L’affiche de ce soir à la TAF était passablement remaniée par rapport aux annonces et je ne m’en étais pas informé avant (rien à voir avec l’effet Beaujolpif). Impiety n’était pas là et deux autres groupes s’étaient donc greffés en lieu et place. Enfin, l’essentiel était que ça se passe mieux que lors du passage d’Incantation au Rockstore en 2004 avec Krisiun et Behemoth… Il n’y avait pas grand monde, les mordus de l’extrême du secteur qui n’étaient pas refroidis par l’aspect plus éclectique du programme modifié. Plus que jamais, c’était la réunion des passionnés de live de l’extrême.
Comme je n’avais pas su qu’il y avait quatre groupes et non plus trois, SURVIVE finissait son set quand je suis arrivé. Je n’ai donc entendu qu’un morceau de Thrash-Death fleurant bon le revival années 80, avec la furibonderie japonaise en plus qui allaient s’égarer dans des vocalises claires pas franchement inspirées.
Ce n’est plus la peine de présenter FORGOTTEN TOMB, le Doom Black italien qui fonctionne actuellement en quartet. Ce n’est pas trop mon style mais c’est du bon et le temps d’un set je m’y suis coulé sans mal. Les compositions sont limpides, les saveurs noires et dépressives sont authentiques et en osmose, le son froid, âcre mais propret était conforme à celui du studio. Je crois qu’ils avaient repris le batteur de Survive, pour lui enchaîner sur un répertoire plus lent ne posait pas problème. Herr Morbid faisait un peu rasta égaré avec ses dreadlocks, il annonça que c’était la dernière date pour eux et l’anniversaire de son guitariste. Quelques arpèges se glissent dans les titres, dont certains étaient apparemment bien connus des quelques fans présents. Et sur la fin des deux derniers titres, les riffs devenaient totalement sabbathiens et ouvraient une porte inattendue vers un feeling Stoner-Psyché que je n’avais jamais discerné chez eux auparavant. On critique souvent le manque d’inspiration quand arrive un nouveau groupe d’Italie, si Forgotten Tomb est toujours là c’est bien parce qu’on ne peut pas faire ce reproche.
Un bref mot sur RAGNAROK que je n’ai suivi que par bribes car il est apparu très vite que ces Norvégiens rassemblaient tout ce que je n’aime pas trop dans le true Black brutal : warpaints dégoulinantes, poses surjouées, satanisme en carton et riffs creux. L’admiration pour Marduk est évidente, alors qu’il y aurait tellement mieux en restant en Norvège. Le courtaud guitariste avait un détail troublant : sa BC Rich signée Slipknot. D’ailleurs, il était nettement sous-mixé, c’était peut-être pour sonner plus true… Reconnaissons quand même que le batteur était bon et tentait quelques breaks confirmant sa virtuosité en dehors du blast intensif.
Et devant les illustrations de partouze infernale assez traditionnelles dans ce genre de Death Old-School putrescent qui ne rigole pas, INCANTATION s’est présenté comme un leader enfin reconnu depuis l’éclosion d’une jeune scène largement qu’ils ont largement inspirée.
Car le John Mc Entee evil quartet offre un Death pur et varié de grande qualité, accélérant et ralentissant à temps, truffé de breaks irrésistibles, excluant toute mollesse dans la lenteur même si l’on peut trouver que certains titres plus récents sont moins percutants que d’autres. Comme nous disions avec Max de Morgue juste avant qu’ils entrent, Incantation sont de la génération qui travaille beaucoup ses compositions sans se contenter d’enchaîner des riffs vicieux. Je n’ai que quelques morceaux compilés à la maison, mais j’ai reconnu instantanément les deux d’entre eux qu’ils ont servis. Bien occupé à headbanger la tête bien bas (mais attention aux départs de pogos sur les passages rapides), je n’ai pas beaucoup regardé comment ça jouait mais le rendu tombait au poil, le son était propre, Mc Entee beuglait même sur ses annonces (de forme classique par ailleurs)… Il est à remarquer que derrière toute cette lourdeur il n’y a pourtant qu’une bonne vieille quatre cordes Rickenbacker (marque bien rare dans le Metal) sous les grandes mains du bassiste.
En plus grâce au statut de tête d’affiche Incantation a joué au bas mot une heure vingt, en incluant un rappel unique pour “Demonic Incarnate”, pour notre plus grand plaisir. Il est rare que des groupes de ce style bénéficient d’un temps de jeu aussi long. Nous verrons bien si samedi, Morgue reprend comme d’habitude ce dernier titre.
Bref, c’était très bien mais je pense qu’hélas il s’est à nouveau vérifié qu’une affiche éclectique pour taper dans plusieurs publics est une fausse bonne idée au niveau du Metal extrême, les plus casaniers étant les moins ouverts et les plus avares.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire