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lundi 31 octobre 2016

Obscura Revocation Beyond Creation Rivers of Nihil Jas'Rod Pennes Mirabeau 28 octobre 2016

En plus d'avoir planifié cette soirée depuis beau temps (j'avais même calé un déplacement professionnel en fonction !), les excellents retours de cette tournée me donnaient une forte excitation au moment de monter au Jas de Rod, au bout de l'Estaque, en surplomb de la zone commerciale de Plan de Campagne, ou de l'étang de Berre et de Marseille pour ceux qui connaissent moins.
Je n'y étais pas retourné depuis presque dix ans pour une autre affiche de Death Metal… Avec sa scène un peu étroite en arc de cercle et bien en surplomb dans une salle plus large que profonde, elle est mieux fichue que d'autres. Et puis surtout cette fois ce n'étaient pas seulement un mais deux groupes prenant place dans ma discothèque que je venais voir ! Le truc qui ne m'est arrivé que cinq ou six fois en vingt ans de concert !
L'affluence était conforme à ce qu'on pouvait attendre, bien que j'aurais certes rêvé de voir plus de monde. Avec le dernier Gojira en fond sonore, profitons de l'attente pour faire un tour au merch' très fourni pour tous les groupes à des prix classiques et tenu au moins au début par les musiciens eux-mêmes. J'ai failli craquer et si vous voulez faire un bon placement, profitez de ce que l'album d'Unhuman soit disponible au stand de Beyond Creation.
Comme souvent, Obscura avait déjà installé la batterie en arrière de la scène et les banderoles de côté, mais il y avait bien assez de place.

Les Pennsylvaniens de RIVERS OF NIHIL ouvraient le show avec un Death bien typé des années 2010, propre et largement combiné aux polyrythmiques du Djent. Cela produit en conséquence du gros riff carré bon pour charmer tout fan des premiers Gojira dans un habillage plus extrême. Une certaine expérience de la scène se sentait, dans l'aisance et la capacité à vraiment jouer ensemble. Le niveau professionnel du groupe d'ouverture s'appréciait, la fosse se forma au bout de quelques titres. Il n'en demeurait pas moins cette tarte à la crème si typique de l'époque actuelle se laissait bien vite cerner, la demi-heure accordée suffisait.

Je suis BEYOND CREATION depuis le premier album et pas question de rater leur première tournée en Europe. Les instruments sans tête et les quotas de cordes dépassés déclaraient déjà les ambitions techniques. Les changements de personnel et l'exigence du style pratiqué n'ont pas provoqué d'accidents. Même avec un jeune nouveau bassiste en lieu et place de Dominic Lapointe, c'est une vraie machine à quatre qui vient encore du Québec et qui a captivé l'auditoire. Leurs compos varient entre titres complexes plein de trouvailles, renouvelant sans heurter ni ramollir le Death très technique et bien Jazzy (le dernier album), et autres morceaux aux solos de guitare inspirés, indécemment longs et jamais ennuyeux (le premier album). Le tout étant restitué au poil. Hugo Doyon va vite se faire connaître. Les passages en tapping de la vieille garde du groupe emportaient l'admiration des premiers rangs. À la batterie, Philippe Boucher a quelques gestuelles originales un peu spectaculaires lui permettant d'enchaîner certains plans par un seul mouvement fluide.
Simon Girard s'exprimait bien sûr en français mais n'en fit pas des tonnes, sa musique parlant pour lui. Son growl n'est pas original mais irréprochable. Il est d'ailleurs remarquable qu'avec Kevin Chartré, le vieux noyau guitariste du groupe ne cherche pas du tout à écraser la section rythmique, tout au contraire. Encore une fois, le Death technique a comme grand atout de mettre la basse mieux à l'honneur que presque partout ailleurs. Se sentaient dans les acclamations une pointe d'admiration collective, plus que de simple plaisir. Vers la fin le pogo reprit malgré la force d'attraction du spectacle instrumental, et en m'écartant j'ai pu constater que dès qu'on sortait de l'axe des enceintes le son se perdait très nettement, en raison de la structure de la salle. Au bout de trois quarts d'heure ils ont laissé place, mais j'étais comblé et ils ont surtout gagné de nouveaux fans.

Au fil de leur discographie déjà dense, je n'ai jamais trop accroché à REVOCATION qui était le groupe un peu différent du plateau de ce soir. Leur Death-Thrash mélodique assume aussi certains gros riffs, et ce mélange plaît évidemment au public qui pouvait enfin se lâcher pour de bon sur la plupart des passages, avec ce style plus simple et direct. Le chant criard et les quelques passages limite acoustiques semblaient révéler une certaine influence d'At the Gates et consorts, aussi. N'empêche que cette mixture à la mode manquait de personnalité par rapport à ce qui s'entend ailleurs, même en s'en tenant à leur génération et en ne tiquant pas sur les simples "France" du chanteur pour nous interpeller. Certes il y a de vrais riffs – tout le monde ne peut en dire autant dans le Deathcore – et des domaines d'inspiration suffisamment variés, mais une fois terminé on n'en retient pas grand-chose.

Pour couronner le tout OBSCURA arriva sans se chauffer et au pas, pour attaquer par des titres d'"Akroasis" comme on pouvait s'y attendre. En quatre ans depuis la première fois que je les avais vus, la fougue semblait avoir disparu. Il fallait donc plutôt s'immerger à mesure dans ces nouveaux titres à l'architecture complexe, chargée, aux multiples chatoiements et à l'interprétation si exigeante. Ceci expliquant certainement cela. Le personnel a bien changé depuis Toulouse, mais le répertoire antérieur apparaissait dès le vilebrequin morbidangélique "Ocean Gateways" qui remit un peu de physique dans ce Death si intellectuel…
La gentillesse réservée toute germanique de Kummerer n'aide pas à compenser cette attitude plus statique, cependant son anglais très compréhensible lui permettait d'exprimer son amical souvenir à Benighted, ou de demander si certains les avaient vus au HellFest malgré les préjugés entre nord et sud de la France. Le beau spectacle technique s'équilibra ensuite quand apparurent des titres de "Cosmogenesis" dont l'approche plus directe corrigeait le danger d'un set démonstratif et un peu trop froid. La fosse se réanima. Cette réorientation ne laissa place ni à la période antérieure à l'arrivée chez Relapse (mais on est habitué) ni même à l'album intermédiaire, bizarrement, qui ne revint pas au programme. Le chanteur de Rivers of Nihil et une roadie vinrent même slammer sans crier gare, bon esprit. Le rappel vite consenti finit encore sur cet album de la révélation, pour un final plus emballant qu'avec des reprises pieuses comme naguère. Pendant que Kummerer présentait son équipe actuelle, je me disais que le dosage de la setlist était rassurant, il a conscience du risque pris avec "Akroasis" et ne veut clairement pas qu'Obscura devienne le groupe de perfomeurs au répertoire brillant et sans âme qu'on bade sans bouger. C'est rassurant pour l'avenir.

Heureux d'avoir eu la bonne dose de Death haut de gamme que j'attendais depuis un certain temps, me voici ragaillardi pour de nouvelles aventures vers d'autres horizons musicaux requérant un peu plus d'ouverture de ma part.


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