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mercredi 31 août 2016

Front 242 Bikini Toulouse 29 janvier 2009

Il fallut attendre une grande affiche pour ouvrir enfin l'année 2009, après avoir dû sacrifier Misery Index pour cause d'exam'. Encore une fois en peu de temps, il fallut aussi se déplacer à Toulouse mais c'était la première fois que je mettais les pieds au nouveau Bikini après tant d'années. C'est à présent une grande salle moderne à l'entrée est de l'agglomération (près du Canal du Midi) qui sent encore le neuf, avec vaste parking, vestiaire, bar extérieur, restaurant orné de dessins originaux de Vuillemin et Margerin, autour d'une grande salle principale surplombée d'une grande mezzanine.

Le public était très nombreux, une assemblée franchement trentenaire voire souvent plus, avec pas mal d'étrangers dans le tas. D'autres étaient venus de loin comme moi car depuis que Front 242 ne fait plus de tournées, chaque concert est un événement. Mais hélas, une partie de l'assistance s'est montrée assez peu concernée, certains ont chambré à voix haute pendant toute la première partie avec des blagues du niveau de Pépé qui fait la queue chez le boulanger. D'autres étaient visiblement plus venus pour parler et boire des demis. Une minorité certes, mais pénible (j'aurais peut-être dû aller plus devant, aussi). Y'avait quelques rares gueules de metalleux disséminées (comme avec Depeche Mode).

La soirée commençait avec l'un des multiples projets auxquels s'est intéressé l'un des membres du groupe, Patrick Codenys. LA ZAMPA est un duo de danseurs contemporains pour lesquels il s'occupe de l'accompagnement musical, qui nous a proposé son spectacle "La Tombe du plongeur". Je partais avec un a priori car je ne suis guère amateur de cet art et ça partait mal avec ce début violent à la Costes. Mais le surréalisme a pris le dessus dans une performance physique et parfois touchante au cours de laquelle les deux danseurs sont restés nus presque tout le temps. Dans un jeu d'ombre et de lumières très travaillé et enrichi par la présence fréquente d'un assistant, des projections murales et aussi par un amas de télévisions posées sur le côté de la scène. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris mais j'ai ressenti un certain plaisir à suivre cette histoire d'amour, de souffrance et de désir. Il y avait une intensité plus grande lors des scènes interprétées à deux, y compris ce final qui confirmait les sens contenus par l'ensemble. C'était original et plus intéressant que ces performances SM où la scène moderne se fourvoie prétentieusement parfois.

Laissez-moi vous présenter FRONT 242 le temps que les assistants de la salle installent les deux synthés et la batterie. Très réputé pour ses sorties live depuis presque trente ans, cette institution de la scène alternative belge et de l'Electro a acquis une large reconnaissance internationale en tant que co-fondateur de l'EBM, portant haut l'ambition d'une musique dansante d'inspiration strictement européenne et continentale, sans références aux musiques d'inspiration africaine ou anglo-saxonnes, toujours binaire. En plus de cela, le groupe a pris le risque d'évoluer ensuite vers les autres styles d'Electro et d'Ambient en suivant de loin l'évolution générale de la mode ou de se consacrer aussi à beaucoup d'autres projets parfois fort éloignés (Revolting Cocks, 32Crash notamment). Cette attitude leur a valu de devenir une référence de choix dans le milieu musical en plus d'être vénérés comme des pères par la scène EBM ; ils ont tourné avec Ministry, Alice in Chains et Depeche Mode par exemple, et U2 les a cité comme influence (!). Dernier détail : le jeune batteur sur la scène est un pigiste, le véritable quatrième membre (Daniel B., vrai fondateur du projet) est toujours à la table de mixage pendant les concerts. Remarquons avant que les lumières ne s'éteignent que le matériel est de l'analogique classique. La tendance actuelle dans l'Electro étant de revenir à ces moyens basiques, le quartet a décidé de suivre le mouvement en remettant à l'honneur à cette occasion leur ancien répertoire créé naguère avec un matos de ce type.

Le set débuta avec la descente introductive de "Happiness", dans sa version du récent live "Moments 1". Front 242 se présentait avec un son énorme, puissant et parfaitement clair (boules quiès inutiles) qui annonçait aussi par là un programme dans la droite lignée de ce live de reformation qui remettait à l'honneur le vieux répertoire purement EBM. Un large mur d'images a été aussi utilisé surtout pour les titres anciens, assez sobre, homogène et un peu rétro. Pour les quelques autres, plus lents, que l'on retrouve dans "Moments 1" et qui apparaîtront normalement dans un prochain album, c'était plutôt les effets de lumière qui jouaient. Le chant était naturellement soit alterné entre Jean-Luc De Meyer et Richard 23, soit en duo. Patrick Codenys enfin n'a pas quitté son clavier. Les lunettes noires étaient évidemment de rigueur !
La set list a été donc très semblable à celle de "Moments 1", dans un ordre différent et légèrement raccourci. "Take One" irrésistible, "Funkhadafi", "Religion" qui s'impose dans le tas malgré son appartenance à la période plus synthétique, "Commando Mix", "Welcome to Paradise" connu par cœur du public, "Im Rhythmus Bleiben" (rebaptisé pour l'occasion "Restez en rythme"), "Body to Body" ont été entrelardés comme je disais par d'autres plus récents, généralement chantés par Jean-Luc De Meyer. Les grands classiques retrouvent leur nature grâce au retour de l'analogique mais bénéficient aussi des améliorations offertes par le progrès dans ce domaine depuis le début des années 80, ce qui justifie largement ce choix artistique. Quant aux nouveaux titres ils remportèrent un moindre succès bien qu'ils s'inscrivent dans ces sonorités vintage, sans doute parce qu'ils sont plus simples. Ils permettaient de souffler. Il le fallait bien car comme ils en plaisantaient, on n'a plus l'âge. Il est drôle de les voir se bouger façon poupée mécanique, mais c'est l'origine de la danse pratiquée dans les clubs d'Electro Gothique. Beaucoup de gens dans le public – et votre serviteur ne se sont d'ailleurs pas gênés, je suis même surpris que tant de spectateurs soient restés amorphes.
La communication fut parfois brouillée par la réverbération, sans importance. L'essentiel était dans l'efficacité inusable des grands classiques. D'ailleurs, "Quite Unusual" s'est aussi glissé alors que ce morceau incontournable est écarté de "Moments 1", faisant un bel effet d'invité surprise. "Headhunter", repris largement par la foule les bras en l'air à compter de un à quatre selon le refrain, venait enfin annoncer la fin de la fête… prolongée par un rappel ouvert avec "Kampfbereit" auquel a été inclus un passage du "Radioactivity" de Kraftwerk et une strophe en français, "Until Death – us do part" et l'inévitable "Punish your Machine" en ultime final comme il se doit.

Le groupe gère lui-même son stand, et il est exceptionnel qu'un groupe aussi ancien et influent soit aussi accessible, passant du temps avec ses fans avec un plaisir plus sincère que, pour comparer, le gros groupe de Metal américain moyen… Que non pas, ils sont adorables comme le sont les Belges. Une référence à tout point de vue, décidément, et une soirée dont on se souviendra.

Daniel Bressanutti : production, remixage, programmation, mixage live
Patrick Codenys : production, remixage, programmation, claviers, samplers
Jean-Luc De Meyer : paroles, chant
Richard Jonckheere : percussions, chant, paroles, samplers

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