Le public était venu en bon nombre et souvent en couple
ce soir pour la date toulousaine de la tournée 100% suédoise, à la salle du
Ramier. La déco trahit tout de suite l'usage habituel des locaux en boîte de
nuit dans toute son horreur ! Le spectacle commençait avec BURST venu défendre
son dernier album. Le HC qu'ils proposent m'a instantanément fait penser à
Isis, et pas franchement à leurs compatriotes de Cult of Luna. Il est sans
doute très difficile d'ouvrir pour Opeth, mais ces coreux montrèrent vite qu'ils
étaient bien mieux que de vulgaires chauffeurs de salle, n'en déplaise à une
paire d'ultras (en t-shirt Symphony X…) braillant après la tête d'affiche. La
qualité de leurs titres est incontestable, le son live était impeccable et
aurait pu être parfait si les chœurs en clair avaient sonné plus juste, le
chant étant lui-même délicieusement typé HC. La touche Rock Psyché annoncée ici
et là était effectivement sensible au détour de l'un des fréquents passages
acoustiques qui agrémentent les morceaux. Seul le second titre, à ma mémoire,
était purement "in your face". Le bon jeu de lumières aussi était
très appréciable parce que c'est quelque chose que l'on néglige trop souvent
dans les concerts de HardCore. Burst n'a pu hélas jouer qu'une demi-heure, et c'est
frustrant car on en aurait bien repris un quart d'heure de plus au bas mot, moi
du moins.
Mais OPETH voulait se préserver un long set comme ils en
sont coutumiers. On aurait presque pas senti le temps passer, du reste, étant
donné la qualité du programme. Arrivant sous les acclamations et un joli fond
rouge, la bande à Mickaël ouvrit bien évidemment avec le premier titre de son
dernier album comme il se doit ("Ghost of Perdition")… Presque tous
les albums ont été représentés, mais il est clair que la période Candlelight
(soit les trois premiers) est bien moins connue de l'assistance qui répond de
façon bien plus retenue sur "When" interprété aussitôt après (mon
moment préféré de la soirée !) et "Under the Weeping Moon" exhumé d'"Orchid".
Mais ces plongées dans le passé montrent qu'Opeth n'a en rien renié son passé,
pour le bonheur des vieux fans. Je n'ai pas pu apprécier la performance
technique du groupe car je n'étais pas très bien placé mais si j'en juge par ce
qui sortait des enceintes c'était un sans faute. Le batteur emprunté à
Nifelheim s'est montré tout à fait à son avantage. Opeth interprète très
fidèlement ses titres là où d'aucuns feraient des medleys. Ce choix d'intégrité
permet de restituer au mieux les ambiances tant appréciées sur album et toute
l'audacieuse profondeur qui fait d'Opeth un groupe d'exception. Seule petite
surprise, l'enchaînement d'un "Closure" mutant de plus en plus vers
le Metal jusqu'à introduire "Bleak". Très brillant, effet garanti. Le
son était très clair, mais point trop propre ce qui préservait un aspect live.
Ce n'est peut-être pas la peine de reconstituer la set list complète, on a eu
"White Cluster" (bonne idée de ne pas choisir la facilité et les
titres d'ouvertures à chaque fois), "The Baying of the Hounds",
"The Grand Conjuration"… Mickaël se charge de la communication mais
c'est un vrai Suédois obligé de forcer sa nature réservée, et il nous sert des
plaisanteries pince sans rire de lord anglais à l'heure du thé (bien que
parfois ce soit grivois). Qu'importe, les fanatiques donnent le ton et le
public lui mange dans la main. N'empêche que le maître s'égare parfois dans des
boutades que lui seul ou parfois ses compères semblent comprendre. Quelques
bonnes blagues cependant comme lorsque Peter Lindgren cherchant à s'accorder
entre deux titres restitue juste l'effet et les toutes premières notes de
"Welcome to the Jungle" et Mickaël de susurrer d'un ton choqué au
micro "Oh no, we're not gays !". Il va même jusqu'à expliquer que
comme il ne parle pas français il va nous parler en allemand pour la blague, et
il le fait... Tout ceci et son regard désarmant paumé vers les nuages donnent
vraiment l'apparence d'un authentique génie un peu à l'ouest dès qu'il faut
redescendre (et l'usage immodéré des substances ne doit pas aider j'en ai
peur). Néanmoins une ambiance bon enfant est maintenue tout le long. Fin du set
avec "A Fair Judgement" (merci pour ce titre que j'aime fort !), et
rappel bien sûr avec un "Deliverance" velu et intégral. Un excellent
concert, un peu gâché hélas par l'attitude de l'assistance très hétéroclite.
C'est sympa de voir qu'un seul groupe peut rassembler des fans de Heavy
"de payday", des Beumeus, des metalleuses en quantité significative
et d'autres encore, cependant… J'ai l'impression que c'est la même chose sur
toute la tournée en lisant les reports mais beaucoup de gens sont venus voir le
phénomène Opeth sans trop connaître. Alors ça commentait à voix haute dès qu'un
passage acoustique dépassait cinq secondes et pour ceux qui les aiment aussi
c'était pénible ! Il faut y rajouter le grand nombre de fanatiques traumatisés
qui étaient en extase (alors qu'il semble bien que beaucoup ne sont pas
remontés plus haut que "Still Life"), les portables et numériques
fleurissant sans cesse pour photographier l'IDOLE en action, les chichonnés qui
enquillaient pet' sur pet' pour vivre à fond le trip tels qu'ils croient le
concevoir (les voisins non fumeurs ont apprécié). On peut retrouver tout ça
dans presque tous les concerts mais à ce point, cela crée une impression de
malaise. Sans pour autant m'empêcher de jouir pleinement de cette savoureuse
soirée, car Opeth n'est pas un cirque attrape-tout et n'a pas encore vendu son
âme en cours de route. C'est seulement un très grand projet dont le succès a
atteint de telles proportions qu'il est devenu "tendance" malgré lui.
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