La fatigue se faisant sentir j'ai laissé passer divers plans ces derniers jours, mais là c'était à côté et à pied. Et le Rockstore c'est plein de souvenirs. Cependant depuis que la salle appartient à la ville, il n'y a plus de Metal. Les pouvoirs publics préfèrent qu'on fasse venir des groupes qui chantent en français l'amitié entre les gens que ceux qui beuglent en anglais la guerre entre les peuples… Mais parfois il y a des affiches qui justifient un retour en ces lieux si chers à tant de Languedociens à défaut d'être la salle idéale. Certains membres du personnel étaient déjà là il y a quinze ans et la bière est toujours aussi dangereuse. Le public était nombreux, plutôt bien trentenaire.
Il n'y avait pas de première partie finalement, directement LES TAMBOURS DU BRONX. Faut-il encore présenter le concept unique, si familier maintenant à tous, y compris à ceux qui ne s'y sont jamais penchés de trop près ? Surplombant les bidons installés en demi-cercle en bas, les deux grands xylophones à tubes entourent le synthé un peu caché par un crâne d'oiseau géant, sous un rhinocéros de carton aux yeux qui brillent…
Dès les premiers titres la performance physique impressionnait et les tenues noires des seize membres présents laissaient progressivement place au torse poil plus ou moins tatoué… et peu bedonnant évidemment ! Le collectif rassemble plusieurs générations et les plus anciens rappellent la notable longévité d'un groupe dont on a l'impression qu'il sera éternel et partout où il peut prendre sa place, à l'image de Dieu. Les Nivernais illustrent brillamment la vertu du travail en équipe d'éléments se répartissant des tâches complémentaires. Ça crève encore plus les yeux, paradoxalement, quand tout le collectif a le même instrument (si peu conventionnel soit-il) qu'avec un groupe ou un orchestre classique. Les martèlements se rejoignent puis se séparent d'un côté à l'autre, c'est autant un spectacle visuel qu'une expérience auditive. Ce début de set se concentrait sur des titres non arrangés : bidons, baguettes et chant éventuellement. Dans le tas on pouvait reconnaître une version rapide de "Kaiowas"… De temps en temps un éclat de bois volait.
Et quand le synthé entra en fonction dans le set intervint la révélation, l'évidence pour tous : les TdB font de l'Indus rythmée ! Un titre aurait parfaitement pu venir de Vomito Negro par exemple, Revolting Cocks ne sont pas loin par moments non plus. Taper sur des bidons, c'est la réponse de notre génie national à Neubauten bien avant le redressement productif de Montebourg !!!! L'assistance un peu réservée à part devant se décoinça plus franchement sur ces arrangements pourtant assez simples, servant la performance rythmique plutôt que l'inverse habituel. L'alternance des chanteurs apporte une certaine variété compensant le fait qu'aucun ne pourrait prendre le poste systématiquement. Les chorégraphies à deux renforcent très pertinemment l'aspect spectaculaire du set. Au bout d'une heure environ, avec le rappel cela tournait un peu au foutoir sous contrôle comme on l'aime pour une vingtaine de minutes. L'un des membres était venu par le côté dans la foule pour réclamer, d'ailleurs !
Je n'ai pas pris le temps de faire un tour au merch'. Restera un excellent souvenir autour d'un concept simple mais unique, transcendant de nombreux territoires.
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