Terror First Blood Lionheart TAF Saint Jean de Védas 7 février 2011

Et on enchaîne deux jours après pas très loin de la salle où nous avons vus les jeunes dieux, mais dans un esprit franchement bien éloigné. La Secret Place était bien garnie et on venait même de Provence ou de Catalogne, casquette ou bonnet étaient de rigueur. Je pensais ne croiser guère de gens connus mais finalement ce succès public m'a permis de revoir pas mal de connaissances parmi tous ces coreux.

BACKTRACK jouait déjà quand j'arrivais, mais visiblement depuis peu. Cette jeune formation New-yorkaise pue et suinte le style NYHC à 400 %. Même dans les moindres riffs et ponts, c'est dans le droit fil de ce que faisaient Madball, Cro-Mags, Agnostic Front et tous les autres aussi connus. L'accent du chanteur y faisait aussi, même s'il faut dire qu'il manquait de puissance (ce ne sera pas le premier dans cette scène où cela a moins d'importance). Ce n'était pas original pour two bucks, mais c'était bien fait avec sincérité dans un style qui me rappelait une partie de ma jeunesse.

LIONHEART enchaînait vite et avec eux on passait sur la côte ouest pour le restant de la soirée. Soit dit en passant, de mon temps le HC californien c'était tous les groupes mélodiques et Punky qui sortaient sur Epitaph ou alors les Dead Kennedys. Mais en quinze ans les choses ont beaucoup changé et maintenant leurs jeunes formations repompent sans complexe le style de la côte est. En l'occurrence Lionheart montrait déjà plus d'expérience, un son plus puissant et propre autrement dit moins Punk et plus Metal. Leur répertoire était efficace (mais pour ne pas l'être dans ce style, il faut être vraiment mauvais). La fosse se lâchait déjà mieux à coups de poing dans le vide. De derrière en se concentrant plus sur la musique, il était facile de se rendre compte que le groupe abusait des riffs "à vide", même s'il ne tombait pas dans le beat down. On privilégiait de quoi bombarder facilement, en fait. Bref, sympathique sur le moment mais pas franchement marquant.

FIRST BLOOD est le groupe d'un ex-Terror avec quelques autres ex-autre chose. La fosse attint vite le plein régime avec un HC traditionnel en continuité avec Lionheart mais plus varié. La première raison en était la compétence supérieure du batteur qui était capable de pilonner plus densément. Le choix de riffs très lourds et moins souvent à vide pesait aussi en ce sens. C'était un déchaînement de virilité bas du front et grosses burnes mais avec le sourire et sans arrogance, si je puis dire. Le déferlement de puissance reléguait l'intérêt musical au second plan, les riffs envoyaient sévèrement sur le moment mais ça enchaînait tellement entre les harangues du chanteur dans son t-shirt naïf et les roulis de la batterie qu'il était difficile de dire si ces compos pouvaient vieillir. En tout cas, la fosse était en ébullition. L'un des derniers titres comprenait des chœurs à la SOIA assez surprenants.

Au cours de la dernière pause je rejoignais une vieille copine qui traîne dans le HC depuis quinze ans au bas mot et je l'ai écoutée se plaindre de la dérive de la scène vers la caricature depuis cette époque et qu'au moins le Post-Core et le Noise étaient plus intéressants et avaient une meilleure attitude (c'est sa rengaine habituelle mais elle n'est pas forcément fausse).

Le problème c'est que lorsque TERROR s'est mis à jouer elle n'a pas cessé de m'interrompre pour critiquer à peu près chaque riff et chaque intervention de Scott Vogel ce qui m'a quelque peu gêné pour rentrer dedans (mais je savais qu'elle finirait par repartir chez elle et c'est ce qui s'est vite passé, pas besoin de se fâcher). Le public était toujours à fond, il y a eu un énorme circle pit autour du fameux pilier au centre de la scène. Je retiendrai bien un ou deux riffs mais je formulerai surtout les mêmes réserves qu'envers First Blood, même si Terror s'appuie un peu moins sur sa batterie (qui assure quand même). Vogel fit des blagues et des harangues humoristiques, il nous demanda des nouvelles de Kickback et semblait bien au courant des réactions très tranchées à leur sujet, il loua aussi la qualité de la scène HC européenne. Pour ma part j'ai saturé de tout ce HC pur et dur auquel Terror n'apportait rien de plus à part la qualité de jeu, la fatigue m'a gagné rapidement. Il n'y eut pas de rappel mais l'annonce de titres en plus vite enchaînés en fin de set conformément à la tradition américaine.

C'était toujours instructif de retourner voir ce que devenait cette scène après m'en être éloigné, mais je ne suis pas sûr de revenir voir Death before Dishonor la semaine prochaine.