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mardi 19 juillet 2016

Front 242 Interfront Architect Apolo Barcelone 15 novembre 2013

Barcelone n'a rien à envier à Berlin comme place forte de l'Electro et mobilise des plateaux qu'on a peu de chances de voir en France, y compris en dehors du festival Sonar. Front 242 est l'une de mes plus grosses sensations de concert hors Metal et un arrêt définitif peut arriver sans prévenir, aussi je m'étais arrangé pour cette date en fin de semaine : train, hôtel et hop ! Le même weekend étaient aussi programmés : Dark Tranquillity + Tristania, Disgorge et Avulsed… Ça fait rêver ! En fait il semble qu'une petite salle en banlieue à Badalona fait vivre la scène extrême, mais revenons à nos ânons (l'âne est l'animal totémique de la Catalogne).

L'Apolo est une bonne salle de capacité "moyenne supérieure" en bordure de l'ancien "barrio chino", confortable et très bien desservie. Avec la crise, deux retraités tentaient de revendre des billets à la sauvette sous le nez des videurs indifférents. L'ouverture était un peu tôt pour l'horaire espagnol mais la salle finit pleine d'un public plutôt limite quadra en bonne part, de connaisseurs. Il y avait un certain nombre d'étrangers dont d'autres Français. Dans le tas, quelques EBMers fanatiques en paramilitaire, du cuir, quelques gothiques assez rares et peu extravagants. Et les morphologies, je dois le dire, contredisent clairement qu'il faut être blond aux yeux bleus pour aimer ce genre de musique !
Il n'y avait pas grand-chose en merch', à part quelques t-shirts.

Depuis qu'il a quitté Covenant Daniel Myer a relancé ARCHITECT, l'un de ses projets. Offrir aussi un même soir un autre demi-dieu de cette scène en première partie, on ne voit pas ça très souvent hors festival, et encore seulement dans deux ou trois pays bien identifiés. Vêtu d'un amusant t-shirt front424 (oui), il parvient à gérer seul toutes les programmations d'une IDM agréablement accessible, coupée avec des influences Ambient mesurées, un peu expérimentale mais soucieuse d'une certaine efficacité. Ainsi des montées se dégagent adroitement dans ce qu'on prenait pour un paysage rythmé, une boucle pastiche ouvertement le "Stripped" de Depeche Mode sans s'appesantir. Parfois l'Indus Rythmique n'est pas très loin bien que les sonorités soient moins agressives.
Si le répertoire est évidemment sans paroles, le set grimpait doucement et sûrement vers des titres de plus en plus énergiques. Myer a crié une paire de fois dans son micro et expliqua que des illustrations visuelles étaient prévues mais avaient planté… La demi-heure de set devant une salle encore clairsemée me parut courte, interrompue après une dernière bonne montée. Bref, la première partie immersive idéale concoctée par un maître de l'Electro cérébrale.

INTERFRONT n'est pas très connu outre-Pyrénées mais c'est aussi un monument de la scène Espagnole qui a sans doute autant drainé que la tête d'affiche. Ce duo de Valence, qui a aussi œuvré sous le nom de Megabeat, nous a replongé dans les clubs des années 90 avec sa Trance des débuts aux mélodies pianistiques nappées de quelques couches sobres et rares citations en espagnol inspirées notamment de Twin Peaks. Si l'Italo Disco n'est techniquement pas loin, c'est la forte influence du New Beat qui saute aux oreilles. La texture sombre et alanguie de l'ensemble fait ouvertement référence à une sensibilité gothique vieille école.

La salle désormais remplie à bloc connaissait bien le répertoire et réagissait vite aux premières notes des boucles. Ça dansait partout, l'ambiance étant assez éloignée et pourtant compatible avec l'EBM pure, en tout cas les Barcelonais savent autant apprécier. Par contagion, je me suis laissé aller sur cette musique hyper facile d'accès et homogène, cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas trémoussé sur des sons de ce genre et décoincé depuis Architect. Cette fois les illustrations marchaient et nous avons bouffé du vortex, évidemment. Le set fut long mais pas ennuyeux même pour quelqu'un de réticent à ce style.

À part le batteur de session habituel, FRONT 242 se présentait dans la pénombre en gros blousons à bandes réfléchissantes, tels les gendarmes qui vous guettent la nuit en bord de route. Mais une fois encore, la formule "vintage" des dernières années a cartonné devant un public à fond. Avec les Espagnols, la chaleur de l'EBM live est pleinement vécue, sans retenue. D'autant que Front 242 envoie des rythmes très syncopés mais variés et arrangés, à la différence des raides ultra-orthodoxes de l'école allemande qui préfèrent une rigueur sèche. J'ai même trouvé que par rapport à mes souvenirs de Toulouse le mixage était plus équilibré en faveur des couches sur les beats, plus varié que lorsque c'était la grosse sirène efficace qui servait à presque tout. Les compos étaient également reliftées pour créer quelques montées introductives ou passagèrement remixées Bref, on se rapprochait un peu mieux (mais sans le dire) des sets plus technoïdes de la période antérieure.
La setlist piochait dans les incontournables : "Headhunter" (tout le monde les doigts en l'air), "Welcome to Paradise", "Take One", "Im rithmus bleiben", "U-Men" réarrangé, "Religion", "Commando remix" qui se révèle pleinement en live, un piquant et rallongé "Funkhadafi". Mais aussi d'autres grands classiques qu'on a parfois d'un coup sur l'autre tels "Quite Unusual", "Don't Crash", "No Shuffle" (râââh !)… Un mur d'images de synthèse, parfois assez délirant avec ses OVNI en forme de croix survolant des canyons martiens. Oui, Front 242 joue beaucoup sur les effets mais c'est bien normal pour de l'Electro ; la différence c'est que c'est un set joué non enregistré, et que les quatre se donnent vraiment sous le regard vigilant de Daniel, qui était comme toujours aux retours à l'arrière de la salle.

Des titres de la période "Pulse" étaient également repris et réarrangés à l'inverse, les beats étant mieux poussés et les couches bien élaguées de manière à mieux coller avec le reste du répertoire.
Et là, enfin du chant ! Richard et Jean-Luc se le partagent sauf quand l'un des titres est monopolisé l'autre descend de scène, ou va accompagner Patrick sur un second synthé (quand je parlais des couches plus nombreuses). Ils donnent beaucoup à leur performance, bougeant bien en début de set, communiquant toujours peu mais aimablement (ça fait partie du concept), surtout qu'apparemment ils ne maîtrisent rien aux langues locales. Le batteur avait simplement pour mission de doubler les beats programmés, en surjouant les poses pour le show, il n'empêche qu'on l'entendait distinctement dans le tas et qu'il était pour pas mal dans ce feeling ultra syncopé.
En guise de rappel au bout d'une heure vingt le traditionnel "Punish your Machine", interrompu sèchement sans redescente comme toujours, nous a laissés rincés et reconquis. Ça valait le voyage.

J'oubliais deux détails amusants : Dan Myer filmait en sautant en l'air pendant le set de Front 242. Et les Espagnols ne se gênent pas trop pour fumer dedans alors que c'est autant interdit que chez nous maintenant ; mais comme c'est dans une proportion encore supportable et qu'ils font attention à ne pas cramer les voisins (pas comme chez nous !), je n'ai trop rien à dire.

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