Je ne vous ai pas raconté concert dans les mêmes lieux il y a deux
semaines, qui avait plus viré à la soirée d'amis, et j'ai un peu hésité à vous
parler de cette soirée. Mais cela peut intéresser un certain nombre de
personnes parmi nous. Eugene Robinson, chanteur du groupe New-Yorkais Oxbow,
est donc actuellement en tournée européenne pour promouvoir à la fois la
traduction française de son premier roman, un polar intitulé
"Paternostra", et le documentaire sur leur tournée franco-belge de
2009. Quelques retrouvailles et surtout le souvenir de la tannée qu'ils avaient
mis à Isis il y a cinq ans m'avaient amplement motivé, après avoir fait
l'impasse sur le nouveau passage de Jucifer et sur Marvin/Fordamage qui se
télescopaient la veille.
Brièvement, le Black Sheep est donc le nouveau bar qui a remplacé le
restaurant "le baloard" qui avait déjà accueilli nombre de concerts mémorables dans sa cave
(j'ai rien contre l'anglais, mais au moins le nom occitan avait plus de
saveur). Au rez-de-chaussée, déco refaite, bande-son oscillant entre Britney
Spears et The Cure, choix de bières pléthorique, trentenaires en goguette, concept
très surfait en fait. La cave a été réaménagée pour avoir une entrée plus
commode à gérer pour une éventuelle billetterie, et la scène mise au coin
laisse le pilier au milieu comme à la TAF… spécialité montpelliéraine…
C'était bizarre de s'y retrouver, nous y avons vu quelques concerts
inoubliables, et voilà la salle parsemée de tables et de chandelles face à un
drap tenu par quelques pinces à linge pour la projection du DVD. Ce film d'une
heure réalisé par Mariexxme est clairement intéressant, il se focalise sur les
propos tenus par les membres du groupe au hasard de moments de confidence au
long de la tournée, tout en laissant place à des extraits live. Les
intervenants se livrent. Ils ont une approche intéressante de leur métier,
exigeante mais apaisée, fouillée mais s'arrêtant juste avant le nombrilisme.
Les morceaux live en intégrale donnent un bon aperçu de leur musique, ce
Post-Rock aux attitudes Noisy mais tendant franchement au minimalisme, et
ouvert à beaucoup d'autres inspirations lointaines…
Après une pause Westmalle au rez-de-chaussée on revenait pour
écouter EUGENE ROBINSON, chanteur d'Oxbow, improviser avec grand talent un
récit de son roman. Les Américains de Nouvelle-Angleterre ont un accent
parfaitement compréhensible et l'écrivain-narrateur est tout à fait captivant.
Son charisme est intact dans cet exercice plus mesuré que les strip-teases
d'Oxbow, racontant en général assis pour donner plus d'effet aux passages racontés
debout, murmurant d'une voix audible sur les effets d'un accompagnateur musical
discret mais omniprésent et pertinent, puis explosant subitement pour exprimer
la violence de certains de ses personnages. Certaines scènes de polar qui
pourraient être banales deviennent ainsi tragiques, par la conviction forte et maîtrisée
de leur créateur. Dans cet exercice, force est de reconnaître qu'on est bien
au-dessus des cabotinages excessifs d'Ellroy, même si les talents d'écrivains
ne sont certainement pas (encore) comparables.
Robinson proposa aimablement de répondre à quelques questions ce qui
nous offrit un très grand moment de consternation quand pour commencer une
personne lui demanda pourquoi il avait une bande blanche dans les cheveux… Avec
une gentillesse affligeante pour le destinataire, Eugene prit tout le temps
d'expliquer que c'était une conséquence de son âge. Je ne suis pas près
d'oublier cette anecdote, lui non plus je pense.
Après quoi nous sommes allés finir l'anniversaire du jour un peu
plus loin dans la nuit – enfin – printanière. Dans quelques jours je reviens
vous parler de totalement autre chose avec beaucoup plus de monde.
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