Bienvenue sur mon blog relatant mes impressions et souvenirs de concerts depuis 2004.

Vous pouvez retrouver les nouvelles publications en avant-première sur metalnews.fr (avec des illustrations).

Ne vous contentez pas de regarder les titres des dernières publications !

Servez-vous du moteur de recherche interne en haut à gauche de la page pour rechercher dans les publications plus anciennes du blog un groupe en particulier, une salle, des groupes qui m'ont paru ressembler à vos favoris... il y a matière.

Les intitulés ne mentionnent pas forcément tous les groupes qui ont fait tel concert, je privilégie les têtes d'affiche. Utilisez là encore le moteur de recherche.

mercredi 31 août 2016

Obszon Geschopf Muckrackers TAF Saint Jean de Védas 6 mars 2009

Le Drink, Fuck and Die ! fest est un festival organisé par l'association Metal Command à laquelle nous devons déjà tant de bons concerts. Il était organisé sur un week-end avec une première soirée orientée Indus (c'est celle que je vais relater) et l'autre Black Metal (sans moi). L'affluence était moyennement fournie mais variée, on y retrouvait quelques bonnes vieilles connaissances.

Je suis arrivé juste à temps pour voir commencer HORSE GIVES BIRTH TO FLY.  Il n'est pas facile d'être objectif avec le groupe de gens que je connais un peu, mais mis à part cela j'aime vraiment ce qu'ils font. Tout en brassant beaucoup d'autres influences, ce trio d'ici se focalise sur l'Industriel. Non pas le Metal ou le Rock-Indus à la Ministry ou NIN, mais ce qu'est vraiment l'Indus, la vraie, dans le droit fil d'Einsturzende Neubauten et Throbbing Gristle, voire Young Gods de plus loin. C'est donc une musique à la fois exigeante, accessible et captivante, toute en épaisseurs accumulées et retirées selon les enchaînements. Après un commencement très progressif, les titres se suivent sans rupture. Il faut se laisser porter par cette succession et se refaire un "Eraserhead" cérébral, alors que le corps n'est pas absent tant la lente et puissante vibration dégagée par le groupe se ressent aussi physiquement. Enfin, HGBTF est intéressant à regarder dans son jeu instrumental assez typique de l'Industriel mais pour autant très varié. La tôle frottée, le gong, les caisses, la feuille métallique agitée, la vocalise maîtrisée, le larsen, la basse martyrisée sur le sol, le manche de guitare tapoté, l'archet artisanal, la tige coincée entre les cordes, tout cela se croise au long du set. La préparation lente des instruments qui vont venir pendant qu'un autre se retire entretient la curiosité visuelle, on se projette déjà dans ce qui va suivre. Mais les trips ont une fin et le set se termine au bout d'une demi-heure avec un dernier titre plus distinct, plus bref avec une guitare saturée qui sonnait à la Sonic Youth.
Allez faire un tour sur leur myspace pour essayer par vous-mêmes, cela peut aussi être l'occasion de s'ouvrir à une scène qui touche elle aussi, à mon sens, à une sorte de limite indépassable de la musique.

Bien qu'ajoutant un grand drap pour son mur d'images, LITH est en fait un projet solo qui se contente d'une console. Cela s'inscrit dans une Electro Indus très dure et sèche, complètement axée sur le rythme et sans paroles. À l'instar du reste du public, j'ai accueilli fraîchement tout d'abord un set entamé par un titre encore entre deux avant de me laisser faire par des boucles plus rapides. Au bout d'un moment, une parenté forte mais évidente m'est venue en tête : Dulce Liquido ! En fait, cela sonne beaucoup comme ce projet parallèle d'Hocico. Noir, oppressant et lourd, les baffles martèlent les beats purs qui varient suffisamment pour garder l'intérêt de l'auditoire pliant des genoux en cadence. Pendant ce temps, la projection murale montrait aussi des boucles d'images traitant successivement de la pollution, l'expérimentation animale, la guerre, le totalitarisme, l'industrie pétrolière… Classique mais cohérent.

MUCKRACKERS ensuite se présenta comme un duo à concept, dont un membre a pas mal traîné par VS à une époque, je crois. Les deux hommes se présentèrent en cagoule et en combinaison de travail, l'un à la basse l'autre à la guitare. Tandis qu'un chant ouvrier s'élève et que le mur d'images déroule cette fois des images de la révolte minière, ils se tiennent longuement le poing levé. Comme on le sait, Muckrackers célèbre la mémoire de la contestation sociale issue de la crise fatale à la sidérurgie lorraine à la fin des années 70 (en y rattachant d'autres catastrophes socialo-industrielles de la même époque). Du point de vue musical, il s'agit d'un Punk-Metal-Indus agressif et revendicatif, bourré de samples, structuré également en boucles solidifiées par des riffs puissants et légèrement distordus. Le concept est à la fois une force et une restriction pour rentrer dedans. L'ambiance n'est pas à la rêverie, les samples et les projections racontent inlassablement l'injustice de la crise, la misère grandissante, la dureté du travail, la dignité des laissés pour compte et l'attachement à la mine et à l'usine, sans autre issue que la révolte. J'avoue que je me suis lassé au bout d'un moment dans ce set long (une heure, je pense) et je suis sorti. Car si les titres sont clairement efficaces grâce à la sincérité du projet, ceux-ci restent basiques et ne servent finalement que de cadre d'expression. L'aspect politique prime en fait sur la musique conformément à l'esprit du Punk originel, c'est un choix délibéré. Si la musique elle-même n'est pas franchement inattendue, elle trouve sa solidité dans le concept et Muckrackers contribue à prouver la pérennité de styles datant de trente ans, comme le drame humain dont ils perpétuent la mémoire.

Je ne connaissais que de nom OBSZÖN GESCHÖPF, je croyais même que c'était aussi un projet solo ! C'est en fait un quartet Dunkerquois assez jeune qui revenait de tournée européenne. Le bon son et l'expérience du groupe se sentent pourtant. Musicalement, c'est de l'Electro Dark particulièrement lourde à la Laibach avec quelques ritournelles mélodiques et orchestrations façon Hocico ou X-Fusion, plombée de surcroît par une guitare et une basse qui rappellent plus die Krupps, voire Punish Yourself et White Zombie pour le petit côté cinéma décadent suggéré (sans même avoir besoin d'un mur d'images, en ce qui les concerne). Clairement, cela va chercher dans les basses pour faire chalouper les bassins selon des mid-tempos pesants et ça fonctionne sans problème. Le public a bien adhéré et même l'équipe de l'orga s'est lâchée en front de scène. Maîtrisant leur jeu avec conviction, ils ont pu faire un peu de show en se bougeant, en se crachant dessus (à la salive ou à l'eau). Les titres sont donc bien groovy si l'on peut oser ce terme, massifs et délayés répétitivement, plus conçus pour la scène et la danse que pour l'écoute attentive. La fin du set a souffert de problèmes de micro au chant, qui n'ont pas empêché une petite rallonge.

Fourbu, j'ai alors quitté le terrain d'une démonstration convaincante de la vitalité persistante du mouvement Electro-Indus, et de son implantation progressive loin de ses terres originaires.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire