débarrassait au son de quelques tubes de Black Sab', il était clair que l'opération séduction avait très bien marché. Le stand attirait du monde, et pas mal des singles gratuits mis à disposition sont partis, tout comme les t-shirts. A côté des commentaires louangeurs, d'autres cherchaient à poser quelques questions aux gens qui connaissaient déjà le groupe. Je ne dirais pas que tout le monde est reparti conquis mais O.L. aura gagné un nombre non négligeable de fans ce soir, et si toute la tournée est comme ça il faut déjà songer à des rééditions. Je m'attendais à être frustré de ne pas voir jouer le groupe plus longtemps, mais le choix de ne négliger aucune facette pour donner une image fidèle de la variété de ce qu'il est et fut a aussi pour conséquence de combler le fan d'avant concert, bien qu'il puisse toujours regretter tel ou tel titre en particulier au fond de lui comme pour chaque concert. Souvenons-nous qu'il paraissait illusoire de les voir un jour, on ne va pas en plus faire la fine bouche et se scandaliser qu'ils n'aient pas eu un temps de jeu de tête d'affiche. Une prochaine fois sans doute, revenez-nous vite ! Reste une impression bizarre, très semblable sans doute à celle qui suit la consommation fiévreuse, inespérée et trop brève d'un amour intense, refoulé et ruminé avec douleur et amertume pendant des années et que l'on avait fini par accepter pour irréalisable à jamais… jusqu'à ce que l'autre, comme dans un rêve, franchisse le pas pour vous.

Mais le mieux était d'enchaîner aussitôt avec une joie au moins aussi forte. Ce qui nous était proposé avec PARADISE LOST. Choc annoncé dès l'entrée en scène très applaudie, ils ont remis les cheveux (enfin, pas Edmonson quand même pour qui ce n'est plus envisageable) !! Symboliquement, les deux versants principaux de l'histoire prestigieuse du combo étaient réconciliés, chez eux c'est un détail lourd de sens. Le son était très propre, quoiqu'un peu faible au début ce qui faisait croire que Nick Holmes n'était pas en voix sur le coup comme ça lui arrive parfois. Ce défaut fut corrigé en coulisse. La prestation technique était là aussi excellente, et le plaisir de jouer du combo très visible nonobstant un pet' de fût de batterie. Vous trouvez ci-dessus la setlist aux bons soins de Fabrice qui lui connaît bien les morceaux… Nick distille toujours ses vannes à l'humour cynique so british, avec cet accent incompréhensible du nord de l'Angleterre. Sans cela, un concert de P.L. ne serait pas ce qu'il est. Le nouveau batteur joue torse nu, ce qui est un peu drôle par rapport au reste de la formation, mais il cogne dur et, suivant le groupe précédent, invite régulièrement à battre le rythme les mains en l'air. J'ai dû le faire plus de fois en un soir qu'à deux nuits en bodega cumulées ! Et à un concert de Metal en plus ! Effet nostalgie assuré avec les chevelures repoussées sur les plus anciens morceaux. Il semble qu'on nous ait bouffé un ou deux titres. Je me risquerai simplement à noter la bonne présence de morceaux nouveaux effectivement excellents, accrocheurs dès leur découverte. Ils alternaient avec des morceaux plus connus. Holmes a toujours l'attitude "ah vous aimez ça et si on la jouait pas on sortirait pas vivants donc…" sur As I Die, c'est un sketche assez marrant de tournée en tournée.
L'art de la mélodie très finement arrangée est au sommet chez Paradise Lost, c'est LA constante de toutes leurs périodes, ce qui fait au plus profond leur personnalité. Cette beauté glacée réinventée titre après titre épanche la peine de vivre, l'esthétisation popisante électronique de mélodies à l'énergie Metallique fait un bien fou, c'est vraiment libérateur, on en danse et chante. Ce n'est pas uniquement la ritournelle imposée d'ailleurs et qui va vous coller à la caboche toute la journée, c'est surtout la petite phrase musicale qui exprime un état d'âme précis, et dont l'interprétation permet de mettre enfin une expression sur ce sentiment diffus et unique… La mélancolie est toujours nouvelle et la musique de Paradise Lost en est la preuve. Il faut être Anglais pour avoir le génie mélodique nécessaire à cette expression. La facilité avec laquelle on rentre à chaque concert dans des titres aussi simples et délicats à la fois est un délice pour l'amateur occasionnel. On a eu un simple rappel de trois titres avant un départ.
Bref le groupe est en grande forme, avec un nouvel album effectivement remarquable si j'en juge par élimination sur les titres qui à l'oreille ne me disaient absolument rien.

Concert au départ bien poussif mais au final assez fantastique. La plupart viendront profiter d'un grand groupe en pleine bourre et découvriront au passage une autre formation exotique mais géniale et inimitable ; de quoi faire une tournée inoubliable.

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